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Tentative d’aborder avec culture & raison un sujet qui la fait perdre. Chapitre 1/7.

Socratisation, pédérastie & pédophilie : les mots pour le dire.

Le Banquet de Platon et le mythe d’Orphée

samedi 19 avril 2025, par Lionel Labosse

À commencer par celui-ci, je publie une série de sept articles de taille inégale, qui pourrait constituer un livre à part entière. Ce sera le dernier ajout, et la cerise sur le gâteau d’un livre auquel je vais me consacrer maintenant, colligeant mes articles de brigittologie. Le titre que je prévois est « Elle est menteur, mon cher Watson. Précis de Brigittologie ». Je n’ai pas d’éditeur pour l’instant, car comme l’a démontré le succès mondial du livre de Xavier Poussard, il est patent que la brigittologie ne fait pas vendre des livres. À moins que ce ne soit une question de couilles. Il est vrai que l’Élysée a décrété, en représailles des droits de douane de Trump sur les produits de Bernard Arnault, des droits de douane de 1000 % sur les importations de couilles de Candace Owens en provenance des États-Unis !
J’ai été mis en contact avec un éditeur « dissident », qui publie à tour de bras des livres sur tout & n’importe quoi et a table ouverte à certains médias alternatifs. On a échangé 3 mails, mais plus de nouvelles. Idem avec un autre qui m’a contacté suite à une émission sur GPTV, m’a proposé un contrat, avant de s’évanouir dans la nature. Dès qu’on parle du seul dossier qui emmerde le tyran, le dissident de l’espèce « grenouille à grande bouche » devient très vite plus discret au sein de la gent marécageuse. Circulez, il n’y a rien à voir. Il va sans dire que si jamais vous connaissez un éditeur en quête d’une personne qui d’une part sache écrire, d’autre part, dise et écrive des trucs intéressants, vous pouvez lui signaler mon existence. Quand j’utilise l’expression « des trucs intéressants », je ne me vante pas ; je m’appuie sur le fait vérifiable que les 5 émissions auxquelles j’ai participé sur GPTV en tant que « brigittologue » figurent (au 24 avril 2025) parmi les 30 meilleures audiences des directs, entre 150 000 et 230 000 vues.
Je vais donc préparer mon livre, et le proposer à 2 ou 3 éditeurs, juste pour voir, et sinon, le publier à compte d’auteur, façon Poussard. Ce n’est pas que je cherche un revenu supplémentaire à mon maigre salaire de prof ; vous savez que je n’ai jamais demandé un centime en échange des centaines d’articles publiés sur mon site, et mes six livres ne m’ont jamais rien fait gagner ; ils m’ont coûté ! La question n’est pas là ; c’est une question de respect. Les médias, même dissidents, veulent des intervenants sanctifiés par la publication d’un livre papier. Que le contenu de mon site soit bien plus riche que des livres, peu importe, il leur faut du papier, du papier pour être légitime.
Mais c’est aussi vis-à-vis des consommateurs de sites. Un prix donne parfois de la valeur, c’est comme ça. Sans 500 g de papier, beaucoup de gens sont incapables de comprendre qu’il s’agit de littérature, et que mes articles sont écrits. Ce n’est pas moi qui le dis, mais par exemple Maud Marian à propos de ma chronique judiciaire sur le procès Rey / Roy / Trogneux. Je ne me permettrais pas de me louer moi-même, car vous savez que je suis classé 7e au championnat du monde de modestie, derrière Macron, Alain Soral, Didier Raoult, Natacha Rey, Idriss Aberkane, et François Asselineau !
Voici le thème de cette série d’articles.
Que le détourneur soit homme ou femme, il est désormais établi que la séduction du petit Emmanuel a commencé en 1991, alors que celui-ci (né en 1977) avait 14 ans, scolarisé en classe de 3e à La Providence, collège-lycée jésuite d’Amiens, où il connut – au sens jésuite d’abord, puis probablement au sens biblique – « Brigitte », dans le cadre de l’atelier théâtre qu’elle animait, et non comme professeur de français comme cela avait été prétendu dans l’état initial de la légende dorée servie aux médias complaisants par la clique de Mimi Marchand.
