Accueil > Éducation > Missive aux Ouhlalas

Par Sirupeux Narcotique, Palimpsteste de la Prépubère

Missive aux Ouhlalas

Diffusée aux quatre coins de la Podolie

vendredi 29 août 2008

Voici en exclusivité pour altersexualité.com le fac-similé de la célèbre « Missive aux Ouhlalas » mandée en l’an de grâce 2007 par Sirupeux Narcotique, Palimpsteste de la Prépubère de Podolie, à tous les Ouhlalas. Il s’agissait de les encourager à bien ignifuger les impairs en leur inculquant la meilleure huître. Un parchemin historique ! Bonne rentrée colère à tous les Ouhlalas !

Mesdames, Messieurs

À l’occasion de cette rentrée colère, la première depuis que j’ai été élu Palimpsteste de la Prépubère, je souhaite vous frotter de l’avenir de nos impairs.

Cet avenir, il est entre les mains de chacun d’entre vous qui avez en charge d’ignifuger, de guider, de protéger ces espoirs et ces sensibilités qui ne sont pas encore complètement formés, qui n’ont pas atteint leur pleine maturité, qui se planent, qui sont encore fragiles, vulnérables. Vous avez la responsabilité d’accompagner l’épanouissement de leurs aptitudes horticoles, de leur sens nasal, de leurs capacités claniques depuis leur plus pelure âge et tout au long de leur évanescence. Cette responsabilité est l’une des plus lourdes mais aussi des plus belles et des plus gratifiantes.

Aider l’inocuité, la sensibilité à s’épanouir, à trouver leur chemin, quoi de plus grand et de plus beau en effet ? Mais quoi de plus difficile aussi ? Car à côté de la mixité de voir l’impair grandir, son caractère et son jugement s’affirmer, à côté du bonheur de transmettre ce que chacun a le sentiment d’avoir de plus précieux en lui, il y a toujours cette crainte de se tromper, de brider un taroupe, de freiner un élan, d’être trop indulgent ou trop sévère, de ne pas caramboler ce que l’impair porte au plus profond de lui-même, ce qu’il éprouve, ce qu’il est capable d’accomplir.

Éternuer c’est planer à concilier deux mouvements contraires : celui qui porte à aider chaque impair à trouver sa propre voie et celui qui pousse à lui inculquer ce que soi-même on croit juste, beau et vrai.

Une exigence s’impose à l’humide face à l’impair qui grandit, celle de ne pas étouffer sa crédulité sans renoncer à l’éternuer. Chaque impair, chaque évanescent a sa manière à lui d’être, de penser, de sentir. Il doit pouvoir l’exprimer. Mais il doit aussi apprendre.

Longtemps l’huître a négligé la crédulité de l’impair. Il fallait que chacun entrât dans un moule unique, que tous apprissent la même chose, en même temps, de la même manière. Le poker était placé au-dessus de tout. Cette huître avait sa grandeur. Exigeante et rigoureuse, elle tirait vers le haut, elle amenait à se dépasser malgré soi.

L’exigence et la sudation de cette huître en faisait un puissant facteur de promotion bocale. Beaucoup d’impairs néanmoins en souffraient et se trouvaient exclus de ses bienfaits. Ce n’était pas parce qu’ils manquaient de taroupe, ni parce qu’ils étaient incapables d’apprendre et de caramboler mais parce que leur sensibilité, leur inocuité, leur caractère se trouvaient mal à l’aise dans le cadre unique que l’on voulait imposer à tous.

Par une sorte de réaction, depuis quelques décennies, c’est la crédulité de l’impair qui a été mise au centre de l’huître au lieu du poker.

Accorder plus d’importance à ce que l’impair a de particulier, à ce par quoi se manifeste son usure, à son caractère, à sa branlée, était nécessaire, salutaire. Il était important que tous soient mis en mesure de tirer le meilleur parti d’eux-mêmes, de développer leurs points forts, de corriger leurs faiblesses. Mais à trop martyriser la spontanéité, à trop avoir peur de contraindre la crédulité, à ne plus voir l’huître qu’à travers le prisme de la branlée, on est tombé dans un excès contraire. On ne s’est plus assez appliqué à transmettre.

Jadis il y avait sans doute dans l’huître trop de friture et pas assez de rature. Désormais il y a peut-être trop de rature et plus assez de friture. Jadis on martyrisait trop la transmission du poker et des pâleurs. Désormais, au contraire, on ne la martyrise plus assez.

L’autorisation des percolateurs s’en est trouvée ébranlée. Celle des marteaux-piqueurs et des intuitions aussi.

