Accueil > Éducation > Journal de bord d’une action pédagogique en collège contre l’homophobie (...)

Itinéraire de Découverte 4e / diversité sexuelle

Journal de bord d’une action pédagogique en collège contre l’homophobie (11)

Développement durable ; genre et discriminations sexuelles

mardi 7 novembre 2006

Du lundi 6 juin au jeudi 30 juin 2005
Retour à la séance précédente.

Lundi 6 juin 2005

Anecdote amusante : j’ai passé le week-end dans un stress relatif jusqu’au dénouement de ce soir. Vendredi, la gardienne de mon immeuble me dit qu’il y a eu un recommandé pour moi. Doit-elle le prendre ? Évidemment, je le lui ai déjà dit mille fois. Pourquoi demande-t-elle confirmation à chaque fois ? Il faudra donc attendre lundi soir, mais entre-temps mon imagination bat la campagne. Est-ce ce parent d’élève qui a porté plainte contre moi ? Est-ce une menace de procès en diffamation suite à la sortie de mon pamphlet ? J’élabore des stratégies de riposte. Las, ce n’est que ma banque, qui renouvelle en avance ma carte de paiement, adaptée à je ne sais quels nouveaux standards !

Je ramasse et corrige le dernier devoir noté. Cinq élèves sur seize ne le rendront pas, même une bonne élève, pourtant chargée de l’exposé sur l’islam, à qui j’avais donné le document pour cet exposé, et qui me dit n’y avoir rien compris, alors qu’elle a toujours manifesté sur ce sujet une culture étonnante !

La situation des femmes dans les religions anciennes

Texte n° 3 : L’islam
Extrait du Nouvel Observateur (hebdomadaire) du 10 au 16 mars 2005. Article intitulé « Mahomet et les femmes ». Voici le début de l’extrait distribué (j’ai fait une sélection d’à peu près la moitié de l’entrevue, la plus pertinente pour notre sujet).
« Mariage, voile, lapidation, mixité... Quelle était vraiment la pensée de Mahomet ? Comment la distinguer des ajouts ou des interprétations de ses disciples ? Pour répondre à ces questions, Josette Alia a rencontré deux hommes, deux intellectuels, Adel Rifaat et Bahgat Elnadi, dont le livre « Al-Sîra », publié aujourd’hui sous le pseudonyme de Mahmoud Hussein chez Grasset, a l’immense mérite de faire revivre le Prophète tel qu’il était, décapé des surcharges et des superstitions dont l’a recouvert la postérité.
N. O. - Etonnant personnage que celui de Khadija ! Cela ne correspond pas à ce qu’on connaît du statut des femmes dans l’islam.
M. Hussein. - Dans la société préislamique, certaines femmes avaient un rôle très important, elles avaient même parfois autant de pouvoir que les hommes. Ainsi, le grand-père de Muhammad, Hachem, tomba amoureux d’une très belle femme, Salma, qu’il vit sur une estrade, dans un marché, donnant des ordres, achetant et vendant avec autorité. Il la demanda en mariage, mais elle n’accepta qu’à une condition : elle aurait le droit de divorcer quand elle le voudrait. Hachem accepta. Il y eut d’autres femmes de ce genre dans la société arabe. Elles eurent un réel pouvoir, y compris pour décider elles-mêmes de leur mariage, qu’elles pouvaient assortir de certaines conditions, et d’autres restaient soumises au statut ancestral. Il ne s’agit pas là d’égalité au sens moderne et féministe du terme, évidemment, mais d’un statut particulier, sans doute plus souple qu’il ne le fut par la suite.

Propos recueillis par Josette Alia. (Lire la suite).