Dans la brigittosphère, et plus largement dans la dissidence qui s’est coalisée autour de la tyrannie covidiste contre la macronie & ses commanditaires, une fraction importante se monte le bourrichon au sujet de la « pédophilie », souvent confondue avec la « pédérastie », et souvent aussi confondue avec l’homosexualité, tout cela étant voué aux gémonies dans un même mouvement de rejet qui malheureusement a trop à voir avec l’homophobie ; sans parler de ceux qui mélangent tout cela avec la différence d’âge, et voient parfois la « gérontophilie » comme une perversion hautement condamnable.
Dès les premiers jours de mon engagement en tête de gondole du bataillon des brigittologues – qui est tout sauf un bataillon sacré thébain – j’ai mis en garde contre ces amalgames. Je voudrais, dans cet article, faire une mise au point, avec quelques éclairages historiques, sur la « pédérastie » dont il est question en brigittologie. Mon idée principale est qu’il faudrait quand même, au-delà des mots d’ordres d’inquisiteurs avinés qui n’ont que le mot d’ordre « À mort les pédophiles » à la bouche, arriver à faire une distinction sur le grand mélange que la presse entretient derrière ce mot de « pédophile ». Les spectateurs des deux films récents Sound of Freedom, qualifié par le torchon de milliardaire Le Monde, de « film sur la lutte contre la pédocriminalité qui galvanise les sphères complotistes » et Les Survivantes, régulièrement attaqué par Rudy Reichstadt, l’employé de David de Rothschild et donc collègue de bureau de macron, devraient parvenir à faire un distinguo entre un pauvre type, certes dégénéré, qui fait une ou deux victimes dans sa vie, et un notable qui appartient à un réseau pédocriminel, lequel ne se contente pas de violer, mais donne la main à des crimes rituels d’enfants.
Le simple fait que Le Monde d’un côté, et de l’autre côté l’officine Conspiracy Watch, porte-flingue de l’État fasciste macroniste, pilotée par M. David de Rothschild en tant que président de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, le même David de Rothschild qui est ami personnel très proche de « Brigitte » et employeur de son chihuahua, s’emploient à calomnier les films qui dénoncent les réseaux pédocriminels, devrait quand même sérieusement nous mettre la puce à l’oreille sur ce qui est vraiment problématique dans l’éventail très varié de ce que l’on désigne par le vocable « pédophilie ». Ce mot à l’étymologie trompeuse (« qui aime les enfants ») fait le grand écart depuis le crime rituel de masse en bande organisée jusqu’à un seul rapport avec un enfant pubère consentant qui n’a pas tout à fait 15 ans, ou tout à fait dix-huit ans si le plus âgé est « personne ayant autorité ».
Je voudrais dans ce modeste article, remettre les pendules à l’heure, pour que les brigittologues concentrent leur énergie sur les vrais salauds, et arrêtent de viser des leurres. Le mot « pédophile » agité comme un chiffon plein d’hormone sous le nez d’un taureau, entraîne chez certains « dissidents » le même réflexe pavlovien que de prononcer « Dieudonné » ou « Soral » devant un journaliste. Toutes les notions démocratiques de justice, droit à une défense équitable, proportionnalité des peines, tout cela vole en éclats dès que « pédophile » est prononcé, souvent chez les mêmes personnes qui trouvent que « Une bombe qui explose tuera sans doute des enfants, mais ces enfants ne mourront pas en ayant l’impression que l’humanité a trahi tout ce qu’ils étaient en droit d’attendre » (citation de Céline Pina à propos des massacres humanistes de Gaza). Oui, massacrons en masse des enfants, mais surtout, ne les touchons pas ! Je vais dans cette série d’articles écorner certaines postures de la « dissidence ». Le véritable esprit critique doit d’abord être dirigé contre son propre camp ; sinon, ce n’est pas de l’esprit critique, mais une variante du conformisme.
Dans ce premier article, nous définirons d’abord les mots utilisés, et étudierons leur histoire. Le deuxième article fera le point sur les variations de l’âge de consentement dans le temps & l’espace . Le troisième article évoquera des cas célèbres de « pédérastie » dans l’histoire. Le quatrième article se penchera sur quelques cas modernes, de Lewis Carrol à l’époque actuelle. Le cinquième article proposera une réflexion synthétique basée sur quelques souvenirs personnels. Le sixième article traitera de « Dissidence » & homophobie, et le septième article conclura sur « Qu’est-ce qu’il y a de scandaleux chez « Brigitte » ? ».

