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Militants pour la tolérance !

Entrevue de Didier Jean & Zad

Auteurs de Sweet homme

mercredi 25 avril 2007

Des difficultés d’aborder l’homosexualité dans un roman pour les jeunes. Le point de vue de deux auteurs qui travaillent en couple et qui ont été émus par le grand nombre de suicide de jeunes homos.

 Lionel Labosse, pour altersexualite.com : Didier Jean & Zad, merci d’avoir accepté de répondre à notre entrevue. Pouvez-vous répondre pour commencer à notre critique de votre ouvrage Sweet homme ?
 C’est vrai que nous avons reçu, suite à cette parution, un ou deux courriers nous expliquant notre erreur. Pourtant nous avions pris soin de faire lire notre manuscrit à un ami CPE dans un collège. Hélas, c’est lui qui nous avait rassurés concernant cette clause d’abus d’autorité en prétextant de la majorité sexuelle à 15 ans. A posteriori, il a reconnu son erreur. Nous attendons une éventuelle réimpression pour modifier notre
récit. Malgré tout, assez régulièrement des lecteurs nous écrivent pour nous remercier d’avoir écrit cette histoire et c’est déjà très bien.

 Présentez-vous en quelques mots.
 Nous sommes Didier Jean et Zad, un couple qui crée ensemble des livres pour nourrir son amour. Mais en solo, l’un est compositeur, tandis que l’autre peint.

 Combien de livres avez-vous publié en littérature jeunesse ?
 Une soixantaine en comptant les collaborations et participations diverses.

 Quels genres (essai, roman, B.D., album) ?
 De l’album pour les tout petits, au roman pour adolescent.

 À quelle classe d’âge votre livre (ou vos livres) s’adresse-t-il ? S’adresse-t-il plutôt aux écoliers, collégiens, lycéens ?
 Notre roman Sweet homme s’adresse plutôt aux lycéens.

 Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire un livre qui aborde - de près ou de loin - les questions altersexuelles ?
 Il y a quelques années, une amie qui travaillait dans « le social » nous a appris que 1000 jeunes se suicidaient chaque année en France du fait de leur homosexualité. Émus, nous avons décidé d’apporter notre regard sur le sujet.

 Accepteriez-vous qu’on qualifie votre livre de roman « gai » ? ou roman « LGBT » ?
 Non, simplement notre roman parle d’êtres humains, d’amour, et parmi ces êtres humains, l’un d’eux est homosexuel. À notre sens, on ne devrait pas qualifier un homme ou une femme par ses préférences sexuelles !

 Votre position d’auteur, est-elle militante ?
 Oui, militants pour la tolérance !

 Vous inscrivez-vous dans la perspective de faire évoluer les mentalités, de banaliser l’altersexualité ?
 Non pas la banaliser, mais la faire accepter.

 Préférez-vous raconter des histoires qui vous touchent et toucheront vos lecteurs ?
 Nous avons pas mal d’ami(e)s homosexuel(le)s et leurs trajectoires de vie nous ont touchés. Ils et elles ont beaucoup nourri notre roman et nous les en remercions.

 Pensez-vous que l’on puisse aborder tous les thèmes en littérature jeunesse ?
 Oui. Tout dépend du point de vue. C’est à l’auteur de trouver le bon angle pour traiter un sujet.

 Comment à votre avis peut-on parler d’amour en général et d’amour homosexuel en particulier ? Est-ce délicat ? Quelles sont les difficultés ?
 Déjà, dans notre roman, nous ne parlons pas de l’acte proprement dit. D’autre part, la difficulté résidait peut-être dans le fait que nous sommes tous les deux hétérosexuels. Mais finalement, nous avons avant tout raconté une histoire d’amour.

 Quelle est votre implication personnelle, la part d’autobiographie dans votre roman ?
 Il y a toujours une part autobiographique dans nos romans, quel que soit le sujet abordé. Sweet homme n’a pas échappé à la règle.

 Quelles difficultés particulières avez-vous rencontrées dans l’écriture de votre livre ? Comment a-t-il été accueilli par les éditeurs, auprès de la presse (générale, spécialisée jeunesse, gaie et lesbienne), auprès du milieu scolaire ?
 Notre éditrice a mis du temps avant de se décider. Il n’a pas été spécialement bien défendu par la maison d’édition. Les journalistes ne se sont pas jetés dessus pour le chroniquer, à part Têtu, et nous avons reçu une ou deux lettres franchement hostiles.
Peu de lycées ou de collèges (CDI) ont osé le faire lire à leurs élèves, ou le présenter à des « défis lecture », de peur d’avoir les parents sur le dos… Par contre, des lecteurs nous ont remerciés d’avoir écrit ce roman, qui leur avait permis d’assumer enfin leurs préférences sexuelles ! Deux auteurs nous ont même dit qu’ils auraient aimé l’écrire…

 Quels sont vos projets ?
 Didier vient de sortir un roman en solo, Le courage de revenir chez Syros, et nous avons plusieurs albums en préparation.…

Propos recueillis par Lionel Labosse.


Voir en ligne : Site de Didier Jean & Zad


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