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Testament d’une tante excentrique, pour les 4e.
Treize petites enveloppes bleues, de Maureen Johnson
Gallimard jeunesse, 2006, 320 p., 13 €
jeudi 5 avril 2007
Un roman initiatique en forme de voyage à travers l’Europe, à la suite d’une tante excentrique morte. Où l’anticonformisme devient un nouveau conformisme. Un texte finalement peu original, qui ressemble à un mémoire de fin d’études d’une auteure dont on apprend qu’elle a « étudié la dramaturgie et l’écriture romanesque à l’Université de Colombia ».
Résumé
À l’âge de 17 ans, Ginny reçoit un paquet mystérieux de son excentrique et célibataire tante Peg, récemment décédée d’une tumeur au cerveau. Celle-ci l’entraîne dans un jeu de pistes, où elle doit se conformer aux instructions contenues dans 13 enveloppes à ouvrir les unes après les autres, tout en s’interdisant l’usage de moyens de communication modernes avec les États-Unis. Ginny part donc en Europe sans se poser de questions, avec juste une carte bancaire et un sac. Elle fait quelques rencontres, notamment à Londres, celle de Keith, jeune comédien underground, et de Richard, dont elle apprendra qu’il est son oncle. Elle survole chaque étape, Paris, Rome, Amsterdam, Copenhague, Corfou… en dehors des sentiers battus, ne retenant souvent que des détails sordides ou incongrus (voir ce qui est dit de Paris, p. 195). Elle rencontre les personnes connues par sa tante, qui lui transmettent de façon informelle une sorte de message, dont elle ne conclura que la nécessité de « rentre[r] à la maison » (p. 336).
Mon avis
Ce n’est qu’un paragraphe au détour de la page 242 qui vaut la présence de ce roman dans notre sélection. Une des jeunes filles rencontrées à Amsterdam fait à Ginny la confidence qu’elle est lesbienne. Ginny en tire une réflexion : « Le plus étonnant, ce n’était pas qu’Olivia soit lesbienne. C’était qu’Olivia ait des sentiments et des choses à dire et qu’elle se soit confiée. Il y avait quelque chose sous ce regard inexpressif ». Voilà. L’auteure a dû se dire que ça ferait bien, à moins qu’un prof de son cours d’« écriture romanesque à l’Université de Colombia » ne le lui ait suggéré. Pour le reste, malheureusement, il n’y a pas grand-chose sous le regard inexpressif de Virginy alias Ginny. Elle ne sort pas de l’obsession de la virginité, de la peur de la rencontre sexuelle. Quand un Italien veut faire l’amour avec elle, sa réflexion est révélatrice : « il n’avait rien voulu faire de mal » (p. 160) ; de même, à Paris, après avoir été évacuée par la police d’un cimetière où Keith l’avait entraînée pour faire ce qu’elle avait refusé à l’Italien, elle craint de se retrouver « dans une prison parisienne remplie de prostituées françaises avec des cigarettes, des bas résille et des accordéons » (p. 203). La caricature du tourisme de masse débouche sur un autre conformisme, où Ginny refuse de voir le pays où elle passe en courant, ne fréquente que des touristes comme elle, ne se lave pas, etc. À Rome, ce garçon qui la courtisera, lui a signalé que des fillettes s’apprêtaient à la voler. Pour toute explication : « Ce sont des gitanes ». (p. 153). Sans commentaire. Bref, un roman lisse, vite lu, vite oublié. Ah non, ce dont on se souvient, c’est d’une célèbre marque de café citée une bonne dizaine de fois dans le roman, car Keith y consacre sa comédie musicale… Intrusion publicitaire déjà signalée dans un roman traduit paru chez le même éditeur : Seize ans ou presque, torture absolue, de Sue Limb.
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