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Lutte contre la pédophilie et l’inceste : oui ; tabassage public : non !
Affaire Olivier Duhamel : ne pourrait-on pas laver son lynchage en famille ?
Le rouleau compresseur des déboulonneurs & des khmères-la-pudeur !
samedi 30 janvier 2021, par
Une croustillante affaire germano-pratine de « pédophilie » ou « inceste », selon les sources, nous est à nouveau livrée en guise de teasing pour un livre à scandale. Après Éric Brion, Christophe Ruggia et Gabriel Matzneff, le « mâle blanc » bouc émissaire du jour se nomme Olivier Duhamel. Avant toute décision de justice, le voici déjà désigné coupable, et il a d’ores et déjà tout perdu, alors que sa prétendue victime refuse de porter plainte. Je ne connais pas ce monsieur (je n’ai pas la télévision et m’intéresse peu à la politique politicienne), et je ne vais même pas regarder qui il est, car je pourrais être alors influencé par un biais, si je venais à le trouver sympathique ou antipathique. Je refuse de me demander si en tant que « politologue » il pourrait s’être avéré gênant pour telle ou telle faction qui aurait intérêt à l’évincer. Je voudrais juste me livrer à une étude de cas et à un parallèle osé. Bien sûr, je n’ai pas lu le livre censé paraître jeudi 8 janvier (j’ai entamé la rédaction de cet article mardi 5 janvier), et je ne connais de l’affaire que ce qui en a filtré dans les quelques articles que je cite ; je prie donc le lecteur de bien vouloir m’excuser si une révélation imprévue survenait par la suite. Je sais que dans le monde actuel, prendre la défense d’une personne accusée de « pédophilie » est cent fois plus grave que de trouver des circonstances atténuantes à un djihadiste coupeur de tête ou pulvérisateur de kalash sur une foule de 500 bobos. Un djihadiste né dans le « ghetho » du 93 a forcément eu une enfance bien plus difficile que Roman Polanski dans celui de Cracovie. Mais mon héros est Victor Hugo qui, au cours de sa croisade de toute une vie contre la peine de mort, n’a pas hésité par exemple à prendre la défense d’un homme indéfendable comme dans l’affaire Tapner. Alors tentons de nous faire l’avocat du diable.
Que nous apprend Muriel Kasprzak de l’AFP ?
« L’enquête a été ouverte pour "viols et agressions sexuelles par personne ayant autorité sur mineur de 15 ans", a annoncé dans un communiqué le procureur de Paris Rémy Heitz. » Un peu plus loin dans l’article, on lit « quand ils étaient âgés de 14 ans ». Or l’âge est ici crucial. Un article du Figaro donne une autre lecture de la question de l’âge : « le parquet de Paris a ouvert une enquête pour « viols et agressions sexuelles » sur mineur de moins de 15 ans » (article signé Stéphane Kovacs, Caroline Beyer, Paule Gonzalès et Agnès Leclair). Et plus loin dans cet article : « À la fin des années 1980, à 13 ou 14 ans, les deux adolescents ne connaissent pas encore le mot « inceste ». Pourtant ce que Camille raconte ne porte pas d’autre nom. » Le mot « pédophilie » est carrément utilisé par le journal Marianne : « Le politologue Olivier Duhamel, habitué des plateaux de télévision, est accusé de pédophilie ». Attention : les mot « pédophilie » et « inceste », n’ont aucun sens pénal, donc « est accusé de pédophilie » sert avant tout à agiter un chiffon rouge devant le taureau de l’opinion publique.
Le code pénal actuel cité par la journaliste de l’AFP évoque le chef d’accusation de « viols et agressions sexuelles par personne ayant autorité sur mineur de 15 ans », avec extension à 18 ans dans le cas d’« un ascendant ou […] toute autre personne ayant sur la victime une autorité de droit ou de fait » ou « personne qui abuse de l’autorité que lui confèrent ses fonctions ». Le mot « pédophile », comme le rappelle avec raison cet article publié sur Agoravox, « est le point Godwin transposé à la sexualité », mais il ne me semble pas plus légitime dans le cas Duhamel qu’il ne le serait dans le cas Macron dont nous allons parler ci-dessous, car la limite d’âge est justement abolie par la question de l’ascendance ou de l’autorité. N’est-ce pas facile et peu déontologique pour un média, d’utiliser à tire-larigot ce mot « pédophile » dont on ne se relève pas ?
