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Au pays des Fallas & de la paella.
Valencia, la Barcelone de rechange
Turia, Calatrava, Horchata, etc.
samedi 15 avril 2023, par
Aux vacances de février 2023, je reprends mes habitudes invétérées d’avant la dictature nationale-covidiste, et un billet combiné Paris-Valencia-Barcelone-Paris. Barcelone fait partie des villes dont je ne peux pas me passer, notamment à cause de ma gaudiphilie & de mon amour contre-nature pour la Sagrada Familia. Quant à Valencia, je subis depuis des années des pressions insensées d’amies valenciennes ou hispanophiles me promettant monts & merveilles, alors n’était-il pas temps de voir par mes yeux ? Je n’ai pas été déçu, et sûr, si dieu me prête vie, je retournerai à Valencia, ayant eu la précaution d’en garder sous le coude pour une prochaine visite, peut-être à une saison plus clémente, mais pas trop. Il est difficile de trouver le meilleur moment, car l’Espagne a le vent en poupe question tourisme. Voici donc quelques impressions agrémentées de photos.
Plan de l’article
Aéroports comparés
Vie quotidienne
Statuaire
Les Fallas
Monuments & Musées
Aéroports comparés
Commençons par les aéroports comparés. À Roissy, l’avion pour Valence part de l’aérogare 2G, qu’il me semble ne jamais avoir utilisé bien qu’il soit ouvert depuis 2008. L’aérogare est situé fort loin du F, et il faut emprunter une navette de bus (assez fréquente), qui fait des tours & détours pour relier ce pétaouchnok. Il est assez révélateur de l’efficacité française que cet aérogare ait été prévu si loin à la même époque qu’a été conçu le métro automatique CDGVAL, sans que les deux soient connectés. L’article de Wikipédia indique seulement un vague projet, je cite : « Des mesures conservatoires ont été prises pour une éventuelle extension vers le terminal régional 2G ». Ce sont des vols low cost ou des destinations de moyen courrier qui ne sont guère empruntés par les décideurs, parce que l’air de rien, si vous venez en RER, cela vous allonge d’une demi-heure supplémentaire un vol de 2 h, en plus du temps pour vous rendre à l’aéroport en transports.
Dans cet aérogare récent, j’observe du clinquant pour les sièges, confiés à des designers vintage dont des panneaux vantent bien entendu la carrière, car nos édiles ne peuvent pas faire la moindre chose agréable sans la considérer comme un exploit qui mérite une publicité envahissante, comme – dirait Proust – un cadeau sur lequel on a oublié d’ôter l’étiquette du prix. On se croirait dans 2001, l’Odyssée de l’espace ! Tout le reste : une honte. Même le téléphone ne passe pas. Il est bien évident qu’un aérogare n’est pas un endroit où l’on a besoin de téléphoner de façon pressante ! En France, contrairement au Japon, toutes les cabines téléphoniques ont été supprimées il y a belle lurette pour mieux nous rendre esclaves de Big Tech. Pour avoir la Wifi, il faut se connecter, et alors votre écran se voit envahi d’une grosse bouse : publicité pour Chanel. En 2023, proposer la Wifi dans un aéroport de la « première destination touristique mondiale » est considéré comme un exploit qui nécessite de fliquer & noyer de pub le client !
Le contraste est fort à l’arrivée à Valence. L’aéroport, situé au sud-ouest de la ville, n’est pas très vaste, mais impeccable. Je suis étonné par la perspective d’innombrables tapis de bagages qui me semble disproportionnée vu le peu de voyageurs. Je comprendrai vite que la ville, ou plutôt la région, doit être submergée de visiteurs en été, et peut-être aussi lors des Fallas de mars, dont je n’ai vu que le préliminaire. On est vite aiguillé vers l’entrée du métro, juste à la sortie de l’aéroport. On peut acheter sa carte de transport, ou bien des forfaits touristiques, soit à des machines, soit à des guichets. J’ai opté pour la carte simple, et cela m’a coûté 13 € pour 5 jours, aéroport compris, dont 1 € pour le support que je conserverai scrupuleusement pour ma prochaine visite. Dès lors vous comprenez qu’il s’agit d’une ville économique, et pourtant le métro est non seulement flambant neuf, mais très propre : on n’est pas chez Annie Dingo !
