Croquis de métro, de David Dumortier

Voici un tout petit livre par la taille qui enferme tout le métro dans votre poche. Des poèmes courts à la manière du haïku croquent l’univers du métro et en donnent une vision humoristique, décalée, onirique, le tout superbement mis en page, et commenté par des dessins de Fredo Coyère particulièrement en phase avec le style du poète. Par exemple, lorsqu’il est question des affiches barbouillées par les « antipub », le dessin représente une femme nue tentant de s’échapper de l’affiche, seau et pinceau en mains. Ou le malicieux dessin de couverture, une sardine qui dépasse de sa boîte pour illustrer ces mots : « Une sardine bat de la queue : / Signe qu’il reste encore des petits espaces / À frétiller ». Citons encore quelques extraits : « Les tunnels finiraient par se boucher / Si les rames n’entretenaient pas les trous » ; « Un Hindou lit en Indi (sic) / Un article sur Miss Univers : / J’ai la traduction sur ses yeux ». Des allusions sexuelles ou carrément gore raviront les petits sans trop choquer (bon, allez, juste ce qu’il faut, quoi !) les grands : « Un jeune homme a une bosse / Entre les jambes : / Il s’est mis une pomme d’amour de côté » ; « Si les portières sont gênées dans leur fermeture / C’est souvent à cause d’un reste de viande, / Coincé entre leurs dents ». Les exploitations pédagogiques sont évidentes, tant en écriture qu’en dessin (vu le titre), et les plus jeunes sauront saisir les allusions : « Quand un homme et une femme s’aiment / Ils ont le courage, eux, / De s’embrasser devant tout le monde. »

Lionel Labosse