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Le tort ne tue pas, pour les petites classes

Jason et la tortue des bois, de Françoise de Luca & Leanne Franson

Coll. Ma petite vache a mal aux pattes, Soulières, 2011, 62 p., 10 €

mardi 15 mai 2012

Jason n’a pas de père, du moins celui-ci est « reparti dans son pays et n’[est] pas revenu ». Sa mère a une amie, Anna, qui adore s’occuper de lui, mais voilà, Jason est jaloux du lien entre sa mère et Anna, il voudrait avoir sa mère pour lui tout seul. Un petit livre illustré tout simple pour montrer qu’une famille recomposée sur un modèle lesbien pose les mêmes problèmes qu’une famille hétéro.

Jason adore qu’Anna, l’amie de sa mère, s’occupe de lui, notamment qu’elle lui raconte des histoires, encore plus l’histoire de la tortue des bois. Cette tortue est censée avoir recueilli un garçon perdu, l’avoir accueilli dans sa carapace et lui avoir appris la tolérance et autres vertus. Mais Jason devient jaloux quand Anna est trop souvent là. « Il n’aimait pas quand Anna et sa maman riaient sans lui. Il n’aimait pas quand Anna était trop près de sa maman » Alors il devient plus désagréable de jour en jour, jusqu’à dire à Anna : « Je ne veux plus que tu viennes ! Tu n’es pas ma maman ! ». Anna cesse de venir, et Jason assisté au changement d’humeur de sa mère, triste à mourir, incapable de lui raconter des histoires ou de le divertir. Un jour il finit par prendre conscience, après avoir rêvé à la tortue, qu’il est responsable de la tristesse de sa mère et du départ d’Anna. Il décide de tout faire pour qu’elle revienne.

Ce petit livre n’a qu’une prétention : montrer que les familles à deux mamans sont comme les familles recomposées avec des parents de sexe différent. Deux pages signées de l’auteure du texte et de l’illustratrice mettent les points sur les i à la mode américaine : « J’ai autour de moi des familles homoparentales dont les enfants sont épanouis et bien dans leur peau parce qu’ils ont deux parents qui s’aiment et qui les aiment ». On regrettera seulement, comme j’ai eu maintes fois l’occasion de le dire, l’utilisation de l’adjectif « homoparental », qui, dans le cas précis de cette histoire, revient à évacuer le père mentionné en début de texte, dont on ignore l’orientation sexuelle et l’implication dans la naissance de l’enfant. Il est vrai que l’histoire ne court que sur quelques semaines, mais ce père disparu est sans doute une bombe à retardement, et je doute personnellement qu’un enfant puisse être épanoui et bien dans sa peau avec le point d’interrogation sur lui d’un père-mystère (ou d’une mère-mystère).

 Cet ouvrage bénéficie du label « Isidor ».

Label Isidor HomoEdu


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Lionel Labosse


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