Questionnaire
1. Vocabulaire. Expliquer : préislamique, ancestral, société tribale, se sédentariser, lapidation, adultère, flagellation.
2. Cet article du Nouvel Observateur appartient à quelle catégorie de textes ? Qui est Mahmoud Hussein ?
Réponse : Il s’agit d’une interview. Mahmoud Hussein est le pseudonyme commun de deux intellectuels qui viennent de publier chez Grasset le livre « Al-Sîra ».
3. Pourquoi l’arrivée du monothéisme bouleverse-t-elle les règles de vie en société, notamment sur la place des femmes ?
Réponse : Le monothéisme a bouleversé la hiérarchie de l’époque préislamique. À l’époque des idoles, chacun était solidaire et protégé par sa tribu et par son clan. Le monothéisme introduit un dieu unique, devant lequel chacun est responsable directement de ses actes. Cela relativise le pouvoir et les privilèges des seigneurs de la Mecque. D’autre part, comme les femmes du Prophète sont désignées comme des « modèles à suivre », ses compagnons lui demandent « d’élaborer de nouvelles règles de vie en commun ».
4. Selon Mahmoud Hussein, l’excision, le mariage forcé et la lapidation pour adultère figurent-ils dans le Coran ? Quelle est l’origine de ces pratiques ?
Réponse : Aucune de ces pratiques ne figure dans le Coran. Selon Mahmoud Hussein, l’excision « est une très ancienne coutume liée à la culture pharaonique, qui s’est répandue en Afrique mais n’a rien à voir avec l’islam. » La mariage forcé est interdit par le Coran. S’il se pratique, il date de « l’ancienne société patriarcale ». Un hadith dit : « N’épouse pas une femme précédemment mariée sans son accord. N’épouse pas une vierge sans son consentement. » La lapidation pour adultère est préconisée par la Bible, mais elle n’a pas été retenue par « la commission chargée d’établir la Vulgate coranique, vers 650. »
5. Montrez que, d’après Mahmoud Hussein, la question du « voile » dans l’Islam est difficile à interpréter. Donnez plusieurs raisons en citant le texte.
Réponse : Mahmoud Hussein ne donne aucune interprétation, il se contente de citer les textes « traduits aussi fidèlement que possible, en les situant dans leur contexte ». Un premier verset parle d’une « cape » ou d’une « mante », permettant aux femmes qui « devaient sortir pour satisfaire leurs besoins naturels » de ne pas être harcelées par des jeunes gens. Le second verset conseille aux croyantes de « rabattre leur fichu sur les échancrures de leur vêtement » et « de ne montrer de leurs attraits que ce qui apparaît ». Ce verset prône aussi la chasteté pour les hommes, et doit être replacé dans le contexte des « habitudes bédouines », et des « grandes chaleurs ». Enfin « le mot hijâb, qui désigne le « voile », apparaît dans un verset qui recommande : « Si vous demandez un objet aux épouses du Prophète, faites-le à travers un voile ». Les traducteurs se demandent si ce mot désigne un rideau, ou un voile que ces femmes devaient porter, ou est une métaphore pour le « voile de la pudeur », comme le pensent les soufis. D’autre part, Mahmoud Hussein rappelle qu’à l’époque du Prophète, « les sexes n’étaient pas séparés dans la vie quotidienne. »

Ce questionnaire et ce corrigé peuvent paraître conciliants pour certains lecteurs laïcards, mais dans le contexte actuel, il me semble que la parole des enseignants, surtout de français, doit se cantonner aux textes, et laisser les élèves tirer leurs propres conclusions. Si nous voulons pousser des élèves musulmans dans les bras des intégristes, il suffit en effet de cracher sur l’islam, et de se débarrasser de la question en affirmant, drapé dans le suaire de la Laïcité et de la République, que l’islam opprime les femmes, etc. Plus efficace me semble de renvoyer les élèves, notamment les filles, aux textes qui leur permettront d’y voir clair par eux et elles-mêmes, et de répondre aux arguments à l’emporte-pièce qu’ils ou elles pourront entendre ici ou là. Glissons-leur d’autre part dans la main quelque livre de Marjane Satrapi, et laissons faire le temps…

Avec ma collègue, nous corrigeons enfin les panneaux réalisés. Même si le travail préparatoire avait été exhaustif et sérieux dans certains cas, les panneaux sont souvent décevants, notamment par leur réalisation pratique. Il faut dire que je m’étais volontairement abstenu de m’en mêler, à part les nombreux documents fournis à chaque groupe, dont deux seulement se sont retrouvés dans le résultat final. J’avais la naïveté de considérer que c’était la part de travail de mes collègues de technologie et de documentation associées au projet. Et puis j’avoue cette grande lacune personnelle : je ne sais pas materner les élèves, leur tenir la main pour découper telle photo, la poser dans le coin gauche, la souligner d’un trait de marqueur, etc. Il ne faut pas oublier non plus que tout simplement, la plupart de ces élèves d’une « classe à dispositif » ont un niveau faible, ce qui relativise ma déception. Par contre, certains tableaux ont au moins la qualité d’être adaptés au public, c’est-à-dire de présenter, comme je l’avais demandé, un traitement du sujet accessible à des élèves de cet âge, sans provocation inutile. La moyenne de la note pour cet exposé est 12, et la moyenne du semestre 11, alors que celle du premier était de 12,5. C’est un peu dommage pour un I.D.D., mais ces moyennes sont gâchées par un certain nombre de zéros pour travaux non rendus.
Ma collègue a photographié, pour le site de Via le Monde, les exposés et quelques affiches. Les photos sont floues et permettent à peine de lire les titres. J’avais pourtant dès le début insisté lourdement pour avoir des documents que l’on puisse scanner et mettre en ligne…

Lundi 20 juin 2005 : Attention, prof méchant !

Ça y est, j’ai obtenu, sans surprise, une mutation pour un lycée proche de Paris. Tournons la page sur 14 années d’enseignement en collège, dont 9 dans celui-ci. J’aurais pu continuer comme ça jusqu’à la retraite, mais de temps en temps, il faut secouer sa vie comme on peut. Il me semble, cette année, être arrivé au bout d’un parcours ; à quoi bon revenir en arrière et explorer toutes les venelles secondaires ? Autant changer de chemin. Même si le rapprochement géographique était le premier motif, associé à la volonté d’enseigner en lycée, retardée par l’impasse stratégique dans laquelle je m’étais fourvoyé espérant obtenir une mutation sur Paris, l’écœurement de travailler dans cet établissement-là, non pas à cause des élèves mais à cause de certaines personnes excessivement médiocres dont les dents rayent non pas le parquet mais le carrelage, a beaucoup compté dans ma décision. Inutile de développer, juste une anecdote…

