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Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la Haute-Patate sans jamais oser le demander

M&mnoux, de Lionel Labosse

Publibook, 2018, 550 p., 39 €.

samedi 18 mai 2019, par Lionel Labosse

M&mnoux (à lire comme « même nous » et à classer alphabétiquement comme si l’esperluette était un e) est paru le 22 octobre 2018. À partir de l’histoire de ma grand-mère Irma Martin (1906-2010) & de son mari Maxime Olivier (1900-1973), ce roman retrace plus d’un siècle de vie haut-patatoise. La Haute-Patate est le surnom de la Haute-Saône, et le titre M&mnoux est la déformation du village de Menoux. De même que j’ai changé Menoux en M&mnoux, j’ai changé Port d’Atelier en Port d’Atelle, Faverney en Flaverney, Vesoul devient V’Zou, Besançon, B’zançon, et ainsi de suite. C’est le plus long de mes livres (550 pages, 1 million de caractères, largeur 14 cm, longueur 20 cm, épaisseur 3 cm, poids 640 g) & celui qui m’a coûté le plus de travail. Enquête à la Zola, avec documentation pléthorique, entrevues de témoins dans ma famille, mère, père, oncle, tantes, frère, sœur, cousin(e)s, mais aussi éminents Haut-Patatois & Haut-Patatoises (habitants de Haute-Patate), qu’ils soient M&mnaoriennes, M&mnaoriens ou non. M&mnoux, cela va sans dire, est le meilleur cadeau possible pour votre nostalgique tante Ursule ou votre tonton Roland. M&mnoux est un livre de la France d’en bas, un livre dont aucun des personnages ou presque n’a son bac, aucun ne circule en tram ou en Vélib ou en trottinette, un livre dont l’action se situe dans un département inconnu au bataillon, ignoré des médias urbains.

Couverture de M&mnoux
© Publibook

Rien à voir avec mes livres précédents, dont l’altersexualité était souvent un point central. Le seul clin d’œil, peut-être involontaire, est la présence de cette photo de mariage en couverture, alors que le mot « mariage » figurait dans le titre de mes deux derniers livres !
Les noms des personnages sont changés, non seulement pour ne pas confondre avec la personne vivante, mais aussi parce qu’il s’agit d’un roman, qui ne raconte pas la vie réelle de cette famille & de ce village, mais une vie fantasmée, avec des épisodes inventés mêlés à des épisodes basés sur la réalité historique. J’ai tâché de recréer l’atmosphère d’un village haut-patatois au fil du XXe siècle, ce village présentant une concentration des changements liés à la déruralisation. S’il fallait une catégorie, on pourrait hésiter entre roman du terroir, roman des origines, roman choral ; mais la catégorie improbable d’essai romancé pourrait aussi bien convenir, tant les digressions historiques sont tissées dans la trame narrative. Parmi les documents cités il y a un document réel particulièrement émouvant, le carnet du retour en France de mon oncle Eugène à la fin de la guerre, confié par ses filles. Je n’en ai pas changé un mot, ni même modifié l’orthographe, car il s’agit pour moi d’un document historique unique, aussi respectable que la lettre de Manouchian, toutes proportions gardées car justement nous sommes à la modeste échelle M&mnaorienne, c’est-à-dire dans un village et un département qui me plaisent par leur humilité. L’un des livres qui m’a servi de modèle est l’essai d’Alain Corbin Le Monde retrouvé de Louis-François Pinagot, sur les traces d’un inconnu. L’historien avait choisi au hasard un homme d’un siècle révolu, dans une région qui lui était familière, et avait reconstitué autour de cet homme la vie d’un village de l’Orne, Origny-le-Butin. J’ai tâché d’ajouter la chair du roman à une entreprise similaire, basée sur le couple de mes grands-parents et leur village de Menoux / M&mnoux.
L’esperluette du titre permet de transformer le village réel en un village mythique dans lequel tous les lecteurs puissent se retrouver, quelle que soit leur origine géographique (d’où le jeu de mots : « M&mnoux / même nous »). L’esperluette prend différents sens symboliques, l’un d’eux étant celui de la solidarité dénuée d’individualisme typique de cette vie villageoise révolue. Au moment de la composition du titre, nous nous sommes trouvés confrontés à un problème typographique : l’esperluette a la taille d’une capitale, et pour que le titre ressemble à un mot, nous avons dû réduire la taille de la police de ce caractère, ce qui ne donne pas un résultat très heureux, mais il n’y avait pas d’autre solution. Voici les 5 photos que vous trouverez dans le livre, plus une. Entre les photos, quelques extraits.