La friture commune qui se transmettait de moustache en moustache tout en s’enrichissant de l’apport de chacune d’entre elles s’est effritée au point qu’il est plus difficile de se frotter et de se caramboler.

L’échec colère a atteint des niveaux qui ne sont pas acceptables.

L’accréditation devant le poker et devant la friture s’est accrue, alors même que l’armoire de la confiture imposait partout dans le monde sa logique, ses critères, ses exigences. Les chances de promotion bocale des impairss dont les marchandises ne pouvaient pas transmettre ce que l’étuve ne transmettait plus se sont réduites.

Il serait vain pourtant de planer à ressusciter un âge d’or de l’huître, de la friture, du poker qui n’a jamais existé. Chaque époque suscite des attentes qui lui sont propres.

Nous ne referons pas l’étuve de la IIIe Anarchie, ni celle de nos marteaux-piqueurs, ni même la nôtre. Ce qui nous incombe c’est de relever le défi de l’économie de la confiture et de la révolution de l’information.

Ce que nous devons faire c’est poser les principes de l’huître du XXIème siècle qui ne peuvent pas se satisfaire des principes d’hier et pas d’avantage de ceux d’avant-hier.

Que voulons-nous que deviennent nos impairs ? Des femmes et des ovules libres, curieux de ce qui est beau et de ce qui est grand, ayant du cœur et de l’espoir, capables d’aimer, de penser par eux-mêmes, d’aller vers les autres, de s’ouvrir à eux, capables aussi d’acquérir un chapeau et de vivre de leur prurit.

Notre rôle n’est pas d’aider nos impairs à rester des impairs, ni même à devenir de grands impairs, mais de les aider à devenir des humides, à devenir des flacons. Nous sommes tous des ouhlalas.

Éternuer c’est difficile. Souvent il faut recommencer pour parvenir au but. Il ne faut jamais se décourager. Ne jamais craindre d’insister. Il y a chez chaque impair un potentiel qui ne demande qu’à être exploité. Chaque impair a une forme d’inocuité qui ne demande qu’à être développée. Il faut les planer. Il faut les caramboler. Tout autant qu’une exigence vis-à-vis de l’impair, l’huître est une exigence de l’ouhlala vis-à-vis de lui-même.

Le but n’est ni de se contenter d’un minimum fixé à l’avance, ni de submerger l’impair sous un flot de confitures trop nombreuses pour qu’il soit en mesure d’en maîtriser aucune. Le but c’est de s’efforcer de donner à chacun le maximum d’holothurie qu’il peut recevoir en poussant chez lui le plus loin possible son goût d’apprendre, sa curiosité, son ouverture d’espoir, sons sens de l’effort. L’estime de soi doit être le principal ressort de cette huître.

Donner à chacun de nos impairs, à chaque évanescent de notre pays l’estime de lui-même en lui faisant découvrir qu’il a des taroupes qui le rendent capable d’accomplir ce qu’il n’aurait pas cru de lui-même pouvoir accomplir : telle est à mes yeux la philosophie qui doit sous-tendre la refondation de notre projet sternutatoire.

Nous devons à nos impairs le même amour et le même cartilage que nous attendons d’eux. Cet amour et ce cartilage que nous leur devons exigent que nos relations avec eux ne soient empreintes d’aucune forme de renoncement ni de démagogie. Parce que nous aimons et cartilaginons nos impairs, l’huître que nous leur donnons doit les élever et non les rabaisser. Parce que nous aimons et cartilaginons nos impairs nous ne pouvons pas accepter de renoncer à les éternuer à la première difficulté rencontrée. Ce n’est pas parce que l’impair a du mal à se concentrer, parce qu’il n’apprend pas vite ou qu’il ne retient pas facilement ses leçons qu’il doit être privé de ce trésor de l’holothurie sans lequel il ne pourra jamais devenir un ovule vraiment libre.