J’ai quitté en plein milieu le conseil du troisième trimestre d’une de mes classes de troisième. Nous étions une bonne poignée d’adultes présents, plus les deux délégués élèves, alignés comme des potiches, à écouter les appréciations assenées par la prof principale, sans aucune concertation. Telle élève n’a rien fichu de l’année, a envoyé balader tous les collègues qui ont tenté d’obtenir quelque chose d’elle ; qu’importe, cette collègue, seule, a décidé qu’elle était « très motivée par son projet personnel ». Et si l’on demande quelque appréciation plus conforme au travail fourni, on se voit répondre qu’il ne faudrait pas la gêner dans l’obtention de sa place en établissement professionnel. On ne lui voudrait pas du mal, tout de même ? Quant à l’esprit de justice par rapport aux élèves qui ont travaillé, quant au respect de nos collègues enseignants qui, sur la foi de ce dossier tronqué, vont recruter cette fainéante, on s’assoit dessus. Ce qui n’empêche pas que les mêmes personnes se plaignent du laxisme de nos collègues professeurs des écoles, quand le dossier de CM2 de certains élèves de sixième ingérables ne signale aucun problème. Ces collègues indulgents, sans doute, n’ont pas voulu gêner ces élèves… Il s’agit de la même collègue qui me donnait au premier trimestre des leçons de psychologie de bazar [1].

Bref, ceci et bien d’autres choses qui n’ont pas la place dans ces pages, fait que je respire à l’idée de quitter ces murs. Si, un détail : un seul collègue, Paul, a acheté et lu mon livre paru en mars. Quelques autres, parfois, me disent deux mots de ce projet, ou plutôt de son écume médiatique. Dans le train qui nous ramène à Paris, il n’y a que Paul et moi qui dégainions parfois un livre. Inutile de tendre l’oreille, dans cet établissement, vers une discussion intellectuelle. Je suis parti sans « pot », juste un dîner amical avec tous les collègues qui avaient acheté mon second livre, c’est-à-dire avec Paul… Mais sans ressentiment particulier, juste un soulagement. Décidément, voici une acrimonie qui déborde… Changeons de sujet.

Manipulation des faits divers, suite. Soit trois crimes plus ou moins passionnels relatés dans la rubrique « faits divers » d’Aujourd’hui / Le Parisien du 21 juin 2005 : un enfant de 11 ans tué à La Courneuve lors d’une dispute de « jeunes » ; un footballeur d’origine turque d’une vingtaine d’années tué par un garçon du même âge lors d’une bagarre post-footballistique ; une femme de 40 ans tuée par son compagnon en plein hypermarché Carrefour en Gironde. Lequel croyez-vous qui sera repris, étalé, commenté jusqu’à en vomir par les médias de masse rangés en ordre de bataille aux pieds de M. Sarkozy ? Au hasard, celui qu’on peut ranger dans la catégorie « cités de banlieue ». Pourquoi pas les deux autres ? Ah ! à quoi vous avez échappé ! Si j’étais ministre de l’Intérieur, vous m’auriez vu débarquer en hélicoptère en plein milieu du Carrefour de Mérignac, déclarant à l’emporte-pièce que ça suffit comme ça, qu’il est temps de « nettoyer » les hypermarchés au « Kärcher », qu’ils sont criminogènes et qu’il faut en revenir aux épiceries de quartier, moins propices aux crimes conjugaux — études scientifiques à l’appui. Et puis tant qu’on y est, m’attaquant à l’institution du couple, car tout ça n’arriverait plus si l’on préconisait des couples à trois ou quatre, qui atténueraient l’effet délétère de la jalousie ; demandant qu’on sanctionne tous les profs du meurtrier qui ont négligé la lutte nécessaire contre le sexisme et les violences conjugales. Enfin demandant que l’on pende haut et court le fabricant et le vendeur du fusil à canon scié, instrument du meurtre ! Bon, je ne suis pas ministre de l’Intérieur, alors installez-vous dans votre fauteuil et contemplez le spectacle herculéen du nettoyage des cités de banlieue par notre super Schwartzennekozy.

« Qu’est-ce au juste que la nouvelle diffusée par la presse ? Un schéma préétabli chargé de susciter la pitié, l’indignation, le dégoût, l’envie ; un fait décomposé en ses parties abstraites, elles-mêmes distribuées selon les rubriques adéquates (la jeunesse, la délinquance, la violence, l’insécurité…) L’image, la photo, le style, construits et coordonnés selon des techniques combinatoires, constituent une sorte de distributeur automatique d’explications toutes faites et de sentiments contrôlés ».
Raoul Vaneigem, Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations, Folio actuel, p. 168.

