Accueil > Essais & Documentaires (adultes) > La Vie Solide, d’Arthur Lochmann, Payot, 2019

La Vie Solide, d’Arthur Lochmann, Payot, 2019

jeudi 24 août 2023

Je vous propose une lecture de 8 extraits de ce livre, avec une vidéo (il n’y a rien à regarder, vous pouvez écouter en posant vos tuiles !)

C’est une collègue qui me l’a conseillé, et je l’ai dévoré. Il fait 202 p. dans l’édition reliée, 184 p. en poche (la petite bibliothèque Payot), 8,2 €.
Cela m’intéressait particulièrement parce que le lycée où j’enseigne va accueillir une nouvelle formation de BTS (je rappelle que le BTS est une formation bac + 2 qui se donne dans des lycées, alors que le DUT, qui est aussi une formation post-bac, s’enseigne en IUT). Cette formation s’appelle « Enveloppe des bâtiments ». Alors attention hein, je ne vais pas avoir des charpentiers devant moi, mais de futurs cadres professionnels des façades & toitures, donc des gens qui vont bosser avec des charpentiers.
Je suis quand même globalement satisfait d’avoir des étudiants qui se destinent à des vrais métiers, à l’opposé des « bullshit jobs » de David Graeber, notion que j’ai découverte récemment grâce à Stanislas Berton. Arthur Lochmann évoque David Graeber dans le dernier extrait que j’ai choisi.
C’est un livre simple et très parlant pour nos étudiants, qui selon moi peut contribuer à leur rendre la fierté d’avoir choisi des branches professionnelles tournées vers le réel. Un livre à offrir à un ado qui ne sait pas trop quoi faire de sa vie. Entre bankster ou charpentier, c’est toute une philosophie de la vie !
Arthur Lochmann s’est réorienté un peu au hasard (extrait 1) après des études de philo, qu’il rejoint d’ailleurs au terme de cette parenthèse, comme expliqué dans cette entrevue.
Il découvre la rigueur & la beauté du travail manuel et du travail en équipe. Il voyage pendant ces 10 ans d’expérience. Il explique en quoi le corps est engagé dans le travail manuel.
L’un des plus beaux extraits est celui sur la chorégraphie, avec cet exemple du « lancer de tuiles » pour lequel j’aurais aimé trouver une belle vidéo illustrative. Je n’ai trouvé que celle-ci, mais si vous en avez une plus esthétique, je suis preneur !
L’auteur évoque aussi Joseph, un charpentier assez connu ! Il évoque la tradition des charpentiers du compagnonnage allemand (Wandergesellen), avec la tradition de l’oreille fendue. C’est amusant, j’en ai rencontré en Norvège cet été, avec un compagnon de voyage qui nous en a expliqué toutes les traditions.
Il parle aussi de la notion de « biens communs », que j’avais évoquée dans mon livre Le Contrat universel (p. 72).
Dans l’extrait 5, il donne une référence sur la question de l’électrosensibilité : Ernst Zürcher, Les Arbres entre visible et invisible, dont on peut écouter une conférence en français ici.
Dans un extrait que je n’ai pas retenu, il conseille un manga sur un charpentier japonais : Chiisakobé, de Minetaro Mochizuki.

Il y a juste un aspect mineur de ce livre qui m’a un tantinet agacé, quand l’auteur s’évertue à écrire toujours « les charpentières et les charpentiers », alors qu’il explique qu’en gros il n’y a qu’une poignée de femmes qui font ce métier en France. J’aurais préféré qu’il développe un peu plus son unique rencontre avec une charpentière, parce que cela fait wokiste et me fait penser au « cellezéceux » d’Emmacruel Nécron ! Heureusement que dans le même genre, il passe très vite sur la fable du « réchauffement ».

Ce livre m’a fait penser à Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix, de Jean Giono.

Bonne lecture !

Lionel Labosse.

 Abonnez-vous à ma chaîne Youtube et à mon fil Telegram.

© altersexualite.com, 2023