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Le délire généralisé ne date pas du Covid-19.

Épidémies. Vrais dangers et fausses alertes, du Professeur Didier Raoult

Michel Lafon, 2020, 176 p., 12 €

samedi 8 août 2020, par Lionel Labosse

Le Pr Didier Raoult (né en 1952) est devenu une personnalité de 1er plan en 2020 [1] lors du délire mondial provoqué par ce qu’il appelle le « coronavirus chinois » (p. 96). En effet, la plupart des pays que l’on croyait démocratiques, ont brutalement décidé d’imiter les méthodes dictatoriales chinoises pour lutter contre un virus, au lieu de le soigner par la médecine comme dans le temps d’avant (vous vous rappelez peut-être si vous avez plus de 40 ans, il n’y avait pas d’Internet, pas de télétravail, pas d’applis, et les médecins généralistes nous soignaient). Des gouvernements « démocratiques » comme le nôtre, ont mis tout le peuple (enfin tous les gens solvables, ces boloss qui respectent la police) en prison, et promulgué des décrets pour interdire aux médecins de soigner les malades. Car le Pr Didier Raoult et son équipe de pointe de professeurs & médecins de l’IHU Méditerranée Infection ont mis au point, dès l’arrivée du coronavirus en France, en février 2020, un protocole simple & peu onéreux, à base d’hydroxychloroquine & d’azithromycine, qui permettait de soigner & sauver 99,5 % des malades, et en plus, de les rendre non contaminants en 72 h, ce qui, étendu à tout le territoire, aurait permis, associé à un testage volontariste comme ils ont été les seuls à le faire massivement en France, d’éradiquer la maladie en quelques semaines. Toute une clique de médecins véreux & Véran se sont empressés de disqualifier ce traitement au profit d’un traitement constitué de paracétamol & camomille. Au début de la crise, le gouvernement et son prétendu « conseil scientifique », nous interdisaient carrément de porter des masques et condamnaient les gens qui en vendaient, puis brusquement ont décidé de faire verbaliser les gens qui n’en portaient pas dans les transports publics ; par contre sur le protocole Raoult, ils n’ont jamais changé d’avis malgré les preuves accablantes de partialité & de nullité scientifique des pseudo-études sur l’hydroxychloroquine dont il a fini par être prouvé que la toxicité était un mensonge monté de toutes pièces. Et la presse des Cracheurs s’en est mêlée pour vilipender Raoult sous prétexte qu’il était applaudi par les gueux et les éboueurs. On l’accusait dans Le Monde de fake news, alors que c’est Le Monde qui ne fait que propager des fake news en la matière. Comme disait ma grand-mère, il mieux vaut être applaudi par des éboueurs que par des ordures.
J’ai eu un mal fou à me procurer ce livre dans la librairie de mon quartier, livre publié en mars, vite épuisé, puis mis à jour et réimprimé. J’ai fini par l’obtenir le 26 juin, au bout d’un mois d’attente, mais sachez que comme jadis Pif Gadget, il est livré sous blister avec une boîte de Plaquénil en cadeau ! Au-delà de la pandémie actuelle, on apprend beaucoup dans ce précis sur le délire mondial concernant les maladies infectieuses, la désinformation d’État massive, la gestion aberrante des crises, qui ne datent pas du Covid-19. Il s’agit d’un livre de 176 pages, qui se contente de dresser le tableau pour les non-spécialistes. Il est assez simple à lire, même si certaines phrases manquent de clarté, et j’ai même relevé des coquilles – responsabilité de l’éditeur – ce qui n’est pas sérieux pour un livre si court à sa 2e édition d’avril 2020 qui comporte « un chapitre plus long sur le Coronavirus » (p. 13). Raoult est un scientifique passionné, Indiana Jones de la médecine qui va lutter à mains nues contre le typhus au Burundi, comme il en existe sans doute fort peu, à côté des familiers des congrès, des repas offerts par Gilead & autres croisières de labos. À aucun moment il n’essaie de faire joli, et s’il exprime espoirs & déconvenues, il n’établit pas un programme de candidat à quelque poste que ce soit. Laisser son nom à l’histoire des sciences suffit à son bonheur, mais je suis désolé de lui apprendre qu’il aura sans doute une statue à Marseille et qu’à Bujumbura, une statue de blanc lui sera boulonnée ! Si ce n’est pas fait, parmi les émissions inoubliables auxquelles il a participé, voyez en priorité son audition par la mission d’information de l’Assemblée nationale, le 24 juin 2020, un grand moment de démocratie. En ce qui concerne les conflits d’intérêts, Raoult n’a pas de fiche sur le site Transparence santé, et sur les deux professeurs de l’IHU de Marseille qui ont été le plus médiatisés, Le Pr Philippe Parola et le Pr Éric Chabrière, le premier a en tout et pour tout deux repas en 2016 et 2017, quand il était à la Timone, et le second, rien du tout. Serait-ce une déontologie de l’IHU d’exiger de ses collaborateurs qu’ils refusent de picorer dans la mangeoire de l’industrie pharmaceutique ?
Une dernière chose : comme Francis Lalanne, lui aussi marseillais, le Pr Raoult porte les cheveux longs. Quand j’étais lycéen, j’étais admirateur de ce chanteur (et le suis encore). J’avais noté à quel point le fait de porter des cheveux longs à l’époque autorisait tous les cons homophobes à trouver dans ce détail un argument scientifique pour dénigrer un artiste. Il est révélateur de constater que 40 ans plus tard, le fait de porter des cheveux longs, quand on est Marseillais et talentueux, autorise toujours à vous cracher dessus. La seule différence est que les cracheurs ne sont plus homophobes [2].