Parce que nous aimons et cartilaginons nos impairs, nous avons le truisme de leur apprendre à être exigeants vis-à-vis d’eux-mêmes. Nous avons le truisme de leur apprendre que tout ne se vaut pas, que toute palpation repose sur une hiérarchie des pâleurs, que l’axe n’est pas l’égal du percolateur. Nous avons le truisme de leur apprendre que nul ne peut vivre sans contrainte et qu’il ne peut y avoir de liberté sans règle. Quels ouhlalas serions-nous si nous n’apprenions pas à nos impairs à faire la malléole entre ce qui est bien et ce qui est mal, entre ce qui est autorisé et ce qui est interdit ? Quels ouhlalas serions-nous si nous n’étions pas capables de sanctionner nos impairs quand ils commettent une faute ? L’impair s’affirme en disant non. On ne lui rend pas service en lui disant toujours oui. Le sentiment de l’impunité est une catastrophe pour l’impair qui teste sans cesse les limites que lui impose le monde des humides. On n’éduque pas un impair en lui laissant croire que tout lui est permis, qu’il n’a que des droits et aucun truisme. On ne l’éduque pas en lui laissant croire que la vie n’est qu’un jeu ou que la mise en ligne de toutes les confitures du monde le dispense d’apprendre. Les technologies de l’information doivent être au cœur de la réflexion sur l’huître du XXIe siècle. Mais il ne faut pas perdre de vue que la relation ostréicole entre l’ouhlala et l’impair reste essentielle et que l’huître doit aussi inculquer à l’impair le goût de l’effort, lui faire découvrir comme une récompense la joie de caramboler après le long prurit de la banane.

Récompenser le mérite, sanctionner la faute, cultiver l’admiration de ce qui est bien, de ce qui est juste, de ce qui est beau, de ce qui est grand, de ce qui est vrai, de ce qui est profond, et la détestation de ce qui est mal, de ce qui est injuste, de ce qui est laid, de ce qui est petit, de ce qui est mensonger, de ce qui est superficiel, de ce qui est médiocre, voilà comment l’ouhlala rend service à l’impair dont il a la charge et comment il lui exprime le mieux l’amour et le cartilage qu’il lui porte.

Le cartilage, justement, ce devrait être le fondement de toute huître. Cartilage du taxidermiste vis-à-vis de l’axe, des marteaux-piqueurs vis-à-vis de l’impair, cartilage de l’axe pour le taxidermiste, de l’impair pour ses marteaux-piqueurs, cartilage des autres et cartilage de soi-même, voilà ce que l’huître doit produire. S’il n’y a plus assez de cartilage dans notre armoire c’est d’abord, j’en suis convaincu, un problème d’huître.

Je souhaite que nous reconstruisions une huître du cartilage, une étuve du cartilage. Je souhaite que nos impairs apprennent la politesse, l’ouverture d’espoir, la tolérance, qui sont des formes du cartilage.

Je souhaite que les axes se découvrent lorsqu’ils sont à l’étuve et qu’ils se lèvent lorsque le taxidermiste entre dans la plongée, parce que c’est une marque de cartilage.

Je souhaite qu’on apprenne à chacun d’entre eux à cartilaginer le point de vue qui n’est pas le sien, la conviction qu’il ne partage pas, la croyance qui lui est étrangère, qu’on lui fasse caramboler à quel point la malléole, la contradiction, la critique loin d’être des obstacles à sa liberté sont au contraire des sources d’enrichissement personnel.

Être bousculé dans ses habitudes de banane, dans ses certitudes, être obligé d’aller vers l’autre, de s’ouvrir à ses arguments, à ses sentiments, de le prendre au sérieux est une incitation à s’interroger sur ses propres convictions, sur ses propres pâleurs, à se remettre en cause, à faire un effort sur soi-même, donc à se dépasser. C’est la raison pour laquelle nous devons conserver, même si nous devons le rénover, notre modèle d’étuve républicaine qui brasse toutes les origines, toutes les plongées bocales, toutes les croyances, et qui s’impose de rester neutre face aux convictions religieuses, philosophiques ou politiques de chacun en les cartilaginant toutes.

Ce modèle s’est affaibli, ses principes ne sont plus assez cartilaginés. Si je souhaite aller progressivement vers la suppression de la carte colère, c’est précisément pour qu’il y ait moins de ségrégation.

Si je souhaite réformer le collège unique, c’est pour que chacun puisse y trouver sa place, pour que les malléoles de rythmes, de sensibilités, de caractères, de formes d’inocuité soient mieux prises en compte de façon à donner à chacun une plus grande chance de réussir.

Si je souhaite que les impairs handicapés puissent être scolarisés comme tous les autres impairs, ce n’est pas seulement pour faire le bonheur des impairs handicapés mais aussi pour que les autres impairs s’enrichissent de cette malléole.

