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Bouc émissaire & normopathie, pour les éducateurs

Les Écrous de la haine, de Michel Del Castillo

Julliard, 1970, 317p., épuisé

mercredi 10 octobre 2007

Michel Del Castillo, sous le coup de l’émotion après avoir appris le suicide de Gabrielle Russier le 1er septembre 1969, part enquêter à Marseille, et boucle ce livre le 25 décembre de la même année. Il rencontre tous les protagonistes, à l’exception des parents de Christian Rossi (le nom de famille n’est pas donné à l’époque, Christian étant mineur à la sortie du livre). Il reconstitue l’itinéraire de Gabrielle Russier, cette jeune femme qui, mère de deux enfants, avait divorcé, repris ses études et obtenu l’agrégation de lettres, puis avait commencé à enseigner dans un lycée à la rentrée 67. La passion qui la lia à son élève lui valut un procès, puis le suicide. À travers cette étude de cas, Michel Del Castillo radiographie la moralité française, et un système éducatif qui lui semble marcher sur la tête dès qu’il s’agit de sexualité. Quarante ans après, a-t-on progressé en ce qui concerne la question éducation / sexualité ? Non, on aurait plutôt régressé ; ce pour quoi il m’a semblé intéressant de revenir sur ce livre qui mériterait une réédition.

L’article de Wikipédia sur Gabrielle Russier contient quelques menues erreurs (à moins que ce ne soit le livre de Del Castillo), mais ce n’est guère important. Ce qui compte, c’est le portrait de cette enseignante atypique, qui aime ses élèves, dont elle est proche par l’aspect physique (elle fait moins que son âge). Elle les entraîne à travailler en les amenant à une littérature ancrée dans le réel, par exemple elle ne se contente pas de la poésie des livres, et leur fait écouter des disques de chansons [1]. Elle organise des sorties à la montagne le dimanche, passe des moments avec eux au café ou chez elle, discute avec leurs parents au téléphone ou à leur domicile. Elle n’est pas laxiste, bien au contraire. Très rigoureuse avec ses deux enfants, elle les amène pourtant à une maturité étonnante. Cela choque dans un milieu tel que le décrit l’auteur : « Le corps enseignant constitue un milieu fermé. […] Le manque de contact avec les réalités de l’existence, le commerce avec des adolescents provoquent souvent une involution de leur psychisme. On trouve parmi eux, un nombre important d’immatures. Les femmes ont souvent un aspect gauche et guindé ; elles donnent l’impression d’être, sinon des refoulées, à tout le moins des insatisfaites » (p. 40, repris p. 282). [2] Mai 68 imprime sa marque sur Gabrielle Russier, qui jusque-là n’avait pas d’engagement politique particulier. Elle ressent le mal de la jeunesse. C’est dans ces circonstances que se noue la liaison avec Christian. C’est ce garçon, présenté comme mature et faisant bien plus que son âge (on lui donnerait 23 ans alors qu’il est en seconde ; une photo où il est censé avoir 18 ans en atteste), qui la poursuit, tambourine à sa porte, jusqu’à ce qu’elle cède et qu’ils deviennent amants. Dans cet espèce de No man’s time que constitue L’été 68, elle le retrouve en Allemagne où il effectuait un séjour linguistique, puis ils voyagent en Italie.