<https://www.youtube.com/watch?v=HKw...>

L’épouvantail qu’on agite sous nos yeux

« Dans ces conditions, brandir chaque jour le nombre de nouveaux cas et de morts comme un épouvantail ne sert qu’à provoquer des réactions disproportionnées par rapport aux risques réels qui, eux, ne peuvent qu’être négligés dans le même temps » prévient la 4e de couverture, qui présente l’auteur comme « microbiologiste mondialement connu ». Dans la préface, Raoult fait l’inventaire des maladies que les médias nous agitent sous les yeux alors que pour la plupart elles sont rares et peu létales : « J’ai eu l’occasion de dire que, sauf pour la vache folle pour laquelle je ne tiens pas les comptes, toutes ces maladies n’avaient fait que 4 morts depuis vingt ans en France métropolitaine. Alors que le nombre d’accidents de trottinette pour l’année 2019 a été finalement de 11 dans ce même pays. Toutes ces alarmes lancées dans le pays, toutes ces affiches dans les aéroports pour quelque chose qui a fait 4 morts ! Sans compter les milliards dépensés pour des médicaments qui n’ont pas vu le jour, et des vaccinations qui n’ont pas abouti. » C’est cette phrase que les cracheurs de la presse d’État et les médicastres de plateaux-télé ont tirée de son contexte pour disqualifier Raoult, quand il ne parlait que des maladies survenues jusqu’en 2019.