Plan de l’article
 « Homosexualité »
 « Sodomie »
 « Pédérastie »
 « Le Banquet de Platon et le mythe d’Orphée »
 « Pédophilie »

Pédophilie, pédérastie, homosexualité, gérontophilie & autres mots rares

Il convient de s’adonner à une discrimination savante & dépassionnée du vocabulaire de l’homosexualité, en consultant les dictionnaires et autres ouvrages spécialisés. Quand j’enseignais en collège (avant 2005), j’avais réalisé un cours sur l’étymologie des mots grossiers (pute, con, merde, etc.) pour intéresser les élèves à l’histoire de notre langue ; alors silence, dans les rangs !

« Homosexualité »
Les mots « homosexualité » et « pédophilie » ne datent que de la fin du XIXe siècle. L’écrivain hongrois germanophone Karl-Maria Kertbeny (1824-1882) inventa en 1868 et 1869 les mots « Homosexual », « Heterosexual » et « Homosexualität », auxquels il opposa le terme « normalsexuel ». Dans sa conception, « Heterosexual » renvoie à une perversion : une attirance morbide pour l’autre sexe dissociée de la reproduction. Cela revenait à opérer une deuxième section et même une troisième, dans le domaine sexuel, car le mot « sexe » lui-même a pour étymologie « secus » qui signifie « couper », et désigne originellement la séparation entre mâle et femelle, d’abord dans les plantes. Voici donc une deuxième section, entre « normalsexuel » et *anormalsexuel, et une troisième au sein de *anormalsexuel, entre « homo et « hétéro » sexuel.
En 2004, j’ai proposé d’utiliser le mot « altersexuel » en alternative à l’acronyme à géométrie variable « LGBT », d’abord pour des raisons purement linguistiques, cet acronyme étant contraire au génie de la langue, mais aussi pour opposer une « orthosexualité » à une « altersexualité ». L’« orthosexualité » peut revenir au « normalsexuel » de Kertbeny, sauf que se sont agrégées à l’« altersexualité » toutes ces notions à la frontière du biologique & du social que l’on fourre dans le « LGBT », et plus encore, tout ce qui fait que l’« hétérosexualité » au sens actuel n’a plus le sens pathologique que Kertbeny donnait à ce mot, un concept distinct du « normalsexuel ».
Je sais que parmi la dissidence, certaines personnalités s’accrochent comme des naufragés à un bout de bois flottant, à ce « normalsexuel », mais il suffit d’ouvrir les yeux sur les scandales sexuels incessants, les procès, les « metoo », et tout simplement sur la proportion de divorces dans le mariage hétérosexuel, pour comprendre que le « normalsexuel » rétrécit comme peau de chagrin. Il est bien sûr plus facile de se fermer les yeux et de hurler à la perversion, en mettant ma tentative d’apaisement dans le même sac que la tentative de subversion sorossienne qui se cache derrière les partisans du « LGBT » à géométrie variable, qui pour moi vire à l’hétérophobie, et en tout cas au « lgbêtisme » !

Sodomie
Avant l’invention de « pédophilie » et pendant des siècles, les mots « pédérastie » et « sodomie » étaient utilisés, dans des sens forcément différents de leur sens actuel, puisque les néologismes « homosexuel », « hétérosexuel » & « pédophile » ont redistribué les cartes & les frontières.
« Sodomie » est un toponyme biblique devenu nom commun. Il avait un sens plus large, proche de « hérétique », ou désignait toute relation sexuelle non liée à la reproduction, voire la « bestialité » prêtée aux sorcières. Dans le contexte biblique, le nom de Sodome est clairement lié à ce qu’on appelle, de nos jours, homosexualité masculine. Dans la Genèse, le péricope (épisode délimité) « La destruction de Sodome » (19, 4-5) est explicite : « Ils n’étaient pas encore couchés que les gens de la ville, les gens de Sodome, entourèrent la maison, depuis les enfants jusqu’aux vieillards  ; toute la population était accourue. Ils appelèrent Lot, et lui dirent  : Où sont les hommes qui sont entrés chez toi cette nuit  ? Fais-les sortir vers nous, pour que nous les connaissions. » Le verbe « connaître » a bien ici son sens dit « biblique », il désigne le fait d’avoir des relations sexuelles (« L’homme connut Ève, sa femme ; elle conçut et enfanta Caïn » (Genèse 4, 1)).
L’homosexualité n’avait pas forcément de nom dans la Bible, comme en témoignent ces rares condamnations qui usent du mot « abomination » : « Tu ne coucheras pas avec un homme comme on couche avec une femme. C’est une abomination. » (Lv, 18-22) et « L’homme qui couche avec un homme comme on couche avec une femme : c’est une abomination qu’ils ont tous deux commise, ils devront mourir, leur sang retombera sur eux. » Lv, 20-13.
Pour relativiser l’anathème, on peut signaler que le mot « abomination » au singulier et au pluriel totalise 106 occurrences sur le site levangile.com, qui ne contient pas les livres deutérocanoniques, sans compter 35 occurrences de « abominable(s) » (dans la version de la Bible de Jérusalem). L’homosexualité ne semble donc pas plus grave que bien d’autres infractions dans cette religion juive qui interdit tout et n’importe quoi. Pour donner un point de comparaison, le mot « prostitution » et tous ses avatars totalise quant à lui 126 occurrences. Je vous renvoie à mon article consacré à « La Bible & ses figures de style ».
Voici un extrait de la version revue et augmentée du Vocabulaire de l’homosexualité masculine (1985) de Claude Courouve : « L’importance vitale de la morale sexuelle et du péché de la chair pour le pouvoir et le dogme chrétiens a été illustrée par la polysémie des substantifs bougre et hérite à la fin du Moyen-Âge : ils en étaient arrivés à désigner à la fois l’hérétique et le déviant homosexuel ; le mot anglais bugger, ainsi que d’autres termes des langues européennes, ont connu le même phénomène. » L’étymologie du mot « bougre » est révélatrice : « Variante de bogre signifiant « hérétique » au XIe siècle, puis « débauché » au XIIe siècle, lui-même issu du latin Bulgarus (« bulgare »). Les Bulgares étaient en effet membres de l’hérésie bogomile apparue au Xe siècle dans les Balkans, et qui niait plusieurs sacrements, dont celui du mariage ».
L’article de Wikipédia Loi anti-sodomie confirme le fait que « Une loi anti-sodomie (de l’anglais : sodomy law) est une loi pénalisant surtout le coït anal entre hommes ; dans certains pays, cela peut aussi inclure d’autres comportements sexuels connexes jugés déviants. La définition du terme « sodomie » dépend de chaque État et peut être plus ou moins vague mais les tribunaux y associent généralement tout type de relation sexuelle jugé « non naturel », « contre-nature » ou « immoral ». En général, le terme de « sodomie » regroupe ainsi le sexe anal et oral ainsi que la zoophilie. Mais, dans la pratique, les législations anti-sodomie sont plus souvent appliquées à l’encontre de relations homosexuelles qu’hétérosexuelles ».