Vaneigem Traité de savoir-vivre

L’émission de France 5 « D’un monde à l’autre, le débat » a été diffusée dimanche 19 juin, après un documentaire sur l’assassinat homophobe de Reims. Je n’ai pas vu le documentaire, mais l’émission m’a suffi. Il y a peut-être des gens qui apprécient ce genre d’objets, mais ce que j’ai vu n’a fait que confirmer mon dégoût de ce qu’est devenue la télévision. (Je sais, ce n’est pas bien de généraliser…) En moins d’une heure, on tournicote en compagnie du journaliste vedette dans la superficie du sujet, ne faisant que répéter les mêmes lieux communs déjà cent fois vus et entendus dans des émissions analogues, avec les mêmes invités. Paul Amar ne donne aucune preuve qu’il ait lu les livres dont il est question. Il envoie la bobine de mon interview, me présentant comme un enseignant, bien sûr pas comme écrivain. Comme d’habitude, les promesses de la journaliste qui m’a interrogé ont rétréci au lavage depuis le tournage. Des deux minutes trente initialement prévues et tournées, ne restent que quatre phrases qui, montées, mêlées à des commentaires, durent une minute vingt. Le montage est chatoyant, mes livres ne sont pas nommés, on a supprimé le passage de l’interview où j’en parlais ; on les aperçoit simplement en surimpression. On a aussi supprimé tout l’aspect revendicatif de mes propos, tout ce qui peut renvoyer à ma tribune libre. Il faut laisser faire les professionnels de la revendication, sans doute, ceux qui revendiquent dans le sens du poil. Mon papa et ma maman seront contents de me voir à la télé. On me réduit à un rôle, le gentil prof qui parle d’homosexualité.

« Mais, quelque poids qu’il atteigne dans la balance des opinions dominantes, le rôle a surtout pour mission d’adapter aux normes de l’organisation sociale, d’intégrer au monde paisible des choses. C’est pourquoi l’on voit les caméras de la renommée s’embusquer partout, s’emparer d’existences banales, faire du cœur une affaire de courrier et des poils superflus une question de beauté. »
Raoul Vaneigem, Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations, Folio actuel, p. 174.

Comment sortir de ce rôle ? Je ne suis pas un gentil prof, mais un prof hargneux, qu’on se le dise ! Je viens de publier un pamphlet sur la sexualité, l’éducation et la censure, qui depuis quatre mois qu’il est paru, n’a pas eu droit à une seule critique, à une seule mention dans la presse. Vous avez dit censure ? Sur Les Khmers roses, essai sur l’idéologie homosexuelle, de François Devoucoux du Buysson, le seul commentaire de Paul Amar portera sur le titre — il ne semble pas avoir poursuivi plus loin sa lecture — c’est alors en tant qu’ancien baroudeur, journaliste débutant au Cambodge, qu’il morigènera l’auteur, uniquement sur le choix du titre. Les trois phrases prononcées par celui-ci dans ce qu’il reste de son intervention après montage ne permettent pas de se faire une idée de son discours, sauf qu’il s’en prend au communautarisme gai, en gros. Mais dans quelle mesure, à qui s’en prend-il ? Achetez le livre pour le savoir. Comme je tiens quelques archives, voici l’extrait d’un article de M. Devoucoux du Buysson paru dans Le Figaro du 2 juillet 2003, et dans Le Monde du 3 juillet 2003 :

« La gauche se leurre en croyant que les pratiques sexuelles des individus peuvent jouer un rôle déterminant dans leur comportement électoral au même titre que la catégorie socioprofessionnelle ou le niveau des revenus. On a trop vite vu dans l’émergence des bobos l’élément clé de la victoire de la gauche aux élections municipales à Paris, alors que ce phénomène est, dans la durée, de nature à favoriser le succès de la droite. Car là où la gauche croit déceler des dominés, il y a, en réalité, souvent des dominants. Sa fréquentation régulière des boîtes gays ne changera jamais rien au fait qu’un bourgeois se définit avant tout par les capitaux qu’il détient et les revenus qu’il perçoit. Un homosexuel bourgeois ressemble de plus en plus à un bourgeois homosexuel en vieillissant, et il est probable que les électeurs parisiens qui s’identifient au mouvement gay se montreront plus sensibles aux arguments politiques leur permettant de valoriser leur patrimoine immobilier et d’alléger leur fiscalité qu’à des controverses relatives à des droits qu’ils ne sont qu’une minorité à réclamer, comme le mariage ou l’adoption. »

Qu’on soit d’accord ou pas avec lui globalement, ce monsieur a des choses intéressantes à dire et sait parler, alors pourquoi le faire venir pour presque rien ? Si Paul Amar n’aimait pas ce livre, alors pourquoi inviter l’auteur ? Face à lui, l’inamovible Alain Piriou, ci-devant militant vert et chef médiatique des gais. Il y aurait beaucoup à dire face à ce monsieur, mais dans un vrai débat de critique constructive, pas dans cette mascarade où tout est bâti pour mettre en valeur le médiateur, qui, on l’aura compris, était à Phnom Penh au moment de la prise de pouvoir des Khmers rouges. Citons par exemple Jan-Paul Pouliquen, initiateur de la loi sur le Pacs, qui s’attaquait récemment au même Alain Piriou dans un texte disponible sur le site des « Gais et lesbiennes branchés », à propos du référendum sur le Traité Constitutionnel Européen :

