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Sujet de BTS de culture générale et expression 2019, écriture personnelle
« Selon vous, notre société nous rend-elle solidaires ? »
Ceci n’est pas un corrigé
samedi 22 juin 2019, par
Je ne pensais pas proposer de corrigé de cette épreuve du BTS 2019 sur le thème Seuls avec tous, mais au fil de la correction de mon lot de 57 copies, j’ai été scandalisé par l’absence quasi-systématique dans l’écriture personnelle de références culturelles issues du cours. Alors j’ai eu l’idée de rédiger non pas un corrigé fait dans les conditions de l’examen ni les règles de l’art, mais un laïus répondant à la question avec un maximum de références culturelles non seulement issues de mes cours (ou des cours que je prévois pour l’année scolaire prochaine) mais aussi de la culture générale non pas d’un(e) étudiant(e) de 20 ans bien sûr, mais d’un vieux schnoque réac de 53 balais, grand laudator temporis acti devant l’Éternel, sans oublier l’utilisation des quatre documents du corpus, qui en prolonge l’analyse après la synthèse. La longueur et l’étendue de ce pensum sont donc totalement étrangers à la nature de l’exercice en temps limité : suis-je bien clair ?
J’ai inclus des citations de certains textes, ce qui serait difficile en examen à moins d’être doté d’une mémoire qui ne soit pas ravagée par l’alcool… Il s’agit donc plutôt du billet d’humeur d’un misanthrope atrabilaire, ou si vous préférez d’une variation en roue libre sur un sujet de BTS. Je me suis dit que je pourrais (en l’élaguant, et en l’expurgeant des phrases politiquement incorrectes) le proposer comme entrée en matière à mes étudiants de 2e année que je vais récupérer à la rentrée 2019. Je pense leur avoir appris en 1re année (enfin à ceux qui acceptent d’ôter leur tétine-smartphone de la bouche pendant l’espace d’un cours) la méthode des deux exercices de l’examen ; reste à les convaincre que l’« écriture personnelle » doit avoir du contenu, et que le mieux pour engranger ce contenu serait… d’écouter les cours plutôt que de baisser la tête sur l’écran de son smartphone, CQFD. Eh oui, rappelons la saillie de Jean-Luc Godard lors d’une cérémonie des Césars : « Quand on va au cinéma, on lève la tête. Quand on regarde la télévision, on la baisse. » L’Homo erectus consultant son smartphone ne vous fait-il pas songer à un âne au museau plongé dans un picotin d’avoine ? [1]
Enfin, comme j’enseigne à des BTS du bâtiment, quelques allusions à ce domaine professionnel truffent le texte, avec des reprises également de documents que j’ai proposés en première année, de façon à montrer aux étudiants qu’en « écriture personnelle », on n’utilise pas seulement le cours de 2e année sur le thème, mais on fait feu de tout bois. Ah, à propos de feu de tout bois, un conseil qu’il faut marteler : par pitié, épargnez à vos correcteurs le foot et l’actualité immédiate. Ne confondez pas Culture générale et expression avec café du commerce ! La trilogie infernale qui infectait 50 % des copies de ce cru 2019 : gilets jaunes / Notre-Dame / coupe du monde de foot, nous a fait hurler à la lune tels des chacals privés de toute proie. Certes, on pourrait fort bien répondre à la question en triturant ces faits comme une lolita malaxe un chewing-gum, mais grattez-vous l’os pariétal : est-ce qu’il s’agit dans cette épreuve de torcher un post sur votre compte Facebook, ou bien est-il question de poser la clef de voûte d’un travail de deux ans où vous, futurs techniciens SUPÉRIEURS, êtes censés avoir engrangé des connaissances CULTURELLES ? Notez bien ces mots ! Il ne faut pas trop jeter la pierre à nos étudiants d’ailleurs, car le barème qui accorde les 2/3 des points à la synthèse et 1/3 à l’écriture personnelle les pousse à négliger cette dernière quand ils sont pris par le temps.
Je suis également plutôt mécontent des corrigés proposés ici ou là, qui privilégient le premier sens du terme « solidaire », la cohésion sociale, au détriment du sens le plus profond, l’aide ou le soutien accordés aux plus faibles ; oubli qui me semble significatif d’un nivellement vers l’égoïsme de « notre société ».