Vie quotidienne
Des orangers colorient gaiement tous les trottoirs, mais les fruits en sont trop amers (j’ai goûté le fruit défendu !), ce qui explique qu’ils restent pour la déco ! Mon hôtel était bien situé, tout près du Parc Gulliver, le long des Jardins du Túria, qui constituent depuis 1986 l’épine dorsale de cette ville (alors que si les habitants n’avaient pas protesté, ce ne serait qu’une autoroute et Valencia n’aurait plus un seul touriste !) La ville est fort sympathique. J’apprécie les immeubles d’habitation. Le long des Jardins du Túria, nombreux immeubles à gradins, que j’aime à appeler immeubles en Ziggourat, mais ce n’est pas correct. C’est une mode architecturale hygiéniste de la fin du XIXe, fréquente en zone balnéaire, mais ça donne fière allure au cours du Turia, avec parfois des cheminées d’usines qui ont été conservées pour la déco. Même ailleurs en ville, certains immeubles d’habitation donnent envie, avec des loggias ou des balcons. La ville est pittoresque, car en plus des monuments, il y a des fresques murales (même en dehors du centre, sur des immeubles entiers) fort bien réalisées. En voici une intitulée « Cocodrilo neoliberal & sabueso del FMI » (Crocodile néolibéral & Chien du FMI), avec la devise « Al país dels cecs el tort és el rei » (Au pays des aveugles, les borgnes sont rois), œuvre de Jose Antonio Espinar, peintre, muraliste et restaurateur catalan professionnel dont on peut lire une entrevue ici. Attention : si vous allez sur son site, vous risquez d’y passer du temps ! Ce mural se trouve rue Cañete, près des tours de Quart. Pour compléter la déco, certaines gouttières ont des embouts anthropomorphes.
Dès le premier jour, j’ai déjeuné pour 11 € tout compris dans un de ces petits restaurants qui pullulent en Espagne. Deux plats roboratifs, bière, pain, café compris ! Les autres jours un peu plus cher, mais quand même bon marché. J’ai photographié un « primer plato » de calamars au verre de vin, modeste « bodegon » (« gargote », mais aussi « nature morte ») ! Je me suis tapé une paella au riz noir avant de me rendre en excursion au sud de la ville, dans le village d’origine de la paella selon la légende, El Palmar, pittoresque avec ses canaux, ses restaurants, ses restaurants & ses canaux (et ses restaus, & ses canaux) [1] ! Il se situe aux confins du parc naturel de l’Albufera, ancienne baie couverte d’alluvions qui abrite un lac et une immense plaine rizicole. À cette saison les bus sont rares & bondés, ce qui m’a empêché d’apprécier car si j’avais fait plusieurs arrêts, je n’aurais jamais pu remonter dans un bus. C’est dommage car je suppose qu’à la belle saison, faute de transports en commun, le trafic doit être engorgé.
Dans les supérettes, les prix sont corrects. Les alcools notamment sont presque moitié prix par rapport à la France, dont les politiciens corrompus nous font boire surtout des taxes, selon le concept de Tyrannie vertueuse. Je n’ai pas fait de folies gastronomiques ; ce n’est pas mon objectif, surtout quand on voyage seul, enfin je me tape un boui-boui, une paella et basta, car un long repas vous prive de visites ! J’ai photographié dans la vitrine d’un restaurant, de la viande en maturation. C’est pas la ville végan !