La classe de Mme Bassolini vers 1938. P. 213.
Perrette & ma tante Huguette sont les 3e & 4e à partir de la gauche sur le rang du bas. Mme Bassolini & sa chienne Minette sont au 3e rang à droite.
© famille Olivier.

« Nous ne saurons rien de M&mnoux tant que nous n’aurons pas évoqué l’Institutrice & le Curé, avatar rustique du mythe d’Adam & Ève – sinon de Bouvard & Pécuchet – en vigueur au mitan du vingtième siècle. La mère Bassolini fut l’institutrice de mes tantes & de ma mère. Née Reinette Cholley en 1894, sa famille habitait une maison située au cœur du village ; elle ne venait pas d’un autre département, ce qui explique peut-être que malgré ses frasques elle n’ait jamais été mutée. […]
Elle n’était pas favorisée de la nature. Couronnant d’un rutilant diadème les deux steaks de bavette sanglants & bouffis des bajoues, ses yeux globuleux semblaient désireux de s’enfuir de son visage ingrat. Son cou était si large qu’elle enfilait ses colliers par en haut. Dodue des bras, ses avant-bras s’étrécissaient jusqu’à finir en poignets fins & mains menues auxquels les bras disproportionnés transmettaient pourtant une vigueur infernale. Elle se faisait confectionner sur mesure des robes dont les manches en fuseau épousaient cette étrange complexion. Quand il la croisait, le Maxime disait avec son air impassible qu’elle avait l’air d’une grenouille. Les gamins répondaient : « Quoi ? Quoi ? », mais cela ne tirait aucun rire au Maxime, qui n’avait pas songé seulement plaisanter. »

Maxime Olivier, mon grand-père, à l’armée en 1919. P. 298.
© famille Olivier.

« Maxime était plutôt beau gosse à vingt ans, mais quand je l’ai connu vers ses 70 ans, c’était un papy à tête banale de papy pas marrant, la faux en sautoir. Dans ses dernières années, le reflet du grand-père se rasant devant l’évier familial en utilisant les glaces de la petite armoire à pharmacie fixée à droite de cet évier, se grava dans ma mémoire. Il était le Barbe-Bleue du coupe-choux, dont il possédait trois modèles. Un « Souverain Véritable Vincent » pour barbes dures avec sa panne recourbée dépassant du manche qui facilite l’érection de la lame. Un rasoir à lame courte estampillé Deramaix fabriqué dans l’Yonne à Saint-Julien-du-Sault. Mais la crème de la crème pour ce Barbe-Bleue, c’était celui à sept lames de la manufacture de Saint-Étienne, chacune gravée d’un jour de la semaine, le tout rangé serré dans une boîte à peine plus large que celles contenant les deux autres rasoirs ; comme quoi le marketing en matière de rasoirs jetables n’a rien inventé en nous bassinant avec les rasoirs à deux, puis trois, quatre lames ; on n’en est pas encore rendu à sept, mais c’est dans les cartons ! Maxime se mettait en place avec la bassine de tôle émaillée blanche qui servait aux ablutions de tous aussi bien qu’au lavage de la salade & à la vaisselle, la bouilloire sifflant sur le fourneau à bois qui faisait à la fois chauffage central, four & cuisinière, une serviette roulée autour du cou, le savon à barbe en bâton, le blaireau. »

Irma Martin, ma grand-mère, aux alentours de 1924. P. 301.
© Larcher, photographe à Vesoul / famille Olivier.