« Selon vous, notre société nous rend-elle solidaires ? »
[Introduction] [amorce] Dans son « dilemme du porc-épic », Arthur Schopenhauer nous apprenait qu’il convient de trouver la « bonne distance » pour se réchauffer auprès des autres sans subir la blessure de leurs piquants. [explication du sujet] La notion de solidarité que ce sujet nous propose de discuter peut s’entendre principalement dans deux sens. Premièrement, l’interdépendance, comme dans le domaine du bâtiment, une charpente est constituée d’éléments solidaires entre eux pour assurer la solidité de l’ensemble ; deuxièmement, le devoir moral de soutenir ou d’assister autrui en cas de besoin. Les « piquants » de Schopenhauer sont donc considérés ici au sens strict : comment, dans une société donnée, nous réchauffer quand nous sommes soumis à des piquants acérés, et comment faire corps ensemble tout en demeurant des individus distincts. [problématique] Nous nous demanderons dans quelle mesure notre société occidentale du XXIe siècle favorise ou estompe, dans les deux sens du terme, cette solidarité inhérente à toute société humaine. [annonce du plan] Pour répondre à cette question, nous étudierons d’abord la solidarité au sens de cohésion de la société, puis la solidarité en tant que soutien ou assistance à autrui.
[annonce du contenu de la 1re grande partie et de la 1re sous-partie] Une société solidaire, c’est d’abord une société solide, dans laquelle chacun tient sa place pour assurer la cohésion de l’ensemble. L’individu seul n’existe pas. Dans La Vie commune, Tzvetan Todorov écrit : « nous ne pouvons jamais nous voir physiquement en entier ; c’est là une incarnation parlante de notre incomplétude constitutive, du besoin que nous avons d’autrui pour établir notre conscience de soi, et donc aussi pour exister. » La famille constitue-t-elle toujours la cellule de base de la société ? Pour Jean-Jacques Rousseau dans Du Contrat social, « La plus ancienne de toutes les sociétés & la seule naturelle est celle de la famille. Encore les enfants ne restent-ils liés au père qu’aussi longtemps qu’ils ont besoin de lui pour se conserver. » Le protagoniste de Dom Juan de Molière, qui est le modèle même de l’individualisme, ne répond-il pas à son père venu le sermonner : « Mourez le plus tôt que vous pourrez, c’est le mieux que vous puissiez faire ». Au contraire, Robert Antelme dans L’Espèce humaine, relate une anecdote qui l’a marqué dans un camp de concentration : un père et son fils, catalans, restent soudés malgré la décrépitude inhérente aux mauvais traitements ; le père n’est plus que l’ombre de lui-même, mais un jour qu’il se fait battre et humilier, « son fils l’avait défendu et ensuite il était venu vers lui et lui avait dit : Padre ! ». Un vieillard cacochyme trouvera difficilement du soutien en dehors de sa propre famille. Le film de Joseph Mankiewicz La Maison des étrangers (1949) montre au contraire une famille italo-américaine ravagée par la haine à cause du comportement autoritaire et injuste du père, qui privilégie l’un de ses fils et humilie les quatre autres. Dans la scène clé du film où le père accusé par l’État se voit refuser leur aide par les trois fils délaissés, il comprend qu’ils sont devenus comme des étrangers. Le sens du film peut bien sûr s’appliquer à la société entière. Des tentatives ont existé pour abolir la famille, comme les kibboutzim en Israël, où une communauté soudée pouvait ternir lieu de famille, comme le montre Exodus (1960) d’Otto Preminger. Mais en l’absence de communauté de substitution, cela a abouti à une régression pour les enfants coupés de leurs parents. La neuro-psychiatre Anny Cordié rappelle dans Les Cancres n’existent pas, un fait qui s’est passé en Roumanie communiste : des enfants étaient brutalement séparés de leurs parents et confiés à la nation, c’est-à-dire regroupés dans des orphelinats, où, faute de tout ersatz de famille, ils devenaient autistes ou arriérés. Au contraire, des enfants des rues de Rio ou de Bombay privés de leur famille, recréaient une société alternative – et solidaire – qui leur permettait de survivre. Dans La Garçonnière de Billy Wilder, le protagoniste incarné par Jack Lemmon vit seul, sans liens familiaux ni amicaux, dans une grande ville, et croit trouver son équilibre en prêtant alternativement son appartement à cinq collègues pour qu’ils y rencontrent leurs maîtresses. Cette solidarité est une caricature, car chacun n’y écoute que ses propres intérêts, et c’est la règle générale de la compagnie d’assurances pour laquelle tous travaillent les uns à côté des autres dans un immense open space, ne rêvant que de monter en grade, et donc d’accéder à un étage supérieur de la tour en ziggourat qui abrite la compagnie. C’est l’origine du modèle décrit dans l’article « Coworking mode d’emploi » : ce paradoxe de l’individualisme exacerbé par la vie en commun est loin d’avoir été inventé par la nouvelle « société collaborative ».
