Fille ou garçon ? de Sabine de Greef & Fleur Camerman

Alice jeunesse, histoires comme ça, 2008, 28 p., 9,9 €

vendredi 18 avril 2008

Dans la même lignée que Histoire de Julie qui avait une ombre de garçon, de Christian Bruel & Anne Bozellec ou Mademoiselle Zazie a-t-elle un zizi ? de Thierry Lenain & Delphine Durand, mais pour les plus petits, voici un joli album qui pose la question qui titille tous les enfants, tout en précisant sur la couverture « Pas si simple de répondre à cette question ! » En effet, il suffit de comparer les images proposées sur les 2e et 3e de couverture pour comprendre qu’un éléphant, ça peut « tromper » énormément : au début du livre, les filles jouent à la poupée et sautent à la corde, tandis que les garçons jouent au ballon ; mais à la fin, les cartes sont brouillées ! Impossible de savoir si les enfants ont échangé leurs jouets ou leurs vêtements : est-ce la robe qui fait la fille, ou la poupée, ou rien de tout ça ?

Les trois premières pages se contentent de distinguer les âges de la vie, sexes mêlés : « Il y a les grands-pères et les grands-mères. Ce sont "ceux qui ont plein de rides" ». Soit, mais a-t-on le droit d’avoir des rides sans être ni parent, ni grand-parent ? a-t-on envie d’objecter ! Puis se pose la question de reconnaître filles et garçons. Le dessin entrecroise divers signes pour brouiller les pistes : cils, vêtements occidentaux (robes, pantalons), mains dans les poches, pieds tordus… Puis propose une opposition entre « filles » hyper-féminines et « garçons » hyper-virils, dans l’attitude et le vêtement. Le narrateur demande à maman comment on les reconnaît, et elle botte en touche : « À sa tête, bien sûr ! » Mais l’enquête sous-marine continue à la piscine, où le narrateur (ou la narratrice) lorgne un endroit du corps plus propice à une réponse précise. C’est alors que la dernière image vient semer le « trouble dans le genre » !

Un bel album bien dans l’air du temps pour commencer à aborder la question du genre et celle du sexe avec les plus petits. On apprécie la retenue du texte, qui laisse toute latitude à l’enfant d’interpréter les dessins à sa façon, sans trop prévoir les réponses. On s’amusera à remarquer que les « grands-parents » n’ont pas que des rides ; ils sont aussi les seuls à avoir des défenses…

Lionel Labosse

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