« N’insistons pas sur ces inepties des (ir)responsables animateurs du mouvement homo qui, l’un d’en l’autre (sic) (Roméro - UMP - et Piriou - Verts) luttent pour savoir lequel des deux sera le plus homosexuellement correct. […] Voilà des années que ces associations de gays (minoritaires !) nous bassinent avec une "sous-citoyenneté"... et qu’elles nous invitent à choisir en fonction de notre sexualité. Cette nouvelle prise de position témoigne de la dérive communautariste contre laquelle je ne cesserai pas de me battre… car, en ce qui me concerne, depuis que je suis électeur, lorsque j’entretiens une relation sexuelle, je suis homosexuel (la plupart du temps) mais quand je suis dans l’isoloir, je ne suis pas gay, je suis citoyen. »

Je ne veux pas disqualifier Alain Piriou, bien sûr, et il faut reconnaître qu’il travaille énormément pour le bien des altersexuels, et qu’il est difficile de représenter une communauté si disparate. Cependant les médias de masse devraient être plus sensible au fait qu’une communauté aussi aléatoire que celle des « LGBT » ne saurait être représentée par une ou deux personnes, se fussent-elles hissées à la tête d’un conglomérat d’associations. Toute communauté recèle en elle en modèle réduit les clivages politiques et sociaux du peuple dont elle est une composante. Évitons de dire « les homosexuels » pensent ceci. D’autre part, il serait bon pour la démocratie que les mandats représentatifs des associations soient limités dans le temps, surtout lorsqu’il s’agit de confédérations, de façon à éviter qu’une personne fasse écran, et il serait bon également d’éviter le noyautage systématique des associations par les partis politiques, qui se servent de celles-ci pour illustrer leur fonds de commerce électoral.

Quant au fond de l’affaire, si le titre de ce pamphlet est sans doute exagéré [2], que dire du « zapping » pratiqué par l’association Act-up ? Le 6 juin, d’après Illico du 1er juillet, ces militants ont investi les bureaux d’un producteur de films pornos coupable selon eux de filmer des scènes de sexe sans capotes. Le 10 juin, ils ont « réveillé en fanfare une psy transphobe, Colette Chiland », et « manifesté une nouvelle fois contre le Banque Club ». Voilà donc une association soi-disant de gauche qui pratique l’intimidation, la censure, et cela au nom d’une morale, peut-être légèrement différente de celle des religions homophobes, mais qui n’en est pas moins une morale. Je songe à l’une des plus belles phrases de Léo Ferré : « Ce qu’il y a d’encombrant dans la morale, c’est que c’est toujours la morale des autres. » Je peux témoigner en tant que lecteur de l’ouvrage de Colette Chiland que j’ai d’ailleurs cité dans Altersexualité, Éducation & Censure, que c’est un livre fort intéressant, qui ne professe rien qu’on puisse qualifier de « transphobie ». C’est là pure diffamation. (Voir aussi Entrevue d’Alexandra Augst-Merelle & Stéphanie Nicot.)

Quant au Banque-club, un bar à baise, j’ignore ce que ces nouveaux inquisiteurs (est-ce plus correct que Khmers roses, Monsieur le Baroudeur ?) lui reprochent. De ne pas organiser des rondes, lampes-torche en main, pour vérifier la pose réglementaire des capotes sur les pénis au garde-à-vous ? Et si les gens veulent baiser sans capotes, et si les gens veulent fumer, et si les gens veulent bronzer malgré les risques de cancer ou de sida, et si les gens se piquent à l’héroïne, au nom de quelle morale les en empêcher ? Dieu sait si je passe mon temps à me plaindre des politiciens qui nous dirigent, mais il y a une chose que je ne souhaite à personne, c’est de vivre dans une société qui serait dirigée par ces militants-là. Voici une déclaration révélatrice d’Emmanuel Château, représentant Act-up, dans Illico du 13 juillet 2005 : « Il est très dangereux de laisser les gens vivre selon leur désir vis-à-vis des pratiques à risque. » Il y a quinze à vingt ans, les sex-clubs étaient régulièrement investis par la police, maintenant c’est par Act-up. Police de la morale, police de la pensée. Qu’on les laisse faire, et ils obtiendront ce que ceux qui les soutiennent espèrent : l’intimidation, grâce à laquelle bientôt, quiconque n’est pas gai ou transgenre n’osera plus exprimer une idée sur cette communauté. Toute personne ayant des idées sommée de s’expliquer le couteau sous la gorge. Seuls les musulmans parleront de l’islam, etc. Cela s’appelle le communautarisme. Je suis profondément désolé, mais entre ces soi-disant gauchistes qui sont à mon avis plus staliniens que libertaires, et l’ignoble homme de droite François Devoucoux du Buysson, je choisis ce dernier. Il y a vraiment quelque chose de pourri dans ce qu’il faut bien appeler le lobby gai, et plus ça va, moins il y a d’espaces médiatiques où on puisse exprimer son désaccord sans être aussitôt traité de fasciste.

