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Un récit au goût de lait de soja, pour les 5e.

Extraterrestres, mode d’emploi, de Jérôme Boivin

Syros, les uns les autres, 2007, 122 p, 9 €.

lundi 4 juin 2007

Un récit fade, qui picore divers sujets au fil des pages, et laisse le lecteur aussi démuni qu’il l’a pris face à la question de la sexualité, de l’homosexualité, de l’amour conjugal, etc.

Résumé

Zacharie éprouve une certaine gêne du fait que ses parents sont écolos et naturistes (notion différenciée de celle de nudisme, p. 8), amateurs de coton bio et de lait de soja. Croyant les surprendre dans une immobilité suspecte, il se persuade qu’ils sont extraterrestres. Il se livre alors à une enquête inverse de celle que mènent d’habitude les parents déconcertés par leurs enfants à l’adolescence. Le récit, en forme de journal du 13 mai au 16 août, est rythmé par le leitmotiv de l’invitation des parents de son copain Suzanne à camper pendant les grandes vacances, dans un camping non naturiste. Or son copain Suzanne s’appelle en réalité Maxime, « aime bien se déguiser en fille » et se pose des questions : « Il n’est pas sûr qu’il soit homosexuel ». Sinon Zacharie parle de tout et de rien, et passe volontiers du coq à l’âne au fil de ses rencontres, des questions qu’il pose à ses profs. On a par exemple une série de palindromes fort connus, une évocation des films de science-fiction les plus connus, etc. Des moments plus sérieux se font jour : « mes parents ont arrêté de se disputer. Ils ont arrêté de tout » (p. 75), jusqu’au coming out de Suzanne, qui ne mène pas à grand chose.

Mon avis

Un petit récit aussi vite oublié que lu. On imagine l’auteur se saisissant d’une idée à la fin d’un repas entre potes (parents naturistes = extraterrestres), la pimentant, sans aller plus loin que le bout de son nez, par un coming out de gamin à peine pubère qui a dû entendre à la télé que ça faisait bien d’être gay, et se mettant illico à pondre 120 pages poussives, soulignant de-ci, de-là quelques expressions pour faire croire qu’elles veulent dire plus que les mots banals qui les constituent. La question de l’homosexualité possible de Suzanne pas plus que celle de l’orientation sexuelle du narrateur ne mènent à rien, pas plus qu’aucun des nombreux thèmes effeuillés au fil des pages. On a droit à une fugue à Paris, comme dans Pourquoi ?, de Moka, prétexte à disserter sur les Kurdes, sur des motards amateurs de naturisme, sur les gothiques, sur le prix exorbitant d’une eau minérale dont la marque n’est pas donnée comparé à celui d’une célèbre boisson hypercalorique dont la marque est donnée, et tutti quanti. Le coming out final de Suzanne amène une conclusion que je vous laisse découvrir, mais qui laisse pour le moins dubitatif quant à la volonté de l’auteur. Tout ce qu’on retiendra, c’est le nom réitéré de la marque et du modèle de la voiture utilisée par ces parents écolos.

Lionel Labosse


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