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« Cahiers de critique communiste », pour adultes.
Femmes, genre, féminisme (collectif)
Éditions Syllepse, 2007, 122 p., 7 €.
mercredi 4 avril 2007
Articles ou entrevues de Josette Trat, Sandrine Bourret, Elsa Dorlin, Stéphanie Treillet, Gabriel Girard, Claudie Lessellier, Dorian Dozolme et Maud Gelly. Cette collection est la revue de la Ligue communiste révolutionnaire. L’ouvrage se propose de faire le point sur le féminisme, et de « penser les rapports sociaux de sexe en les articulant aux rapports de classe et aux rapports Nord-Sud ». Des articles inégaux, dont certains sentent un peu trop la langue de bois et la volonté de suivre une ligne partisane.
– Josette Trat retrace l’historique du courant « féministe lutte de classes » depuis Flora Tristan. On apprend les tensions internes, quand dans les années 70, le PCF et la CGT « ont considéré le féminisme comme « petit-bourgeois » », quand en 1979 le courant différencialiste animé par Antoinette Fouque « s’approprie illégitimement le sigle « MLF » », tandis que pour le féminisme radical, « l’ennemi principal n’était plus le capitalisme, mais le patriarcat ». Elle présente les tensions actuelles nées notamment de la question des jeunes filles musulmanes et des différentes réactions à la loi sur la laïcité : « Comment lutter contre le « virilisme » exacerbé de certains garçons des banlieues en situation d’échec […] sans tomber dans le discours sécuritaire ? »
– Un entretien avec Sandrine Bourret fait le point entre autres sur les divergences entre l’association Ni putes ni soumises et certains acteurs de terrain.
– Un entretien avec Elsa Dorlin sur le mouvement Queer évoque l’« antiparastase » (que les psychologues appellent plutôt « appropriation du stigmate »), dans le fait de s’approprier positivement un vocable à l’origine injurieux tel que « Queer ». Elle propose un résumé de la pensée de Judith Butler.
– Stéphanie Treillet propose une réflexion convaincante sur les différentes tendances du mouvement antilibéral, dont une branche favorable à la décroissance se laisserait abuser par une vision idyllique des sociétés pré-capitalistes.
– Gabriel Girard rappelle que ce ne sont pas tant les luttes des associations consacrées au sida que celles, plus anciennes, des associations féministes qui ont modifié les rapports entre patients et médecins.
– Claudie Lessellier étudie la part des femmes parmi les flux de « travailleurs immigrés », dont l’image a souvent été exclusivement masculine, au point qu’elles risquent toujours d’être instrumentalisées et réduites à certains rôles féminins communautaristes.
– Le dernier article consacré à « l’offensive masculiniste » est moins convaincant. Il propose une vision caricaturale de la question. Les masculinistes seraient « farouchement homophobes », « revanchards », etc. Marcela Iacub est balayée d’un revers de manche, sans aucune allusion à son extraordinaire ouvrage avec Patrice Maniglier : Antimanuel d’éducation sexuelle. Aucune allusion à la question de la soi-disant « homoparentalité », et aux nombreux hommes homosexuels qui se sont laissé abuser par des femmes qui profitaient des vides juridiques pour rompre unilatéralement des contrats de coparentalité. Cela n’est pas censé exister. C’est bien dommage qu’une lutte légitime entraîne à occulter une partie dérangeante de la réalité. Il est un peu facile de condamner un courant par la diabolisation de ses caricatures.
– Je vous invite tout particulièrement à lire le manifeste des Éditions Syllepse, l’alter-éditeur, et à consulter son catalogue. Voir aussi notre article sur Le sexe et ses juges, collectif du Syndicat de la magistrature, Syllepse, 2006.
Voir en ligne : Site des Éditions Syllepse, l’alter-éditeur
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