Le 1er chapitre est consacré au charbon, et aux enveloppes envoyées à des personnalités aux États-Unis contenant un peu de cette bactérie, après les attentats de 2001. Les enquêteurs identifièrent en peu de temps un ancien ingénieur de la base américaine de guerre bactériologique qui avait des antécédents psychiatriques, et avait emporté des spores de cette bactérie lors de la fin de ce programme en 1972. L’affaire était réglée, mais la panique mondiale n’eut pas de fin, avec des quantités de poudre blanche envoyée par des plaisantins ici ou là. Une « information grise » (infox prétendument confidentielle) circula ensuite sur une prétendue souche de variole possédée par Saddam Hussein, qui entraîna un film catastrophe, et fit paniquer certains dirigeants. Les États-Unis firent vacciner les militaires, ce qui entraîna la mort de cent d’entre eux car le vaccin était risqué. En 2005, Colin Powell n’hésita pas à agiter un tube de poudre blanche pour faire croire que Saddam Hussein (encore lui) possédait l’anthrax. Dès cet épisode, Raoult identifie un processus qui se reproduit aujourd’hui : on persuade les politiques de commander une grande quantité d’un médicament très cher, alors que selon Raoult, « cette maladie était « parfaitement traitable avec des antibiotiques simples comme la pénicilline ou la doxycycline » (p. 24). Raoult a depuis longtemps été mandaté comme expert par les ministres de la santé, comme Jean-François Mattei, mais ses avis ont souvent été écartés pour des raisons irrationnelles. Par exemple dans ce rapport sur le bioterrorisme (2003) dont il avait réussi à faire étendre le champ aux maladies transmissibles. Je suis allé le voir en ligne, et je relève que dès 2003, Raoult préconisait déjà à la p. 280 : « Renforcer l’information sur les conflits d’intérêt, éventuellement sanctionner les manquements à la transparence dans ce domaine par une exclusion des structures en cause (AMM, comité du médicament). » Il avait également préconisé de « surveiller la mortalité par tranche d’âge et par zone » (p. 29), sur le modèle du CDC d’Atlanta, que je connais bien parce que c’est lui qui, juste à partir de quelques cas inhabituels, avait très vite repéré l’émergence du sida et la légionellose. Dans le même rapport, il avait préconisé aussi la « pharmacosurveillance », aussi pratiquée à Atlanta. C’est lors de la canicule de 2003 que, alerté par un grand nombre d’annonces de mort, il se rappelle un épisode semblable qu’il avait vécu en 1983. Il convainc le ministre Mattéi de mettre en œuvre sa recommandation de façon rétrospective (étudier les données de mortalité), ce qui fera apparaître des pics de mortalité qui n’avaient pas été perçus, comme la canicule de 1976 et certaines grippes saisonnières particulièrement virulentes.
Le chapitre 3 consacré au chikungunya à La Réunion pourrait être médité en 2020 : si l’on avait adopté sa préconisation de pharmacosurveillance, on aurait constaté une « rupture de stock de Doliprane dans toutes les pharmacies de l’île. Cela aurait dû alerter, dès cette époque, sur l’existence d’un phénomène très anormal, mais ça n’a pas été le cas. En revanche, la consommation majeure de Doliprane pour les douleurs liées au chikungunya a été accompagnée d’une mortalité non négligeable du fait que le Doliprane en surdose provoque des atteintes hépatiques majeures qui peuvent être mortelles, ce qui justifie d’ailleurs depuis un meilleur encadrement de sa prescription. En fait, ce n’est pas le chikungunya qui a tué, c’est la lutte contre les douleurs qu’il provoquait. » Cela dit, même s’il a alerté sur le risque d’importation en métropole, le Pr est désabusé : « Pourtant, cet épisode a laissé des traces et tous les étés nous avons des alertes considérables et disproportionnées sur ce risque qui est entièrement marginal et qui n’a tué personne en France métropolitaine » (p. 38). Le chapitre consacré à la « folie ébola » est hallucinant, car je découvre à quel point État et médias nous ont manipulés à l’époque. « Concernant les hommes, la maladie se transmet en particulier par le sang, mais pas du tout par voie respiratoire. À la condition d’être attentif à ne pas avoir de contact direct, la maladie est peu contagieuse » […] « Une des raisons majeures de contamination est le lavage des morts à mains nues qui, lors des fièvres hémorragiques, est une source de transmission importante » (p. 41-42). Or ce virus a été instrumentalisé par l’administration pour imposer des précautions disproportionnées : « nous n’avons plus le droit d’avoir de l’ADN ou de l’ARN de ces virus considérés comme extrêmement dangereux. Ce qui veut dire qu’on ne peut plus faire les tests » (p. 49). C’est l’histoire délirante d’un patient qu’il a fallu ne pas soigner en attendant le retour de tests envoyés à Lyon en plein mois d’août, histoire que Raoult a racontée lors de son audition à l’Assemblée !
Le chapitres 5 est consacré au SARS et aux infections respiratoires : « Le SARS a déclenché une panique disproportionnée pour une maladie qui est apparue sans qu’on comprenne pourquoi et qui a disparu en août 2003 sans qu’on sache pour quelles raisons. Peut-être cette maladie n’était-elle que saisonnière. Elle a touché relativement peu de gens, car au total, sur la surface de la Terre, à peu près 800 personnes en sont mortes, alors que la mortalité annuelle due à des infections respiratoires virales et bactériennes de l’époque se situait entre 4 et 5 millions » (p. 56). Cette expérience explique que Raoult, comme à peu près tous ses collègues, ait sous-estimé au début le risque Covid-19 ; sauf que lui, dès qu’il a compris qu’il s’était mépris, il a pris le taureau par les cornes et trouvé le remède. Mais sur le vaccin contre la grippe, là encore, le professeur nous en apprend une bonne : « En effet, le vaccin tel qu’il est prescrit par exemple en France est souvent inefficace car avec le temps qui passe, chez l’Homme, chaque décennie est associée à une baisse d’efficacité vaccinale très importante, et en pratique, après 70 ans, le vaccin marche de moins en moins. Donc pour protéger les sujets âgés il faut vacciner les enfants petits. Cela a d’ailleurs été prouvé au Japon, où l’abandon de la politique de vaccination systématique des enfants lors de leur entrée à l’école a été accompagné d’une augmentation considérable des grippes chez les sujets âgés » (p. 61).
Le chapitre 6, consacré à « la grippe aviaire : une maladie fantasmatique » pose une base informative que j’ignorais : « Les virus de la grippe, et notamment le plus commun, le virus A, ont deux protéines majeures : l’hémagglutinine, qui détermine un type appelé H, et une autre protéine, la neuraminidase, qui détermine la dénomination N. Ainsi, le premier virus identifié, celui de la grippe espagnole, a été appelé le H1N1 et les autres virus présentant des variations de ces deux protéines ont petit à petit eu une dénomination chiffrée » (p. 65). Je n’ai pas très bien compris la transition entre épizooties (épidémies chez les animaux) et zoonoses (épidémies transmises par les animaux à l’homme), mais j’ai retenu ceci : « Or le saut du virus du porc à l’Homme est beaucoup plus fréquent et beaucoup plus facile que le saut direct des oiseaux à l’Homme. Ainsi, fréquemment, les mutants grippaux importants ont eu ce passage oiseau-recombinaison chez les porcs-transmission à l’Homme, chez qui ils deviennent transmissibles aux autres hommes » (p. 67). Une alerte disproportionnée est donnée par l’OMS, mais « En réalité, la grippe aviaire, jusqu’en 2008, tuera dans le monde moins de 250 personnes, essentiellement en Asie, dans les pays développés et aucun en France, bien entendu. Mais la grippe aviaire aura suffi à terrifier tout le monde, y compris les plus hauts responsables européens » (p. 69). Raoult n’en parle pas, mais une mesure fort simple à prendre serait de limiter le nombre d’animaux par ferme. Il décrit l’engrenage qui se crée, et qui fonctionne toujours à fond la caisse en notre époque coronavirale : « Outre le vaccin, cette fausse alerte, dans laquelle l’ancienne directrice de l’OMS, Margaret Chan, avait joué un rôle important, va marquer cette organisation mondiale d’une manière extrêmement claire, et l’OMS va devenir le pyromane de la planète sur les épidémies. Entrant en résonance avec les peurs actuelles, et suscitant une attention dont elle ne bénéficiait pas jusqu’à ce moment, l’OMS pourrait ainsi, éventuellement, faire des appels de fonds, ce qui permettrait de continuer de faire marcher cette institution qui n’est pas composée d’experts mais de représentants de toutes les nations du monde. Toutes les institutions de recherche y participeront, bien sûr, pour profiter de la manne financière » (p. 70). Raoult explique l’engrenage favorisé par l’OMS de recherches & de financements aussi délirants qu’inutiles sur « une catastrophe annoncée, devenue dérisoire si l’on compare les 500 morts des deux grippes aviaires aux 4 à 5 millions de morts par infections respiratoires qui se sont produites chaque année pendant les quinze ans d’alerte à la grippe aviaire ». Il en tire une conclusion : « Ces responsables ne semblent pas toujours avoir des réactions en adéquation avec la réalité. Enfin, tout est bon pour développer la recherche financée à très haut niveau par l’Europe et l’Institut de recherche américain. Tous les experts de ce domaine vont adhérer à l’idée que c’est un enjeu terrible, que les États doivent financer la recherche, plus le développement de vaccins, plus la découverte de médicaments, plus le tirage et l’Audimat des journaux scientifiques. Tout cela constitue un ensemble qui finit par devenir incontrôlable. Outre le déséquilibre économique considérable que cela a entraîné, cela va avoir des conséquences très importantes, au moins en France, sur la stratégie vaccinale face à une nouvelle maladie, réelle cette fois : la vraie grippe H1N1 » (p. 74).