Ce qui frappe c’est la grande liberté que les parents du garçon lui laissent à ce moment-là. Ils sont présentés comme des militants de gauche embourgeoisés dans l’enseignement supérieur. Gabrielle se demande si elle doit quitter l’enseignement, puis une possibilité de poste à l’université d’Aix se présente, celle-là même où enseigne le père de Christian, ainsi que l’un des juges qui va s’occuper de son dossier… Les choses se compliquent peu à peu quand le père de Christian demande à Gabrielle de cesser toute relation avec son fils. Les deux amants croient que les parents finiront par se rendre à l’évidence devant les preuves de leur amour, et ils persévèrent, ce qui perdra Gabrielle, car elle va finir par couvrir les fugues de Christian ; on l’accusera même de les provoquer. Elle s’imagine à tort que le fait d’aller en prison une première fois pour quelques jours fléchira le père. Elle est placée en congé de longue durée et perçoit son traitement, ce qui va contribuer à sa fragilité psychologique, le proviseur refusant ses demandes de reprendre le travail [3]. Elle est écrouée du 5 au 12 décembre 1968. Gabrielle s’enferme dans une attitude jusqu’au-boutiste. Elle ne supporte plus l’attitude des « fossiles » (p. 161), et refuse de vivre cet amour dans la dissimulation. Dans une de ses Lettres de prison (publiées en 1970 par Le Seuil), elle estime que dans les HLM autour des Baumettes, « les gens sont emprisonnés dans leur bêtise et leur routine » (p. 186). Lors du procès du 10 juillet 1969, Gabrielle est révoltée en entendant ses accusateurs utiliser le mot « enfant » pour désigner Christian, qui bien sûr a été tenu à l’écart des débats. J’ai noté dans mon Journal de bord d’une action pédagogique en collège contre l’homophobie (projet), la propension de certains enseignants à cacher leur orthosexie derrière l’utilisation compulsive du mot « enfant » en lieu et place d’« élève ». On voit là jusqu’où peut mener ce travers ! Le verdict rendu le lendemain est clément, de plus il doit être effacé par l’amnistie consécutive à l’élection présidentielle (encore un point sur lequel nous avons progressé vers la régression depuis Pompidou, grâce à la démagogie de nos politiciens actuels). Gabrielle crie victoire, signe ses télégrammes « Phèdre » ou « Antigone ». Problème : le Parquet fait « appel a minima » ; on cherche surtout à l’écarter de l’enseignement. Gabrielle se suicide au gaz le 1er septembre.

Michel Del Castillo consacre la deuxième partie de son ouvrage à une réflexion sur les mœurs, l’enseignement, la bourgeoisie, la sexualité, la gauche et l’hypocrisie de ses partisans, et l’état de la société. Ayant assimilé la mort de Gabrielle Russier à un phénomène de bouc émissaire (p. 231), il ne cherche pas à son tour de bouc émissaire particulier, mais accuse la normopathie : « nous sommes tous coupables parce que les lois et ceux qui les appliquent émanent de nous, reflètent l’état de nos mœurs » (p. 235). S’il s’indigne, c’est parce qu’il est « fait au moule des minoritaires » (p. 239) de par ses propres origines. L’attitude réactionnaire des parents R. est révélatrice de l’hypocrisie de la gauche, dont les pensées sont souvent démenties par les actes. Déjà à l’époque ! Aux discours actuels de Ségolène Royal, à ses envolées sécuritaires, à sa ruée sur les faits divers à haute teneur en indignation victimisante, on jugera si on a progressé ou régressé. Habilement, Michel Del Castillo inverse la notion de « détournement de mineur », avec des accents précurseurs de Marcela Iacub : « des parents aussi détournent leurs enfants, il en est même des milliers et des milliers qui les détournent d’eux-mêmes, de l’avenir, de la vie, du bonheur » (p. 243). L’enseignement de la haine du corps par la tradition religieuse relève aussi du « détournement de mineur », et l’auteur signale avec justesse le suicide d’un camarade dans un « collège de jésuites », dont il rend les frères responsables par leur attitude : « on nous giflait si nos mains ne reposaient pas hors des draps » (p. 274). Des mineurs sont morts en combattant pour la Résistance ou à Verdun : « s’ils avaient l’âge de mourir, ils devaient aussi, ce me semble, avoir le droit d’aimer » (p. 272). Michel Del Castillo n’est pas tendre avec l’enseignement à la française. Il dénonce « une culture bourgeoise à l’usage des bourgeois » (p. 285), et loue les profs qui, à l’instar de Gabrielle Russier, savent « enseigner avec amour » (p. 287).