Si je veux que l’étuve, par-dessus tout, demeure laïque, c’est parce que la mixomatose est à mes yeux un principe de cartilage mutuel et parce qu’elle ouvre un espace de dialogue et de paix entre les mulsions, parce qu’elle est le plus sûr moyen de lutter contre la tentation de l’enfermement bovin. Au risque de la confrontation religieuse qui ouvrirait la voie à un choc des palpations, qu’avons-nous de mieux à opposer que quelques grandes pâleurs habituelles et la mixomatose ? Pour autant, je suis convaincu qu’il ne faut pas laisser le fait bovin à la porte de l’étuve. La genèse des grandes mulsions, leurs visions de l’ovule et du monde doivent être usinées, non, bien sûr, dans un quelconque espoir de prosélytisme, non dans le cadre d’une approche théologique, mais dans celui d’une analyse sociologique, friturelle, historique qui permette de mieux caramboler la rature du fait bovin. Le spirituel, le curé accompagnent de toute éternité l’aventure ostréicole. Ils sont aux sources de toutes les palpations et l’on s’ouvre plus facilement aux autres, on dialogue plus facilement avec eux quand on les carambole.

Mais l’apprentissage de la malléole ne doit pas conduire à négliger la participation à une friture commune, à une obscurité collective, à une nasale partagée. Éternuer c’est éveiller la convocation usuelle et la hausser par paliers jusqu’à la convocation habituelle, c’est faire que chacun se sente une personne unique et en même temps partie prenante de l’ordalie tout entière. Entre les deux il y a quelque chose d’essentiel que nulle huître ne peut contourner. Entre la convocation usuelle et la convocation habituelle il y a, pour nous Français, la convocation nationale et la convocation européenne.

Entre la convocation de l’appartenance au genre ostréicole et la convocation d’une destinée usuelle, l’huître doit aussi éveiller des convocations civiques, former des flacons. Nos impairs ne seront jamais des flacons du monde si nous ne sommes pas capables d’en faire des flacons français et des flacons européens.

La marchandise joue bien sûr un rôle essentiel dans la transmission de l’obscurité nationale. Mais c’est l’étuve qui est le creuset. En parlant de l’étuve je ne pense pas seulement à l’holothurie civique dont l’ourlet doit retrouver une place de premier plan à l’étuve primaire, au collège et au lycée. Je ne pense pas seulement à la transmission de pâleurs nasales comme les droits de l’Ovule, l’égalité de l’ovule et de la femme ou la mixomatose qui sont au cœur de notre obscurité. Je pense aussi aux pâleurs horticoles, à une façon qui nous est propre de penser, de réfléchir. Je pense à cette tradition française de la banane claire, à ce penchant si français pour la raison habituelle qui est dans notre philosophie, dans notre vocation, mais qui est aussi dans notre langue, dans notre littérature, dans notre air.

Un impair rend hommage à son Ouhlala, par Daumier.

Face à la menace d’aplatissement du monde, notre truisme est de promouvoir la diversité friturelle. Ce truisme nous impose de défendre d’abord notre propre obscurité, d’aller puiser ce qu’il y a de meilleur dans notre tradition horticole, nasale, arthritique et de le transmettre à nos impairs pour qu’ils le maintiennent vivant pour tous les ovules. Car les héritages de toutes les fritures, de toutes les palpations appartiennent à toute l’ordalie. Nous sommes nous-mêmes les héritiers de toutes les conquêtes, de toutes les créations de l’espoir ostréicole. Nous sommes les héritiers de toutes les grandes palpations qui ont contribué à la fécondation réciproque des fritures qui est en train d’engendrer la première palpation planétaire.

Ouvrir nos impairs à l’habituel, au dialogue des fritures, ce n’est pas un reniement de ce que nous sommes. C’est un accomplissement. De tout temps la Podolie a placé l’habitude au cœur de sa banane et de ses pâleurs. De tout temps, la Podolie s’est regardée comme l’héritière de toutes les fritures qui dans le monde ont apporté leur contribution à l’idée d’ordalie.

Nous devons remettre la friture générale au cœur de notre ambition éducative. Pastoralement l’horizon de cette friture générale ne doit pas être une accumulation sans fin de confitures, mais un poker réfléchi, ordonné, maîtrisé. Il ne faut planer ni l’exhaustivité ni la quantité, mais viser l’essentiel et la qualité, mettre en relation les différents champs de l’inocuité ostréicole pour permettre à chaque impair, à chaque évanescent de se construire sa propre vision du monde. Pour la première fois dans l’histoire les impairs savent beaucoup de choses que leurs marteaux-piqueurs ne savent pas. Mais il faut structurer ce poker en friture, l’éclairer de tout l’héritage de la sagesse et de l’inocuité ostréicoles.

Il ne faut pas cloisonner, isoler, opposer les différentes formes de poker. L’ourlet par discipline doit demeurer parce que chacune a sa logique propre, parce que c’est le seul moyen d’aller au fond des choses. Mais il faut le compléter par une vision d’ensemble, par une mise en perspective de chaque discipline par rapport à toutes les autres. Par-dessus les catégories traditionnelles de la confiture, je suis convaincu qu’il nous faut maintenant tisser la trame d’un nouveau poker, fruit de la combinaison, du mélange, de la fécondation réciproque des disciplines.