On se retrouve alors dans un cas similaire à celui du réalisateur Woody Allen, qui fait l’objet de façon récurrente d’accusations d’attouchements sur ses enfants adoptifs, qui vues de loin ressemblent plus à des règlements de compte familiaux, l’un des enfants accusant l’autre de faux témoignage, et changeant d’opinion au fil des années. Ronan Farrow, avocat et principal accusateur de Woody Allen, est juge et partie, puisqu’il s’est rangé du côté de sa mère Mia Farrow dans ce conflit. Dans n’importe quelle cour de justice démocratique il serait immédiatement récusé pour conflit d’intérêt, ce qui n’empêche pas les médias de relayer complaisamment ses accusations. Woody Allen a fini par épouser sa belle-fille Soon-Yi Previn, et le mot « inceste » n’a pas grand sens ici, car il n’y a entre eux aucun lien de sang, ni le mot « pédophilie » d’ailleurs, cette relation ayant débuté après la majorité de la jeune femme, mais pour tirer de force vers ce mot, sont évoqués des comportements de tendresse exagérés envers les enfants de Mia Farrow quand ils étaient petits (« il allait dans le lit de ma sœur en pleine nuit et la forçait à lui sucer le pouce », cité dans l’article de Wikipédia). Je ne suis pas père de famille, mais si de tels comportements suffisaient à vous classer comme « pédophile » ou « incestueux », j’imagine que des millions de parents pourraient être poursuivis.
Le cas semble légèrement différent (d’après les éléments rendus publics pour l’instant) concernant Olivier Duhamel & Victor Kouchner. En effet, s’il n’y a aucun lien de sang entre eux, le mot « inceste » n’est pas tout à fait pertinent, même si un beau-père jouit potentiellement d’une autorité proche de celle d’un père, surtout quand celui-ci est absent ou décédé, ce qui ne semble pas être le cas en l’occurrence. Reste la question de « viols et agressions sexuelles par personne ayant autorité sur mineur de 15 ans » selon l’article de l’AFP, qui nous étonne, car à l’époque des faits, bien avant le nouveau code pénal de 1994, le terme officiel était « attentat à la pudeur ». Mais c’est une question de droit trop complexe pour nous, et d’ailleurs la nouvelle enquête ouverte à laquelle fait référence cet article, je cite : « s’attachera à faire la lumière sur ces faits, à identifier toute autre victime potentielle et à vérifier l’éventuelle prescription de l’action publique ». L’allusion à « toute autre victime potentielle » est sans doute la raison pour laquelle les articles de loi cités dans l’article sont ceux du nouveau code pénal (de 1994), mais ils ne peuvent à l’évidence pas s’appliquer à des faits prescrits. C’est là qu’intervient la question de l’âge : avant ou après 15 ans. En réalité c’est une fausse piste car selon l’article 227-25 du code pénal, « Un adolescent est un mineur de quinze ans jusqu’à l’anniversaire de ses quinze ans » ; il n’y a donc pas contradiction entre l’AFP et Le Figaro, juste une explicitation de la formule juridique ambiguë : « mineur de 15 ans » signifie en clair « mineur de moins de 15 ans ».
L’article de l’AFP nous apprend que « "Victor" aurait toutefois refusé de déposer plainte. "Non. Je ne souhaite pas porter plainte. Cette histoire ne vous regarde pas", dit-il aux enquêteurs, selon sa sœur. » Bon, alors fermez le ban ! Ne s’agirait-il que de vendre un livre en instrumentalisant la justice ? Mais « Camille » aurait, elle aussi, subi des attouchements. Alors pourquoi publier ce livre au lieu de porter plainte ? N’est-il vraiment pas possible de laver son lynchage en famille ? « Victor » est né dans les années 1970, et les faits sont donc prescrits, les lois – en démocratie – n’étant pas rétroactives : « à la fin des années 1980, la loi prévoyait qu’une victime mineure pouvait porter plainte pour "viol par ascendant" pendant dix ans à compter de sa majorité. Deux lois, depuis, ont allongé ce délai de prescription, à vingt ans en 2004 puis trente ans en 2018, mais elles ne sont pas applicables aux faits déjà prescrits » (AFP). Et surtout le nouveau code pénal de 1994 a substitué à la notion d’« attentat à la pudeur » celle d’« atteinte sexuelle sur mineur ».