« Tu nais quelques jours avant Noël, le 21 décembre 1906. Pour ta mère Rose, ta sœur Blanche, ton père Ernest, tu es leur seul cadeau. Avec Blanche & Irma, la famille Martin avait maintenant deux jambes & deux bras, parents & filles. La vie est dure & l’hiver n’arrange pas les choses, même s’il y a moins à faire à la ferme. Devant mon ordinateur, moi qui n’ai ni télévision, ni tablette, ni four micro-ondes, ni la plupart des gadgets modernes, je peine à imaginer ce qu’on fait de sa vie quand on n’a que ses mains & la terre ; ce qu’on faisait de sa vie à M&mnoux au solstice d’hiver en 1906. Il n’y a dans les archives familiales aucune trace photographique de ces temps de vaches maigres ; et d’ailleurs, les photos heureuses ne sont-elles pas trompeuses ? Quand même, maigres ou pas, les vaches ne se traient pas toutes seules, pas plus que le foin ne se fauche, et l’Ernest & la Rose s’y relaient. Ces trois premières années furent-elles le temps le plus heureux de ta vie ? Que sais-je des maladies auxquelles tu échappas ? Quand on survivait un an à l’époque, quand on survivait vingt ans, on avait une chance de durer cent ans. La naissance & la première année de vie vous avaient des airs d’extrusion ; cela vous faisait un rail raide comme un roc & plus un tic-tic jusqu’à la mort. Celle-ci avait assez à faucher dans les berceaux. Blanche & Irma, deux beaux brins de rails qui ont porté la locomotive de leur siècle jusqu’au-delà de ses limites. On en alignerait vingt comme elles, on remonterait à Jésus. »

Ma mère, Jocelyne, vers 1960. P. 463.
© famille Olivier.

« Quand je regarde les photos de cette époque, celle que je préfère & qui me donne l’idée de ce que pouvait être ma mère la représente à bicyclette, le pied posé à terre, serti dans un escarpin très années soixante. Peut-être à tort, je l’imagine sillonnant la campagne haut-patatoise à la façon d’une Bernadette Lafont dans Les Mistons de François Truffaut, icône de ce féminisme en libération surveillée de la période Sartre-Beauvoir, idoles de ma mère lycéenne. »

Photo de mariage de Jeannine & Louis en 1947. P. 515.
© famille Olivier.

Sur cette photo de mariage de mon grand-oncle Louis & ma grand-tante Jeannine en 1947, apparaissent la plupart de mes personnages. 1er rang, de gauche à droite : ma mère Jocelyne pourfendue par la marge ; mon oncle Jean-Pierre, Auguste Lepic, Irma Olivier la vieille (mère de mon grand-père), et devant elle Annie & Chantal, filles de l’oncle Eugène ; les mariés, Louis & Jeannine, mon grand-oncle André & sa femme Blanche, sœur de ma grand-mère ; Henri Picard, le père de la mère de Jeannine, enfin mon arrière-grand-mère Rose Martin. Les 3 fillettes à gauche au-dessus de ma mère sont Yvette & Antoinette Jacques & Liliane Olivier, fille de l’oncle Noël. 2e rang, de gauche à droite, après les fillettes, la tante Yvette & l’oncle Eugène, ma tante Huguette, un enfant de l’oncle Lucien, Perrette, un fils de la tante Céline, ma tante Andrée, Julien, le frère de Perrette, et la dernière sur ce rang est une fille de la tante Hélène. Au 3e rang de gauche à droite, Esther Pérignon, Colette & Philippe Galmiche, la tante Gisèle & l’oncle Lucien, un homme qui était le parrain de Jeannine, flanqué de son épouse, et tout à droite, les parents de Simone Froussat. Au dernier rang, de gauche à droite, un ami d’Auguste Lepic, mon grand-père Maxime Olivier, ma grand-mère Irma, mon grand-oncle Noël et sa femme Hélène. À noter que Jeannine est un personnage particulier dans ma liste des personnages que vous trouverez en annexe du présent article. En effet, elle brouille la succession des générations, étant par sa naissance de la génération de mes parents, mais par son mariage, de la génération de mes grands-parents. Cette photo s’est imposée comme couverture, après une première idée, la photo d’Irma sur sa chaise, que j’ai exclue car je ne voulais pas que cela fasse passer ce livre pour un livre de souvenirs sur une centenaire.