[phrase de transition de la 1re à la 2e sous-partie de la 1re grande partie] Si la famille demeure la cellule de base, difficile à remplacer, d’une société cohérente, une cohérence sociale plus globale est nécessaire, dont on se demande si elle est encore possible à l’heure de la mondialisation et des migrations. Norbert Elias, reprenant Aristote dans La Société des individus nous explique que « Dire qu’« en réalité » la société n’existe pas et qu’il n’existe qu’une multitude d’individus isolés signifie à peu près la même chose que prétendre qu’en réalité la maison n’existe pas, qu’il n’y a qu’un grand nombre de pierres, un tas de pierres ». Cette impression de tas de pierres ressort du dessin de Rémi Malingrey : ces personnes entassées dans la voiture par la grâce du covoiturage ne constituent pas une famille, mais un monceau d’individus cloisonnés : chacun regarde dans une direction ou se livre à une activité différente. Pour faire société, il est nécessaire de coaliser les individus. On peut invoquer alors le paradoxe sorite de la philosophie : à partir de quel nombre un ensemble de grains constitue un tas, un ensemble de personnes une société ? La célèbre photo des principaux auteurs du Nouveau roman par Mario Dondero en 1959 en fournit un exemple : non seulement Marguerite Duras en est exclue, mais tous ces auteurs dont les regards s’évitent semblent aussi étrangers les uns aux autres que les passagers de la voiture de Rémi Malingrey. Le théâtre et la musique ont pourtant permis de coaliser une société depuis les origines du théâtre grec, avec le chœur dirigé par le coryphée, qui représente le peuple. Certaines chansons de lutte mettent en valeur la cohésion, comme par exemple « L’Estaca » chanson composée par le catalan Lluís Llach du temps du dictateur Franco, qui suggère qu’en tirant tous ensemble sur une corde on peut faire tomber un pieu fiché profond en terre, allégorie de la dictature. « Le chant des partisans », chanson de la Résistance, subsume cette idée de cohésion du groupe par-delà le sacrifice des individus : « Ami, si tu tombes / Un ami sort de l’ombre / à ta place ». Une société solidaire en ce sens est semblable au bateau de Thésée, qui conserve son identité alors que toutes ses pièces d’origine ont été remplacées. Les chansons de métiers vont dans le même sens, comme « La Chanson du maçon » de Maurice Chevalier, les chansons de marins, voire les chants de marche militaires comme l’hymne national de la France. Ces chansons correspondent à une division du travail évoquée par Jean Giono dans sa Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix : chaque ouvrier maîtrisait sa partie, ce qui n’empêchait pas de collaborer, ce qui ne s’imagine pas dans le travail à la chaîne chez Bata ou sur la chaîne de montage du film de Charles Chaplin Les Temps modernes, avec cette image frappante de l’ouvrier avalé par la machine : au lieu d’être le rouage conscient d’une société humaine harmonieuse, l’homme est devenu le rouage d’un mécanisme incontrôlable. L’économiste Bernard Maris (assassiné dans les locaux de Charlie Hebdo en 2015) montrait dans son Antimanuel d’économie que le mythe de la « main invisible du marché » est contredit par la théorie des jeux qui prouve qu’en matière d’économie, une stratégie commune permet à tous de réaliser plus de gains. Les professeurs de lettres devraient se sentir concernés : combien de sites gratuits de partage de documents comme Lettres volées, qui permettrait à chacun, en donnant un ou deux document, d’en recevoir cent ? Cette cohésion sociale n’a pas que des bons côtés : le film de propagande de Leni Riefenstahl, Le Triomphe de la volonté, montre comment une société qui n’est certes pas un tas de pierres mais un édifice parfaitement agencé, peut être vouée au mal absolu que constitue le nazisme. De même les mafias sont des sociétés très structurées vouées au mal, et la solidarité dans le crime constitue la pierre de voûte de leurs clans. Dans Le Parrain de Francis Ford Coppola, Don Vito Corleone, le chef du clan reçoit plusieurs de ses protégés en marge du mariage de sa fille, et promet à chacun d’exercer une solidarité souvent meurtrière pour assouvir leurs besoins de vengeance ou de réussite. Les pratiques de foule décrites par Gustave Le Bon dans Psychologie des foules peuvent aboutir au pire ou au meilleur, lynchage ou révolution. Par exemple dans Le Soleil brille pour tout le monde, de John Ford, une foule en colère veut lyncher un jeune noir parce qu’un viol a été commis. Il faudra une grande force morale au juge pour protéger ce jeune, le temps de trouver le vrai coupable. La vie moderne avec sa facilité de migrations change la donne. C’est déjà le cas dans le film La Belle Équipe de Julien Duvivier, dont le titre ironise sur une micro-société d’amis qui ayant gagné à la loterie, réunissent leurs parts du gain pour ouvrir une guinguette. S’il y a des moments heureux comme la scène où les 5 amis s’étendent en pleine nuit sous la pluie pour empêcher le toit de s’envoler, le message final est pessimiste, mais on note que deux des amis résolvent la crise en fuyant à l’étranger. Au niveau macroéconomique les sociétés multinationales liées au développement de l’Internet abusent de toutes les facilités pour échapper à la solidarité nationale incarnée par les impôts, et mettent les démocraties en danger en prélevant un grand nombre de ressources qui auparavant abondaient les finances de l’État ; de même un certain nombre de personnes très riches s’exilent non pas comme Voltaire, Victor Hugo ou Émile Zola par fidélité à des convictions de solidarité avec des victimes d’injustice, mais pour payer moins d’impôts et donc moins contribuer à la solidarité nationale. La solidarité des pays de l’Union Européenne est également en question, car ces pays pratiquent la concurrence fiscale au bénéfice des plus riches. Un drame survenu en 2018 au sein de la tribu des Sentinelles, qui vit en autarcie au large de l’Inde, est révélateur des risques que la modernité fait courir à la solidarité d’une société. Un globe-trotteur animé d’intentions humanitaires a voulu entrer en contact avec cette tribu malgré l’interdiction formelle due au risque de les anéantir par l’introduction d’un germe contre lequel ils ne sont pas protégés. Il a été tué par ces hommes qui sont bien obligés de se défendre contre ces inconscients qui confondent solidarité et quête nombriliste d’exploits.
