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Les bonobées snobées résilient les baux des beaux bonobos, pour les petits.
L’Histoire vraie des bonobos à lunettes, et Rose Bonbon, d’Adela Turin, illustré par Nella Bosnia
Actes Sud Junior, 1976, 40 p., 7 € chaque
jeudi 29 mai 2008
Ces courts récits illustrés pour les petits datent de 1976 ; ils sont donc contemporains de Histoire de Julie qui avait une ombre de garçon, de Christian Bruel & Anne Bozellec. Adela Turin avait fondé en 1974 sa maison d’édition « Dalla Parte Delle Bambine » (Du côté des petites filles). Ces albums étaient parmi les premiers publiés. Bien plus tard, elle a proposé Camélia et Capucine, d’Adela Turin et Nella Bosnia. Avec Nella Bosnia, Adela Turin anime l’association européenne Du côté des filles. Il s’agit d’encourager les filles à protester contre les abus masculins.
L’histoire vraie des bonobos à lunettes est un conte au motif traditionnel : « Les bonobos étaient constamment occupés à grignoter les baies et les fruits, les graines, les noix et les pousses que les bonobées cueillaient toute la journée pour eux et pour les bonobines et les bonobins ». Un jour, on envoie quatre beaux bonobos étudier l’anglais à Belfast. Ils reviennent avec des lunettes, dont ils donnent un exemplaire à quiconque apprend à prononcer quatre mots anglais. Hélas, les bonobées, que la coutume affuble d’un foulard sur la tête, ne peuvent pas porter de lunettes. Les bonobées finissent par faire sécession, se mettent à cultiver la terre et fabriquer divers objets. Les bonobos oublient leurs lunettes, et apprennent à cueillir eux-mêmes leur subsistance. Mais la nostalgie les pousse à rejoindre bonobées et bonobins, « qui les accueillirent avec joie ».
Mon commentaire sera moins sévère que pour Camélia et Capucine. Certes, les hommes sont là aussi montrés avec tous les défauts, et les femmes toutes les qualités, ce qui confirme la misandrie des auteures. Cependant, il faut tenir compte de la date, se rappeler des textes comme La maman bohême et Médée de Dario Fo et Franca Rame, qui montrent des rapports tendus entre les sexes, et considérer le ton bonhomme et humoristique de ce petit album qui, par sa forme et ses superbes dessins plus que par son fond, invite à une remise en question et un dialogue profitables pour les petits, de façon à « remettre la balle au centre ». Je conseillerais, à partir de cet album, et avec un vocabulaire adapté, d’aider les élèves à faire la part des choses entre féminisme et misandrie.
Rose Bonbon
En 2008, Actes Sud réédite également dans la collection Benjamin (40 p., 7 €), un album de 1976, qui avait déjà été réédité en 1999. L’histoire est simplissime : les petites éléphantes sont parquées et formatées à manger tel type de fleurs dans le but d’obtenir une belle couleur rose, une peau lisse et des yeux brillants. On les habille avec des vêtements ridicules, pendant que les éléphanteaux mâles s’amusent à se rouler dans la boue. Or une éléphante ne rosit pas, et petit à petit on se désintéresse d’elle. Elle peut s’amuser avec les mâles ; et toutes les femelles finissent par la suivre. Comme pour L’histoire vraie des bonobos à lunettes, c’est surtout la beauté des dessins qui retient. Le livre était un pionnier, maintenant ancêtre d’une nombreuse descendance, parmi laquelle Marre du rose, de Nathalie Hense & Ilya Green et Le Petit garçon qui aimait le rose, de Jeanne Taboni Misérazzi & Raphaëlle Laborde.
Voir en ligne : Du côté des filles
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