Fall Plowing (1931), Grant Wood (1891-1942)
© John Deere Art Collection

Voici l’autre couverture que j’aurais souhaité, un tableau que j’avais admiré à l’exposition de l’Orangerie sur la peinture américaine des années 1930, fin 2016. Mes moyens ne me permettaient pas de payer les droits dans le cadre d’une édition à compte d’auteur. C’est l’aspect rural qui aurait été mis en avant par ce tableau de Grant Wood, Fall Plowing (Labourage d’automne) (1931).
« Jusque dans les années soixante-dix, le finage m&mnaorien, pour qui se serait hissé au sommet du clocher, dessinait comme l’immense chape chamarrée agrafée aux épaules d’un colosse au regard tourné vers l’ouest, composée de trois pans de tissu assemblés, les soles ou pies de Senoncourt au nord-ouest, celle de Cubry à l’est & celle de Botey au sud.
Sur le devant, l’immense langue du bois de la Vauvre faisait comme une aube verte pour compléter l’habit du colosse de M&mnoux, dont la couleur était rappelée au loin par les grandes taches sombres des bois de Cubry, de Saint-Remy-sur-Deule & de Vannoi dans la direction de Flaverney. Chaque sole portait les mêmes cultures décidées en commun par les paysans qui parfois, quand ils prenaient un peu de recul en contemplant ce paysage depuis le haut-des-vignes, trouvaient du contentement à la vue de leur terre qu’ils avaient plus que labourée, tissée. »
Voici pour finir quelques photos qui ne sont pas dans le livre.

Fiche de démobilisation de mon grand-père Maxime Olivier, 1918
© famille Olivier.

« Maxime est né le 20 mars 1900 & s’il ne fut pas mobilisé à la fin de la guerre ce fut à un cheveu, car on mobilisait à vingt ans, mais pendant la guerre les classes étaient appelées avec six mois d’avance. Les derniers poilus étaient nés en 1899, à part quelques exceptions, des engagés volontaires, d’ailleurs nombreux dans cette région frontalière où en 1914 le mot « Alsace-Lorraine » faisait dresser le poil. Né un an plus tôt, il aurait été ratissé & s’il ne devança pas l’appel, c’est sans doute qu’il était par la force des choses chargé de famille. » (p. 297)

Maxime & Irma Olivier & trois autres personnes non identifiées, devant la gare de Strasbourg, années 1930. Cf. p. 299.
© famille Olivier.

« Une autre photo ancienne non datée, mais sans doute des années trente, peut-être l’œuvre d’un photographe de rue, montre Maxime avec Irma & trois autres personnes non identifiées, en habits du dimanche devant la gare de Strasbourg. Il porte une casquette & un costume avec cravate ; ses joues & sa fossette sont plus marquées, il a une petite moustache à la Hitler – ou à la Chaplin si vous préférez – ce devait être la mode de l’époque. Cette photo retrouvée dans les affaires d’Irma après sa mort a beaucoup surpris dans la famille, Maxime ayant eu la réputation de n’être jamais sorti de son trou. Il s’agit sans doute du seul voyage commun de leur existence. »

Repas du retour des prisonniers, 1945.
© famille Olivier.