La question de la sexualité

Michel Del Castillo rappelle « qu’on a changé en 1945, l’âge de la minorité, qui était auparavant de seize ans », et qu’« on sévit rarement pour des délits de cet ordre dès lors qu’il y a consentement mutuel » (p. 134). Cette minorité sexuelle à 18 ans est la raison pour laquelle Gabrielle est poursuivie malgré les innombrables preuves de la maturité physique, intellectuelle et sexuelle de Christian, de son attachement à elle et de son consentement. Tant que Christian n’a pas 18 ans, le magistrat ne peut pas l’émanciper, il le place donc dans un foyer (p. 150). L’une de ses élèves, Odette, la visite ouvertement « puisqu’elle est âgée de plus de dix-huit ans » (p. 198), alors que « les autres jeunes la visitent en cachette » Il semble donc qu’à l’époque de la majorité à 21 ans, la majorité sexuelle complète était acquise à 18, ce que j’ignorais. [4] Ce livre m’a permis de prendre conscience que loin de se détendre, la répression sexuelle s’est aggravée depuis l’affaire Russier. Pire, alors que ce suicide a soulevé une vague d’indignation jusqu’au président Georges Pompidou (qui cite un poème de Paul Éluard), au lieu de revoir la loi vers un assouplissement, on l’a rigidifiée, en inventant la notion de « personne ayant autorité », qui semble, d’après mes recherches, être une nouveauté de la Loi n°92-684 du 22 juillet 1992, qui prévoit « dix ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende » lorsque l’« atteinte sexuelle » « est commise par un ascendant légitime, naturel ou adoptif ou par toute autre personne ayant autorité sur la victime » [5]. Devinez qui était au pouvoir ? À l’heure actuelle, il me semble que la même affaire, si elle était découverte, avancerait beaucoup plus vite : grâce à la fameuse circulaire Royal, le prof serait dénoncé dans les 48h, mis à pied, jugé, et le suicide interviendrait beaucoup plus vite, à moins que le président de la République ne demande qu’on émascule le coupable, et chacun dormirait tranquille, aucun Michel Del Castillo n’oserait enquêter, au contraire, on publierait un livre pour accuser l’esprit pernicieux de mai 68 et le laxisme de l’Institution. Si le coupable était une femme, peut-être lui trouverait-on des circonstances atténuantes du moment que son ex-mari ou son frère, enfin un homme, donc forcément un violeur en puissance, pourrait servir de bouc émissaire. Le séjour en prison est l’occasion pour Michel Del Castillo de dénoncer « les casuistes du droit » qui « ont même distingué entre le racolage passif et actif » (p. 138). Là encore, croyez-vous qu’on ait évolué depuis ? Eh bien ! non, un obscur ministre de l’intérieur populiste a rétabli en 2003 ce type de délit qu’on croyait perdu dans les poubelles de l’Histoire ! (Voir Loi pour la sécurité intérieure).

« J’appartiens à la race de ceux qui ne s’offusquent pas que les jeunes gens forniquent » (p. 274), déclare Michel Del Castillo, avant de citer l’inénarrable Jean Cau [6] qui vomissait sur Gabrielle « aux allures lesbiennes » et dénonçait « en vrac, les cheveux longs, les pantalons serrés, la drogue, la pédérastie » (p. 277). On constate au passage que, s’agissant de ces propos ouvertement réactionnaires, même le Front National, aujourd’hui, ne va plus si loin que ce qui se lisait couramment dans l’hebdomadaire désormais préféré de notre vénéré président. La réaction de nos jours est plus hypocrite, et partagée entre « gauche » et « droite ». On tolère les homos du moment qu’ils se mettent en rangs par deux, mais on se résigne à rogner tous les acquis sociaux au nom du pragmatisme mondialisé. Del Castillo s’avoue païen : « Prier pour prier, autant le faire devant Vénus Aphrodite ou devant l’Apollon à la lyre, plutôt que devant un squelette couvert de plaies et tout ruisselant de sang » (p. 294), et évoque naturellement Alcibiade quand il s’agit du lien entre enseignement et amour (cf. Les Pensées altersexuelles de mézigue). On peut se demander si sa position aurait été la même si l’amour en question eût été homosexuel (à l’époque où l’âge du consentement n’était pas le même selon l’orientation sexuelle), ou s’il ne se fût pas agi d’amour monogame roméoetjuliettesque, mais qu’un prof eût fréquenté sexuellement plusieurs élèves, avec consentement éclairé bien sûr… Le constat final est grave : « Nous sommes condamnés ou à périr, ou à inventer une autre forme de société » (p. 312). Nous n’avons pas péri, nous n’avons pas inventé une autre forme de société. Nous sommes égaux à nous-mêmes, judéo-christiano-islamistes en diable. Les homos majoritairement réclament le droit au mariage plutôt que son abolition, les transgenre majoritairement réclament le droit au changement de sexe plutôt que la non-mention du sexe dans l’état civil, et nous hurlons avec les loups que l’urgence pour améliorer notre société est de couper les couilles aux pédophiles. Nous survivons. La lecture de ce témoignage du passé peut rappeler à quelques idéalistes que, dans l’euphorie de 1968, quelques gauchistes avaient cru qu’un autre monde aurait été possible…