L’animatrice Bachelot et la grippe aviaire

Le chapitre 7 sur « La crise H1N1 » explique la haine de Bachelot pour Raoult. Il faut en citer un long extrait, car ce qui s’est passé à l’époque est le modèle répliqué lors de la crise du coronavirus :
« En France, le président de la République prend en main les choses directement, assisté de Roselyne Bachelot, ministre de la Santé avant d’être animatrice de radio. Le Pr Zattara, au Conseil de l’ordre, me demande rapidement d’écrire un mot pour le journal de ce Conseil, et compte tenu de ce que l’on sait à ce moment-là (on sait déjà que les gens qui avaient la grippe espagnole sont morts de surinfection bactérienne), j’écris un article conseillant la vaccination contre le pneumocoque, à tous les âges, pour éviter les surinfections bactériennes, et la prescription d’antibiotiques dans les formes sévères. Je suggère aussi qu’on s’appuie sur les médecins généralistes pour généraliser la vaccination. Mon mot dans le bulletin du Conseil de l’ordre entraînera une rupture des stocks de vaccins contre le pneumocoque ! Toutefois l’État va gérer l’épidémie comme une guerre mais sans soldats, ce qui est difficile, et ressemble plus à un jeu vidéo qu’à la réalité.
En pratique, l’État va se passer des médecins généralistes pour lutter contre la grippe, ce qui était vraiment une première ! Par ailleurs la folie de la grippe aviaire avait fait se développer des stratégies vaccinales totalement inadéquates pour le virus circulant, qui était un virus de grippe humain relativement banal. Celui-ci pouvait parfaitement être cultivé sur des œufs embryonnés et produire ainsi rapidement des vaccins à bon marché. Nous sommes pourtant restés fixés sur la folie de la grippe aviaire dont c’est une conséquence. […] Ici la folie de la grippe aviaire va provoquer une stratégie vaccinale appliquée ensuite à la grippe qui n’est pas fonctionnelle. Les vaccins vont être très chers, on va prévoir qu’il faut deux injections, ils sont douloureux du fait de l’adjuvant. Produits rapidement, ils sont stockés dans des ampoules de 10 unités et non présentés en dose individuelle. On considérera au plus haut niveau de l’État que les médecins sont incapables d’injecter des vaccins 10 par 10, en utilisant ces ampoules de 10 unités. Ainsi est-il décidé que cette vaccination généralisée se fera dans des lieux publics, sans la moindre stratégie de détection des porteurs éventuels. Dès juillet 2009, pourtant, est publié un article dans le New England Journal of Medecine qui montre qu’une injection vaccinale avec le vaccin traditionnel suffit largement : c’est une grippe humaine traditionnelle ! Il n’y a pas besoin de faire une deuxième injection. On identifie les femmes enceintes et les sujets obèses comme étant les personnes les plus à risque.
Dès le départ on a la surprise de voir qu’à la différence des grippes habituelles, les sujets jeunes sont plus atteints que les sujets âgés. J’ai essayé de contacter à ce sujet les gens que je connaissais dans l’environnement du ministère de la Santé et de la présidence et je me suis fait sévèrement rabrouer : on m’a expliqué qu’on savait très bien ce qu’il fallait faire. Celui qui m’a dit ça n’a jamais vu de maladies infectieuses ni d’épidémies de sa vie ! D’une manière intéressante, en France, le fait que ce vaccin nouveau avec cet adjuvant nouveau ne présente pas de recul fait que l’un des membres du Haut Conseil de la Santé publique dit qu’il ne faut pas vacciner les femmes enceintes, au nom du principe de précaution. Ce qui est quand même assez fort de café compte tenu du fait qu’elles constituent le groupe le plus à risque. […]. Cela montre que, dans une assemblée, il suffit parfois que quelqu’un parle avec autorité, et que les autres ne soient pas suffisamment compétents, pour que s’imposent des stratégies surréalistes. Il faudra un certain temps pour abandonner cette recommandation car il semble que personne, parmi les décideurs, n’ait une vision lucide de ce qu’est la connaissance à ce moment-là de la littérature scientifique. Or, au cours des risques épidémiques, le plus important est d’avoir une connaissance au jour le jour de la réalité non pas racontée dans des réunions officielles, mais rapportée par les gens qui travaillent réellement sur l’observation. » (p. 77). Résultat des courses : « Cette grippe est restée très mystérieuse comme le sont beaucoup de maladies infectieuses qui, étant des maladies d’écosystèmes complexes, multiparamétriques, ne peuvent faire l’objet ni de modèles mathématiques ni de prédictions très précises. Quoi qu’il en soit, l’énorme gaspillage lié à la commande de la double vaccination d’un vaccin très cher à fait l’objet d’un scandale ! J’ai eu l’occasion de m’en exprimer devant la commission sénatoriale. Nous savions depuis juillet qu’il n’était pas nécessaire d’avoir deux vaccins par personne. Cela a entraîné la sensation que l’État avait été manipulé par l’industrie pharmaceutique. Et cela a créé une défiance considérable contre les vaccins en général et contre la vaccination contre la grippe en particulier », défiance que déplore Raoult, qui est pro-vaccins, mais pas dans le n’importe quoi, et pas pour les maladies émergentes.
Où l’on voit qu’un expert qui avait prévenu, même auditionné par les parlementaires, n’est toujours pas écouté 17 ans après. On peut donc pronostiquer que l’histoire se renouvellera. Je cite également la conclusion de cet article : « Enfin un phénomène étrange s’est produit avec cette épidémie : les sujets âgés de plus de 60 ans n’ont pas ou presque pas fait de grippe, ce qui explique qu’elle ait eu une mortalité relativement faible (quand même entre 100 000 et 300 000 morts, ce qui n’a rien à voir avec les zoonoses qui ont effrayé le monde). Toutefois cette mortalité n’a pas été supérieure à celle des autres épidémies de grippe habituelles. L’absence d’atteinte des sujets de plus de 60 ans est peut-être liée au fait qu’avait circulé dans les années 1970 un virus H1N1 provenant de Russie, qui aurait immunisé les jeunes de l’époque et cette mémoire immunitaire a protégé les sujets de plus de 60 ans de ce nouveau virus, qui n’était pas entièrement nouveau finalement. Ces personnes avaient en quelque sorte reçu une vaccination naturelle. Le vaccin, en 1978-1979, contenait d’ailleurs ce virus » (p. 88). Je ne suis pas médecin, mais j’en tire, sinon une conclusion, du moins une question, qu’il faudrait poser au Pr Raoult ; est-ce que, en empêchant actuellement la propagation normale de ce coronavirus notamment auprès des sujets les moins à risque, on ne leur prépare pas un risque pour dans 30 ans ?

