Accueil > Billets d’humeur > Un « jour de congé supplémentaire » contre deux années supplémentaires : salauds (...)

Un « jour de congé supplémentaire » contre deux années supplémentaires : salauds de travailleurs !

dimanche 2 septembre 2018

Les Décodeurs ont certes fait un sort aux propos tenus par Édouard Philippe dans un entretien au Journal du dimanche publié le 26 août 2018 : « Chaque année, un peu plus de 10 milliards d’euros sont consacrés à l’indemnisation des salariés arrêtés, et ce volume progresse de plus de 4 % par an. En trois ans, le nombre de journées indemnisées est passé de onze à douze par an et par salarié du privé. C’est comme si notre pays avait instauré un jour de congé supplémentaire. » Les Décodeurs ont à juste titre fait remarquer que la part d’augmentation est notamment due aux salariés sexagénaires qui doivent dorénavant travailler deux années de plus, sans doute moins en forme qu’à 25 ans. Mais si l’on faisait d’abord remarquer à ce ministre qu’il oublie un autre fait, c’est que ces fainéants de salariés, ce sont deux années de travail en plus qu’ils ont octroyées à la communauté. Deux années contre deux jours, la collectivité y gagne, non ? Et on parle de leur sucrer un jour férié supplémentaire ! Il est vrai qu’ils ont la chance de travailler, et qu’on leur reproche d’être malades, alors qu’ils pourraient être je ne sais pas quoi, moi, quelque chose comme chômeurs ou « migrants » ou rentiers, et qu’ils pourraient être malades autant qu’ils voudraient sans que le ministre s’en aperçoive. Mais non, ces cons, ils s’obstinent à vouloir travailler ! Travailler, c’est-à-dire fournir des biens et des services à toute la collectivité, y compris les enfants, les retraités, les rentiers, les « migrants » et les chômeurs…
Mais ce que je me permets d’ajouter, c’est que depuis l’augmentation de l’âge du départ en retraite, et je pense que chacun en a fait le triste constat dans son entourage, deux de mes amis sont morts juste après soixante ans, et ont terminé leur carrière par un long, voire très long arrêt de travail. Il convient donc de les dénoncer, ces salauds ! Édouard Philippe pourra déterrer leurs cadavres pour les clouer au pilori ! Bernard Lefort est mort à 63 ans, et c’est le cancer qui a mis fin à sa carrière par surprise. Il a quand même préféré prendre sa retraite au bout de quelques mois d’arrêt, mais il est mort dans les trois mois. Quant à Catherine, elle a fait sans doute partie de ces salauds de salariés qui ont fait exploser les chiffres qui chagrinent tant le MEDEF et le Premier Ministre, mais elle a vécu douze années de cancer intermittent, et je crois qu’elle a été en arrêt au moins les deux dernières années complètes (elle avait droit à 3 années en tout !). Elle avait 64 ans, mais préférait rester officiellement en activité et en arrêt plutôt que de prendre sa retraite, estimant s’en sortir mieux financièrement. Mais cela, monsieur le Premier Ministre, n’aurait pas été possible sans cet allongement de la période d’activité. Les travailleurs méritent peut-être globalement mieux que ces reproches, car ce sont eux qui soignent les vieux, qui mouchent les gosses, et qui lavent notre merde, monsieur le Premier ministre, et certains d’entre eux le font jusqu’à ce que mort s’ensuive, sans profiter de leur retraite, sans pouvoir se faire soigner à leur tour par ces salauds de travailleurs !

Lionel Labosse

Image de vignette : Dessin de presse, © La Croix. Lire l’article « Arrêts de travail, des médecins témoignent ».


Voir en ligne : Les Décodeurs