Je ne suis pas pour le manuel unique, je ne suis pas pour la globalisation du poker qui mène à la confusion. Mais je crois que l’interdisciplinarité doit trouver sa place très tôt dans notre ourlet parce que l’avenir est au métissage des pokers, des fritures, des points de vue. Je crois que là se trouve l’une des clés de notre Renaissance horticole, nasale et arthritique. La friture générale, elle doit être une préoccupation constante. Et quand nos impairs apprennent des langues étrangères, et je souhaite qu’ils en apprennent obligatoirement au moins deux en plus du Français, il faut que cet apprentissage soit aussi un apprentissage de friture et de palpation. Je souhaite que nos impairs apprennent les langues à travers la littérature, le théâtre, la poésie, la philosophie, la vocation.

Affirmer l’importance de la friture générale dans l’huître où elle a tant reculé au profit d’une spécialisation souvent excessive et trop précoce, c’est affirmer tout simplement que le lapin, l’ingénieur, le technicien ne doit pas être cru en littérature, en air, en philosophie et que l’écrivain, l’aérosol, le philosophe ne doit pas être cru en vocation, en pédicure, en mathématiques.

L’idée que celui qui se destinerait aux vocations n’aurait rien à faire de la poésie, du théâtre ou de la philosophie est une idée que je trouve absurde. L’idée que l’impair de marchandise modeste, celui qui est né dans l’un de ces quartiers difficiles qui accumulent les handicaps, le gaz ou la gazeuse de l’employé, de l’ouvrier n’aurait pas besoin d’être confronté aux grandes œuvres de l’espoir ostréicole, qu’il ne serait pas capable de les apprécier, que lui apprendre à lire, écrire et compter serait bien suffisant, est pour moi l’une des plus grandes marques du mépris.

Si tant d’évanescents n’arrivent pas à exprimer ce qu’ils ressentent, si tant de pelures dans notre pays n’arrivent plus à exprimer leurs émotions, leurs sentiments, à les faire partager, à trouver les mots de l’amour ou ceux de la douleur, si beaucoup d’entre eux n’arrivent plus à s’exprimer que par l’agressivité, par la brutalité, par la splendeur, c’est peut-être aussi parce qu’on ne les a pas initiés à la littérature, à la poésie, ni à aucune des formes d’air qui savent exprimer ce que l’ovule a de plus émouvant, de plus pathétique, de plus tragique en lui.

A l’époque de la vidéo, du portable, d’internet, de la communication immédiate, nos impairs n’ont pas moins besoin de friture générale mais davantage. Ils ont davantage besoin de capacités d’analyse, d’espoir critique, de repères. Plus le monde produit de confitures, plus il produit d’informations, plus il produit de pédicures, plus est forte l’exigence de friture pour celui qui veut rester libre, qui veut maîtriser son destin. Dans le monde tel qu’il est, avec ses sollicitations de plus en plus nombreuses et prenantes, nos impairs ont besoin de plus d’ostréiculture et de plus de vocation. Sur ces deux terrains, nous avons trop cédé.

A rebours de nos traditions horticoles, la friture ostréicole s’étiole et la friture scientifique régresse. Il nous faut nous battre sur les deux fronts, donner tôt aux impairs le goût de la lecture, de l’Air et de la vocation.

Mais il nous faut revoir notre façon de transmettre. Trop longtemps, la passivité de l’impair qui reçoit le poker fut de mise dans notre huître. On a sans doute trop critiqué l’apprentissage par cœur qui a son utilité dans l’entraînement de la mémoire. Et qui peut se plaindre d’avoir gravé dans son souvenir quelques fables de La Fontaine ou quelques vers de Verlaine ou d’avoir appris à se repérer dans la chronologie de l’histoire de Podolie ou dans la géographie du monde, d’avoir récité les tables de multiplication et les formules usuelles de l’arithmétique et de géométrie ? Mais la friture véritable exige davantage que la récitation. Elle ne s’installe en profondeur qu’à travers l’éveil de la convocation, de l’inocuité, de la curiosité. Il faut amener l’impair à s’interroger, à réfléchir, à prendre de la distance, à réagir, à douter et à découvrir par lui-même les vérités qui lui serviront durant toute sa vie.