Le plat de résistance : les coronavirus

Le chapitre 8 est consacré aux « Coronavirus ». Après avoir évoqué le « MERS-coronavirus », qui a fait peu de dégâts notamment en Arabie Saoudite, à cause des chameaux, et peut-être d’un hôte intermédiaire : « Ces babouins, qui forment de véritables troupes, ont des mœurs des plus étonnantes : ils adoptent par exemple des chiens qui leur servent de chiens de garde ! Un phénomène tout à fait inconnu, et que je n’ai appris qu’en allant les prélever en Arabie Saoudite » (p. 93). Raoult pointe à nouveau le délire mondial sur les fausses alertes : « Il reste dans tous les aéroports du monde des affiches qui voisinent avec celles d’Ebola, sur le danger du MERS-coronavirus, ce qui ne manque pas de nous étonner, et l’on retrouve même celles de la grippe aviaire si le ménage n’a pas été fait sur les murs des aéroports. Cela devrait nous rappeler la disproportion entre les risques affirmés et les risques réels, et le danger des prédictions alarmistes » (p. 95). À propos du coronavirus actuel, Raoult souligne comme il l’a martelé dans ses interventions, que c’est une maladie d’écosystème, et ce qui est valable dans un pays n’est pas forcément transposable dans un autre, tant il y a de variables. Il fait référence à une hypothèse d’un de ses collaborateurs, qu’il reprendra d’ailleurs p. 161, sur le fait que les Chinois crachent, et qu’un crachat contient beaucoup de virus. Il évoque le pouvoir contaminant d’un crachat à moto. Moi qui suis allé à deux reprises en Chine, j’ai cru lire au contraire que le tic du crachat avait régressé à l’occasion des jeux olympiques de 2008, lorsqu’une campagne anti-crachats avait été menée par les autorités chinoises ; mais je n’y suis pas retourné pour vérifier. Raoult relativise le danger : « Rappelons cependant que, malgré tous ces « drames » successifs autour des nouveaux virus respiratoires, la mortalité par infections respiratoires ne cesse de diminuer et que, selon les éléments que nous avons, les infections respiratoires bactériennes et virales qui étaient à l’origine de 4,5 millions de morts par an il y a encore trente ans, tuent actuellement 2,6 millions de personnes, soit une régression spectaculaire, due à l’amélioration des conditions d’hygiène, l’usage des antibiotiques qui permet de diminuer les surinfections mortelles, et la vaccination contre les pneumocoques des très jeunes enfants (qui protège aussi les personnes plus âgées) » (p. 101). Dans la partie de ce chapitre ajoutée en avril 2020, je relève deux coquilles, et ce sont les seules du livre, concernant l’accord au féminin, faute fréquente (et peut-être volontaire) de Raoult à l’oral, ce qui prouve que les relecteurs n’ont pas fait leur boulot : « La première justification qu’ont eu certains de nos hommes politiques a été de dire que les Chinois mentaient quant à leurs résultats » (p. 104) et « nous avons eu une liberté d’agir que nous a permis le gouvernement » (p. 106). Plus sérieusement, dans cet ajout, Raoult accuse : « Compte tenu de ce que nous savons de cette pathologie, ce fut une grave erreur car dans cette maladie pulmonaire, la perception d’une insuffisance respiratoire arrive très tardivement…. juste avant de nécessiter la réanimation » (p. 105). Une phrase incompréhensible : « Finalement, un arrêté a permis aux médecins hospitaliers de l’utiliser mais interdit toujours aux médecins généralistes de le faire, ceci ayant été cassé par le Conseil d’État » (p. 107) m’a quand même permis de vérifier qu’il y avait eu des recours au Conseil d’État, d’une portée fort limitée qui autorisaient juste la prescription de l’hydroxychloroquine en hôpital. Il est hallucinant que le Conseil d’État fasse état de prétendues « études cliniques disponibles à ce jour, [qui] souffrent d’insuffisances méthodologiques », alors même que les 26 clampins du ministère & des deux conseils à la noix se sont révélés incapables de dépister l’étude bidon du Lancet. Le paragraphe sur l’attitude de l’État vis-à-vis des deux médicaments du protocole de l’IHU est clair : « Ainsi, l’État a organisé l’impossibilité d’utiliser le seul médicament qui pouvait avoir une activité, sous prétexte d’une toxicité complètement fantasmatique dont l’idée même a été abandonnée depuis, et s’est jeté ensuite sur le complément qui a été utilisé, un antibiotique, l’azithromycine, qui est le plus prescrit de tous les antibiotiques dans les infections respiratoires et se retrouve maintenant lui aussi accusé de tous les maux. Ces interdictions ont été associées à des remontrances du Conseil de l’Ordre qui semble jouer, dans cette affaire, un rôle exactement opposé à celui de sa nature, c’est-à-dire qu’au lieu de défendre la liberté de prescription de chaque médecin face à son malade, il fait les gros yeux aux médecins qui tenteraient de soigner leur patient avec un médicament dont il faut reconnaître qu’il est recommandé maintenant dans la moitié des pays du monde, en particulier ceux qui ont les taux les plus bas de mortalité » (p. 108). Parmi ces pays, Raoult mentionne l’Italie, qui aurait fini par utiliser ce traitement, « avec un déclin plus précoce de l’épidémie », ce que confirment les chiffres (7 fois moins d’hospitalisations au moment où j’écris ces lignes). Par contre les moteurs de recherches sont tellement inondés de baratin quand on tape « hydroxychloroquine », même en italien, qu’il m’a été impossible de vérifier cette information, et l’ensemble des journalistes français et surtout des correspondants n’ont jamais publié d’articles précis sur l’utilisation de ce protocole à l’étranger (ou d’autres équivalents), avec des entrevues des médecins qui l’ont utilisé. Raoult estime qu’on a traité cette épidémie avec les gens qui avaient géré le SIDA, qui n’a rien à voir, et il établit un parallèle provocateur : « Appeler les mêmes artisans de la guerre contre le SIDA relève de la même erreur que le fait de choisir les artisans de la Première Guerre mondiale pour gérer la deuxième. Une guerre de défense contre une guerre d’attaque. Une guerre où il s’agissait de tenir, contre une guerre où il s’agissait d’agir. […] C’est dans ce sens que j’ai pu penser écrire que pour diriger cette guerre contre le coronavirus on avait choisi Pétain. Ce choix des anciens combattants de la guerre précédente (le SIDA) a entraîné une panique dans toutes les sphères de la société que nous n’avons pas fini de payer sur le plan économique » (p. 112).