De tout cela il ne sera pas question dans l’émission. On aura droit en lieu et place de ce débat nécessaire, à la « mère de famille », j’ai nommé Isabelle de Rambuteau, présidente de l’antenne française du « Mouvement mondial des mères », ou quelque chose comme ça, elle aussi réduite à son rôle, face à un psychanalyste réduit à son rôle de psy vaguement rétrograde. Pourquoi ne pas inviter plutôt un psy progressiste ? Éric Verdier, qui a donné mon nom a la production, a été évincé au dernier moment de ce débat. Voici enfin Éric Garnier, le président de l’association des parents gais et lesbiens (APGL), que le journaliste vedette interrogera non comme représentant de son association, mais comme témoin. Celui-ci devra poser lui-même la limite de sa vie privée, mais aurait dû dès le début refuser de parler de son cas personnel. La passe d’armes avec Paul Amar était d’ailleurs significative, puisque, comme cet homme avait parlé de sa fille, mise au monde d’un commun accord avec une lesbienne, le baroudeur de Phnom Penh demande si ça se passe bien avec la compagne de l’une et le compagnon de l’autre. Son interlocuteur, avant de baisser le rideau de sa vie privée, indique discrètement qu’il est plutôt adepte de l’inconstance. Journaliste en flagrant délit de pensée unique, de réduction d’autrui à un catalogue de rôles, plutôt que de médiation entre l’homme et le monde.

La pensée unique était à l’œuvre également lors du sujet sur le crime de Reims. Que croyez-vous qu’aient fait les autorités, au grand soulagement d’un étudiant, présent sur le plateau, qui témoignait de sa fréquentation du lieu du crime — mais de jour, nous voici rassurés, ce lieu jouxtant la fac ? Eh bien c’est tout simple, installer des réverbères, pour sécuriser le lieu. C’était bête comme chou, pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ? Et la lumière fut. Tout le monde est donc soulagé sur le plateau, ou personne, de peur de passer pour « homosexuellement incorrect », n’ose formuler la remarque que lorsqu’on introduit de la lumière dans un lieu apprécié pour son obscurité, on ne résout pas un problème, on le déplace. Où vont donc aller les Pasolini de Reims pour jouer de la braguette en pleine nuit ? Plus loin, en des lieux où ils seront encore plus vulnérables, si possible en dehors de la ville, comme les prostitués [3], et comme ça tout le monde s’en lavera les mains, les agressions n’auront plus lieu à Reims.

On s’étonne que la solution adoptée n’ait pas consisté en l’installation d’une video-surveillance sur ce lieu de drague, avec pourquoi pas, une nouvelle idée de télé réalité : drague homosexuelle et crimes en direct… Blague à part, je rappelle cette autre solution possible, consistant à former les forces de l’ordre à la lutte contre l’homophobie, et à leur donner comme mission de sécuriser les lieux à risques, en changeant leur méthode : au lieu d’effrayer et de culpabiliser les dragueurs, comme cela a toujours été fait, les protéger. Mais j’oubliais que la loi sur l’atteinte sexuelle, anciennement « outrage à la pudeur » est toujours en vigueur, et que le fait, même en pleine nuit, même dans l’obscurité et en l’absence de tout témoin, d’exhiber des organes sexuels dans un lieu non privé, est un délit.

Voilà une politique expéditive qui n’est pas sans rappeler la glorieuse action de l’ancien maire de Paris Jacques Chirac, que l’on pourrait nommer l’Anti-Vespasien. C’est en effet sous son règne que le scandale de la drague dans les urinoirs publics de Paris a été réglé de la façon la plus simple, par l’éradication des urinoirs. Et pour faire d’une pierre deux coups, on les a remplacés par des édicules payants confiés à une société privée connue à l’époque pour équiper toutes les villes classées à droite. Quelques années plus tard, on s’avisa que lesdits édicules restaient propices aux ébats tarifés — moins chers qu’une chambre d’hôtel — ou à la consommation d’héroïne. Que fit-on ? Fermeture à 22h. On est prié de tourner le robinet de son zizi. Le problème c’est qu’on ne coupe pas les zizis par décret — du moins les zizis mâles — et que grâce à cette mesure, toutes les rues de Paris, la nuit, sont devenues des urinoirs à ciel ouvert. Qu’à cela ne tienne, le nouveau maire de Paris engage une grande campagne contre les incivilités, où l’on verbalise à couilles rabattues aussi bien les propriétaires de chiens qui s’oublient que les zizis arroseurs, d’autant plus facilement qu’une redoutable campagne d’installation de réverbères a eu lieu sous son règne. L’extermination des coins sombres, c’est donc ça, la démocratie ? [4] Écoutons le poète Jacques Réda, qui dans Les Ruines de Paris (Poésie / Gallimard, p. 46) se proposait « de créer l’Union pour la Préservation des Terrains Vagues. » :

« Or voilà contre quoi je m’élève, contre quoi proteste le fond insoumis de l’homme et sans nul doute du chat. […] Faites à tout hasard piquer vos enfants contre le tétanos, la typhoïde, ils ne s’enhardiront jamais trop. […] Terrain vague de l’âme et Dieu sait ce qui peut s’y produire, s’y glisser en fait d’ingénus poètes et de criminels. Ainsi travestir le terrain vague en cour de pouponnière, c’est risquer d’offenser dans l’être la liberté du dieu, négligeant qu’il enseigne, autant qu’une obscure espérance, la solitude et l’effroi de la mort. »

