Accueil > Livres pour les jeunes et les « Isidor » HomoEdu > Bandes dessinées > Jo, de Derib

Une B.D. historique sur le sida.

Jo, de Derib

Le Lombard, 1991, 94 p.

jeudi 5 avril 2007

Une bande dessinée qui témoigne des premières années du sida. Elle est issue d’un projet du « Groupe contact Jeunesse » de la ville de Lausanne, et a été publiée par la « Fondation pour la vie ». Une vision noire, exagérément hétérosexuelle de la maladie, heureusement dépassée maintenant.

Résumé

Jo vient de quitter son copain. Elle fait la connaissance de Laurent, jeune musicien d’un groupe de rock. Elle garde un œil sur sa sœur Vanessa âgée de 14 ans qui se laisse entraîner par le guitariste du groupe dans un squat de toxicos. Laurent, choqué par la mort de son frère Jean, artiste et toxicomane séropositif, se fait virer du lycée après avoir giflé un gosse. Il avait reconnu un dealer fréquenté par son frère, et voulait protéger le gosse. Il quitte également ses parents pour se consacrer à la musique. Il rencontre à nouveau Jo, lui raconte l’histoire de son frère, et ses craintes d’être contaminé par ses précédentes relations sans préservatif. Du coup, ils vont faire un test ensemble, mais c’est Jo qui se révèle séropositive, à cause d’une relation unique. Laurent retrouve le garçon qui a contaminé Jo. Il est bisexuel. « J’ai 25 ans et je vais crever » (p. 62). Jo également quitte ses parents, qui ne la soutiennent pas ; par contre sa sœur comprend la leçon et quitte le guitariste. Après quelques années d’activités musicales et de bonheur, Jo tombe malade, et au bout de la deuxième hospitalisation, meurt d’une grosseur au cou.

Mon avis

La vision de la maladie est bien noire, ce qui correspond à la chronologie, puisque si la B.D. a été publiée en 1991, l’histoire est censée commencer plusieurs années avant. Les questions que se posent les personnages sont typiques de cette époque, par exemple Laurent demande à son ami musicien Patrick : « tu ne trouves pas que s’ils sont malades, c’est de leur faute… regarde les homosexuels par exemple… » (p. 18), ce qui était une perche pour parler de son frère. L’infirmière qui soigne Jo lui répond : « vous n’êtes pas la seule. Il y a même des cas encore plus injustes que le vôtre » (p. 67). Il s’agit évidemment des personnes infectées par transfusion. Jo se demande « s’ils trouveront un vaccin avant que je meure » (p. 70). C’est donc une B.D. historique, dont la lecture n’a plus d’intérêt que dans ce sens, de même pour le dossier informatif annexé, réalisé par des médecins, qui fait parfois froid dans le dos : « Le SIDA, lorsqu’on est atteint, entraîne inévitablement la mort » (p. 84). « 30 % des nouveau-nés, nés de mères séropositives, vont mourir du SIDA. Les autres resteront orphelins » (p. 91). Enfin, le seul personnage qui représente l’altersexualité, le garçon bisexuel qui a contaminé Jo, est laissé seul dans son désespoir par Laurent. À comparer à L’Avenir perdu, d’Annie Goetzinger et Jonsson, Knigge, paru en 1992, ou à Pedro et moi, de Judd Winick, paru en 2000.

Une recherche sur « La Fondation pour la vie » sur Internet nous apprend ceci : « En automne 1991, la FONDATION POUR LA VIE éditait, avec le soutien de larges milieux dont l’appui déterminant du canton de Vaud, la bande dessinée Jo. Elle fut diffusée par le canal scolaire à tous les jeunes de Suisse romande de 14 à 18 ans. Son succès a été tel que Jo a été traduite en neuf langues et tirée à 1150000 exemplaires dont près d’un million offert à la jeunesse. » On apprend également que le président de cette Fondation était Derib lui-même. Jo a été rééditée en 2001 par Le Lombard, mais j’ignore si la B.D. ou le dossier ont bénéficié d’une mise à jour. Elle n’est plus disponible pour le moment.

 Lire, sur « Culture et Débats » le point de vue de Jean-Yves.

Lionel Labosse


© altersexualite.com 2007
Retrouvez l’ensemble des critiques littéraires jeunesse & des critiques littéraires et cinéma adultes d’altersexualite.com. Voir aussi Déontologie critique.