Les transports publics sont corrects et d’une propreté qui devrait pousser Annie Dingo à se faire hara-kiri. La ville ne cesse d’ouvrir de nouvelles lignes, et on voit grand, comme le montre ma photo du tramway de la ligne 10 dans la partie souterraine. On n’a pas fait dans le chiche, tout est grandiose & rutilant. Le bémol que je pose est que comme partout, on a supprimé les vrais plans papier offerts et affichés sur les arrêts, et notamment pour le réseau de bus, il est impossible de s’y retrouver. Mais c’est un problème mondial qui sévit aussi à Paris : pour nous précipiter dans les rets de Bill Gates, on n’affiche plus nulle part de plan de ville ou de quartier (ou alors vraiment juste les alentours à portée de laisse), et nous sommes plongés dans un univers urbain inextricable. Cela permet de fabriquer des imbéciles ignares, incapables de se situer dans l’espace.
Enfin cet exemple espagnol prouve que le fédéralisme n’est pas la solution plus qu’autre chose : nous sommes entrés dans un système généralisé de crétinisme ou de « tyrannie vertueuse » où chaque chefaillon va rivaliser avec son voisin de bureau pour nous pourrir la vie. Lors de mon trajet vers Barcelone, j’aurai l’occasion de vérifier la réputation désastreuse des chemins de fer locaux. Mon amie m’a dit que cela s’est bien amélioré, mais que ça reste moyen. De fait, malgré la pub promettant le remboursement en cas de retard de plus de tant, j’ai vécu une expérience fort désagréable au départ de la nouvelle gare Joaquín Sorolla. Vous passez un scanner lorsque la voie du train s’affiche, comme dans un aéroport, ou plutôt pire : l’employé a trouvé malin de me faire sortir mon canif que son appareil avait repéré. Donc ce truc moderne repère un canif, mais il faut me le faire sortir pour vérifier qu’il ne s’agit pas d’un sabre de 40 centimètres. Quelle merveille de technologie !
Puis j’ai eu droit à un autre portique pour le contrôle du billet & de l’identité. Long quai sans abri ni distributeur de boisson, ni rien ; impossibilité de retour en arrière pour s’acheter un café. Le train accusera un retard de 30 minutes, sans la moindre annonce pour faire patienter, dans un froid de canard. Aucun doute, nous sommes en UE ! Le TGV descend plein sud, puis remonte à la vitesse de l’escargot. Je suis déçu par les paysages. On ne voit pas la mer, baleines, icebergs, nada ! Mandariniers, maisons cubiques sans âme, paysage industriel. En Corée du Sud ou au Japon, je n’ai jamais eu une minute de retard sur les trains & bus. Le wagon cafétéria est pas terrible & cher, alors qu’en ville, c’est plutôt bon marché. Bref, il n’y a pas qu’en France que le principe de Peter opère !
Passons à un autre domaine : la poste.
J’entre dans une poste pour acheter des timbres. Livres & autres colifichets à vendre, et quand je demande des timbres, la buraliste me regarde éberluée. Elle tape sur son clavier pour trouver une information sur cette chose du Pléistocène. Elle farfouille au fond du bureau et finit par trouver des trucs poussiéreux qu’elle me ramène et me facture au tarif d’une antiquité véritable. À ce prix, seules les personnes dignes d’une reconnaissance internationale auront droit à une carte ! Et elles mettront plus d’une semaine à arriver. Seule solution pour sortir de cette décadence généralisée ? Ben le Frexit, dame !