 Visionner ce moment d’émotion, Georges Pompidou citant « Comprenne qui voudra », poème de Paul Éluard lors d’une conférence de presse où on lui demande de s’exprimer sur ce fait divers.
 En 1971, sort Mourir d’aimer d’André Cayatte, avec Annie Girardot, et une chanson de Charles Aznavour au générique. En 2009, un téléfilm également intitulé Mourir d’aimer est réalisé par Josée Dayan, avec Muriel Robin et Sandor Funtek dans les rôles principaux.
 Pour se replonger dans la contexte, lire aussi L’Astragale, d’Albertine Sarrazin, une autre jeune femme écrivaine morte au cours de l’été 1969, qui a défrayé la chronique pour sa sexualité et ses séjours en prison, et dont l’histoire a été également adaptée au cinéma. Sorti en 2009, Un Amour prodigue, de Claudine Galea & Colombe Clier raconte une histoire d’amour lesbienne entre une prof et une élève de 16 ans, qui se finit bien ! Voir ce texte intéressant sur la surpénalisation de la « pédophilie », ainsi – toujours pour se replonger dans le contexte – qu’un hommage de Pierre Assouline à Tony Duvert.
 Si vous n’êtes pas encore dégoûté, penchez-vous sur le cas de l’ignoble Simone de Beauvoir, prof corruptrice de faibles adolescentes, et lisez cet article dénonciateur. Souhaitons que l’indignité nationale soit bientôt décrétée, et que tous les livres de cette débaucheuse de jeunes filles soient brûlés !

 J’apprends avec tristesse la mort de Freddy Bossy en mars 2010. Suite à son message ci-dessous, nous avions échangé quelques mails. Je ne l’ai donc jamais rencontré, mais j’ai apprécié cet homme passionné qui regardait le monde en sage.


 La tragédie de Gabrielle Russier, qui coucha avec un de ses élèves prend un autre aspect avec le cas Brigitte Trogneux qui elle eut plus de chance, car les parents ne portèrent pas plainte, et elle devint Brigitte Macron. Pourquoi son mari ne décréterait pas le transfert des cendres de Gabrielle Russier au Panthéon avec quelques travestis en guest-stars ? La vidéo de propagande de la télévision d’État Arte (ci-dessus) tente de nous faire avaler ce scandale d’État. Leurs dessins niais préfigurent involontairement les Perruques jaunes !

Lionel Labosse


Voir en ligne : Site de Michel Del Castillo


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Retrouvez l’ensemble des critiques littéraires jeunesse & des critiques littéraires et cinéma adultes d’altersexualite.com. Voir aussi Déontologie critique.


[1Les programmes sont de plus en plus fermés, mais pour ma part, j’ai fréquemment intégré des chansons en collège, et au lycée, fait écouter des versions de poèmes mis en musique (Ferré, Brassens…), jusqu’à Sniper ou Grand corps malade au détour d’un cours sur la poésie (1re) ou sur la censure (2de).

[2Voir la belle chanson de Georges Brassens, La maîtresse d’école.

