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Dis-moi Candide où c’est « ailleurs » ?
Quatrains de l’Équateur
Escapade aux Galapagos, février 2008
vendredi 25 avril 2008
Voici quelques notes de voyage en vers sur l’Équateur continental et les Galapagos, en février 2008. La lecture du Procès des Étoiles de Florence Trystram (Petite Bibliothèque Payot) a bercé ce voyage d’un arrière-plan historique. Pour éviter de surcharger de notes indigestes la frêle pirogue de ces quatrains, je me contenterai de quelques liens que vous déplierez si vous souhaitez plus de détails. En ce qui concerne l’expédition en Équateur, ceci devrait suffire, augmenté de cet article pour tout savoir du tsunami de 1747 qui détruisit Lima. Lire aussi le roman baroque et lyrique Le Corps du monde, de Patrick Drevet, qui s’intéresse plus particulièrement à Joseph de Jussieu. Enfin, lire notre article sur un voyage en Colombie, en 2014.
Quatrains de l’Équateur
À mon ami Vigneau Robert
Qui court le monde en ses Escales
En vers ou prose que n’obère
D’adjectivite aucune escarre
Fi des caravelles en quinze heures
L’avion nous pose en Équateur
Nous dévorons tels des squatteurs
De nos ancêtres le quatre heures
Godin Bouguer La Condamine
C’est ici que vous mesurâtes
Le méridien et la quinine
Jussieu la dénicha sans hâte
Vous piroguiez sur l’Amazone
Comme on traverserait le Rhône
Cotopaxi le roi des cônes
Ne fut pour vous rien qu’un pylône
En mil sept cent quarante sept
Un tsunami détruit Lima
Godin rebâtit en cinq secs
Ce que la mer élimina
Quito capitale isocèle
Dont la moindre esquina recèle
Passant enceint de bourse belle
Des agents de vol qui t’en vêlent
Les Espagnols ont pris tout l’or
Ils ont laissé le rococo
Le voyou te rançonne encore
Faut que chaque homme ait son écot
Vite à l’hôtel, quittons Quito
Un volcan nous cueille aussitôt
Les laboureurs des hauts plateaux
Font un patchwork de vert et d’eau
Loin des cités ils sont urbains
L’argent leur fait des ecchymoses
Ni le bébé ni l’eau du bain
Ne jettent dans le cours des choses
La diversité du vivant
Sur ces hauteurs c’est pas du vent
Chacun peinant hurlant son han
L’agite et tourne dans son van
L’indigène de l’Équateur
Par l’altitude a la poitrine
Enflée comme un percolateur
Qu’en fera-t-il Monsieur Darwin
Cultiver son jardin mon gars
Voici le vert chirimoya
Qui comme anone s’ânonna
Variante du guanabana
La grenadelle et le taxo
Alternent le doux et l’amer
Les décrire c’est un exo
Digne de l’école primaire
L’un dur et rond l’autre long mou
Pépins visqueux comme du mou
De veau les gourmets font la moue
Mais les gourmands s’enflent les joues
Zapote symphonie d’orange
Filandreux qui nourrit son homme
Et cet hybride qui se mange
Long fruit vert babaco se nomme
Où sont les mangues de Mayotte
Pascal que le métro crapote
Alors que comme velues mottes
Bâfrons-nous-en plein les quenottes
En fait de poils le ramboutan
Se gratte, lèche et se déguste
Dedans dehors je l’aime tant
Que j’en stocke deux dans mon fute
Fade tomate de arbol
Ainsi te juge l’esprit fol
Mais le gourmet tiède en un bol
Te déguste comme une obole
Quant au guaba il tend sa gousse
À qui de sa longueur ne glousse
Car dans sa chair ses graines rousses
On les suce en léchant sa mousse
Loin de ces fruits vit le beau gosse
Endémique aux Galapagos
Toute sa vie est à la noce
Et son sourire est tout en os
La mer m’a offert ce cadeau
Sur le bateau qui nous berçait
De la tête nue d’un ado
Que mon épaule en soit l’étai
Tel le diamant brut de la mine
Un lion de mer qui se dandine
Est des théories de Darwin
L’exemple qui nous illumine
Tortue c’est ce que l’otarie
Serait si Neptune en son trône
De sustenter cette houri
Râleuse n’eût fait cette aumône
Le roc habité d’aucun ours
Terre propice pour la course
Des tortues lorgnant vers les sources
Et du cactus haussant sa bourse
Que bleue ou rouge il ait la patte
Le fou qui plonge nous épate
Autant nous bluffe la frégate
Mais que d’orgueil son cou n’éclate
Terrestre ou marin c’est l’iguane
Cet amphibie rien ne l’éloigne
De son désir il se régale
Femelle ou mâle todo igual
Les sœurs du bac lustrent leur phoque
De la peluche et des églises
Ça leur suffit la belle époque
Et les homos vivent à leur guise
Mets-toi sur la ligne à cheval
Et pisse dans ton urinal
Pour voir si Coriolis avale
Ton vortex de façon fractale
Laissons la faune à son îlot
L’homme animal bien plus sauvage
Dispense ses cours de philo
Armes et mort pour tout bagage
Qui se souvient qu’en 2008
Correa cria qu’Uribe
Violait son sol et sans limite
Muait les FARC en macchabées
C’est partout comme en Équateur
L’indignation des beaux phraseurs
Contient le peuple avec des leurres
Dis-moi Candide où c’est « ailleurs » ?
Voir en ligne : Présentation générale du pays et de son histoire par l’Université canadienne de Laval.
© altersexualite.com 2008
Les photographies sont de Lionel Labosse.
Reproduction interdite
Messages
1. Quatrains de l’Équateur, 16 mai 2008, 00:58, par eythan
merci pour cette poésie légère et subtile,
aussi fraîche que...
oui, qu’une nuit collante et poisseuse de guayaquil.
un délice que de vous lire,
ce goût de loukoum persistant.
et surtout ?
persistez, un jour viendra...