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Père perdu, amour retrouvé, jusqu’à la 6e

Sur les quais, d’Ingrid Chabbert & Anne Loyer

Éditions Les Lucioles, 2011, 112 p., 6 €.

samedi 12 janvier 2013

Un court roman simple d’accès pour les plus jeunes lecteurs, sur le thème de la découverte de l’attirance d’une jeune fille pour une autre jeune fille. Le thème de la parentalité parcourt discrètement tout l’ouvrage.

Résumé

« Mon père est mort, et ma mère inconsolable » (p. 9) ; ainsi Lisbeth résume-t-elle sa situation. Sa mère n’arrive pas à faire face à ce deuil, dont on n’apprendra pas grand chose, juste qu’il s’agit d’un « accident » (p. 49). Lisbeth a souhaité changer de collège. Le jour de son installation, elle est repérée par Jeanne, élève de la classe qu’elle intègre : « Son visage est figé dans une sorte de tristesse qui me broie le cœur » (p. 20). Jeanne, qui prend la narration en charge en alternance avec Lisbeth, a d’autres petits soucis : elle s’occupe, avec plaisir, de ses petits frères, parce que sa mère, si elle a la joie de vivre, semble un peu insouciante : « maman s’amuse comme une gosse au téléphone avec ses copines. Ou avec son dernier petit ami, sûrement bien plus jeune qu’elle » (p. 36). Quant à son père, il n’en est pas question, et on saura pourquoi. Les deux ados sympathisent au sens étymologique du terme, et prennent très progressivement conscience de l’émergence de quelque chose de plus qu’une amitié : « Jamais un sourire ne m’a désarmée à ce point. Surtout pas un sourire de fille… » (p. 61). Quelques jours plus tard : « j’ai envoie de poser mes lèvres sur les siennes », dit Jeanne (p. 84). Une séance au cinéma sera l’occasion de ces premiers gestes tendres. Elles osent à peine en parler : « Pourquoi faut-il mettre des mots sur ce qui nous semble aller de soi ? » (p. 94).

Mon avis

Il s’agit d’un court roman très simple et facile de lecture. On le réservera aux apprentis lecteurs (même si le vocabulaire n’est pas du tout infantile, au contraire). Le thème de l’amour de ces deux jeunes filles est abordé avec beaucoup de délicatesse, et justement aucun mot n’est utilisé, au point que c’en est un peu gênant : si les personnages n’osent pas utiliser le mot auquel elles pensent, le lecteur ne va-t-il pas penser que c’est parce que ce mot serait tabou et désignerait un sentiment moins noble que l’amour filial ou fraternel qui s’exprime librement dans le roman ? Nous ne l’espérons pas, et la conclusion optimiste l’emporte sur cette inquiétude. Le thème de la parentalité est davantage présent : la parentalité biologique est défaillante, que ce soit au foyer de Jeanne ou à celui de Lisbeth. Que Jeanne s’occupe si bien de ses petits frères et pallie les défaillances de sa mère, suggère qu’une fille qui aime les filles peut fort bien assumer cette charge. Reste à s’interroger sur le choix du titre. Il y a certes des quais où les filles se baladent, mais le mot n’évoque-t-il pas un nouveau départ ? Un quai d’où l’on démarre, plutôt qu’où l’on s’amarre ?

 Cet ouvrage bénéficie du label « Isidor ».

Label Isidor HomoEdu

 Ingrid Chabbert est également co-auteure de La fête des deux mamans.
 Lire l’article de Jean-Yves Alt sur ce livre.

Lionel Labosse


Voir en ligne : Le blog d’Anne Loyer


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