Zika, typhus, choléra et autres petits microbes

Le chapitre 9 est consacré au « virus Zika ». C’est Didier Musso, ancien de l’IHU de Marseille, qui donne l’alerte en Polynésie, mais il n’est pas entendu par les autorités françaises, jusqu’à ce que ses travaux soient repris par le CDC et l’OMS ! Sur le conseil de Raoult, Musso essaie l’azithromycine, ça marche, mais impossible, déjà à l’époque, de faire publier les résultats, exactement pour les mêmes raisons qu’aujourd’hui avec le Covid-19 : « Mais non : il fallait du nouveau, et dès l’alerte lancée sur le virus Zika étaient distribuées par millions des sommes pour trouver de nouveaux traitements. Et si un chercheur rusé publiait tout ça, expliquant que c’était inutile, que ces millions ne serviraient pas directement à ça et qu’il suffisait d’employer un médicament générique, cela mettrait en l’air des décisions politiques importantes et des financements majeurs, et donc irait totalement à contre-courant » (p. 118).
Le chapitre 10 « Les maladies infectieuses » révèle la stratégie à long terme adoptée à Marseille : « Tout d’abord, toutes les semaines nous faisons ce que nous appelons « la messe des morts », c’est-à-dire que quand quelqu’un est décédé dans les CHU de Marseille dont nous faisons toute la microbiologie, nous regardons quels sont les microbes qui étaient en situation pathogène (capables de tuer) dans le mois précédant la mort. » Cela permet d’établir des données, et d’extrapoler à la France entière. Les microbes tueurs sont listés, et Raoult insiste sur le 4e, « Clostridrium difficile, qui tue 31 personnes par an à Marseille », car il est en augmentation au niveau mondial. C’est là qu’intervient la greffe fécale évoquée à l’Assemblée : « Avec cette maladie, la révolution thérapeutique montre que ce n’est pas toujours la haute technologie qui permet la thérapeutique. Ici, la révolution, c’est la greffe d’excréments. On fait ingérer aux gens des excréments de patients sains avec des taux de guérison de près de 90 %. Cela remet violemment en cause la technologie » (p. 123). En fait, voilà une maladie contre laquelle journalistes et politiciens sont immunisés, à force de se lécher l’anus les uns les autres. Pour lui, « les champignons du genre Candida qui « tuent 31 personnes par an à Marseille » sont « le germe le plus émergent depuis cinq ans ». L’ignare que je suis est très étonné d’apprendre que les virus viennent dans ce palmarès après les microbes (d’où l’intérêt d’un livre de vulgarisation). Ils tuent 25 personnes par an dans les hôpitaux, le reste à domicile, mais « En réalité, personne ne sait vraiment combien de gens meurent de la grippe en France. Le nombre se situe entre 4000 et 10000 morts par an. Cette large fourchette vient du fait que d’autres virus d’infections respiratoires circulent, et que les mesures sur la surmortalité hivernale ou les quelques tests qui ont été faits n’estiment pas réellement la fréquence de la maladie. En bas de liste, vient « la méningite à méningocoque, qui ne tue qu’une personne par an, en dépit de sa médiatisation extrême, la moindre infection au méningocoque – même non mortelle –, faisant la une des journaux et de Google » (p. 126). Puis des maladies très médiatisées et très rares, et enfin, cerise sur le gâteau : « Quant aux gonocoques, au sujet desquels l’OMS a lancé une alerte pour dire que le gonocoque, responsable de la chaude-pisse (blennorragie) chez les auteurs du XIXe siècle, allait ravager la planète du fait de sa résistance, nous n’avons constaté de polyrésistance chez aucun des gonocoques testés, d’ailleurs personne n’en a ! C’est juste encore une fausse alerte permettant le développement de nouvelles molécules totalement inutiles car les molécules génériquées – comme la fosfomycine – sont parfaitement efficaces » (p. 127).
Le chapitre 11 est consacré au choléra et au typhus, « épidémies oubliées et négligées ». Lors d’une épidémie de choléra à Haïti en 2010, « les Haïtiens pointent du doigt les soldats du Népal », mais les scientifiques contactés élaborent une théorie liée au réchauffement climatique, or Renaud Piarroux, sur place, prouve que le choléra est bien venu de la rivière « qui draine le camp des Népalais », mais son étude est refusée par le Lancet ; lequel publiera par contre « un nouveau modèle mathématique pour prédire quand le choléra va s’arrêter, ou quand il va continuer, modèle qui, bien entendu, ne prédira rien de réel » (déjà à l’époque) ! Je relève une précision : « Renaud avait estimé que, pour pouvoir avoir cette contamination brutale, il fallait avoir relargué, probablement, 1 mètre cube d’excréments souillés » (p. 135). Cela corrobore mon inquiétude sur le fait que nos édiles laissent des théories de « migrants » s’installer dans des bidonvilles de tentes le long du canal Saint-Denis où les lecteurs de mon journal de déconfinement savent que je fais mon jogging, lesquels n’ont à l’heure où j’écris ces lignes que deux cabines de toilette en plastique sur un seul des 3 endroits où ils se sont installés. Où jettent-ils leurs déjections ? Bon courage à ceux qui vont se plonger dans l’eau du bassin de La Villette au prochain « Paris-Plage ».
En ce qui concerne le typhus, Raoult se la joue Indiana Jones : « À l’époque, mon centre étant encore lié à l’OMS, je demande à l’OMS de m’envoyer en mission au Burundi, ce que l’on m’interdit formellement. Je me missionne donc moi-même, je débarque au Burundi, où j’étais le seul étranger à pénétrer depuis plusieurs semaines, dans le premier avion qui reliait Bujumbura (la capitale du Burundi) à partir de Brazzaville. C’était pratique, j’étais seul dans l’avion ! » Résultat : « J’ai pu collecter des poux in situ, et j’ai tout de suite mis en place une stratégie qui n’avait jamais été développée pour les épidémies de typhus : traiter tous les patients avec une dose unique : 2 comprimés de doxycycline (soit un coût de quelques centimes d’euros) » (p. 138), ce qui met fin immédiatement à l’épidémie. Il estime avoir sauvé 10 000 personnes, après la mort de 10 000, sans aucun écho médiatique, car au même moment, un bombardement dans le même pays avait tué quelques personnes et accaparé toute l’attention de la presse. Il évoque aussi l’identification de typhus dans des cadavres de soldats de la Grande Armée à Vilnius, pour conclure : « Cela montre bien que les épidémies ont joué un rôle considérable dans l’Histoire, en tuant les soldats d’un côté ou de l’autre, et que, très communément, elles ont été transportées d’un endroit à un autre par des soldats, soit dans des armées en bataille, soit envoyés par l’ONU » (p. 141).
Le chapitre 12 est consacré aux vaccins. On y apprend que celui contre la dengue « prédispose à contracter la maladie sous des formes plus graves, et ce n’est pas le but d’un vaccin » (p. 146). Or s’il est réticent au sujet des vaccins contre les maladies émergentes, il recommande des vaccins plus utiles mais négligés, contre la varicelle, contre la grippe chez les enfants, « contre le rotavirus – responsable de l’une des gastro-entérites chez l’enfant –, qui en Angleterre a permis de faire diminuer d’un tiers le nombre d’enfants hospitalisés pour ces affections » (p. 147).

