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Oiseaux anthropomorphes, pour les tout petits
Mes deux papas, de Juliette Parachini-Deny & Marjorie Béal
Des ronds dans l’O jeunesse, 2013, 24 p., 10 €
samedi 8 février 2014
Cet album se base sur une métaphore animale, comme Tango à deux papas et pourquoi pas ? Il est plus simple et s’adresse aux tout petits. Deux oiseaux mâles recueillent un œuf abandonné, l’élèvent et l’envoient à l’école. Texte de Juliette Parachini-Deny ; dessins de Marjorie Béal.
Tom & Enzo « qui aimeraient tant avoir un bébé » tombent par hasard sur un œuf abandonné. Ils le protègent en attendant le retour des parents, mais rien ne vient, alors ils couvent l’œuf. Un, ou plutôt une oiseau finit par éclore ; et de s’écrier aussitôt avec un sens déplumant de l’a-propos : « PAPAS ! ». Eux la baptisent « Lilou ». Saut dans le temps, c’est la rentrée des classes. Un oisillon demande un jour à Lilou « pourquoi elle a deux papas » : « Lilou reste sans voix… elle ne sait pas ». Les deux papas expliquent « qu’ils s’aiment et qu’ils l’aiment ».
Voici un album très attrayant. Dans le petit nombre de pages disponible, on ne peut pas tout dire. L’angle choisi est la métaphore animale, et l’histoire est très anthropomorphe. On apprécie que les deux papas n’aient pas accaparé l’œuf sans vérifier qu’il s’agissait bien d’un orphelin. La fin nous laisse un peu sur notre faim : s’il est bon de suggérer aux parents « homoparentaux » aussi bien qu’« hétéroparentaux » de prévenir ce genre de questions en expliquant le plus tôt possible l’origine d’un enfant obtenu par adoption ou de toute autre manière sortant de l’ordinaire, on regrette que les explications en restent à « on s’aime, on t’aime ». Pourquoi ne pas préciser que l’enfant connaît bien son origine biologique distincte de sa parenté actuelle ? Et la mention de l’étiquette « homoparentalité » en plein milieu de la 4e de couverture nous semble une mauvaise idée, d’une part parce que cela restreint la liberté de lecture, d’autre part parce que ce mot à la mode est trop restrictif, et que cet album nous semble davantage parler d’adoption que d’« homoparentalité », terme auquel nous préférons « alterparentalité », laquelle englobe d’ailleurs la parentalité par adoption, quel que soit le sexe des parents. Pourquoi enfermer d’avance dans ce mot-là la lecture des enfants ? Les dernières pages de l’album précisent : « Toutes les familles ne sont pas pareilles ! », alors pourquoi créer une catégorie particulière pour « deux papas », et que faire, par exemple, d’un enfant qui se retrouverait avec « deux papas » dont un bisexuel et une maman hétéro, au gré d’une famille recomposée ?
– Mes deux papas bénéficie du label « Isidor ».
Voir en ligne : Le site de Juliette Parachini-Deny
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