Statuaire
Ma passion pour les statues urbaines a été passablement assouvie à Valencia. J’ai pu retrouver quelques statues que j’ai photographiées sur ce site : « Escultura Pública en la ciudad de Valencia » (très incomplet et sans ordre). Devant la Plaza de Toros, statue au torero Manolo Montoliu, de Manuel Rodríguez Vázquez. Dans le centre, « El Saque » (1915) de Ignacio Pinazo Martinez (1883-1970), hommage au jeu de pelote valencienne. À l’est de la ville, surréaliste & immense « Hommage au livre », de Juan García Ripollés (né en 1932). Sur la place centrale, statue énigmatique représentant Rafael Guastavino, architecte valencien qui exporta aux États-Unis la technique de construction dite Boveda Tabicada, ou voûte catalane, sur laquelle vous saurez tout dans cet article ; mais dont on reparlera dans l’article sur Barcelone. Il tient une tige arquée en l’air, qu’on prend d’abord pour une épée avant de comprendre qu’il doit s’agit d’un ustensile pour indiquer la forme d’une voûte. Derrière la cathédrale, place de la Vierge, copie en bronze par Florencio Ramón Ruiz, d’une image gothique de l’Archange Saint Michel, anonyme du Xe siècle [2]. Au centre de la même place est la superbe fontaine du Turia de Manuel Silvestre Montesinos (1976), représentation allégorique du fleuve Turia entouré de 8 figures féminines qui représentent les affluents principaux du Turia. Magnifique de nuit. Côté ouest, statue de Cervantès / Don Quichotte que j’ai évoquée dans mon article sur la mise en abyme. Son auteur, Marino Benlliure, est aussi l’auteur de l’attendrissante « Fontaine des enfants », qui a été déclinée en bronze ou en marbre un peu partout, si on regarde sur Wikicommons.
Les Fallas
Les Fallas, ou « falles » en valencien, sont des festivités traditionnelles (comprenez « d’extrême drouâteuh ! » qui ont lieu à la mi-mars à Valence, précédées de préliminaires depuis le dernier dimanche de février. Notons d’abord que les Valenciens semblent moins à cheval sur leur langue propre que les catalans. Je ne suis pas un spécialiste (je baragouine l’espagnol, selon la phrase que j’ai apprise par cœur depuis l’âge de 16 ans : « no hablo español, sino que lo chapurreo »), mais le valencien me semble à mi-chemin entre le castillan et le catalan, enfin si vous lisez l’article de Wikipédia, c’est plutôt une sorte de dialecte catalan, parlé par un moindre pourcentage de la population, notamment les immigrés soit intérieurs à l’Espagne, soit extérieurs. En tout cas, l’usage fluctue, et l’orthographe castillane « fallas » est utilisée sur la grande affiche que j’ai photographiée sur les arènes centrales (en face de la gare du Nord). Pour indiquer les noms des rues, il y a souvent deux pancartes dans les deux langues, plutôt qu’une seule pancarte bilingue. Mais revenons à nos moutons.
J’ai eu la chance d’assister à la « crida », qui a lieu le dernier dimanche de février. Cela consiste en des défilés de bandes musicales venues d’Espagne et même de France, suivis le soir d’une criée où la « Fallera mayor », disons la reine des Fallas, appelle solennellement les participants. J’ai vu les préparatifs, mais je ne m’y suis pas rendu le soir car j’avais déjà bien rempli ma journée, et c’était loin de l’hôtel. J’avais été très ému par les défilés des bandes en fin de matinée ; il faut dire que je suis attiré par tout ce qui est fêtes locales. Vous verrez mes photos.
Chaque groupe répétait sa chanson, disons que c’était comme le festival de Rio en miniature, bon enfant. Mais chaque groupe avait son chef d’orchestre sérieux comme un pape, et les partitions ornaient les instruments. J’ai bien aimé prendre le reflet des musiciens dans les cuivres, et puis si les plus belles jeunes femmes sont mises à l’honneur en tant que « falleras », les plus beaux garçons ne sont pas en reste, et tapent avec entrain dans la grosse caisse ! La photo de la cour d’honneur de la Fallera mayor, que j’ai prise dans le dépliant de la fête, photo assortie des noms des 12 jeunes femmes, atteste d’un peuple qui ne semble pas prêt au « grand remplacement », et fier de ses traditions. Toutes ces femmes, y compris les petites qui avaient aussi leur photo, semblent des Valenciennes de souche. D’ailleurs dans la ville, s’il y a des immigrés, on a l’impression qu’il s’agit de travailleurs ou d’étudiants, mais pas de traînards patibulaires, c’est-à-dire cette immigration mafieuse de peuplement comme celle que manigance notre Annie Dingo, condamnée parce qu’elle accordait une subvention à une ONG qui alimente l’immigration clandestine en Méditerranée. Ces falleras arborent une coiffure imitée de la célèbre sculpture de la culture ibérique, la Dame d’Elche.