« Cette table fut étendue à son maximum de six rallonges pour le mémorable repas de l’été 45 où l’oncle André sacrifia son dernier veau gras au retour des prisonniers, qu’immortalise une photo des convives assemblés dans la rue. Les héros du jour étaient l’oncle Louis & l’oncle Eugène, mais ce dernier ne figure pas sur la photo, sans doute qu’il devait se tenir derrière l’objectif ; une autre photo du même jour le montre avec son frère auprès de mes tantes. Au centre de la photo l’oncle Louis, l’air ravi, trône en chemise blanche, alors que les aînés de la famille, Lucien, Maxime, Noël & même l’oncle André, arborent la cravate pour l’occasion. Avec la tante Gisèle, les cinq doigts de la main étaient à nouveau réunis devant leurs géniteurs. Ma mère, quatre ans à l’époque, minaude à la droite de son grand-père, avec une jolie robe claire d’été.
Mais ce qui me fascine sur cette photo, c’est au premier rang, le Paul & l’Irma, ravis de réunir après la guerre leur descendance indemne. Ils sont posés en chiens de faïence au milieu de la bibliothèque familiale, regardant chacun d’un côté, mains posées sur les genoux. Le Paul n’a pas de cravate, mais une sorte de blouson, moustaches Clemenceau. » (p. 275).

Registre d’état civil : 1er mariage de Blanche et mention de l’erreur lors de sa naissance.
© Lionel Labosse

« S’il n’enregistra pas lui-même le mariage de sa fille, Charles-Étienne Cousin enregistra la naissance de sa première petite-fille Louise-Blanche, notre tante Blanche. À cette occasion il commit un des plus beaux lapsus calami de la chronique m&mnaorienne, à supposer qu’il ait rédigé lui-même l’acte d’état civil. S’il nota bien sur la page du registre le prénom de sa petite-fille « Louise-Blanche », il reporta en marge de ladite page, ainsi que dans le récapitulatif annuel en fin de volume, le nom de « Rose-Charlotte », sa fille, en lieu & place de « Louise-Blanche », ce qui entraîna un rectificatif notifié en bonne & due forme sur l’acte du premier mariage de Blanche. » (p. 57)

Cardes pour carder la laine des matelas
© Lionel Labosse

« On traitait un matelas à la fois, à peu près tous les trois ans & ce travail herculéen monopolisait famille & voisins. Il existe deux versions, que j’aurais aussi bien pu tresser. Côté mère, on ouvrait le matelas, qui dégageait une odeur forte de sueur surie ; on cardait la laine lavée & séchée avec des paires de cardes manuelles ; à supposer qu’à la génération précédente, on utilisait les chardons qui sont à la racine du nom carde. Les cardes étaient des planchettes à manche d’une vingtaine de centimètres sur dix, recouvertes d’une couche de cuir cloutée à travers laquelle étaient fichées des centaines de pointes fines recourbées qui accrochaient la laine. Une touffe de laine était placée entre les deux cardes, qu’on tirait dans le sens opposé pour démêler & étirer les fils. Les enfants s’en chargeaient. Cela donnait des petits carrés de laine, qu’on empilait régulièrement. » (p. 191).

Évier de Rose Martin avec sa goulotte.
© Lionel Labosse

« Son arrière-petit-fils Serge montre encore dans son sous-sol, vestige de la maison de Rose, l’évier de grès légendaire, avec sa « goulotte » pour évacuer l’eau à travers le mur, & la vieille cheminée dont le manteau fut orné de petites fleurs peintes par le Zef, un traîne-savate du pays qui se rendait utile, qui travaillerait plus tard pour l’oncle Noël. » (p. 61).

Auguet, pierre à aiguiser & crochet du coltineur.
© Lionel Labosse

« Les coltineurs portaient les traverses sur leurs épaules à chaque fois qu’il y avait à les déplacer. Des équipes de quatre hommes se relayaient. Il fallait premièrement les descendre pièce par pièce des wagons qui les livraient depuis le lieu d’équarrissage, en les harponnant au moyen d’un pic ou d’un crochet ; c’était le travail du piqueur. » (p. 313). « Avant de manier sa grande faux, le grand-père aiguisait la lame avec une pierre en forme de losange effilé qui reposait dans un auguet, qu’ailleurs on appelle coffin ou coué quand il est en bois. C’était un petit récipient biconique en fer à la panse cannelée, muni d’une anse, attaché à la ceinture, à demi rempli d’eau. » (p. 333).

