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Amour, sexe et B.D., pour lycéens et adultes
Amour & Désir, ouvrage collectif
La boîte à bulles, 2008, 320 p., 24 €
jeudi 20 janvier 2011
Une trentaine d’auteurs (scénario ou dessin) sont réunis dans cet ouvrage collectif sur le thème Amour & Désir. Il s’agit d’offrir une sorte de catalogue des (jeunes) auteurs publiés par cet éditeur (que nous avons découvert avec l’excellent À l’ombre des coquillages, de José Roosevelt). Les styles sont différents, mais le recueil est unifié par le format (16,5 x 24 cm) et le choix d’une seule couleur additionnelle, le rose. Le thème imposé par le titre étant large, les auteurs l’ont interprété selon leur sensibilité, et cela peut aller jusqu’à une certaine pornographie, il est bon de le préciser pour les collègues qui cherchent à renouveler l’offre de leur C.D.I. L’homosexualité (surtout masculine) et la bisexualité ont leur place ; il n’y a pas d’allusion à l’univers transgenre.
Pour ce recueil, il n’est pas question de résumer, et donner un avis n’a pas grand sens, car vu l’offre variée, chacun trouvera chaussure à son pied. Je me contenterai de signaler les auteurs qui ont abordé l’homosexualité, et de glaner quelques perles, en renvoyant si possible sur les sites des auteurs pour prolonger la découverte.
Côté hétéro
Parmi les récits hétéros, je relève « Unis dans l’amour » de Caritte, le récit (sous forme de chanson) plein d’humour noir d’un coup de foudre fatal entre un homme et une femme. On pense à « La mort des amants » de Charles Baudelaire ; de même pour un beau conte d’amour et de mort où le héros finit en statue du musée Dapper : « Les cornes de Moulkri » de Joël Alessandra. « Les cours du professeur Fesseur » de Philippe Coudray n’est pas un récit mais une suite d’élucubrations passionnantes sur le rapport entre dégoût et désir. Simon Hureau propose trois histoires, dont une double, qui plongent dans des désirs troubles. Un monstre à trois pattes dans « L’ablation », et un enfant déjà fétichiste des bottines dans « Vingt-huit trous ». Dans ((« Petits instants », Ella Forbin montre un homme et une femme parlant très librement (et intellectuellement) du désir. La pirouette finale suggère qu’il est plus facile d’en parler avec un(e) ami(e) qu’avec son compagnon. « Toutes les filles s’appellent Mathilde » de Samos Teller évoque l’obsession d’un hétérosexuel de 27 ans pour la fille qui vient de le larguer (tout ça au lieu d’aller dans un bar gay ; c’est bien triste la vie d’un hétéro !) Impression confirmée avec « L’ordinaire » d’Ipomée : la triste vie d’un garçon hétéro qui n’arrive pas à concilier amour et désir, pendant que son frère s’envoie en l’air avec des garçons et des filles. Très belle scène à la piscine. Vous verrez sur son blog qu’Ipomée s’est intéressée à l’homophobie. Les histoires qui vont le plus loin dans la sexualité brute sont côté hétéro, avec « Méli-Mélo », sorte de gang-bang en ombres chinoises, de Vincent Henry (l’éditeur de La boîte à bulles qui se lance dans le scénario) et Sylvain-Moizie, et « Jef », de Sylvain-Moizie tout seul, une baise ferroviaire sur laquelle se finit un recueil décidément moins sage que le suggère le gentil Cupidon de la couverture !
Côté homo
Cmax dans « Une fumée de soupirs » aborde l’homosexualité et l’homophobie. Deux adolescents se retrouvent dans la chambre de l’un, dans un environnement de type cité. Ils font l’amour et se font surprendre par les parents, qui excluent le fautif. La dernière planche représente des boîtes de médicaments ; l’auteur a-t-il voulu suggérer un rapport entre homophobie et dépression ? D’autre part, les personnages, y compris dans leurs pauses érotiques, font trop adultes à mon goût. Cmax semble être l’ancien pseudonyme de Maximilien Leroy, qui travaille actuellement si l’on en croit son blog, sur le groupe Manouchian. Soulman [1] joue avec le lecteur en entremêlant dans « J’aime » les vues d’un homme et d’une femme, dont on découvre à la fin qu’ils aiment chacun une personne de leur sexe. Dans « Le jeu de la vérité », Maud [2] imagine un groupe d’amis qui se racontent des histoires, assez banales d’ailleurs, de rencontres amoureuses. Parmi eux, un jeune couple d’hommes. Dans « Amour plastique », Amandine et Drac s’intéressent à une peintre et sa modèle, et au désir qui peut s’immiscer dans leur relation. C’est la seule histoire qui touche – platoniquement – au lesbianisme.
Voir en ligne : Le site de l’éditeur
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[1] S’écrit aussi Soul Man ; impossible de trouver un blog. Les auteurs de B.D. ont la détestable habitude, les bougres, de se trouver des pseudos impossibles, un peu comme Gudule, sauf qu’elle, c’était bien avant Internet !
[2] On atteint là le summum du pseudo impossible à identifier. Sans doute une auteure décidée à devenir hyper-célèbre et à imposer un prénom, comme Barbara !