Le dernier samedi de février, juste avant cette criada, j’avais assisté à une modeste manifestation pour la paix, qui suivait d’ailleurs un appel mondial. Ça fait plaisir de voir que l’extrême-drouâteuh, la méchante pacifiste, fait des émules ici aussi. Il y avait aussi en ville de gentils bellicistes « de gôche » qui se baladaient avec un drapeau ukrainien, bien entendu, !
Monuments & Musées
Le centre historique est mal desservi par les transports, mais il n’est pas immense, et il y a des bus, mais sans plans sur les arrêts de bus, difficile de s’y retrouver. « Estacion del Norte » (València-Nord) est l’ancienne gare qui se situe plutôt au sud du centre de la ville. La gare Joaquín Sorolla a été construite dans son prolongement, un peu plus au sud, et elle est destinée à la remplacer totalement pour faire de ce joyau art nouveau construit dans les années 1906-07 un lieu de culture & de divertissement. Voyez mes photos des mosaïques & du hall. Dans le centre, je n’ai pas pu visiter les bains de l’Amiral, fermés pour travaux.
Le musée des beaux-arts de Valence est magnifique. J’y ai fait une récolte abondante de crucifixions, à retrouver dans l’article dédié. Il y a un très beau Tryptique de la Passion de l’atelier de Jérôme Bosch, dont j’ai photographié le panneau central. Parmi les œuvres modernes, j’ai beaucoup apprécié Terre Mère (Madre Tierra) (1936), de Horacio Ferrer de Morgado (1894-1978), peinture du monde rural que j’aurais appréciée comme illustration de mon roman M&mnoux.
La muraille médiévale n’a laissé que la forme de la vieille ville (enfin c’est facile, au Nord ça longe le Turia) et deux anciennes portes, les Torres de Quart (Tours de Quart) du XVe siècle, et les Tours de Serranos, du XIVe (avec une magnifique gargouille que j’ai prise). Les premières se visitent gratuitement ; les deuxièmes je ne sais pas car à mon passage elles étaient fermées pour les festivités des Fallas. Je suis tombé en admiration devant l’escalier en colimaçon de la tour, qui m’a semblé à la source de l’inspiration de Gaudi pour les escaliers de la Sagrada Familia. Au XVe siècle, sans ordinateurs, les tailleurs de pierre savaient faire cela de façon empirique : des marches taillés à la main pour dessiner au centre une sorte de corde qui ondule de bas en haut et laisse pénétrer la lumière de haut en bas. On caresse cette échine de diplodocus docile lors de l’ascension & de la descente.
L’élégant & reposant bâtiment du Centre Culturel la Beneficencia abrite à la fois le musée de la Préhistoire et celui d’ethnologie. Le premier abrite le fameux Apollon de Pinedo, beau jeune homme vieux de 2000 ans. Le second propose entre autres une reproduction de la fameuse Dame d’Elche, mais l’ensemble vaut vraiment la visite, même si ce n’est pas très photogénique, d’autant que ça ne coûte rien (2 € je crois). Dans la cour, vous pouvez vous reposer sous l’ombre d’un immense figuier.
Le Centre del Carme (CCCC) est entièrement gratuit, et c’est une bonne idée. En effet, assez tiède côté art contemporain, je n’aurais sans doute pas payé pour voir une magnifique exposition consacrée à Jaime Hayon, artiste polyvalent né en 1974, en me disant que ça aurait de la chance d’être de la daube wokiste. De loin ça peut paraître tape à l’œil, mais quand on regarde de près, salle après salle, on comprend que le type touche à tout, mais que semblable au roi Midas, tout ce qu’il touche se transforme en or (alors que pour Macron, tout ce qu’il touche se transforme en corruption !) J’ai même acheté la catalogue pour offrir à un ami !