Arrêt de volet anthropomorphe.
© Lionel Labosse

« La première tâche du matin était d’ouvrir grand cette fenêtre. Héroïquement nous basculions dans le froid notre torse hermaïque, bras tendus, rabattions les panneaux de bois massif & les bloquions sur la façade en redressant les arrêts de volets anthropomorphes, qui avaient passé la nuit culbutés tête & torse-bêche. » (p. 387).

Irma sur son 31 pour ses cent ans !
© Lionel Labosse

« En décembre 2006, le conseil municipal organisa une réception pour la centenaire, réunissant les personnalités les plus édifiantes du canton, les édiles & la partie de la famille qui avait pu se libérer en ce début de vacances de Noël. À M&mnoux, ils avaient voulu lui faire la fête aussi : « Votre place est ici ». De fait, Irma serait enterrée au cœur du vortex de M&mnoux auprès de sa mère & de son époux. Elle était valide & se pomponna pour l’occasion, pelisse noire, écharpe de strass grise. » (p. 471).

Voilà, à vous de voir si vous grevez votre budget de 39 € pour ce livre que j’ai confectionné un peu à la façon des « chefs-d’œuvres » des compagnons du tour de France. J’ai commencé à prendre des notes vers 1998 sans avoir de projet précis. Après la mort d’Irma en 2010, j’ai précisé mon projet et interrogé ma mère, prenant force notes. Je me suis mis à rédiger à l’été 2014, après la parution de mon précédent livre. Le premier jet a été fini le 23 novembre 2014, mais ce n’était que le début d’un long processus. J’ai commencé à envoyer le manuscrit aux éditeurs en avril 2015, sans cesser d’y travailler, d’enquêter et de me documenter ; j’ai essayé les grands, les moyens, les petits, les régionalistes. J’ai reçu quelques encouragements, mais j’ai fini par me décider pour Publibook, renonçant à mes éditions À poil, car malgré deux articles obtenus dans Le Monde, les ventes restaient ridicules. Le résultat est là, et je suis responsable du texte publié à 100 %, n’ayant pas eu recours à un relecteur professionnel. Malgré tous mes efforts, vous trouverez forcément encore une coquille ou un pléonasme. Cela dit je suis fier du résultat. À vous de juger.

 La bibliographie (livres, films, sites) qui a été nécessaire à la rédaction de M&mnoux se trouve dans cet article.
 Voici une liste des personnages que vous pouvez imprimer pour mieux suivre le récit.

Liste des personnages, M&mnoux.
© Lionel Labosse


 Vous pouvez acheter M&mnoux, sur le site de Publibook, mais aussi sur tous les sites de librairies en ligne, ou sur commande dans toute librairie. La librairie des Orgues (4 impasse Joinville 75019 Paris) propose M&mnoux en stock, et une rencontre dédicace y a eu lieu le 14 décembre 2018. Si vous êtes libraire, merci de me contacter si vous souhaitez proposer ce livre ou organiser une rencontre.

 Les critiques peuvent s’adresser à Publibook pour un service de presse.
 Lire la critique de Jean-Yves Alt sur Culture et Débats : « Alors, me direz-vous, quelle utilité à écrire sur des personnes qui ne furent ni des héros ni des modèles ? La réponse est simple. Nul besoin d’exemplarité pour écrire un ouvrage fortifiant. En écrivant des vies, en les « retravaillant », l’auteur offre – à chaque lecteur – une fabrique pour penser littérairement sa propre vie à partir de celles de ses aïeux. »

 Un article de Victor Massias paru dans L’Est républicain du 27 novembre 2018.
« Le livre M&mnoux (prononcez « Même nous ») a été écrit par Lionel Labosse. Il retrace les origines de la Haute-Saône à travers sa famille et le petit village de Menoux.