Pédérastie
« Pédérastie » est composé des racines grecques « pais », le petit, l’enfant (d’une racine indo-européenne qui a donné « puer » en latin, et « érastes », qui désigne l’amant adulte dans une relation pédérastique, son aimé adolescent étant appelé « éromène ». Il nous faut consulter deux ouvrages de l’historien Bernard Sergent. Dans L’Homosexualité initiatique dans l’Europe ancienne (Payot 1986), il précise que les sources sont « rares et lacunaires » en dehors d’Athènes. La base de l’homosexualité est le couple initiatique de l’éraste, légèrement plus âgé, barbu, et de l’éromène, plus jeune et imberbe, à partir du couple thébain de Laios (« l’inventeur de l’homosexualité ») et Khrusippos (Chrysippos). Cette union avait « un aspect obligatoire, militaire, et formateur », et les mots utilisés différaient selon les cités (voir Wikipédia, article pédérastie).
En général, l’initiation prenait la forme d’un enlèvement rituel, suivi d’un « séjour en brousse » de deux mois, à propos duquel l’auteur fait un parallèle avec les rituels d’initiation africains. Cela n’était valable que pour l’aristocratie, et limité au garçon responsable d’une « agelai ». Reste à savoir si au sein du peuple, l’homosexualité était pratiquée sans ces considérations. À Sparte, le garçon avait 12 ans. L’amour n’était pas forcément de mise : « La dissymétrie des sentiments est telle qu’il est concevable qu’un éromène en vienne à haïr son éraste ». L’éraste était parfois aussi le beau-père (p. 58), car il fournissait l’épouse après l’initiation. Cela remet comme on dit l’église au milieu du village, et la réalité est plus prosaïque que les fantasmes homophiles des « uranistes » du tournant du siècle (Gide, Wilde, Proust…)
Le même auteur, dans L’Homosexualité dans la mythologie grecque (Payot, 1984) précise le sens de « Éraste » & « Éromène » :
« Si le terme érastes « désigne celui qui agit sexuellement envers l’autre », « l’antonyme est le terme d’éromène […] qui n’est autre que le participe passé du verbe éramai, « désirer sexuellement », sous forme passive ». Bernard Sergent remarque que l’éromène est traduit dans des textes grecs et latins par les mots paîs et puber, qui désignent plutôt des adolescents que des enfants, même si les deux sens sont possibles. Chez Ammien, ces mots s’opposent à mas, qui désigne des « mâles faits ». La période d’initiation est plus longue et discontinue chez les Germaniques que chez les Crétois, où elle dure deux mois « en brousse », à la fin desquels l’éraste offre à l’éromène « trois cadeaux « prescrits par la loi » : un équipement militaire, un bœuf, un gobelet ». Par « gobelet », il faut entendre « un objet précieux, ou à valeur religieuse ». Ganymède (écrit Ganumèdes) est, bien entendu, le prototype mythique de la fonction d’échanson tenue dans les banquets par les jeunes gens de bonne famille, à Rome et en Grèce.
L’auteur donne aussi des éclaircissements sur les rites crétois. L’harpagè (rapt), s’annonce trois jours auparavant, et se pratique uniquement dans « les familles les plus nobles », où les enfants sont inclus dans les andréia (« maisons des hommes », qu’on retrouve dans d’autres cultures, par exemple en Afrique) « sous la responsabilité d’un pédonomos », avant d’être enrôlés dans les agélai, des groupes d’enfants autonomes. C’est au sein de ce groupe qu’est choisi l’éromène, et la « promotion sociale » consécutive à son initiation bénéficie à tous les amis de l’agélai. Le « rituel initiatique crétois […] fait du jeune homme un guerrier, un banqueteur, un sacrificateur, mais encore il l’habilite – mieux : l’oblige – au mariage ». Les Crétois ont même innové en nommant philètôr et parastates « celui qui aime » et « celui qui se tient à côté ». En ce qui concerne l’aspect technique, l’ouvrage n’a guère d’information à nous communiquer en dehors de ceci : « le coït homosexuel initiatique est normalement anal ».
Le chapitre intitulé « Parallèles ethnographiques » passe en revue quelques coutumes exotiques, comme les « Malékuliens » qui croient que les pratiques entre hommes favorisent le « croissance du pénis », ou en Nouvelle-Guinée, telle tribu pour laquelle « la sodomie est censée favoriser la croissance des garçons », et qui pratique « l’absorption de chaux vive » censée « éviter que les jeunes gens ne tombent enceints ». L’auteur conclut que « les hommes, de même qu’ils parlent des langues différentes ou se marient selon les procédures variées, choisissent, dans chaque culture, leur façon de vivre et de définir leur sexualité ».

