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Un classique à la frontière des genres, pour le collège et le lycée

L’Infirmerie après les cours, de Setona Mizushiro

Éditions Asuka, à partir de 2005, 10 tomes parus, 192 p. chaque, 6,5 €

samedi 1er octobre 2011

C’est une entrevue avec la mangaka Setona Mizushiro publiée dans « Le manga au féminin », un numéro de la revue 10000 images, qui m’a donné envie de découvrir L’Infirmerie après les cours. Je n’ai pour l’instant lu que le tome 1. Il s’adit d’un récit onirique et fantastique dont l’identité de genre est le centre. Les défauts propres à certaines éditions populaires de manga (pagination toutes les vingt, voire cinquante pages, mise en page peu attrayante) ajoutés à ceux propres au genre et auxquels il est difficile de s’habituer quand on n’est pas fan (lacunes et sous-entendus de la narration énigmatiques pour les non-initiés), n’empêchent pas d’apprécier un sujet original effectivement si on le confronte à ce qui existe dans la BD occidentale.

Dans le club de kendo, deux habitués s’opposent par leur personnalité : So Mizuhashi, le tombeur de filles, et Mashiro Ichijo, qui « n’a jamais eu de copine » (p. 13). Celui-ci annonce sa décision de quitter le club. Au lycée, il est convoqué par une femme qui l’emmène dans une infirmerie dont il ignorait l’existence. Ce lieu, situé en sous-sol, est connu des seuls initiés. Il s’y déroule un cours spécial tous les jeudis après les cours. Les élèves y subissent une épreuve, suite à laquelle ils terminent leurs études et disparaissent un à un. Les cours consistent surtout en des cauchemars violents, dans lesquels les élèves choisis s’affrontent pour obtenir une clef qui leur permet de quitter le lycée. Mashiro y fait la connaissance d’une élève mystérieuse, Kuréha, qui « déteste les garçons » et tente de le tuer, mais s’apaise en découvrant qu’il est une fille, et tombe amoureuse de lui/elle. L’infirmière a percé son secret, la raison pour laquelle Mashiro a quitté le club de kendo : sa moitié supérieure est celle d’un homme, l’autre d’une femme, et il vient d’avoir ses premières règles. Pourtant, Mashiro veut être un homme. Dans le rêve, les élèves ont un collier à trois joyaux qui se brisent sous le coup d’une émotion. Si les trois sont brisés, on est recalé ! On apprend avec Mashiro au cours de son 2e rêve que Kuréha a sans doute été abusée sexuellement à l’âge de 5 ans. Dans le rêve, souvent difficile à comprendre du fait d’une narration elliptique qui ménage des retours en arrière complétifs, Mashiro se bat contre une sorte d’armure qui, découvrant son côté femme, veut le violer pour lui prouver qui il est, mais aussi affronte des bras tentaculaires qui lui pénètrent la bouche d’une façon symbolique ; il y a aussi une fille qui tente de voler son visage. Dans le cauchemar, Mashiro porte un uniforme féminin. Dans la réalité, il retrouve petit à petit les pensionnaires de l’infirmerie. Il comprend que So Mizuhashi en fait partie, et a découvert son côté féminin. So lui reproche d’avoir embrassé une fille pour se prouver qu’il est un homme, alors qu’il est lesbienne, puis l’embrasse de force (alors qu’il a toujours une apparence de garçon !) Mashiro ne peut rien faire ; il est perplexe : est-ce parce qu’il est une fille ? Kuréha veut qu’il reste un garçon, car il est le seul garçon qu’elle puisse aimer ! Il se livre à une recherche effrénée de virilité, mais l’infirmière lui fait remarquer que c’est un signe contradictoire qu’il en manque.

L’Infirmerie après les cours séduit dès ce premier tome, même si on regrette que la forme ne soit pas plus léchée. La liberté de ton dans l’évocation de la sexualité des adolescents explique le grand succès des mangas en France, vu le vide sidérant qui persiste en la matière. L’œuvre est à double titre à la frontière des genres : le masculin et le féminin pour le contenu, mais aussi le shojo et le boy’s love pour le contenant ! Reste à explorer les 9 autres tomes…

 Cet ouvrage bénéficie du label « Isidor ».

Label Isidor HomoEdu

Lionel Labosse


Voir en ligne : Site officiel de l’auteure


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