[phrase de transition de la 1re à la 2e grande partie] Au premier sens du terme, nous avons donc vu qu’une société solidaire, c’est d’abord une société cohérente, qu’elle soit basée sur une famille ou d’autres formes d’association, ou sur un lien fort qui peut unir une corporation ou un peuple bien au-delà du noyau familial ; mais la solidarité a aussi un sens plus profond, le soutien et l’assistance envers ceux qui en ont besoin. [annonce du contenu de la 1re sous-partie de la 2e grande partie] Une société pérenne c’est d’abord une société solidaire des plus faibles. Au XIXe siècle, certains penseurs ont tenté de dévoyer le darwinisme en établissant la théorie de « darwinisme social », soit le fait que l’élimination des faibles serait le moteur de l’évolution. Or Patrick Tort a démontré qu’au contraire pour Darwin le processus de l’évolution incluait, que ce soit chez l’homme ou chez l’animal, des pratiques d’entraide et d’altruisme qui peuvent aller jusqu’au sacrifice de soi. La plupart des religions prônent la charité, qui constitue pour les chrétiens une des trois vertus théologales, ou l’aumône, avec par exemple la Zakât, troisième pilier de l’islam. Chez les juifs, le mendiant est honoré, de façon parfois ironique avec la figure du « schnorrer », comme dans Le Roi des schnorrers d’[Israël Zangwill]->499#zangwill]. Les enseignants apprennent plutôt le sens de l’entraide que l’individualisme, et des associations de jeunes comme les scouts, mettent la « bonne action » quotidienne au cœur de leur code de conduite selon le précepte du fondateur du scoutisme Baden Powell. L’une des pages les plus bouleversantes de la littérature française n’est-elle pas ce moment de grâce où Monseigneur Myriel, à qui les gendarmes ont ramené Jean Valjean qui le croit simple prêtre et lui a dérobé son argenterie, au lieu de le dénoncer, ajoute à son butin deux chandeliers et tente par ce coup de théâtre de le convaincre de devenir honnête. Il n’y a pas loin de ces principes religieux à la dictature du prolétariat et l’abolition des rapports de classes proposées par le Manifeste du parti communiste. L’expression « de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins » (Critique du programme de Gotha) est restée fameuse. La solidarité est aussi de mise quand ce qui a besoin d’être protégé est la collectivité. Dans Du Contrat social, Rousseau justifie la participation des citoyens à la guerre, jusqu’au sacrifice si nécessaire : « Leur vie même, qu’ils ont dévouée à l’État, en est continuellement protégée ; & lorsqu’ils l’exposent pour sa défense, que font-ils alors que lui rendre ce qu’ils ont reçu de lui ? Que font-ils qu’ils ne fissent plus fréquemment & avec plus de danger dans l’état de nature, lorsque, livrant des combats inévitables, ils défendraient au péril de leur vie ce qui leur sert à la conserver ? » Ce dévouement à la collectivité peut être solennisé par un rituel comme le serment.