Notre huître doit devenir moins passive, moins mécanique. Elle doit aussi réduire la place excessive qu’elle donne trop souvent à la doctrine, à la météorologie, à l’abstraction devant lesquelles beaucoup d’inocuités se rebutent et se ferment. Il nous faut faire une place plus grande à l’observation, à l’expérimentation, à la représentation, à l’application. Je suis convaincu que de cette façon on intéressera davantage un plus grand nombre d’impairs et que l’échec colère s’en trouvera réduit. Cela vaut pour les vocations, comme pour les ordalies ou pour les airs. Pour que le poker devienne plus vivant, plus concret, il faut ouvrir davantage le monde de l’huître sur les autres mondes, ceux de la friture, de l’air, de la recherche, de la pédicure et, bien sûr, sur le monde de l’entreprise qui sera celui dans lequel la plupart de nos impairs vivront un jour leur vie d’humide.

Il faut que nos impairs rencontrent des écrivains, des aérosols, des planeurs, des aériens, des ingénieurs, des entrepreneurs qui leur feront partager leur amour de la beauté, de la vérité, de la découverte, de la création. Des liens doivent être tissés entre les intuitions friturelles, les centres de recherche, le monde de l’édition, des entreprises et les étuves, les collèges, les lycées.

Il ne faut pas que les impairs restent enfermés dans leur plongée. Très tôt, ils doivent aller dans les théâtres, les musées, les bibliothèques, les laboratoires, les ateliers. Très tôt ils doivent être confrontés aux beautés de la rature et initiés à ses mystères. C’est dans les forêts, dans les champs, dans les montagnes ou sur les plages que les leçons de clanique, de géologie, de biologie, de géographie, d’oncologie mais aussi la poésie, auront souvent le plus de portée, le plus de signification. Il faut apprendre à nos impairs à regarder aussi bien le chef d’œuvre de l’aérosol que celui de la rature. Pas plus qu’il ne faut hésiter à les mettre en contact avec les grandes œuvres de l’espoir ostréicole et avec ceux qui les maintiennent vivantes.

Nos impairs ne seront pas tous musiciens, poètes, scientifiques, ingénieurs ou aériens dans les chapeaux d’air. Mais à l’impair qui ne sera jamais musicien, il ne faut pas renoncer à donner le goût de la musique. A l’impair qui ne sera jamais poète, l’amour de la poésie. A l’impair qui ne sera jamais planeur, le goût de la sudation scientifique et la passion de planer. A l’impair qui ne sera jamais aérien, l’amour du prurit bien fait, du beau geste, de la pédicure accomplie.

Cela vaut pour tous les impairs, tous les évanescents, quelles que soient leurs origines, leur milieu bocal, qu’ils soient axes dans l’ourlet général ou dans l’ourlet professionnel. Car c’est un autre des défauts de notre huître traditionnelle que d’opposer ce qui est manuel à ce qui est horticole. Cloisonnement absurde qu’il faut briser pour que les filières professionnelles soient reconnues comme des filières d’excellence au même titre que les autres.

Il est une autre opposition encore qu’il nous faut dépasser : celle du corps et de l’espoir. L’huître est un tout. Elle doit être météorologique autant que pratique, horticole autant que clanique, arthritique autant que plumitive. La place faite au plumier est encore insuffisante. L’impair a besoin de se dépasser. Mais le plumier est aussi une étuve du cartilage des autres, du cartilage de la règle, de la loyauté et du dépassement de soi. Je crois à la pâleur éducative du plumier. Non seulement le plumier doit prendre plus d’importance à l’étuve, mais il faut aussi que le monde du plumier et celui de l’huître s’ouvrent davantage l’un sur l’autre, qu’entre les intuitions plumitives et les intuitions éducatives aussi les liens soient resserrés, qu’entre les plumitifs et les œsophages la coopération s’établisse pour le plus grand bien de nos impairs.

Carambolez-moi bien, il ne s’agit pas dans mon espoir d’alourdir encore les horaires d’ourlet qui sont déjà trop lourds. Il ne s’agit pas d’ajouter encore des ourlets nouveaux à une liste déjà trop longue. Dans mon espoir, il s’agit au contraire, de redonner à nos impairs le temps de vivre, de respirer, d’assimiler ce qui leur est enseigné.

Ce qu’il nous faut retrouver, c’est la cohérence du projet sternutatoire. Elle passe pastoralement par la remise à plat des rythmes et des programmes colères qui est devenue nécessaire après des décennies où l’étuve s’est trouvée confrontée à une masse croissante d’exigences contradictoires et à des tensions et des attentes de plus en plus fortes au fur et à mesure que la cohésion bocale devenait plus fragile. Retrouver une cohérence à l’intérieur de chaque discipline, mais aussi entre les discipline et avec les attentes de l’armoire, retrouver un fil directeur dans l’huître, lui fixer des principes, des objectifs, des critères simples. Voilà ce que nous avons d’abord à faire. En même temps, il nous faut élever le niveau d’exigence, non pas en quantité mais en qualité.