Le Banquet de Platon & le mythe d’Orphée

Pour compléter ce premier chapitre, il nous faut revenir à la bible de l’homosexualité antique que constitue Le Banquet de Platon. La distinction y est explicite, entre ce qu’on appelle maintenant « pédophilie », et la pédérastie, mais pour des raisons qui peuvent nous étonner (traduction Émile Chambry, Classiques Garnier, 1922).
(IX) « Il devrait y avoir une loi qui défende d’aimer les enfants, afin qu’on ne gaspille pas tant de soins pour une chose incertaine ; car on ne peut prévoir ce que deviendra un enfant et s’il tournera bien ou mal, soit au moral, soit au physique. Les hommes de bien s’imposent spontanément cette loi à eux-mêmes ; il faudrait l’imposer aussi aux amants vulgaires, comme on les contraint, dans la mesure du possible, à s’abstenir d’aimer les femmes de condition libre. Ce sont eux, en effet, qui ont décrié l’amour des garçons, au point que certaines gens osent dire que c’est une honte de complaire à un amant ; s’ils parlent ainsi, c’est en voyant les amours déplacés de ces amants malhonnêtes ; car aucune action conforme à l’ordre et à la loi ne mérite d’être blâmée. »
Le fameux discours d’Alcibiade évoquant son amour pour Socrate est utile à rappeler pour la suite de cet article, parce que c’est le modèle de l’amour dit « socratique », qui désigne la séduction entre l’enseignant et l’élève, dans toute l’échelle des sens de « séduction », puisque le mot « socratisation » peut même avoir le sens explicite de « sodomie ». En lisant ces extraits, dites-vous que c’est Emmanuel qui est Alcibiade, et « Brigitte » Socrate – à part qu’Alcibiade était un adulte !

L’Enseignement de Socrate à Alcibiade (1777), François-André Vincent (1746-1816)
© Wikicommons / musée Fabre