Le peintre Jacques-Louis David en a tiré deux de ses tableaux les plus célèbres, Le Serment des Horaces, d’après l’histoire du combat des Horaces et des Curiaces, champions de leurs villes respectives et liés par leurs sœurs. Quand la patrie est en danger, on ne doit écouter que son devoir, tel est le sens de ce tableau, qui pousse au degré le plus haut l’esprit de solidarité. Le Serment du jeu de Paume est une toile inachevée du même peintre, qui solennise le serment du 20 juin 1789, date essentielle de la Révolution française, quand les députés du tiers état jurèrent de ne pas se séparer avant l’élaboration d’une Constitution, ce qui n’alla pas sans heurts. La solidarité confond ici les deux sens de cohésion de la nation et de soutien envers le peuple, ce dont témoigne la phrase sans doute apocryphe attribuée à Mirabeau : « Allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par la volonté du peuple et que nous ne quitterons nos places que par la force des baïonnettes ! » Jean Giono, dans ses écrits pacifistes, s’oppose radicalement à cette solidarité guerrière, d’une façon qui lui sera reprochée : à la question « Si l’Allemagne nous attaque, que faire ? » posée en 1937 dans les Cahiers du Contadour, il répond : « Refuser d’obéir à la guerre. Que peut-il nous arriver de pire si l’Allemagne envahit la France ? Devenir allemands ? Pour ma part, j’aime mieux être allemand vivant que français mort. » Mais plus simplement, la notion de solidarité est au cœur d’institutions importantes comme la Sécurité sociale et le mutualisme, la retraite, l’assurance chômage et les assurances en général, sans parler du syndicalisme et des caisses de solidarité internationales des mouvements ouvriers mises en place dès le XIXe siècle. Les coopératives agricoles, héritières des fruitières, sont aussi, du moins à l’origine, bâties sur un principe de solidarité. Lors de catastrophes naturelles, des fonds d’indemnisation permettent souvent de dédommager les victimes d’événements non prévus par les assurances. Peu de gens savent que bien avant sa monétisation grâce à Internet, le covoiturage fut l’une des armes d’un des plus grands mouvements solidaires de droits civiques : lorsque Rosa Parks est arrêtée en 1955 pour avoir violé les lois ségrégationnistes en refusant de céder sa place à un blanc, Martin Luther King mena sa première campagne, le boycott des bus de Montgomery (Alabama) qui dura plus d’un an, année pendant laquelle un système de covoiturage permit à ceux qui ne pouvaient pas marcher de participer au boycott.
[phrase de transition de la 1re à la 2e sous-partie de la 2e grande partie] Mais le sujet nous demande d’examiner si ces principes de solidarité sont favorisés par « notre société ». Dans une perspective laïque, Todorov déclare : « Un être dépendant de moi peut me causer des soucis et des désagréments ; il me donne néanmoins plus qu’il ne me prend : il me rend nécessaire », et l’on pourrait y voir la justification de nombre de pratiques modernes de solidarité, dans lesquelles le narcissisme l’emporte sur le souci réel de l’autre, comme le montrent Émilie Daudrey et Sandra Hoibian dans leur article. Le féminisme des réseaux sociaux par exemple s’emballe souvent avec des effets de foule qui ressemblent étrangement à des phénomènes de désignation d’un bouc émissaire tels que ceux décrits par René Girard dans son essai du même nom. Le mouvement au titre révélateur #BalanceTonPorc avait pour point de départ la dénonciation de harceleurs dont auraient été victimes des femmes plus ou moins célèbres. Le nom même de ce groupe rappelle la formule de Stromae et Orelsan dans la chanson « Carmen » : « Les sourires en plastique sont souvent des coups d’hashtag ». De même, on trouve davantage de révoltés 2.0 prêts à hurler par hashtag interposé pour l’écriture inclusive que de militants prêts à s’engager concrètement pour l’école inclusive, les métros ou les trottoirs inclusifs (écoles, métros ou trottoirs que les vieillards ou les handicapés pourraient utiliser en toute sécurité). Poster une phrase révoltée sur un smartphone (slacktivisme) est pourtant un acte facile qui engage moins que certaines luttes féministes du passé. Ainsi dans les années 1970, des femmes s’engagèrent concrètement en France dans la lutte pour le droit à l’avortement, comme en témoigne le manifeste rédigé par Simone de Beauvoir publié en 1971 dans Le Nouvel observateur et signé par 343 femmes qui reconnaissaient avoir avorté clandestinement. À cette époque, les militantes du planning familial affrétaient des bus pour permettre aux femmes les plus pauvres d’avorter en Angleterre ou en Belgique ; c’était autre chose que de purger sa conscience avec un tweet au risque d’accabler un innocent ou de persécuter un bouc émissaire pour un délit vieux de 40 ans, comme c’est le cas pour Roman Polanski. Récemment, l’évêque Barbarin s’est vu condamner par la justice non pas pour avoir commis un crime, mais pour avoir négligé de dénoncer des prêtres pédophiles ; et plus que cela, de nombreux Zorros du tweet exigent sa destitution, soit une double peine pour cet évêque rétif à la délation. Qu’il y a loin de Mgr Myriel à Mgr Barbarin, et comme cela est révélateur du goût de notre société avancée du XXIe siècle pour la solidarité et la charité chrétienne ! [2] À côté de cela, existe-t-il une loi qui punisse la non-dénonciation de radicalisation pour les