Si Olivier Duhamel pouvait vraiment être qualifié de « pédophile », alors pourquoi pas Brigitte Macron ?
Nous évoquerons un cas similaire non pas d’inceste car la loi invoquée ne concerne pas l’inceste, mais la question des « viols et agressions sexuelles par personne ayant autorité sur mineur de 15 ans », qui en fait si on lit bien l’article, ne concerne pas les rapports avec les enfants Kouchner, mais la notion étonnante de « toute autre victime potentielle ». Je pense à une autre victime germano-pratine qui pourrait se voir mentionnée à son insu dans un livre publié par son frère ou sa sœur en protestant d’un « Je ne souhaite pas porter plainte. Cette histoire ne vous regarde pas ». Consultons l’oracle Wikipédia dans sa fiche W sur Brigitte Macron (on sait que Wikipédia est la vérité incarnée) :
« En mai 1993, dans l’atelier de théâtre qu’elle anime au lycée de la Providence, elle remarque Emmanuel Macron, alors âgé de quinze ans et élève de seconde dans la même classe que sa fille Laurence. L’année suivante (1994, année d’entrée en vigueur du nouveau code pénal), le couple commence une relation. La différence d’âge (de plus de 24 années) entre les deux amants provoque un scandale dans la famille Trogneux, d’autant que leur relation pourrait tomber sous le coup de l’article 227-27 du code pénal, qui consacre le délit d’atteinte sexuelle sur mineur, qui dispose qu’un enseignant qui a des relations sexuelles avec un élève mineur âgé de plus de quinze ans encourt jusqu’à trois ans de prison. » Légifrance confirme que cet article dispose : « les atteintes sexuelles sans violence, contrainte, menace ni surprise sur un mineur âgé de plus de quinze ans sont punies de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 € ».
Donc à moins de faire une différence entre relations homo et hétérosexuelles, le cas Duhamel est proche du cas Macron, à l’âge près (avant 15 ans pour « Victor », entre 15 ans et 18 ans pour Emmanuel). En effet, le petit Emmanuel étant né en 1977, il est majeur en 1995 (donc c’est bien le nouveau code pénal de 1994 qui s’applique dans le cas de l’enseignante Brigitte Trogneux ayant eu une relation sexuelle avec un élève sur lequel elle avait autorité, contrairement à Olivier Duhamel qui relève du code pénal d’avant 1994), et même si je ne suis pas calé en matière juridique, je ne pense pas que le délai de prescription dans son cas lui permettrait de porter plainte contre Madame Brigitte Trogneux s’ils venaient à divorcer par exemple. Mais si l’on poursuit le parallèle avec l’affaire qui nous intéresse, le fait qu’il y ait prescription ne semble pas empêcher la menace ad vitam æternam en cas de désaccord qui adviendrait entre les protagonistes, d’ouverture d’une enquête visant, je cite, à « identifier toute autre victime potentielle et à vérifier l’éventuelle prescription de l’action publique ». Dans le cas de Brigitte Macron, cela ne relèverait-il pas de l’acharnement judiciaire ? Alors pourquoi ne le comprend-on pas comme ça dans le cas Duhamel ? Est-il réjouissant que la justice aille fouiller les greniers pour savoir si – en l’absence de toute plainte – un autre adolescent aurait pu être « victime » d’attouchements de la part de M. Duhamel, ou un autre lycéen aurait pu avoir une relation avec Mme Trogneux ?