La Loge de la soie (Lonja en castillan) est la Loge des marchands, bourse de commerce construite à la fin du XVe siècle. Un joyau inscrit au patrimoine de l’Unesco. Dans la salle principale aux colonnes, une voûte de croisée d’ogives couronne des colonnes hélicoïdales de 16 mètres, tout cela représente le paradis, avec une frise tout autour de la salle qui rappelle aux marchands leurs devoirs de Chrétiens. Les mondialistes actuels feraient un AVC en entrant dans cette salle ! Les gargouilles à l’extérieur du bâtiment sont spectaculaires, et au pourtour du porche, on détaille des bas-reliefs pittoresques voire lestes, comme celui-ci qui représente un journaliste de grand chemin interviewant Macron.
Le Marché central de Valence était fermé pour travaux lors de mon passage, je devrai donc y retourner ! À proximité se trouve l’étonnante Plaza Redonda, Place ronde, qui date du XIXe, entourée d’immeubles d’habitation cossus. On peut l’admirer en grimpant à la tour de l’Église Sainte-Catherine de Valence, fondée au XIIIe mais constamment rebâtie depuis. L’escalier en colimaçon a de l’idée mais pas de style, comparé à ses confrères locaux ! On constate quand même que l’absence d’électricité remuait les méninges des architectes ou simplement des constructeurs pour faire entrer la lumière, et peut-être laisser la place à une corde.
Juste en face de l’église, on ne manque pas la Horchateria de Santa Catalina, où l’on déguste confortablement (ou à emporter) la meilleure horchata de la ville. C’est une boisson blanchâtre élaborée à partir de tubercules de souchet et de sucre. Elle se touille dans une profonde marmite en acier et se verse devant vous. On la déguste accompagnée de beignets allongés appelés « fartons ». Je m’attendais à ne pas en trouver car la récolte des souchets n’est pas commencée, mais peut-être en ont-ils congelé des tonnes ? J’en ai même eu, avec une marmite mobile, devant le Musée des sciences… C’est délicieux & nourrissant, et je n’ai pas essayé les fartons. Une amie m’avait menacé d’excommunication si je ne la goûtais pas, et un ami m’avait menacé d’excommunication si je ne lui en rapportais pas une bouteille d’une marque commerciale paraît-il fameuse, qui se vend en épiceries !
La Cathédrale Sainte-Marie de Valence est à se réserver par beau temps en fin de séjour. Elle abrite le Saint Calice (enfin le vrai de vrai), exposé dans une vitrine, au centre d’un magnifique retable en albâtre. On ne peut pas visiter la nef, réservée aux fidèles, mais on escalade le clocher d’où l’on apprécie une vue panoramique & centrale sur la ville (d’où l’idée d’y aller en fin de séjour). J’y ai pris cette photo de la Cité des arts et des sciences avec son pont-harpe (cf ci-dessous), devant le port de commerce.
J’ai visité aussi le Musée National de Céramique (qui était d’ailleurs gratuit le week-end). La bâtisse, grande choucroute cubique, était déjà impressionnante, et l’intérieur intéressant. Voyez la cuisine et une petite fontaine avec un enfant et une oie (Léda ?).