XXXII – XXXIV « Mais je ne suis pas joueur de flûte, diras-tu. Si, tu l’es, et beaucoup plus merveilleux que Marsyas. Il charmait les hommes par l’effet des sons que sa bouche tirait des instruments, et on les charme encore quand on joue ses mélodies […]. La seule différence qu’il y ait entre vous, c’est que tu en fais tout autant sans instruments, par de simples paroles. Quand on entend d’autres discours de quelque autre, fût-ce un orateur consommé, personne n’y prend pour ainsi dire aucun intérêt ; mais quand c’est toi qu’on entend, ou qu’un autre rapporte tes discours, si médiocre que soit le rapporteur, tous, femmes, hommes faits, jeunes garçons, nous sommes saisis et ravis. .
Pour moi, mes amis, si je ne devais vous sembler tout à fait ivre, je prendrais les dieux à témoin de l’impression que ses discours ont produite et produisent toujours sur moi. Quand je l’entends, mon cœur palpite plus fort que celui des Corybantes, ses discours font jaillir les larmes de mes yeux, et je vois force gens qui éprouvent les mêmes émotions. En écoutant Périclès et d’autres grands orateurs, j’ai souvent pensé qu’ils parlaient bien ; mais je ne ressentais pas d’émotion pareille, mon cœur s’était pas troublé et je ne m’indignais pas d’avoir une âme d’esclave. Mais ce nouveau Marsyas m’a souvent mis dans des dispositions telles que je trouvais insupportable la vie que je menais. […]
Sachez que la beauté d’un homme est son moindre souci : il la dédaigne à un point qu’on ne peut se figurer, comme aussi la richesse et tous les autres avantages que le vulgaire estime. Il juge que tous ces biens n’ont aucune valeur et nous regarde comme rien, je vous l’assure. Il passe toute sa vie à railler et à plaisanter avec les gens ; mais quand il est sérieux et qu’il s’ouvre, je ne sais si quelqu’un a vu les beautés qui sont en lui ; mais je les ai vues, moi, et elles m’ont paru si divines, si éclatantes, si belles, si merveilleuses qu’il n’y a pas moyen de résister à ses volontés.
Le croyant sérieusement épris de ma beauté, je crus avoir là une aubaine et une chance extraordinaire ; je comptais qu’en retour de ma complaisance il m’apprendrait tout ce qu’il savait ; car Dieu sait si j’étais fier de mes avantages. Dans cette pensée, je renvoyai pour être seul avec lui mon gouverneur, qui d’habitude ne me quittait pas quand j’étais avec Socrate. Il faut que je vous dise ici la vérité tout entière ; prêtez-moi donc votre attention ; et toi, Socrate, si je mens, reprends-moi. Je restai en effet en tête à tête avec lui, mes amis, et pensant qu’il allait me tenir les propos qu’un amant tient à son bien-aimé, je m’en réjouissais déjà ; mais il n’en fut absolument rien. Il s’entretint avec moi comme à l’ordinaire, et, la journée finie, s’en alla. Ensuite je l’invitai à partager mes exercices gymnastiques, et je m’essayai avec lui, croyant avancer mes affaires ; puis nous nous exerçâmes souvent et luttâmes ensemble sans témoins. Que vous dirai-je ? Je n’en étais pas plus avancé.
Comme je n’arrivais à rien par cette voie, je crus qu’il fallait attaquer mon homme de vive force, et ne pas le lâcher, puisque j’avais commencé, avant de savoir à quoi m’en tenir. Je l’invitai donc à dîner avec moi, absolument comme font les amants qui tendent un piège à leur bien-aimé. Il ne mit pas beaucoup d’empressement à se rendre ; mais il finit par céder. La première fois qu’il vint, il voulut s’en aller, le dîner fini ; cette fois-là, retenu par la pudeur, je le laissai partir. Mais je lui tendis un nouveau piège, et, après le dîner, je prolongeai l’entretien fort avant dans la nuit, et, quand il voulut partir, je prétextai qu’il était trop tard et le forçai à rester. Il reposa donc sur le lit où il avait dîné ; ce lit était voisin du mien, et personne autre que nous ne couchait dans l’appartement. […]
— Lors donc, messieurs, que la lampe fut éteinte et les esclaves sortis, je jugeai qu’il ne fallait pas biaiser avec lui, mais déclarer franchement ma pensée. Je le touchai donc en disant. : « Tu dors, Socrate ?— Mais non, répondit-il.— Sais-tu ce que je pense ?— Explique-toi, dit il.— Je pense, repris-je, que tu es le seul amant digne de moi, et je vois que tu hésites à te déclarer. Pour moi voici mon sentiment : ce serait montrer peu de raison de ne pas te complaire en ceci comme en toute chose où tu pourrais avoir besoin de ma fortune ou de mes amis ; car, je n’ai rien plus à cœur que de me perfectionner le plus possible, et pour cela je ne crois pas que je puisse trouver d’aide plus efficace que la tienne. Aussi je rougirais beaucoup plus devant les sages de ne pas céder aux désirs d’un homme comme toi, que je ne rougirais devant la foule des sots de te céder. »
À ce discours, il répondit avec l’ironie ordinaire qui le caractérise : « Mon cher Alcibiade, il semble bien réellement que tu n’es pas un malavisé, si ce que tu viens de dire de moi est véritable, et si je possède le pouvoir de te rendre meilleur ; en ce cas, tu aurais vu en moi une inconcevable beauté, bien supérieure à la beauté de tes formes ; or si, après une telle découverte, tu essayes d’entrer en relation avec moi pour échanger beauté contre beauté, c’est un marché passablement avantageux que tu veux faire, puisque tu prétends obtenir des beautés réelles pour des beautés imaginaires, et que tu songes à échanger en réalité du fer contre de l’or. Mais, mon bel ami, regardes-y de plus près, et prends garde de te faire illusion sur mon peu de valeur. Les yeux de l’esprit ne commencent à être perçants que quand ceux du corps commencent à baisser ; toi, tu es encore loin de cet âge. »
Là-dessus, je lui dis : « Pour ce qui est de moi, je viens de dire mon sentiment, et tout ce que j’ai dit, je le pense ; toi, de ton côté, vois ce que tu juges le plus à propos pour toi et pour moi. – Bien parlé ! dit-il ; à l’avenir nous nous consulterons pour prendre le parti le plus à propos pour tous deux, sur ce point comme sur les autres. »
Après cet échange de propos, je pensai qu’il était blessé du trait que je lui avais décoché ; je me levai, sans lui permettre de rien ajouter, et, déployant sur lui mon manteau, car on était en hiver, je me couchai sous la vieille capote de cet homme-là et, jetant mes deux bras autour de cet être vraiment divin et merveilleux, je passai ainsi la nuit entière. Sur ce point non plus, Socrate, tu ne me donneras pas de démenti. Malgré ces avances, loin de se laisser vaincre par ma beauté, il n’eut pour elle que dédain, dérision, insulte, et pourtant ma beauté n’était pas peu de chose à mes yeux, juges ; car je vous fais juges de la superbe de Socrate. Sachez-le, par les dieux, par les déesses, je me levai de ses côtés, après avoir passé la nuit tout comme si j’avais dormi avec mon père ou mon frère aîné ».

Suzanne et les vieillards (1610), Artemisia Gentileschi.
Collection Schönborn, Pommersfelden
© Wikicommons