Quand on pense au délai actuel de prescription de trente ans après la majorité signalé dans l’article de l’AFP, on peut se demander si cette surenchère pénale perpétuelle concernant des faits qui relèvent quand même de l’amour et de ses limites, est bien raisonnable. On va bientôt dépasser en matière de simple relations sexuelles, je le rappelle, « sans violence, contrainte, menace ni surprise », des délais de prescription normalement valables pour les assassinat de masse ou crimes contre l’humanité. Donc si « Victor » se décidait à porter plainte (ce qui serait sans doute inutile, les faits étant prescrits), voici la peine prévue par l’article 227-26 du code pénal pour des faits de ce type qui auraient eu lien plus récemment :
« L’infraction définie à l’article 227-25 est punie de dix ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende :
Lorsqu’elle est commise par un ascendant ou par toute autre personne ayant sur la victime une autorité de droit ou de fait ».
C’est à peu près trois fois plus que la peine qu’aurait pu recevoir Madame Trogneux à cette époque où elle jouait avec le feu, à cause de la différence d’âge (plus de 15 ans vs moins de 15) si les parents Macron par exemple avaient porté plainte en 1994 ou 1995. Mais non, M. Duhamel bénéficiera probablement d’un nouveau non-lieu, bien que ses agissements prescrits depuis longtemps auraient pu, à l’époque où ils ont eu lieu, lui valoir une condamnation, et il en va de même pour Madame Macron, même si ses agissements avec un mineur de plus de 15 ans à l’époque, relevaient d’un niveau de gravité un peu moindre (un peu moins d’un tiers de la peine pour « moins de 15 ans », selon le code pénal).
Haro sur le mâle blanc
Rappelons aussi le harcèlement dont Roman Polanski est victime depuis trente ans. Une tribune de 114 avocates intitulée « Une inquiétante présomption de culpabilité » a été publiée dans Le Monde le 8 mars 2020. Citation de cette tribune : « Roman Polanski a fait l’objet de plusieurs accusations publiques, parmi lesquelles une seule plainte judiciaire qui n’a donné lieu à aucune poursuite : il n’est donc pas coupable de ce qui lui est reproché depuis l’affaire Samantha Geimer. Quant à cette dernière, seule victime judiciairement reconnue, elle a appelé à maintes reprises à ce que l’on cesse d’instrumentaliser son histoire, jusqu’à affirmer : « Lorsque vous refusez qu’une victime pardonne et tourne la page pour satisfaire un besoin égoïste de haine et de punition, vous ne faites que la blesser plus profondément » ».
Victor Kouchner serait-il un nouveau Samantha Geimer ? Une « victime » qui ne demande rien et qu’un « sauveur » autoproclamé prétend défendre contre un « persécuteur » selon le Triangle dramatique de Stephen Karpman, lequel dénonçait les multiples manipulations que pouvait receler ce triangle. Les journalistes qui multiplient les articles à l’emporte-pièce sur cette affaire se sont-ils posé la question de l’état psychologique dans lequel ce déballage allait mettre « Victor » ? Comment ses amis, ses collègues vont-ils le regarder à présent ? Supportera-t-il ce regard ?
Et si nous foutions la paix à « Victor » (et à Olivier Duhamel) ? Et si nous foutions la paix à Emmanuel Macron (et à Brigitte) ? Et à Matzneff, et à Christophe Ruggia, et à Polanski ? Certes les actes qu’ils commirent tombaient plus ou moins sous le coup de la loi, mais l’eau a coulé sous les ponts, et il n’y a pas mort d’homme.
Vous allez me rétorquer que moi aussi je me pose en « sauveur » d’une autre « victime » (Olivier Duhamel). Il est vrai que j’ai tendance à courir à la rescousse de tous les boucs émissaires qui ne m’ont rien demandé, comme Roman Polanski, ou comme le Pr Perronne, Didier Raoult ou Nicole Delépine, persécutés par les commissaires politiques de la macronie. Je laisse les psychologues analyser mon cas, à condition qu’ils analysent aussi les autres cas.