Les Jardins du Túria sont un must, et sans cette réalisation pharaonique, on ne visiterait sans doute plus guère la ville. J’ai déjà évoqué les immeubles en gradin, qui donnent de l’ampleur au paysage. Il faut y ajouter les ponts, qui apportent un intérêt varié. J’adore le Puente del Reino de Valencia (Pont du Royaume de Valence) avec ses photogéniques gardiens du pont en bronze. Il date de 1999. Le Pont aux fleurs est une gigantesque jardinière de géraniums, très photogénique. J’ai évoqué dans mon article sur la mise en abyme, le Parc Gulliver, une statue couchée de Gulliver que l’on escalade en famille. Sur le côté, le chapeau du personnage abrite une reproduction modèle réduit de la statue avec son chapeau, etc. Sous le pont proche du parc, photographié un graffiti (pas terrible esthétiquement) : « Si la vida te da la espalda, tocale el culo » (Si la vie te tourne le dos, touche-lui le cul).
La Cité des arts et des sciences s’étend au sud-est de Valence, à la suite des Jardins du Túria. Ce complexe dessiné notamment par le célèbre architecte et ingénieur Santiago Calatrava (né en 1951), a été inauguré à partir de 1998. Je n’ai visité que l’extérieur ; je garde l’intérieur pour une prochaine visite. Les bâtiments principaux du Nord au Sud sont premièrement le Palais des Arts Reine Sofía, qui abrite un opéra. Il a une forme de coléoptère, avec une sorte d’élytre unique qui l’abrite & constitue une prouesse de bâtisseur absolument gratuite : ça ne sert à rien, c’est juste du chiqué. Sur le côté, c’est l’Umbracle, tonnelle constituée d’une succession d’arcs paraboliques rappelant la voûte caractéristique de Gaudi ; il abrite un jardin botanique, des palmiers & une discothèque l’été. L’Hemisfèric est un planétarium, en forme d’œil. Le Musée des sciences Príncipe Felipe est immense et alléchant, avec sa forme de grand râtelier blanc ; le Pont de l’Assut de l’Or a une forme de harpe avec son pylône qui soutient tous les câbles. L’Oceanogràfic, signé par l’architecte Félix Candela, est le plus grand aquarium d’Europe…
Je me suis amusé à photographier la station du tramway de la ligne 10, juste en face de ce titanesque ensemble couronné par cette aile inutile au-dessus de l’opéra, qui a dû à elle seule engloutir des millions. Vous pouvez constater sur la photo que le brillant ingénieur qui a mis cet auvent au-dessus des quais, a fait en sorte que l’ombre n’abrite personne sur le quai ; elle est de l’autre côté, où ils n’ont pas mis un seul siège. Des millions pour un truc tape à l’œil et pas 10 000 € pour que les gens qui viennent admirer le truc tape à l’œil attendent le tram sans cuire… Nous sommes en Espagne, l’été il fait 40°. Pas étonnant que les Valenciens aient une dent contre ce projet ! Enfin rassurons-les : nous, sans Calatrava, juste pour des voitures électriques & des rats, Annie Dingo nous a endettés sur trois générations ! Et je ne parle pas des abribus pourris en plastoc qui ne nous protègent ni de la pluie, ni du vent ni du soleil. Vous remarquerez bien sûr la caméra de flicage en haut à droite de la photo. Là, il y a du fric !
J’ai repris les transports pour aller côté Nord, enfin rive droite du Turia, voir la marina et le début des immenses plages. Effectivement, il y a de la place, et Barcelone doit souffrir de la concurrence, enfin ce n’est pas mon domaine. À cette saison bien sûr, les plages étaient plus ou moins désertes, mais la promenade bien fréquentée.
Au revoir, Valence ! Mon petit voyage s’est poursuivi par Barcelone, mais c’était mon troisième ou quatrième séjour.
– Retour à mes photos de Valence (février 2023) ici.
– Lire cet article sur « Bilbao & Madrid ».
Article et photos : Lionel Labosse.
Voir en ligne : Photos de Valencia (février 2023)
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[1] J’oubliais : il y a aussi des canaux & des restaus…
[2] Alors que j’écris ces lignes on apprend que les wokites français (enfin si peu français) continuent leur travail de sape et obtiennent des mêmes pouvoirs publics qui ont organisé la terreur sanitaire, le déboulonnage d’une statue de Saint-Michel.