« J’ai raconté l’histoire de gens qui n’avaient justement pas d’histoire, rien d’héroïque ou d’extraordinaire, des gens qui se sont démenés pour vivre leur vie ». Lionel Labosse, professeur de français dans un lycée à Paris, admet s’être donné un véritable défi pour l’écriture de son livre M&mnoux. Tout a commencé en 2006, année du centenaire de sa grand-mère, Irma. C’est à ce moment-là que l’idée d’un ouvrage sur ses racines a commencé à naître. Lionel Labosse s’est alors mis à prendre des notes sur ce que lui racontaient les membres de sa famille et du village de Menoux. « C’était une enquête à la Zola, avec une documentation pléthorique et beaucoup de travail de terrain, d’investigation », explique-t-il. « J’ai cherché à replacer la vie des gens dans le contexte de la région ». Pour cela, il a reçu un coup de main de sa mère, qui a « passé pas mal de coups de fils », pour la recherche d’information, ainsi que d’un ancien agriculteur pour les questions relatives à la vie paysanne. En 2014, une fois toutes les informations nécessaires récoltées, il a commencé la phase d’écriture. « J’ai voulu me concentrer sur la ruralité et la famille », ajoute l’auteur de M&mnoux. « Le but était aussi de remonter aux origines de la Franche-Comté ». En interrogeant tous les membres de sa famille, pourtant éclatée un peu partout en France, le quinquagénaire a récolté « de nombreuses anecdotes sur ce petit village qu’est Menoux et sur le reste de la Franche-Comté en général ». Un carnet de guerre appartenant à son grand-oncle a même été retrouvé. De quoi faire remonter de forts souvenirs à la surface.

Article de Victor Massias, L’Est républicain, 27 novembre 2018.
© L’Est républicain


 Un article paru dans Les Affiches de la Haute-Saône du 27 décembre 2018.

Les Affiches de la Haute-Saône, 27 décembre 2018.
© Les Affiches de la Haute-Saône


 Un article paru dans La Presse de Vesoul du 6 février 2019. Attention, il y a une erreur dans cet article : je n’ai jamais « fondé les éditions Publibook » !

M&mnoux, presse de Vesoul.
© Lionel Labosse


 Vous trouverez un autre extrait de M&mnoux dans un article sur le thème de BTS Génération(s).
 Vu que ce livre n’aura sans doute droit à aucun article dans la presse, aucune émission de radio ou de télévision, et peut-être seulement deux ou trois articles sur des sites privés, discrimination tellement habituelle dont sont victimes les auteurs auto-édités que personne n’a conscience qu’il s’agit d’une discrimination, je serais très heureux si vous mes très rares lecteurs, me faisiez cadeau de quelques lignes après votre lecture, que je publierai sur un article dédié quand j’en aurai recueilli un nombre suffisant…
 Les inévitables coquilles. Il y en a peu, mais sur un livre de 550 pages relu par son seul auteur, fût-il calé en orthographe, c’est inévitable. Signalez-les-moi !
 « des indicateur objectifs » p. 21. Gasp !
 « ma mémoire a eu raison de celle de ma mère, départagée par mon oncle » (p. 47) : départagées !
 « papier-peint » p. 61 et p. 211), alors qu’on trouve bien « papier peint » p. 494 !
 « couleurs plus gaies que celles qu’impose la tradition comtoise, qui siéent bien dorénavant avec l’ouverture d’esprit des laïcs » : lire « qui siéent […] à l’ouverture d’esprit des laïcs ».
 « Ma cousine Perrette se souvient juste que les oncles n’abordaient jamais le sujet & croit se rappeler que l’oncle Jean était rentré bien après l’oncle Eugène » (p. 282) : lire « oncle Louis » et non pas « Jean ».
 « Premier ministre Chaman-Delmas » au lieu de « Chaban » ! (p. 449).

 Lire le « Livre d’or » de M&mnoux.
 Lire la brève « Un déjeuner avec le sénateur Michel Raison ».

Lionel Labosse


Voir en ligne : M&mnoux sur le site de l’éditeur Publibook


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