Donc, l’affaire Duhamel, l’affaire Matzneff, l’affaire Christophe Ruggia, l’affaire Polanski : simples coups de pub éditoriale, manipulation, ou vrais scandales de mœurs ? Les « people » ont l’habitude de coucher ensemble, les journalistes avec les politiciens notamment, de se marier, de se séparer, de s’échanger, mais franchement, est-il nécessaire de publier leurs turpitudes ? Ne peut-on pas laisser la justice faire son œuvre plutôt que de jeter des boucs émissaires en pâture à la foule ? Il y a de fortes chances qu’Olivier Duhamel obtienne un nouveau non-lieu en ce qui concerne ses agissements sur les enfants Kouchner, qui ont déjà fait l’objet en 2011 d’une enquête « classée sans suite » selon l’article de l’AFP. Mais en attendant, il aura tout perdu, lynché par la presse, à l’instar des médecins traitementistes qui nous occupent actuellement. Le lynchage est-il vraiment l’avenir de notre justice ? Pour ce genre de cas qui datent de plusieurs dizaines d’années et ne relèvent d’aucune urgence, la presse ne pourrait-elle pas attendre quelques mois que la justice ait fait son œuvre avant de jeter des hommes en pâture aux chacals de l’actualité ? On a l’impression que dorénavant, l’homosexualité étant entrée dans les mœurs, l’« inceste », la « pédophilie », le « harcèlement », y compris et même surtout lorsqu’il s’agit de cas-limites qui devraient davantage susciter notre apitoiement pour des cas pathologiques que l’horreur (on est quand même à mille lieues de l’affaire Dutroux), fournissent à l’élément bêtes à cornes de la foule son foin quotidien de boucs émissaires, fourrage fort opportun en ces temps de tyrannie covidienne pour détourner la foule des biens plus sombres personnages dont la justice ne s’occupe pas. Le film La Victime, de Basil Dearden (1961) nous fournit la trame, et il suffit de remplacer l’homosexuel par le « harceleur » ou l’« incestueux ». Que de chantages ou de règlements de compte se cachent en réalité sous ces lynchages médiatiques ?
Il est d’ailleurs étonnant que même France-Soir qui semble contaminé par la manie de Qanon de voir de la pédocriminalité partout, n’ait pas encore mis le doigt sur un scandale non pas d’inceste ou de rapport sexuel « sans violence, contrainte, menace ni surprise », mais de véritable pédocriminalité, que le site Riposte laïque a été jusqu’à présent le seul à débusquer, au sein du tribunal de Dijon, et pas pour une affaire rancie vieille de 40 ans, mais pour une affaire actuelle : « Enquête sur le juge pédophile : comment nous avons démasqué Olivier Bailly ». Ce brave juge aurait « proposé sur un forum de rencontres libertines des relations sexuelles impliquant son épouse et leur fille âgée de douze ans » (Faits et documents n° 491, 15 au 30 nov. 2020, p. 4). À omerta, omerta et demie !
« Les pires horreurs que l’on puisse commettre sur terre »
Mise à jour du 7 janvier au 4 février. L’emballement habituel est à l’œuvre dans les affaires sexuelles : d’après l’AFP (article anonyme) on en est actuellement à exiger la démission du directeur de Sciences Po qui aurait été informé de « soupçons », et qui selon les excités de la chasse aux boucs émissaires, aurait dû immédiatement débarquer l’enseignant sur de simples « soupçons ». Ah bon ? C’est donc la foule qui prononce la justice maintenant ? Rappelons que selon le précédent article, les faits sont prescrits, qu’une précédente enquête avait été classée en 2011, et que la « victime » ne souhaite pas porter plainte. Vraiment il y a quelque chose qui ne fonctionne plus dans ce monde : la justice, ce n’est pas le lynchage ! La délation, c’est Pétain. Entre de Gaulle et Pétain, choisissez votre camp, camarades ! Le 11 janvier, l’AFP nous apprend que le tribunal de Nanterre vient d’annuler tous les actes d’enquête dans l’affaire de corruption présumée dite de la chaufferie de la Défense, « jugeant que la procédure, ayant duré près de vingt ans, n’avait pas respecté le droit des prévenus à être jugés dans un délai raisonnable. » Comment ne comprend-on pas que c’est à cause de ces affaires totalement bidon, prescrites, sur lesquelles on colle des juges avec la motivation de remuer le maximum de merde en vain, que les mêmes juges n’ont « pas le temps » de s’occuper d’affaires autrement plus graves, et que des délinquants financiers sont relaxés pendant qu’on dirige la hargne de la populace sur le « pédophile » du jour ?