apprentis-djihadistes, par solidarité avec leurs potentielles victimes ? C’est le moment de replacer ma citation préférée de Pierre Bourdieu : « si l’on emploie des minutes si précieuses pour dire des choses si futiles, c’est que ces choses si futiles sont en fait très importantes dans la mesure où elles cachent des choses précieuses » (Sur la télévision, p. 17 ; cf. cet article). Il existe toujours des militants dont la solidarité ne se contente pas de mots, que ce soit ceux qui animent des AMAP, hackerspaces, font du soutien scolaire, de l’alphabétisation ou même ceux qui soutiennent concrètement des sans-papiers. La coopération et les jumelages avec des pays pauvres notamment en Afrique a aussi constitué un grand mouvement solidaire. Mais si l’on prend l’exemple du Burkina-Faso ou du Mali, que des décennies de coopération n’ont pas empêchés de plonger dans le djihadisme, on peut se poser des questions. La crise migratoire est si aiguë qu’il ne se passe pas un an, en France, sans que des lois baptisées « délit de solidarité » ne soient votées ou amendées, tant il est difficile de tracer une frontière entre une charité directe à une personne, en principe garantie par une autre loi pénalisant la non-assistance à personne en danger, et la participation à des réseaux mafieux de trafic d’êtres humains ou autres marchands de sommeil qui bâtissent leur fortune sur les faux espoirs qu’ils inspirent à ces « migrants ». On se souvient de la polémique engendrée en avril 2019 par les propos du ministre de l’intérieur Christophe Castaner sur les « ONG complices des passeurs ». Les exodes actuels de « migrants » et non plus de « travailleurs immigrés » ne vont pas sans interroger la notion de solidarité. Cette catégorie de « migrants », très majoritairement de sexe masculin, abandonnent femmes et enfants parfois en danger (pour ceux qui demandent le statut de réfugié) ; d’autre part s’ils ne travaillent pas dans le pays d’accueil, cela signifie qu’ils n’envoient pas à leur famille une partie de leur salaire comme le font depuis toujours les travailleurs immigrés. Où réside alors l’esprit de solidarité ? Les éléments de langage politiquement corrects font des « migrants » les héros du monde moderne, et toute personne qui émet une opinion divergente se voit immédiatement taxée de racisme ou d’« extrême droite ». Or j’aimerais bien qu’on me dise quel est le sens profond de cet exode massif de « réfugiés » vers l’Europe de l’Ouest ? Ou pour prendre un exemple précis, lorsque « notre société » empêche des Français qui en seraient largement capables de devenir médecins avec le numerus clausus (heureusement supprimé en 2019), quel est le sens profond de ces innombrables médecins ou kinés de pays pauvres qui affluent en Europe pour se substituer au manque créé de toutes pièces par ce numerus clausus, pour nous soigner à moindre coût et priver les ressortissants de ces pays pauvres de leurs capacités, ce qui les fait migrer en Europe où ils espèrent bénéficier des soins de leurs compatriotes, cercle vicieux absurde qui remet en cause la notion de coopération évoquée ci-dessus. Ceci est bien éloigné de la situation des travailleurs immigrés des années 1950 et des élans de solidarité qu’ils pouvaient susciter, comme les décrivait Claire Etcherelli dans Élise ou la vraie vie. Ces « migrants » et les Français ressemblent un peu aux « coworkers » du document 2 ou aux covoitureurs du doc. 3 : deux communautés cloisonnées partageant juste un espace commun, et confrontées au « choc des cultures ». Et cela s’ajoute aux autres cloisonnements anciens ou récents de la communauté nationale, les divers communautarismes notamment quand ils cloisonnent les familles dès l’école. Certaines écoles privées catholiques et juives sont réservées à la haute bourgeoisie ou totalement imperméables à d’autres milieux, quand d’autres écoles privées, confessionnelles ou non, sont plus ouvertes ; un enseignement privé musulman émerge depuis les années 2000, notamment suite à l’interdiction des signes religieux à l’école publique – comme quoi la lutte contre le communautarisme peut le renforcer – et même dans l’enseignement public, contourner la carte scolaire grâce à un choix d’options élitistes est un sport national qui survit à toutes les réformes. De nouveaux communautarismes favorisés par les réseaux Internet sont parfois à la limite du sectaire, comme les végan, qui contrairement aux végétariens ont parfois des attitudes excluantes voire violentes. La communauté altersexuelle n’est pas en reste, laquelle cherche à imposer au reste de la population un émiettement interne, en promouvant des sigles incompréhensibles comme « LGBTQI+ ». Certes, comme le montre Sherry Turkle dans Seuls ensemble. De plus en plus de technologies, de moins en moins de relations humaines, les technologies de communication et les robots n’ont pas particulièrement favorisé l’entraide et la solidarité. L’humanisation des robots est selon elle, corrélative à la déshumanisation des humains. Une génération d’êtres humains à la tête rivée à leurs écrans-tétines sont désormais incapables de prêter attention à un autrui non virtuel. Très concrètement, selon une étude INSEE de 2006, la région Île de France est celle où la longévité est la plus élevée, mais les centenaires ne peuvent plus circuler sur les trottoirs car ils seraient immédiatement renversés par le nombre d’inconscients