L’histoire de Suzanne et les vieillards propose un pendant hébraïque au discours d’Alcibiade. En effet, dans ce livre deutérocanonique de Daniel (livres de la Bible que l’Église catholique et les Églises orthodoxes incluent dans l’Ancien Testament mais qui ne font pas partie de la Bible hébraïque), il s’agit, à rebours du Banquet, de deux vieillards « ayant autorité », puisqu’ils ont été élus magistrats, qui jettent leur dévolu sur une jeune femme mariée (donc possiblement très jeune), laquelle doit se défendre de leur désir illicite. Elle est innocentée par le jeune Daniel, qui donne son nom au livre, lequel réussit à confondre les vieillards en recoupant leurs mensonges, exactement comme nous finirons par confondre « Brigitte ». Voici ci-dessus la version d’Artemisia Gentileschi, son premier tableau signé réalisé à l’âge de 17 ans, exceptionnellement visible à Paris au musée Jacquemart-André jusqu’au 3 août 2025. Marguerite Duras a nommé Suzanne l’héroïne du Barrage contre le Pacifique qui tient son propre rôle, en référence à la Suzanne biblique.
Orphée
Pour préciser la notion, il convient de citer un autre extrait du Banquet, à propos d’Orphée, d’Achille & Patrocle, d’où il ressort que dans le couple formé par Achille & Patrocle, c’est Achille l’éromène, et Patrocle l’éraste :
« Au contraire, ils [les dieux] renvoyèrent de l’Hadès Orphée, fils d’Œagros, sans rien lui accorder, et ils ne lui montrèrent qu’un fantôme de la femme qu’il était venu chercher, au lieu de lui donner la femme elle-même, parce que, n’étant qu’un joueur de cithare, il montra peu de courage et n’eut pas le cœur de mourir pour son amour, comme Alceste, et chercha le moyen de pénétrer vivant dans l’Hadès ; aussi les dieux lui firent payer sa lâcheté et le firent mettre à mort par des femmes. Au contraire, ils ont honoré Achille, fils de Thétis, et l’ont envoyé dans les îles des Bienheureux parce que, prévenu par sa mère qu’il mourrait s’il tuait Hector, et qu’il reverrait son pays s’il ne le tuait pas, et y finirait sa vie, chargé d’années, il préféra résolument secourir son amant, Patrocle, et non seulement mourir pour le venger, mais encore mourir sur son corps. Aussi les dieux charmés l’ont-ils honoré par-dessus tous les hommes, pour avoir mis à si haut prix son amant. »

Puisqu’il est question d’Orphée, il faut faire un sort à son histoire telle qu’elle est rappelée dans le livre X des Métamorphoses d’Ovide (traduction Georges Lafaye, Folio, 1992, p. 323).

« En voyant la mort lui ravir pour la seconde fois son épouse, Orphée […] a recours aux prières ; vainement il essaie de passer une seconde fois ; le péager le repousse, il n’en resta pas moins pendant sept jours assis sur la rive, négligeant sa personne et privé des dons de Cérès ; il n’eut d’autres aliments que son amour, sa douleur et ses larmes. Accusant de cruauté les dieux de l’Érèbe, il se retire enfin sur les hauteurs du Rhodope et sur l’Hémus battu des Aquilons. […] Orphée avait fui tout commerce d’amour avec les femmes, soit parce qu’il en avait souffert, soit parce qu’il avait engagé sa foi ; nombreuses cependant furent celles qui brûlèrent de s’unir au poète, nombreuses celles qui eurent le chagrin de se voir repoussées. Ce fut même lui qui apprit aux peuples de la Thrace à reporter leur amour sur des enfants mâles et à cueillir les premières fleurs de ce court printemps de la vie qui précède la jeunesse. »
Même si le mot « enfant » est utilisé dans la traduction, il faut comprendre « enfant pubère ». Rappelons qu’il s’agit d’une légende tardive inventée par Ovide en l’an I de notre ère. Le texte latin « Citraque juventam / Ætatis breve ver et primos carpere flores » est repris par Voltaire dans son article « Amour nommé socratique » (ou « Amour socratique » selon les éditions) du Dictionnaire philosophique, dans lequel il s’efforce de lisser les mœurs antiques :
« Les jeunes mâles de notre espèce, élevés ensemble, sentant cette force que la nature commence à déployer en eux, et ne trouvant point l’objet naturel de leur instinct, se rejettent sur ce qui lui ressemble. Souvent un jeune garçon, par la fraîcheur de son teint, par l’éclat de ses couleurs, et par la douceur de ses yeux, ressemble pendant deux ou trois ans à une belle fille ; si on l’aime, c’est parce que la nature se méprend ; on rend hommage au sexe, en s’attachant à ce qui en a les beautés ; et quand l’âge a fait évanouir cette ressemblance, la méprise cesse.
. . . . . . . . . . . . . . . . . Citraque juventam
Ætatis breve ver et primos carpere flores.

On n’ignore pas que cette méprise de la nature est beaucoup plus commune dans les climats doux que dans les glaces du Septentrion, parce que le sang y est plus allumé, et l’occasion plus fréquente : aussi ce qui ne paraît qu’une faiblesse dans le jeune Alcibiade, est une abomination dégoûtante dans un matelot hollandais et dans un vivandier moscovite. » Prends ça, Poutine !
Autre extrait de ce même Dictionnaire philosophique :
« Il est certain, autant que la science de l’antiquité peut l’être, que l’amour socratique n’est point un amour infâme : c’est ce nom d’amour qui a trompé. Ce qu’on appelait les amants d’un jeune homme étaient précisément ce que sont parmi nous les menins de nos princes, ce qu’étaient les enfants d’honneur, des jeunes gens attachés à l’éducation d’un enfant distingué, partageant les mêmes études, les mêmes travaux militaires ; institution guerrière et sainte dont on abusa comme des fêtes nocturnes et des orgies.
La troupe des amants instituée par Laïus était une troupe invincible de jeunes guerriers engagés par serment à donner leur vie les uns pour les autres ; et c’est ce que la discipline antique a jamais eu de plus beau. »
La « troupe » dont parle Voltaire n’est autre que le Bataillon sacré, formé de 150 couples d’amants. N’en déplaise à Voltaire, et au bataillon des homophobes de notre « dissidence » actuelle, la question de l’homosexualité dans les armées en Grèce antique est valablement attestée, et n’a vraiment rien à voir avec l’épidémie délirante de transsexuels enrôlés dans les armées occidentales en déliquescence.

