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Con-conte nu-nuche pour les très jeunes.

Camélia et Capucine, d’Adela Turin et Nella Bosnia

Actes Sud Junior, 2000, 37 p., 10,52 €.

mardi 1er mai 2007

Un court conte sans originalité, qui prétend lutter contre le sexisme en montrant des hommes inconditionnellement idiots. Les deux jeunes femmes vivent ensemble, s’apprécient, mais leur amour n’est ni montré par les dessins, ni nommé par le texte. Qu’est-ce que cela peut bien apporter à nos apprentis lecteurs ?

Résumé

Camélia est une princesse tout ce qu’il y a de plus top, la preuve, elle est blonde aux yeux bleus. D’entrée, ça nous en bouche un coin. À peine née, on lui prédit un mariage avec un des « princes les plus beaux, les plus gentils et les plus riches ». Son amie Capucine est censée être une sorcière, mais n’exerce guère ses talents dans cet art. Capucine sait ce qu’elle veut : « les princes, ce n’est pas tellement ma tasse de thé ». Camélia ne connaît que trois exemples de princes, plus ridicules les uns que les autres. Pourtant, le prince de Gruyère, qu’on lui propose en mariage, est « beau, timide, plutôt plaisant », et son père en a bonne opinion : « nous ne trouverons jamais autant de fromages à faire épouser à notre fille » ; mais Camélia jette la bague de fiançailles. La suite du conte est constituée des tentatives inutiles et répétitives pour retrouver la bague perdue, le mariage est annulé, le roi et la reine sont ruinés, et les deux femmes vivent heureuses au bord de la mer.

Mon avis

Cet album conte se veut militant, puisqu’il a été publié dans le cadre d’une association européenne contre le sexisme, Du côté des filles. Les auteures sont fondatrices de la maison d’édition éponyme, censée lutter contre le sexisme dans l’édition d’albums pour enfants entre 0 et 9 ans. Pour vous dire franchement mon point de vue, malgré des illustrations attrayantes, ce conte est un récit indigent, écrit à la hâte, qui réussit l’exploit de nous ennuyer malgré sa brièveté, par les scènes répétitives de la recherche de la bague, et qui surtout, sous prétexte de lutter contre le sexisme dont sont victimes les filles, ne trouve rien de mieux que de faire passer tous les princes pour des imbéciles. La seule exception semble le fameux Gruyère, mais il n’a pas le moindre rôle dans l’action, ce qui n’empêche pas le texte de 4e de couverture de parler de son « arrogance », qui « déplait à Camélia ». Ce verdict à l’emporte-pièce, en porte-à-faux avec le conte, est un aveu : aux yeux de l’éditeur militant, sans doute tout homme est-il a priori ridicule et arrogant. D’autre part, si ces femmes vivent ensemble et se font des compliments, leur liaison amoureuse n’est pas nommée, et on se demande bien ce que l’apprenti lecteur des années 2000 peut comprendre de ce non-dit hors de saison. Bref, on a fait bien mieux depuis… (Voir par exemple La Princesse qui n’aimait pas les princes, d’Alice Brière-Haquet & Lionel Larchevêque et Titiritesse, de Xerardo Quintia, illustrations de Maurizio A. C. Quarello).

 Voir aussi des mêmes auteures L’histoire vraie des bonobos à lunettes et Rose Bonbon.

Lionel Labosse


Voir en ligne : Du côté des filles


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