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Apprentie Don Juane, pour lycéen(ne)s et adultes
Doña Paz la libertine, d’Anne-Laure Mahé & Carole Murcia
La Cerisaie, Ceriselles, 2008, 48 p., 12 €.
mardi 8 juillet 2008
Voici une bande dessinée d’Anne-Laure Mahé (scénario) & Carole Murcia (dessin) parue en 2008 aux éditions de la Cerisaie. La présentation est un peu « brute de décoffrage », mais les aventures de Doña Paz, qui appellent une suite, nous proposent un regard féminin sur le libertinage de pensée et de mœurs au XVIIe siècle, comme il se doit entre la France et l’Espagne, avec cette nouveauté d’une mystérieuse filiation impériale chinoise. Les corps féminins sont offerts aux regards du lecteur, mais le lesbianisme ne s’affirme pas comme une exclusivité ; c’est plutôt la bisexualité qui se propose comme un libertinage en actes.
Résumé
Espagne, 1663. Jeune fille d’origine extrême-orientale mystérieuse, Doña Paz envoie paître Dieu et ses nonnes, s’enfuit du couvent pour parcourir le monde. À la manière de Don Juan, elle défie une statue de mort, et déclare « Je ne veux plus pour maître que ma raison ». Elle demande asile à Doña Victoria, amie de sa mère, dont elle refuse les avances, mais qui lui apprend l’escrime et l’art de la conversation, avant de la recommander à Mme du Sablier, à Paris. Sur le chemin, à l’instar du Don Juan de Molière, elle sauve la vie d’un gentilhomme qui malheureusement connaît son père, et qui la suivra à Paris. Elle est accueillie dans le salon de Mme du Sablier, dont la conversation et les talents de sculptrice la séduisent. Ses frères l’ont pistée, mais elle refuse de les suivre et se déclare libertine. Un soir au théâtre, elle remarque qu’on la regarde, et tombe sous le charme d’une inconnue, laquelle est accompagnée d’un eunuque. Il semble que Doña Paz soit héritière d’une lignée impériale chinoise…
Mon avis
Voici une bande dessinée en noir et blanc, à l’encre de Chine, assez originale dans l’offre actuelle. Le démarcage du mythe de Don Juan est très présent, mais la fin, qui annonce une probable suite, nous tire vers l’Orient. Si les pages centrales laissent libre cours à un érotisme lesbien léger mais sans ambiguïté (il est conseillé de bien regarder l’ouvrage avant de décider de le proposer dans un C.D.I. de lycée), la fin laisse présager une destinée bisexuelle plus conforme à l’esprit de l’époque baroque. L’édition noir et blanc brute de décoffrage et la couverture cartonnée sans fioriture, sans page de garde, rebuteront les bibliophiles ; mais les amateurs (et amatrices) de lesbianisme apprécieront les vignettes les plus libertines, aux cadrages, contrastes et dessins audacieux.
Voir en ligne : Blog d’Anne-Laure Mahé
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