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Un album cliché, pour les petits

J’ai 2 papas qui s’aiment, de Morgane David

Hatier, 2007, 32 p., 6 €.

samedi 29 septembre 2007

Un album de commande un peu vite fait pour s’insérer dans une collection de réflexion pour les petits. Idées reçues caricaturales, caresse dans le sens du poil d’un thème à la mode, l’homoparentalité propre sur soi, avec ses deux gentils papas qui, forcément, « s’aiment » (il est bien évident que seule la famille « hétéroparentale » connaît disputes et fluctuations de l’indice amoureux)… bref, un album cliché qui n’apporte rien

Un paragraphe pompeusement qualifié de préface, signé « Cécile Walot, psychologue », est censé donner de la valeur à cet album insipide, qui trouve sa place dans la collection « ÉTHIQUE et toc ! » proposée par Hatier. Le mot à la mode est tout de suite lâché : « L’enfant qui grandit dans une famille homoparentale… », et il est inutile de chercher dans ces quelques pages poussivement colorées, quelque piste de réflexion qui aille au-delà de ce mot : « il a 2 papas et pas de maman ! » J’ai plus souvent épinglé des albums qui évincent le père, mais en voici un, pourtant fait par une femme, qui évince la mère. Dommage, car le titre était prometteur. Peut-on, éthiquement, se contenter de « pas de maman » ? L’insulte « pédé » passe de page en page, l’enfant l’entend et la renvoie à ses papas, mais à aucun moment il ne semble préoccupé de l’existence ou de l’inexistence de quelque humanoïde qu’on pourrait qualifier de sa « mère ». Seuls ses parents l’évoquent de façon théorique : « Tu as raison. Pour faire un enfant, il faut un homme et une femme. » Même la double page qui évoque les « drôles de familles, toutes différentes », oublie soigneusement la plus différente de toutes, qui fait vraiment tache parmi la gauche caviar : la famille polygame. Ah ! parmi nos pourfendeurs des discriminations, il en est fort peu à être capables de se mettre dans la peau d’un enfant qui a deux mamans et un papa, et qui n’ose pas même en parler… La double page finale ne présente que des pères, depuis le père Noël jusqu’au Papy. Certes, le père est très souvent évincé de l’image féministe de la famille, mais cela n’est pas une raison pour justifier l’abus contraire ! La seule chose à sauver dans cet album me semble la double page du jeu de l’oie de la rentrée, qui, justement parce qu’elle n’est spécifique à aucune discrimination, peut concerner tous nos élèves. Un tel album manichéen serait sorti il y a dix ans, nous aurions crié bravo, mais le temps est venu d’un discours plus subtil, comme dans À mes amourEs, de Claudine Galea & Thisou paru cette année, par exemple.

 Pour la critique de la notion d’homoparentalité, à laquelle au Collectif HomoEdu nous préférons celle d’alterparentalité, voir cet article. Voir un autre article sur ce livre, sur le site Les Crapoussins.

Lionel Labosse


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