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Aimons-nous les uns les autres, pour les CM2 / 6e

La Règle d’or, d’Isabelle Minière

Éditions du Jasmin, 2013, 64 p., 8 €.

samedi 7 février 2015

Un bon livre pour les petites classes, prônant une morale optimiste basée sur la « règle d’or » existant dans toutes les cultures. L’homophobie et la parentalité homosexuelle servent discrètement de toile de fond à l’histoire, et si l’on ne nie pas l’existence du mal, on montre du doigt aux jeunes lecteurs un monde utopique où la somme du bien serait supérieure à la somme du mal. Comme dirait l’autre : « mais il faut cultiver notre jardin » !

Résumé

Le jour de la rentrée, Léo remarque Camille, nouvel élève dans son école. Bastien, un des copains de la bande à Léo, fait connaissance, et remarque illico que « c’est un prénom de fille, Camille » (p. 8), ce qui permet à Léo d’étaler sa science : « c’est un prénom mixte ». Léo s’inquiète de voir le nouveau seul, mais celui-ci a l’air de s’accommoder de la solitude. Lorsque Mme Gentil, la maîtresse, s’enquiert des métiers envisagés par les bambins, Camille déclare : « Je veux faire le bien, c’est tout » (p. 16), ce qui déchaîne illico l’agressivité de quelques garçons, et la sollicitude de Léo. Camille remarque : « Toi aussi, Léo, t’aimes bien faire le bien » (p. 23). Sylvain se moque de « mademoiselle Camille » en imitant une « voix maniérée », puis tranche : « Camillette, comment on fait, hein ? On fait comme toi, on devient pédé et tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ? » (p. 28). C’est alors que Camille révèle sa « règle d’or » : « ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse », ce qui ne fait qu’amplifier le conflit : « C’est une règle pour pédés, ton truc, t’es pas un homme, Camillette ! » (p. 34). Camille est agressé violemment par trois garçons dont Sylvain ; Léo et Agathe viennent à son secours, et l’accompagnent chez lui malgré ses dénégations (ils en profitent pour se rapprocher discrètement). Léo les prévient qu’il n’a « pas une famille comme les autres » (p. 40), ce qui ravit Agathe, qui en profite pour vider son sac : elle n’apprécie pas du tout sa propre « famille normale », au sein de laquelle elle s’estime maltraitée. On arrive à la maison de bois éloignée où les enfants découvrent deux hommes. Camille leur explique qu’ils sont ses deux pères, puis comme ils s’inquiètent de sa mère : « Ma mère m’a abandonné à la naissance » (p. 56). Les pères expliquent à Camille qu’il n’est pas obligé de « parler de la règle d’or à tout le monde » (p.48). Les enfants font boule de neige avec leurs amis ; les garçons agressifs sont punis, et l’on constitue une sorte de « club de la règle d’or » (p. 60).

Mon avis

Un petit livre tout simple, un peu nœud-nœud sans doute pour ceux qui trouvent que « ça fait pédé », pour apprendre les rudiments de l’Éthique de réciprocité aux enfants, en espérant que la littérature jeunesse ait une vertu éducative. La « « règle d’or » » a cet avantage d’être commune à toutes les cultures. Il est dommage que tous les prénoms des personnages soient chrétiens (le principal agresseur s’appelle « Noël »), cela risque d’empêcher certains jeunes lecteurs de se sentir concernés. Sur la question de l’homoparentalité, on apprécie le sens de la mesure : contrairement à beaucoup trop de livres pour enfants récemment parus, on présente un couple masculin sans se sentir obligé de faire la promotion du mariage gay, et la présence de deux pères n’est pas prétexte à ignorer l’existence d’une mère, bien au contraire. On peut trouver le motif des deux papas 100 % bio dans leur maison de bois, pacifistes et forcément artistes (un peintre et un écrivain), un tantinet caricatural, de même pour la morale. Mais c’est la loi du genre, cela ressemble à un conte optimiste, et l’optimisme se faisant une denrée rare, nous opinons du chef ! Face à l’homophobie itou, on apprécie qu’une réaction saine soit montrée en exemple, et que la violence soit contrecarrée par une attitude saine qui corrobore cette « règle d’or ». Une règle qui ne consiste pas à tendre l’autre joue : « si on t’attaque, tu as le droit de te défendre » (p. 30). Un seul regret, que les insultes homophobes viennent si facilement dans la bouche de bambins qui ne doivent pas savoir ce qu’elles signifient, et que le récit omette une leçon de la maîtresse qui mérite pourtant bien son nom, pour préciser les choses. Certes les fauteurs de trouble sont punis, mais il aurait peut-être été bon d’expliquer pourquoi.

 Cet ouvrage bénéficie du label « Isidor ».

Label Isidor HomoEdu

 Lire l’article de Jean-Yves Alt sur ce livre.

Lionel Labosse


Voir en ligne : Isabelle Minière sur le site de la Maison des écrivains


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