[3C’est toujours ainsi que l’on procède par exemple en cas de changement de sexe, ou au moindre soupçon de quoi que ce soit qui puisse ressembler de loin à de la « pédophilie », aux frais de la collectivité.

[4Si un historien du droit pouvait nous éclairer, ce serait bienvenu : y avait-il à l’époque une différence de traitement entre une enseignante ayant eu ce jeune sous son autorité, et toute autre personne avec qui il aurait eu une relation ? D’autre part, au niveau de la liberté sexuelle des mineurs, filles ou garçons, homos ou hétéros, quels étaient les paliers entre 14, 15, 18 et 21 ans ?

[5Voir une note sur le sujet dans l’article consacré à Tout doit disparaître, de Mikaël Ollivier. Cette information est erronée. Un correspondant m’a signalé l’existence de l’alinéa 333 du Code Pénal de 1810 ainsi rédigé : « La peine sera celle des travaux forcés à perpétuité, si les coupables sont de la classe de ceux qui ont autorité sur la personne envers laquelle ils ont commis l’attentat, s’ils sont ses instituteurs ou ses serviteurs à gages, ou s’ils sont fonctionnaires publics, ou ministres d’un culte, ou si le coupable, quel qu’il soit, a été aidé dans son crime par une ou plusieurs personnes. ». Voir un article argumenté de Maître Eolas.

[6À propos de cet homophobe notoire passé du gauchisme à la droite la plus réactionnaire, voir la fameuse Charade de Maxime Le Forestier, dont voici en exclusivité mondiale la réponse à « mon cinquième » : « c’que malade je gémis quand j’lis Match » : « Oh, Jean Cau me noue ! » (= aux gens comme nous). Quand vous aurez tout trouvé, cliquez en bas du lien indiqué ci-dessus en vous réclamant d’altersexualite.com (et je ne soufflerai pas !).

Messages

  • GABRIELLE RUSSIER : UN PASSAGE VIDE DANS SA VIE
    POURQUOI CACHE-T-ON PARTOUT LE NOM DE FAMILLE
    DU MARI DE GABRIELLE RUSSIER
    JE NE LE TROUVE DANS AUCUN ARTICLE
    POURQUOI LE DIVORCE ?
    CETTE HOMME EST-IL SI IMPORTANT DANS LE MONDE ?
    IL EST POURTANT NEE DE CETTE UNION
    DEUX ENFANTS QUI DOIVENT BIEN PORTER SON NOM
    IL Y AVAIT BIEN DE L’AMOUR A CE MOMENT ENTRE EUX
    ET C’EST PORTANT GABRIELLE QUI EN AVAIT LA GARDE
    DES ENFANTS.

  • « … se détruire entier, jusqu’au moment où l’on se tait, où l’on étouffe et croule sous soi-même. » (T. Duvert, Interdit de séjour.)

    Puisque la télé, cette semaine (dimanche 22.11 : André Cayatte, mardi : Josée Dayan), nous rappelle le 40e anniversaire du drame Russier-Rossi, j’ai un peu cherché sur le Net et suis tombé sur votre article et, plus généralement, votre action.

    Ce que vous avez écrit est sans aucun doute ce que j’ai lu de mieux sur cette tragédie de la haine. À l’époque j’avais 15 ans, et dans mon entourage on parlait des tanks à Prague ou du premier vol du Concorde, mais pas de l’amour interdit. Ni de Woodstock. Depuis, après avoir aussi souffert et compris qu’il n’y a rien à espérer de ceux qui aimeraient encore tondre les femmes, je me suis rangé derrière Marcela Iacub ou Tony Duvert (mort en août 2008 dans l’indifférence la plus totale).

    Vous réussissez dans votre analyse à être aussi précis que possible mais avec émotion, et surtout avec avertissement : Gabrielle Russier serait indiscutablement plus vite suicidée aujourd’hui (je dis bien : elle a été suicidée), et n’aurait évidemment pas Éluard comme oraison funèbre.

    C’est peut-être conventionnel, mais je vous remercie d’exister.

    F. B.