Le seul moment intéressant de l’émission, c’est quand Claire Breton, auteure d’un livre sur les enfants de couples alterparentaux : J’ai 2 mamans, c’est un secret, recentrera le débat sur l’enfant, rendant stérile le faux-débat sur la légitimité de l’adoption. Cette jeune fille, qui avait la chance, contrairement à moi, d’être présente sur le plateau, a pu développer quelques phrases. Mais tout cela pour quels téléspectateurs ? Je n’ai pas la télévision depuis plus de 12 ans, et je la regarde très peu, mais on m’avait présenté cette chaîne et cette émission comme sérieuses. La journaliste qui m’a interviewé, pour justifier l’autorisation de filmer des élèves, a défendu sa capacité à traiter sérieusement un tel sujet en trois jours. Elle en aurait été capable, sans doute, mais selon le bon vieux principe de Peter, son travail aurait été anéanti par son chef. Paul Amar s’est permis de consacrer une minute de cette heure pourtant fort dense (peut-être la minute retranchée à mon interview) à ironiser sur TF1, chaîne privée à laquelle un participant reprochait de donner une image caricaturale des gais. Sa sortie, grand classique de ces émissions qui consacrent plus de temps à s’auto-valoriser qu’à produire de la valeur, m’autorise à mon tour à émettre un avis sur son émission — avis qui va me faire des amis à la télé.

L’Inspection académique a eu mille fois raison de refuser que des élèves soient mêlés à un tel salmigondis, un tel déballage de poncifs et de faire-valoir. J’y ai participé, et je ne le regrette pas, cela me permettra peut-être, à titre personnel, d’être repéré par des journalistes dignes de ce nom qui commenceront par lire mes écrits et qui auront en tête un véritable travail d’information sur les sujets que j’ai quelque légitimité à traiter (en espérant que leurs chefs ne gâchent pas leur travail !). Mais c’est bien le seul intérêt de ce genre d’émission, qu’elle soit estampillée TF1 ou France 5 : faire de la pub à des marionnettes ou à des livres. Je trouve un écho de ce jugement dans un article de Marie Colmant, extrait de Télérama du 25 mai 2005 : « Paul Amar n’écoutait pas vraiment [les intervenants], pressé sans doute de passer à une autre question ou craignant les débordements… […] Et voilà, « cette émission se termine », lance Paul Amar, satisfait. Mais de quoi ? D’un débat aussi violent que mystérieux ? De la frustration engendrée chez le téléspectateur qui éteint sa télé en se disant, bon, je vais me remettre à lire des livres parce que la télé, décidément, elle ne sait pas prendre le temps d’expliquer… »

Parallèle avec un article de Libération du 20 juin 2005 consacré à « La télé française en déclin au Maghreb ». Voici une déclaration de Selima Guezali, journaliste-écrivaine algérienne : « On s’est alors branchés sur les télés arabes pour voir de vrais Arabes, de vrais opposants, de vrais islamistes, de vrais hommes du pouvoir et surtout de vrais débats, très contradictoires et qui vont au cœur des problématiques de nos sociétés, de nos problèmes quotidiens. » De vrais opposants, de vrais débats, à quand, messieurs-dames des médias de masse ? À quand une vraie émission contradictoire sur tous les aspects du mariage, une vraie émission sur les tenants et les aboutissants de la lutte contre l’homophobie, une vraie émission sur l’alterparentalité, plutôt que plusieurs fois par an la même émission ressassant en même temps chacun de ces débats ?

Jeudi 23 juin 2005

Après m’être présenté dans mon nouvel établissement, je me rends dans la boutique pédagogique d’un éditeur pour obtenir des manuels scolaires. On me dit que c’est gratuit. Je demande qu’on me raye du fichier sous mon ancien établissement, pour éviter les envois inutiles. J’ai reçu de divers éditeurs une dizaine de nouveaux manuels, que je n’ai même pas ouverts. L’employée me dit que c’est pour se mettre les profs dans la poche. Les profs, rétorqué-je, sont également contribuables, sans compter parfois écolos, et savent bien que le coût de l’envoi des manuels « gratuits » est répercuté sur le prix des manuels payés par les collectivités locales, donc par nos impôts, à elle et à moi. Concurrence libre et non faussée oblige. C’est être un dangereux noniste, sans doute, que d’en appeler à une loi pour interdire cette pratique. Ce serait tellement simple d’éviter ce gaspillage, et de n’envoyer des échantillons que sur demande expresse des enseignants ! Bien sûr, tous ces éditeurs consacrent des pages moralisantes au développement durable dans leurs manuels d’éducation civique…