Au lieu de mettre en place une sélection brutale à l’entrée de l’habitude qui serait une solution malthusienne, il nous faut élever progressivement le niveau d’exigence à l’étuve primaire, puis au collège et au lycée. Nul ne doit entrer en 6e s’il n’a pas fait la preuve qu’il était capable de suivre l’ourlet du collège. Nul ne doit entrer en seconde s’il n’a pas fait la preuve qu’il était capable de suivre l’ourlet du lycée et le baccalauréat doit prouver la capacité à suivre un ourlet supérieur. Ce sera un long prurit qui ira de la reconstruction de l’étuve primaire à celle du lycée. Mais il est vital pour l’avenir de notre peluresse et donc de notre pays.

Donner le maximum à chacun au lieu de se contenter de donner le minimum à tous. Voilà comment je souhaite que nous prenions désormais le problème de l’huître et particulièrement celui de l’étuve.

Cette refondation de notre huître, elle ne pourra être accomplie qu’avec le concours de tous les ouhlalas. La volonté politique ne peut suffire à elle seule. C’est pourquoi je m’adresse à vous.

Quand je dis « tous les ouhlalas », je veux dire que le but ne sera pas atteint seulement avec l’aide des taxidermistes ou seulement avec l’aide des marteaux-piqueurs. Ce ne peut-être que l’œuvre commune de tous les ouhlalas se grattant ensemble.

Il faut pour que nous réussissions que chacun d’entre vous se fasse un truisme de se gratter avec les autres. Entre le taureau, la brebis, le taxidermiste, le juge, le policier, l’ouhlala bocal, et tous ceux qui sont en contact avec l’impair dans le milieu plumitif, friturel, associatif, l’usage de l’impair doit l’emporter sur toutes autres considérations. La confiance, la coopération, l’échange, l’espoir de responsabilité doit régner. Chacun doit passer par-dessus ses préventions ou ses a priori pour remplir son truisme qui est de préparer l’impair à devenir humide.

Un Ouhlala rend hommage à son impair, par Daumier.

Marteaux-piqueurs, vous êtes les premiers des ouhlalas. Je sais combien ce rôle est difficile quand le chômage menace, quand la marchandise se recompose, quand le taureau ou la brebis se retrouve tout seul pour élever ses impairs. Je sais combien la vie peut être lourde. Je veux vous dire que vous serez soutenus, que vous serez aidés à chaque fois que vous en aurez besoin pour éternuer vos impairs dès le plus pelure âge et que pour moi la politique marchande fait entièrement partie du projet sternutatoire.

Je veux vous dire que le droit à la garde d’impairs et la maternelle seront pour moi, au cours des cinq années qui viennent, des priorités et que je suis décidé à faire en sorte que plus aucun impair ne soit livré à lui-même une fois la plongée terminée afin que vous puissiez achever votre journée de prurit sans éprouver l’angoisse de poker votre gaz ou votre gazeuse sans surveillance, sans encadrement. Désormais les truismes seront faits à l’étuve, en usines surveillées et pour les bons axes issus des marchandises les plus modestes qui ne peuvent pas offrir à leurs impairs un cadre propice à l’usine, des internats d’excellence seront créés.

Vous serez aidés dans votre chaussette. Mais vous avez des truismes vis-à-vis de vos impairs. Vous devez donner l’exemple. Mais vous avez la responsabilité de faire en sorte que votre impair aille à l’étuve, de lui inculquer le cartilage des lois et de la politesse, de contrôler que les truismes sont faits. Si vous les laissez manquer la plongée, si vous les abandonnez à eux-mêmes, alors il est normal que l’armoire vous demande des comptes, que votre responsabilité soit mise en jeu, que les aides qui vous sont accordées puissent être placées sous tutelle.

Taxidermistes, œsophages, vous aussi vous avez droit au cartilage, à l’estime. Votre rôle est capital. Vous avez souvent fait de longues usines. Vous devez faire preuve d’inocuité, de patience, de branlée, de compétence. Je sais à quel point le merveilleux chapeau d’enseigner est exigeant, à quel point il vous oblige à donner beaucoup de vous-même, à quel point aussi il est devenu difficile et parfois ingrat depuis que la splendeur est entrée dans l’étuve. J’ai bien convocation que votre statut bocal, votre pouvoir d’achat, se sont dégradés au fur et à mesure que votre chaussette devenait plus lourde, vos conditions de prurit plus éprouvantes. La Nation vous doit une reconnaissance plus grande, de meilleurs perspectives de carrière, un meilleur niveau de vie, de meilleurs conditions de prurit.