Alice joue au croquet avec un flamant rose, illustration de John Tenniel pour Alice au pays des merveilles
© John Terruel

Le chapitre 12, « De la prédiction à la prophétie » emprunte une belle allégorie à l’anthropologue américain Gregory Bateson : « La théorie du croquet vivant s’inspire du livre Alice au pays des merveilles, où Alice joue au croquet, mais le bâton du croquet est un flamant rose et la boule, un hérisson. Trois êtres vivants dont les objectifs sont imprévisibles. Le flamant rose tourne la tête à droite ou à gauche, le hérisson se met en boule ou pas, leurs réactions sont trop variables pour qu’Alice puisse les deviner, donc la chance que le bâton frappe la boule et l’envoie sous l’arceau est proche de zéro » (p. 151). Bref, c’est un thème très raoultien, maintes fois abordé par notre guru, mais pas sous cette forme : les prévisions en matière d’épidémies sont de la foutaise. Rappelons la prédiction de la chancelière allemande, qui annonçait le 12 mars 2020 que 70 % de la population sera infectée. C’est une femme dont Radio-Paris, qui traite à longueur d’antenne Raoult de charlatan, vante régulièrement la « formation scientifique »… Mais Raoult a son idée sur la question : « Le fait que les hommes et les femmes politiques soient parfois en métissage avec le monde des médias fait que leur réactivité est comparable à celle de la presse. Cela n’est probablement pas une bonne chose à long terme, et explique, en partie, la disproportion entre les faits réels et les réactions politiques » (p. 154).
Le chapitre 14 réfléchit sur les « maladies émergentes », et commence par une vision d’ensemble digne de Buffon (« De la vieillesse et de la mort ») : « Les maladies infectieuses témoignent de nos interactions avec notre écosystème. Les maladies infectieuses sont entièrement écologiques. […] Nous interagissons avec ces microbes et ces microbes interagissent entre eux. Ils s’envahissent les uns les autres, nous envahissent parfois, nous parasitent, peuvent tuer nos cellules. Les virus peuvent tuer les bactéries, les bactéries et les champignons sécrètent des produits empêchant la multiplication des virus, mais aussi des antibiotiques empêchant la multiplication des bactéries concurrentes ! Nous vivons dans un état de guerre civile permanent où le vivant se bat contre le vivant. » (p. 156). Il rappelle que « Dans certains cas, les microbes coopèrent, et ils nous aident en particulier à digérer des aliments que nous ne pourrions pas digérer tout seuls, surtout les légumes » (p. 157), mais qu’ils recèlent des dangers, que ce soit par les portes d’entrée que constituent les plaies, ou par la proximité des animaux génétiquement proches de l’homme, notamment les grands singes. La consommation de « viande de brousse » peut amener de nouvelles maladies, comme la proximité d’animaux « surtout quand ils vivent dans des colonies très denses. C’est le cas par exemple des chameaux en Arabie Saoudite. C’est aussi le cas chez nous, dans les élevages de type pseudo-industriel de poules ou de cochons, comme dans la nature au sein des colonies de chauves-souris » (p. 158). Il évoque le risque des crachats, et précise « que les vomissements, eux, sont une source quasi incontrôlable de contagion » (p. 161). Il exprime notre ignorance de la survenue et de la disparition la plupart du temps mystérieuse des maladies infectieuses : « La plupart des épidémies du passé ont disparu spontanément sans que nous ayons réellement compris quelle en était la raison, si ce n’est un changement d’écosystème, peut-être des changements de comportements humains, peut-être une immunisation passée inaperçue » (p. 163). Et il martèle ce qu’on l’a entendu dire maintes fois : « En ce qui concerne les maladies émergentes, en pratique, la recherche doit se focaliser sur l’organisation de centres d’observation, d’étude et de dépistage (comme les centres anticancéreux), pour lesquels je plaide depuis vingt ans un peu partout dans le monde » (p. 164).
Raoult évoque les mensonges de certains États, et mentionne des missions secrètes : « J’ai personnellement eu l’occasion de m’intéresser à l’investigation de cas groupés de choléra ou de peste dans des endroits que je ne veux pas mentionner car leur gouvernement avait interdit la diffusion de ces informations, qui n’ont donc jamais été révélées, et je ne veux pas mettre en danger ceux qui ont collaboré avec nous. Cette interdiction était destinée à ne pas déclencher d’affolement ou à ne pas brutalement freiner le tourisme » (p. 165).
Dans sa conclusion, Raoult fournit sa bibliographie de référence, comme il le fait souvent lors de ses vidéos. Simulacres et simulations de Jean Baudrillard, Simulacres de Philip K. Dick. Il exprime ses obsessions : « Ainsi, la déconnexion totale de la réalité observable avec la réalité rapportée est un problème qui devient majeur. Il s’agit de moins en moins d’une amplification, mais d’une distorsion de la réalité. Quand l’informateur multiplie par 20 un risque de mortalité et divise par 100 un autre risque, nous ne sommes plus dans une exagération, nous sommes dans un autre monde » (p. 170).