gay pride 2005 par Crocus

Samedi 25 juin 2005

Rendez-vous annuel de la marche des fiertés. Un peu en berne, cette année, si j’en crois ma mémoire. Les espaces libres entre les chars sont plus clairsemés, moins de déguisements chatoyants, pas de cette banderole des joyeux chiraquiens qui m’avaient tant fait rire l’an dernier, ni de ce char très émouvant des handicapés, affrété par l’association des paralysés de France, remplacé cette année par une seule banderole et quelques militants. Pas de char de Kelma, et peu de chars communautaires, à part les Asiatiques. Que se passe-t-il ? Je n‘ai même pas vu la banderole des célébrités médiatiques, peut-être l’ai-je ratée à Bastille, peut-être est-elle arrivée longtemps avant les autres ? Une nouveauté quand même, et c’est du côté de l’Éducation : banderole intersyndicale, y compris la FCPE, sans compter la présence massive de la CFDT et de la CGT. Le mot de l’année est le concept de « sérotriage », sur lequel Libération ne manque pas de broder son article du jour, dramatisation incluse. Les gais refuseraient de baiser avec des gais de statut sérologique différent, allons donc. Quelle nouveauté ! Il faut vraiment n’avoir rien à dire pour sortir de telles âneries, avec le « bareback » avarié qu’on nous repasse tous les ans… Ah, cette furie d’interdire qui s’empare de tous nos concitoyens, même ceux qui se proclament de gauche. Interdire la baise sans capote, interdire les coins sombres, les terrains vagues, interdire de faire du vélo sans casque, interdire de vendre un produit naturel pas « aux normes » européennes, etc. Mais si les gens persistent à vouloir fumer ou boire du Coca malgré les risques de maladies, ne peut-on les prendre pour des adultes ?

Et puis les contaminations sont en hausse, toujours en hausse. Je dois avoir une mémoire défaillante, car si on nous propose le nombre de 125000 contaminés cette année, il y a quinze ans les chiffres qui circulaient étaient de 300000 (cf. VIH-Sida : la vie en danger, d’Aggée Célestin Lomo Myazhiom). Certes, beaucoup sont morts entre-temps, mais je persiste et signe, ce n’est pas la peine de mentir (ou plutôt de triturer la vérité) pour obtenir des subventions. On se garde bien de publier certains chiffres plus rassurants (en ce qui concerne la France). La vraie bataille du Sida comme d’autres maladies, en ce moment, se mène dans les pays du Sud.

Jeudi 30 juin 2005

Hier, j’ai participé à Bobigny à une réunion de bilan pour les projets de développement durable suivis par Via le Monde et l’Inspection académique. Ambiance agréable, les trois enseignants présents étant satisfaits de la collaboration, ainsi que Colette Broutin et Anne-Laure Barrès. Même si le projet global n’a pas eu tout le succès envisagé, la méthode de co-élaboration est la bonne, et doit être poursuivie.
L’année se termine pour moi par une rencontre-débat organisée par une librairie de mon quartier, sur le thème « Homophobie, éduquer ou punir ? », avec Éric Verdier et moi-même. Succès relatif, puisque seuls trois de mes amis sont venus, mais peu importe : voici un acteur de terrain qui connaît un relatif retentissement médiatique, qui a de l’estime pour mon travail, accepte de collaborer avec moi, et se propose de m’aider. Il travaille aussi avec Philippe Clauzard, et puis en discutant, nous nous rendons compte que nous nous étions déjà connus il y a quinze ans, lorsque j’étais objecteur à l’association AIDES, et qu’il en était « volontaire ». La boucle est bouclée… Voici un micro-réseau dans la mouvance altersexuelle, qui me rassure. Éric m’expose une théorie selon laquelle les gens se répartissent en trois catégories qui se recoupent : les pervers, les normopathes et les bouc-émissaires. Selon lui, j’aurais tendance à m’enfermer dans la troisième catégorie. Soit, mais s’il m’aide à en sortir, alors tout peut commencer…

Ainsi se termine ce « Journal de bord 2004/2005 ». Merci encore à Olivier (Psychokwak), pour sa relecture efficace. C’est un livre gratuit, j’espère qu’il vous aura apporté quelque chose. Faites part de vos commentaires soit sur le site s’ils concernent tout le monde, soit par message privé [5] si ce sont des remarques privées (fautes d’orthographe incluses !) Enfin, à votre bon cœur m’sieurs dames, vous êtes libres d’acheter un de mes livres., pour que je puisse continuer à sévir.

 Retour à la présentation du Journal de bord.

Lionel Labosse


Voir en ligne : Présentation du projet


© altersexualite.com 2007.
La photo de la marche des fiertés est de Crocus (publié avec l’aimable autorisation de l’auteur). Voir son site et sa photo de Marcela Iacub.


[1C’est amusant, 3 ans après, j’ai oublié de qui il s’agissait. Je me souviens plus volontiers des bons moments et des collègues coopératifs.

[2C’est une pratique générale, dans l’édition comme dans la presse, de choisir des titres qui fassent vendre, au risque d’être en porte-à-faux avec le contenu.

[4On pourrait s’étonner de la décision de la mairie de Paris, de rendre gratuit les fameux édicules de la société Decaux, puis de confier à la même société la gestion du service public « Vélib ». On aurait pu revenir aux bons vieux édicules moins coûteux, mais non, on préfère payer — très cher — une société privée. Tiens, tiens ! Et quand le même Devoucoux du Buysson se permet de critiquer sur un site (cf. Le Perroquet Libéré), on fait fermer son site du jour au lendemain, sans qu’aucun défenseur des libertés ne s’émeuve. Étonnant, cette propension de l’intellectuel de gauche à trouver normal qu’un maire « de gauche » ait recours à des pratiques « de droite » pour faire taire ses détracteurs…

[5Cliquez sur mon nom qui apparaît en sous-titre de cet article ci-dessus, et une fenêtre de message s’ouvrira. N’oubliez pas de préciser votre adresse email.