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Une nouvelle pour les 4e / 3e.
À-pic, de Frank Secka
Éditions Thierry Magnier, 2002, 128 p., 7 €.
samedi 28 avril 2007
Un récit à la première personne pour raconter un séjour à Thal, aux sports d’hiver, en 1977. L’année où la vie du narrateur a basculé, entre faux-semblants et prise de conscience. Une évocation sincère des tourments du désir quand la haine de soi s’en mêle.
Résumé
Cette année-là, pour la première fois, Jean accompagnait son frère à Thal pour un séjour de sports d’hiver organisé par une prof d’anglais aux vacances de Printemps. Sa principale préoccupation est de s’intégrer au groupe des grands, notamment de fréquenter son camarade de chambre Samuel, un garçon « crâneur » qui en d’autres circonstances « n’aurait pas fait partie de [sa] bande » (p. 83). Il fréquente aussi Vanessa et « Fleur de cactus », dont il fait les confidentes de son amour naissant. Séduit par les exploits ou les bourdes de Jean, Samuel se rapproche de lui, et à force de discussions sur les filles, finit par profiter d’un début d’ivresse pour l’embrasser. Tandis que Jean n’y voit pas malice, mais au contraire rêve de poursuivre dans cette voie, et met petit à petit toute la compagnie dans la confidence, Samuel s’enferme dans la dénégation et la haine de soi retournée contre Jean.
Mon avis
Une nouvelle à rapprocher de Tous les garçons et les filles, de Jérôme Lambert. L’action est située en 1977, ce qui incite à y voir une confidence autobiographique, même si on aura peine à croire que, à l’époque, tout un autocar ait cautionné un flirt entre deux garçons. De même qu’on a peine à croire que, en 2003, tout un groupe scolaire ait réagi dans le sens de l’homophobie (dans Tous les garçons et les filles). Le ton est convaincant, la psychologie des personnages est bien esquissée, les sentiments du narrateur sont analysés avec finesse, et les mots pour le dire sont clairement utilisés, contrairement à certains ouvrages, ce qui me semble important pour le jeune lecteur. L’aspect sexuel n’est pas gommé, avec une jolie scène de désirs croisés évoquée d’ailleurs par l’illustration de 4e de couverture, mais il ne s’agit pas de provocation gratuite, au contraire toute la duplicité du personnage s’y trouve exposée (p. 50). Le livre permet une réflexion personnelle sur le déni de l’homosexualité, mais aussi plus générale sur le gouffre qu’il peut y avoir entre son désir et celui d’autrui. Je pense à une lecture cursive, éventuellement un exposé de lecture, mais il paraît difficile d’organiser la réflexion de toute une classe sur des sentiments aussi subtils, qui demandent une certaine maturité. On risque de n’obtenir que des rires de défense. Une remarque de mise en page : était-il vraiment nécessaire de séparer les groupements de « chapitres » par une feuille entièrement blanche suivie d’une deuxième feuille porteuse d’un sous-titre de trois mots ? Cela gonfle à 128 pages un livre qui n’en fait que 96. Quel est l’apport narratif ? La neige, des blancs dans l’action ? Est-ce que cela vaut de gaspiller tant de papier ?
– Cet ouvrage bénéficie du label « Isidor ».
– Lire, sur « Culture et Débats » le point de vue de Jean-Yves.
Voir en ligne : Frank Secka sur Wikipedia
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