Le 13 janvier, France-Soir publie une tribune signée Laura Peterschmitt intitulée « Duhamel, mon ancien prof : la nausée et les mains sales. ». Elle a lu le livre de Camille Kouchner. Elle utilise la formule : « les pires horreurs que l’on puisse commettre sur terre », puis le « style barbare des actes commis par son beau-père ». Mais aucun fait précis n’est cité dans l’article. Je m’interroge sur le superlatif. Ce Duhamel a-t-il égorgé un enseignant ? A-t-il prescrit du Rivotril à des vieillards tout en empêchant qu’on leur prescrive de l’azithromycine ? Je suis désolé, mais sauf à préciser la nature de ces faits prétendument dénoncés dans ce livre, je ne lis dans ce nouvel article qu’un énième déboulonnage de statue. Cela me rappelle que le tabassage public dont Roman Polanski a été l’objet cette année lors de la cérémonie des Césars, était l’envers de la médaille accordée par l’ensemble des médias mainstream et des khmères-la-pudeur du nouveau puritanisme, au réalisateur Ladj Ly dont le passé révèle une attitude pas si cool à l’égard de la liberté sexuelle des femmes : en gros, le type a été condamné non pas dans les années 1970 comme Polanski, mais dans les années 2000, pour avoir donné la main à un « crime d’honneur » parce que la sœur d’un pote à lui avait couché – la salope ! – avec un type sans demander l’autorisation à son grand frère.
J’aimerais juste un peu plus de retenue et de raison dans le déboulonnage des statues de « mâles blancs occidentaux ». Qu’est-ce qui se profile derrière cela ? En dehors du fait que ce déballage de rancœurs rancies sert de rideau de fumée pour éviter à certains médias d’évoquer des décisions de justice en rapport avec l’actualité, comme le dénouement du match Raoult-Raffi, je vois s’avancer à pas feutrés deux écueils : le moralisme (ou « néo-puritanisme) d’un côté ; le racisme anti-blancs de l’autre (« Ces blancos, tous leurs curés, leur profs, leurs élites sont des pédophiles »). Au risque de déplaire, je vais en ajouter une couche : pour le jeune Ladj Ly, « les pires horreurs que l’on puisse commettre sur terre », n’était-ce pas ce que lui pensait du comportement sexuel de la sœur de son pote & du type avec qui il lui plaisait de coucher ? Pour nos amis de Daech, « les pires horreurs que l’on puisse commettre sur terre », n’est-ce pas le fait d’être homosexuel et de fréquenter des sex-clubs ou des saunas comme cela arrive au signataire de cet article, sauf en cette période de tyrannie sanitaire où ces endroits sont fermés ? À notre époque de balkanisation de la société où les végans estiment qu’assassiner un veau ou égorger un mouton sont « les pires horreurs que l’on puisse commettre sur terre » et incendient les boucheries, n’est-il pas dangereux d’attiser sans cesse la subjectivité de douleurs certes légitimes et dignes de compassion, mais au regard objectif de la loi, prescrites ?
J’entends début février des ragots sur Radio-Courtoisie (dont je suis devenu adhérent), encore un média qui saute sur l’occasion de taper à bras raccourcis sur Duhamel, parce que ça les arrange. Je finis par apprendre ce que je ne voulais pas savoir, que ce dernier fréquentait et conseillait Macron, ce qui ravit les gens qui lui tapent dessus par intérêt. Personne ne peut me soupçonner de la moindre indulgence pour le Macronistan, mais jamais cela ne sera un prétexte pour instrumentaliser une cause judiciaire. Comment des gens par ailleurs malins et cultivés peuvent-ils tomber dans ce panneau grossier sans voir le piège qui se profile derrière ? C’est au tour d’Alain Finkielkraut de tomber en victime collatérale de ce lynchage collectif parce qu’il a pris la défense de Duhamel. C’est ce qu’Erving Goffman appelle « contamination du stigmate », et qui pousse beaucoup de gens à fermer leur gueule de peur d’être pris dans la tourmente. Phénomène identique à la campagne de terrorisation des médecins raoultistes par le conseil de l’Ordre : les jeunes médecins n’osent même pas exprimer leur soutien à Raoult ou à Perronne. Autant la prise de position anti-raoultiste de Finkielkraut me fait gerber, autant je dois saluer sa pertinacité dans la dénonciation de l’hystérie anti-pédophile, comme je l’avais déjà signalé dans cet article.