qui y foncent à trottinette, en vélo, ou à pied tête baissée sans se préoccuper d’autrui, peut-être fascinés sur leur smartphone par le sort d’une petite fille à l’autre bout du monde pour laquelle ils vont signer une pétition tout en heurtant un vieillard sorti de chez lui au péril de sa vie pour acheter son pain. On ne voit pas à Paris de vieillards circulant en déambulateur dans les rues ; et vous rappelez-vous avoir vu dans le métro une seule fois une personne en fauteuil roulant ? Le mouvement des gilets jaunes entamé en France en octobre 2018 n’échappe pas à la règle. S’il fut un mouvement concret existant à la fois sur les réseaux et sur les ronds-points, l’émiettement aux moments décisifs l’a emporté sur la cohésion et la solidarité. Francis Lalanne qui a représenté ce mouvement aux élections européennes après l’avoir soutenu non pas façon people, par des tweets ou des harangues télévisées, mais en étant physiquement présent sur les ronds-points, n’a rassemblé que 0,5 % des voix, alors qu’au début, près de 80 % des Français se déclaraient solidaires du mouvement [3]. Dans les années 1960, l’expérience de Milgram montra que l’obéissance à l’autorité, qui est à la source de la cohésion sociale, peut paradoxalement pousser aux pires crimes à l’opposé du principe de solidarité (le cobaye se solidarise toujours à l’expérimentateur sadique, jamais à l’inconnu maltraité). Cette expérience est d’ailleurs inspirée des réflexions d’Hannah Arendt sur la « banalité du mal » et le fait que la plupart des nazis n’ont agi que par obéissance à des politiciens imprégnés du darwinisme social. Il serait faux de croire que ceci est propre à notre société moderne. Ainsi Arthur Koestler dans Le Cheval dans la locomotive, essai postérieur aux expériences de Milgram, affirme-t-il que « les tendances à l’intégration sont incomparablement plus dangereuses que les tendances à l’affirmation du moi » et que « Le nombre des victimes des voleurs, bandits de grand chemin, gangsters et autres criminels à n’importe quelle période de l’histoire est négligeable par rapport aux foules vertueusement immolées au nom de la vraie religion, de la politique juste ou de l’idéologie correcte. » Stockmann, le héros de Un ennemi du peuple d’Henrik Ibsen, dénonce « Le pire ennemi de la vérité et de la liberté, […] la majorité compacte », qui l’empêche de s’exprimer parce qu’il est en avance d’une idée sur elle. Federico Fellini donne un exemple dans Répétition d’orchestre du danger que peuvent au contraire représenter les tendances à l’individualisme. Le chef ne parvient pas à imposer son autorité face à un orchestre dont tous les membres laissent libre cours à leurs désirs individuels ou à des mots d’ordre libertaires typiques des années 1970. Il faudra un danger extérieur, sous la forme d’une boule de démolition qui s’attaque au mur de la salle de répétition pour que face à la crainte de ce danger vital, l’orchestre retrouve sa cohésion et le chef sa place. C’est aussi le thème de la version d’Antigone de Jean Anouilh, dans laquelle Créon justifie son décret apparemment inique face à une société en décomposition, en ces termes : « Il faut pourtant qu’il y en ait qui disent oui. Il faut pourtant qu’il y en ait qui mènent la barque ». C’est souvent le danger qui nous fait retrouver le sens de la solidarité. Ainsi Robert Antelme relate un de ses souvenirs les plus émouvants en camp de concentration, celui d’une Allemande qui lui donne du pain dans l’usine d’armement où il travaille, en lui glissant que son mari est lui-même prisonnier. À la même époque, la Résistance mit en œuvre l’esprit de sacrifice, comme le montre L’Armée des ombres de Jean-Pierre Melville. Pour n’en citer qu’une scène, je retiendrai celle où Jean-François (Jean-Pierre Cassel) qui s’est fait arrêter volontairement pour rejoindre un camarade torturé par les Allemands pour le pousser à la délation, cède son unique capsule de cyanure à celui-ci après l’échec de leur tentative d’évasion. Dans « Boule de suif », la nouvelle de Guy de Maupassant, une prostituée accepte, poussée par le groupe de voyageurs de sa diligence, de coucher avec un Prussien qui exige cela pour les laisser passer. Cet acte de solidarité n’est pas payé en retour, puisque, une fois le danger écarté, la jeune héroïne est à nouveau méprisée par ceux qu’elle a sauvés. Au contraire, dans La Chevauchée fantastique de John Ford, adaptation de cette nouvelle dans le contexte de l’Ouest américain, peut-être parce que la société étasunienne de l’époque était plus constamment en danger, les occupants de la diligence finissent non seulement par être solidaires entre eux pour se défendre des Indiens, mais ils adoptent tous une attitude bienveillante vis-à-vis de la jeune prostituée qui a vaillamment assisté une femme enceinte lors de son périlleux accouchement. La Seconde Guerre mondiale fut aussi un paroxysme de la solidarité au sens du sacrifice de soi pour la collectivité, comme en témoigne la scène du Débarquement à Omaha beach racontée dans le livre et le film autobiographiques du réalisateur Samuel Fuller Au-delà de la gloire. La scène de l’ouverture de la brèche dans les barbelés avec une torpille Bangalore, long tube constitué de plusieurs sections qui nécessite le sacrifice successif de plusieurs soldats avant que Griff parvienne aux barbelés, est une des plus poignantes scènes de tous les films de guerre.