Alerte de l’OMS : épidémie de raoultite aiguë

En conclusion personnelle à la lecture de ce petit traité, j’ai le regret de vous annoncer que j’ai contracté une forme sévère de raoultite aiguë. Les symptômes en sont la modification corporelle, un t-shirt « Hourrah Raoult » vous pousse sur le corps, et c’est ineffaçable, à l’opposé des tweets de Ségolène. À force de vivre en colonies voire en concubinage, et à force de cracher et de vomir sur les « rassuristes », politiciens, journalistes délateurs & médicastres de salon sont en train de propager leur covidisme à travers le monde, un peu à la façon des chauves-souris ou des visons… vous me suivez ?

Hourrah Raoult !
© Lionel Labosse

Plus sérieusement, à force de réfléchir à la question, je me demande pour quelle raison on ne lancerait pas un référendum d’initiative partagée pour inscrire dans la constitution la liberté de prescription des médecins, et notre liberté de patients de bénéficier d’un traitement. Cela aurait plus de retentissement que le référendum sur les aéroports de Paris. Vue la popularité du Pr Raoult d’une part, les 583 000 personnes qui ont signé la pétition Traitement Covid-19 : ne perdons plus de temps ! et le mépris absolu, profond, viscéral, répugnant, que l’exécutif a montré pour cette initiative ; vu le fait qu’un certain nombre de parlementaires se sont montrés favorables à ce protocole, je crois qu’il y aurait là une fenêtre pour rappeler à ces petits monarques qu’ils ne sont que les élus du peuple, et qu’on ne les a pas mis à notre tête pour s’asseoir dessus, pour nous priver de liberté & nous laisser mourir d’une pneumonie en interdisant aux médecins de nous soigner. Quitte à passer pour un ancien combattant, il se trouve que j’ai vécu en 1990-92 une partie de la guerre contre le sida, ayant la chance de côtoyer Daniel Defert, qui n’était pas médecin mais qui a fait bouger la médecine. Rappelons-nous sa formule selon laquelle le malade est un « réformateur social ». Ne laissons pas les pensionné(e)s de Gilead confisquer notre santé.

 Pour terminer, voyez la vidéo hebdomadaire raoultienne du 30 juin, comme tous les mardis, le jour où je termine cet article. Sujet du jour : les conflits d’intérêt.


 Lire un excellent article du philosophe Éric Deschavanne : « Professeur RAOULT : vaine querelle ou débats utiles ? ».
 Lire un article de Thomas Simon, qui reprend la théorie du croquet d’Alice.
 Voyez le combat de « Laissons les médecins prescrire ».
 Si vous avez aimé le ragoût Raoult, vous reprendrez bien une louche de Y a-t-il une erreur qu’ILS n’ont pas commise ?, de Christian Perronne.
 Retournez à mon journal de confinement ou journal de déconfinement.
 J’ai envoyé une lettre ouverte à M. Jean Castex pour l’abrogation du décret du 26 mars 2020 et pour la liberté de prescription de l’hydroxychloroquine.
 Dorénavant, l’excusotron deviendra inutile : il suffira de dire « J’étais plongé dans le dernier livre ou la dernière vidéo du Pr Raoult… » et tout sera pardonné !
 En septembre 2020 paraît La Science est un sport de combat, de Didier Raoult (humenSciences), et en octobre 2021, Au-delà de l’affaire de la chloroquine.

Lionel Labosse


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[2Francis Lalanne n’était pas à ma connaissance gay, mais il était fort jeune et pas encore père de cinq enfants, ce qui autorisait les cracheurs de l’époque à le traiter d’homo, puisque pour ce genre d’individus, un chanteur qui défendait la cause homo à l’époque (avant Mitterrand, c’était chose rare) en était forcément.