On apprend en janvier 2021 que ce gouvernement qui joue à fond cette surenchère dans la dénonciation des autres et prétend lutter à fond contre le harcèlement sexuel, protège un harceleur en ses rangs, le député Benoit Simian. Mais à peine la presse d’État aurait-elle pu nous informer sur ce délit qui a lieu actuellement (à l’instar de l’affaire Olivier Bailly), qu’on nous dégotte un autorail pour cacher ce TGV : un article de l’AFP publié sur le site « complotiste » France-Soir nous apprend que l’un des héros de France-soir, François Asselineau est à son tour en garde à vue pour une de ces vieilles affaires de harcèlement sexuel qui traînent dans les tiroirs. Si l’on est complotiste (si l’on a un tant soit peu d’esprit critique), cela laisse rêveur : allons donc, ce chef cacochyme d’un groupuscule crédité au mieux de 1 % des voix, serait un harceleur de messieurs ? Donc un type qui travaille avec ce mec aurait souffert en silence de mains au cul dans ce groupuscule, et n’aurait pas réglé la question soit par une gifle, soit en quittant le groupuscule ? Cela me fait penser à ces accusations sonnantes et trébuchantes de groupies visant des stars du foot ou de la pop. Que l’on rechigne à sucer Dominique Strauss-Kahn, je veux bien le croire ; tout cela dépend du nombre de zéros qui suit un petit 1. Mais que l’on porte plainte contre une star du foot, jeune, sublime de beauté, au top de la forme, richissime, alors qu’il est de notoriété publique que ce genre de personne ne peut passer une nuit dans un hôtel sans y être attendu par une file de nymphettes toutes plus excitantes les unes que les autres, et gratos, cela laisse un peu dubitatif. L’affaire Asselineau fera-t-elle réfléchir France-Soir avant de se joindre à la prochaine meute ? J’ai été bien amusé par les réponses du magistrat Charles Prats au « Défi de la vérité » de France-Soir. En gros, il leur a expliqué (vers la minute 47) en tant que magistrat de terrain ce que je m’épuise à expliquer ici : comment peut-on juger sereinement de faits qui datent de 30 ans ?
François Asselineau s’exprime sur ces accusations portées contre lui. Son témoignage est extrêmement émouvant, et je vous laisse les découvrir. On est à mon avis dans des faits de chantage, et j’espère que les bignoles de la « pédocriminalité », que ce soit à France-Soir ou ailleurs, comprendront le message, car ce type de procès politique peut atteindre à tout moment toute personne qui gêne le pouvoir, actuellement la Macronie. À bon entendeur, salut. Si l’on quitte le domaine sexuel, je dois battre ma coulpe en matière de lynchage médiatique. Je m’étais mêlé à la meute en 2017 à l’époque de l’affaire Fillon. Certes Fillon était peu défendable, mais guère plus que la moitié des députés de l’époque, et à force de disqualifer les filous à tronche de malfrats, on se récupère des tyrans à tronche de boy-scouts et l’on se retrouve dans une France transformée en goulag. Fillon aurait-il pu faire encore pire que Macron dans la gestion de cette pseudo-crise ? Je vous laisse conclure, et pour ma part je citerai Léo Ferré : « N’oubliez jamais que ce qu’il y a d’encombrant dans la morale, c’est que c’est toujours la morale des autres ».
– Vignette empruntée au magazine Médiaculpa.
– Illustration empruntée à Libération.
– Lire L’École du soupçon, les dérives de la lutte contre la pédophilie , de Marie-Monique Robin, La Découverte, 2006.
– Cet article a été repris par Profession gendarme.
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