Dans le monde actuel cette époque de sacrifices pour la collectivité n’est pas révolue. Le terrorisme musulman voit ainsi émerger des formes de sacrifice & de cohésion néfastes à l’instar de celles des nazis, mais aussi des formes de sacrifice qui apparaissent comme plus optimistes, du moins tant que la guerre est en cours. Ainsi Les Kurdes notamment ont fourni sur le théâtre des opérations contre Daech en Syrie l’offensive la plus décisive, et ceci en subissant l’hostilité des gouvernements turc et syrien, et en recevant un soutien mitigé des Occidentaux. Dans ce Moyen-Orient marqué par une condition féminine archaïque, je laisserai le mot de la fin à Viyan, une combattante kurde animée d’un esprit de sacrifice digne de la Résistance ou du Débarquement, à la même époque où la plupart d’entre nous passons la moitié de notre temps le visage penché sur nos smartphones comme des ânes dans leurs picotins d’avoine [4] : « Même quand je serai morte, la lutte continuera, car je donnerai l’exemple, en tant que martyre, à d’autres jeunes filles. Je n’aurai pas vécu longtemps, mais intensément. Je ne regrette rien de mes vingt-cinq années passées sur terre. Pas même ce à quoi il a fallu renoncer, le mariage, la maternité, la féminité. Il est des sacrifices utiles. Pour moi, mieux vaut assurer l’avenir de mon peuple en combattant ceux qui cherchent à l’effacer qu’en enfantant. À quoi sert de mettre au monde des enfants sans avenir, sans terre et, surtout, sans liberté ? »
[Conclusion] [Bilan et réponse à la problématique] Pour conclure, la question de la solidarité, que ce soit dans son sens de cohésion sociale ou dans celui d’entraide, est au fondement de la vie en société, et elle est particulièrement en crise dans le monde moderne depuis la révolution industrielle et encore plus depuis l’émergence d’Internet. La désagrégation des liens sociaux fondamentaux, liens familiaux et pacte social, la mondialisation des échanges et des migrations favorisent la tendance à l’individualisme tandis que certaines initiatives solidaires ont du mal à émerger tant elles sont noyées dans le tourbillon général. [Élargissement final] Notre société ressemble de plus en plus à la voiture au tas de gens de Malingrey plutôt qu’à la diligence de Maupassant ou de John Ford où du moins les gens, en dépit de leurs différences sociales, se regardaient et se parlaient. Il serait dommage, comme disaient les pessimistes, qu’il nous « faille une bonne guerre » pour nous rappeler à cette valeur fondamentale d’une solidarité qui ne se réduise pas à un post, un tweet ou un hashtag.
Voir en ligne : Consulter le sujet 2019 sur le site magister
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L’illustration de vignette est un dessin de presse de Plantu, à voir sur ce blog.
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[1] Il est vrai qu’en ville ou dans le métro, si on a le malheur de lever la tête, c’est pour subir le matraquage publicitaire éhonté, par affiches, ou pire, par écrans énergivores, que la vie moderne, et derrière elle des politiciens indignes, nous imposent.
[2] Le 27 novembre 2019, le parquet me donne raison et déjuge les juges qui avaient condamné l’évêque en première instance. Lire « Au procès Barbarin, le parquet requiert la relaxe et met en garde contre la « justice symbolique » ». Ouf ! Tous les juges n’ont pas perdu la raison, mais on est au bord du gouffre !
[3] Voilà, j’ai parlé des gilets jaunes, juste pour prouver qu’on peut évoquer un sujet d’actualité dans une écriture personnelle, à condition d’avoir quelque chose de précis à en dire. Reconnaissez que ce n’est quand même pas le meilleur passage de ce corrigé !
[4] Ah ! Je vous vois venir : et si je surprenais un de mes étudiants broutant son smartphone ; que je lui fisse une remarque sibylline, et qu’il me répliquât qu’il était précisément en train de picorer le présent article ! Plût au ciel !