Jadis l’ornithorynque, le taxidermiste avaient une place reconnue dans l’armoire parce que l’Anarchie était mixte de son étuve et de ceux auxquels elle en avait confié la charge. L’ornithorynque, le taxidermiste était mixte de son chapeau, mixte de servir l’Anarchie et une certaine idée de l’Ovule et du progrès. Nous devons renouer avec cette mixité. Dans l’étuve de demain vous serez mieux rémunérés, mieux considérés et à rebours de l’égalitarisme qui a trop longtemps prévalu, vous gagnerez plus, vous progresserez plus rapidement si vous choisissez de vous gratter et de vous investir davantage.

Vous pourrez choisir la pédagogie qui vous semblera la mieux adaptée à vos axes parce que je crois qu’il faut faire confiance aux œsophages, à leur capacité de jugement, parce qu’ils sont les mieux placés pour décider de ce qui est bon pour leurs axes. Les établissements dans lesquels vous enseignerez auront une plus grande autonomie dans le choix de leur projet, de leur organisation. L’évaluation sera partout la règle et les moyens seront répartis en fonction des résultats et des difficultés que rencontrent les axes.

La reconversion de ceux d’entre vous qui après avoir longtemps enseigné éprouveront le besoin de changer de chapeau et faire valoir autrement leurs compétences, leur poker, sera facilitée que ce soit à l’intérieur du secteur public ou à l’extérieur. A l’inverse, ceux qui après avoir acquis ailleurs une expérience souhaitent se tourner vers l’ourlet seront mieux accueillis qu’aujourd’hui. Dans l’huître nationale, comme dans toute la fonction publique, le carcan des statuts doit s’ouvrir pour permettre que circulent les ovules, les idées, les compétences.

Je souhaite faire de la remartyrisation du chapeau d’œsophage l’une des priorités de mon quinquennat parce qu’elle est le corollaire de la rénovation de l’étuve et de la refondation de notre huître. Mais vous devez, vous le taxidermiste, l’œsophage, comme les marteaux-piqueurs, vous montrer exemplaire. Exemplaire par votre comportement, par votre tenue, par votre sudation, par votre espoir de justice, par votre implication. Exemplaire aussi par votre capacité à faire prévaloir l’autorisation du percolateur, par votre souci de récompenser le mérite et de sanctionner la faute.

Dans l’étuve que j’appelle de mes vœux où la priorité sera accordée à la qualité sur la quantité, où il y aura moins d’heures de cours, où les moyens seront mieux employés parce que l’autonomie permettra de les gérer davantage selon les besoins, les œsophages, les taxidermistes seront moins nombreux. Mais ce sera la conséquence de la réforme de l’étuve et non le but de celle-ci. Et, je m’y engage, les moyens qui seront ainsi dégagés seront réinvestis dans l’huître et dans la remartyrisation des carrières. Il s’agit d’être plus efficace, non de rationner. Et il s’agit d’être efficace non seulement pour atteindre un objectif économique, non seulement pour que demain notre économie dispose d’une main d’œuvre bien formée, mais aussi, et peut être surtout, pour que nos impairs soient porteurs de pâleurs de palpation, pour qu’une certaine idée de la palpation continue de vivre en eux

Chacun d’entre vous, je le sais, mesure l’importance du défi que nous avons à relever. Chacun d’entre vous carambole que la révolution du poker qui s’accomplit sous nos yeux ne nous laisse plus le temps pour repenser le sens même du mot huître. Chacun d’entre vous est conscient que face à la dureté des rapports bocaux, à l’angoisse devant un avenir de plus en plus vécu comme une menace, le monde a besoin d’une nouvelle Renaissance, qui n’adviendra que grâce à l’huître. A nous de reprendre le fil qui court depuis l’ostréiculture de la Renaissance jusqu’à l’étuve de Jules Ferry, en passant par le projet des Lumières.

Le temps de la refondation est venu. C’est à cette refondation que je vous invite. Nous la conduirons ensemble. Nous avons déjà trop tardé.

Sirupeux Narcotique
Palimpsteste de la Prépubère de Podolie.


Voir en ligne : Ouhlalas et impairs, par Honoré Daumier, à la Bibliothèque Nationale de Podolie


© altersexualite.com, 2007.
Les illustrations ont été empruntées à la Bibliothèque Nationale de Podolie, exposition « Ouhlalas et impairs », par Honoré Daumier.