Pédophilie
Le lexique moderne bouleverse toutes ces notions issues de l’antiquité, qui gênaient les écrivains des Lumières, contraints de recourir à des périphrases : « crime contre nature » pour Montesquieu (De l’esprit des lois, XII, VI) ; « amour socratique » pour Voltaire ou « chevaliers de la manchette » pour Rousseau au livre II des Confessions.
Le mot « pédophilie » dérive de « pedophilia erotica » (« érotisme pédophile ») proposé par le psychiatre autrichien Richard von Krafft-Ebing (1840-1902) en 1886 dans son ouvrage Psychopathia Sexualis consacré aux perversions sexuelles (« perversion » dans un sens scientifique de « comportement sexuel qui s’écarte de la normalité »), pour qualifier une « attirance sexuelle envers les personnes impubères ou en début de puberté, qui domine la sexualité d’un individu sa vie durant » (Wiktionnaire). Il est aussi l’inventeur, dans le même ouvrage, des termes « masochisme » et « sadisme ».
Ce mot accouchera au siècle suivant de « pédophile », ce qui permettra à « pédéraste » de se spécialiser plus ou moins, et de rétrécir son éventail sémantique entre « pédophile » et « homosexuel », tout en conservant dans les emplois péjoratifs ou insultants, l’éventail complet. Dans le bataillon actuel des « dissidents », les homophobes se caractérisent souvent par l’emploi du mot « pédéraste » ou de synonymes surannés, notamment « inverti », « uraniste », etc. Ces mots datent pour la plupart de la fin du XIXe, avant ou après l’invention de « homosexuel » et « pédophilie ».
J’ignore si l’insulte « pédale », raccourcie en « pédé », provient de « pédéraste » ou de « pédophile », ou d’un croisement des deux, avec influence de la « pédale » du vélo, rattachée à la racine latine « pedalis », « de pied ». Les mouvements de hanche des cyclistes ont sans doute amplifié le succès du mot, plus que les mouvements de pied des ecclésiastiques aux pédales de l’orgue, qui ont précédé celles des vélocipèdes, comme le rappelait Charles Trenet dans « L’abbé à l’harmonium » en 1971 : « Soudain l’Abbé nous quitte / Trouvé mort aux pédales ». Tout comme « enculé », « pédale » a parfois, comme toutes les insultes, des emplois affectueux qui retournent l’insulte. Au gré des circonstances de l’urbanité propre aux automobilistes même en zone rurale, « enculé » peut même désigner un brave conducteur de berline tout ce qu’il y a de plus hétérosexuel, voire détenteur de la vignette « Crit’Air » de la meilleure catégorie ! Ce dernier peut retourner à son agresseur l’appellation tout aussi affectueuse « enculeur de mouches » ! Rien à voir avec « pedzouille », qui désigne a priori un paysan et dérive de ce mot prononcé « pézan », mais en contexte, peut tout à fait qualifier le même automobiliste, surtout si lui n’est pas détenteur de la bonne vignette « Crit’Air » ! « Pédale » enfante à son tour « pédé », de même que « Lorenzaccio », de « Lorenzo », finit rétréci en « Renzo ».
Je prélève dans l’ouvrage de Claude Courouve deux citations d’auteurs qui révèlent que les individus concernés non pas tant par l’homosexualité que par la pédérastie, voire pire, se sentent souvent à l’étroit dans ce lexique, et tentent désespérément de tordre le langage :
« Selon la nature de leur désir sexuel, nous avons classé les homosexuels en trois groupes : les éphébophiles, attirés par les adolescents de quinze à vingt-deux ans ; les androphiles, qui s’intéressent aux hommes de vingt à cinquante ans ; les gérontophiles, qui aiment les hommes mûrs et les vieillards. Par la suite ce classement a été modifié parce que les éphébophiles et les androphiles constituent les groupes principaux, tandis que les gérontophiles et les pédophiles (ceux qui aiment les hommes mûrs et ceux qui cherchent les enfants non pubères) forment deux groupes supplémentaires. » Magnus Hirschfeld (1868-1935), Anomalies et perversions sexuelles, 1957 (compilation posthume).
« Par pédérastie, j’entends l’amour des moins de seize ans de l’un et l’autre sexe. J’emploie aussi, à l’occasion, le mot pédophile, mais son côté pharmaceutique me déplaît : c’est un mot qui sent le camphre, voire le bromure. Il est en outre fautif : philopédie serait plus correct. » Gabriel Matzneff, Les Passions schismatiques, 1977. Nous traiterons en conclusion de l’affaire Matzneff.
Cette citation fournit une transition parfaire pour l’article suivant consacré à L’âge de consentement.

Lionel Labosse
 Article repris sur Profession Gendarme.


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