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Vous avez dit provocateur ?

David Černý, sculpteur altersexuel & autres sculpteurs en République tchèque

Encore un sculpteur qu’on ne verra pas à Paris…

mercredi 14 mars 2018

Cet article constitue la 1re partie de Notes de voyage en République tchèque. Né en 1967, David Černý est un sacré zigue, qui contribue grandement à changer l’image baroque univoque de Prague par ses sculptures surréalistes, provocatrices, boule & renversantes. Et pas que de Prague, puisque comme tous les grands artistes, le monde entier s’arrache ses œuvres : Entropa à Bruxelles (commande, il est vrai, de la République tchèque lors de sa présidence du Conseil de l’Union européenne) ; London Booster à Londres, METALmorphosis à Charlotte ; le Golem à Poznań, etc. Černý (éternuez : « tcherni ») est un patronyme courant qui signifie « noir », détail amusant pour cet artiste qui nous fait voir la vie en rose et pratique parfois l’humour noir, voire l’humour juif. Lors d’une brève escale imprévue à Prague en 2011 sur le chemin de la Géorgie, j’avais déjà été estomaqué par sa sculpture Piss sur laquelle j’étais tombé par hasard, et je me suis précipité pour la revoir lors de ce séjour approfondi en février 2016, et j’ai vu bien d’autres choses dans ce petit pays où semble-t-il l’art moderne n’est pas régi par une mafia, et où le public a suffisamment d’humour pour rire de soi. Quand je parle de mafia, je pense à ces thuriféraires de ce que Pierre Guerlain nomme les « rebelles subventionnés » : « Il n’est donc pas erroné de parler de « rebelles subventionnés » pour évoquer certains artistes qui utilisent au mieux les ressorts de la pub, créent un scandale pour choquer la prétendue « France moisie » et empochent le produit de leur provocation. Paul McCarthy est donc un nouveau « chieur d’écus » [1], il gonfle sa merde et en fait de l’or. Et le monde de la finance, en parfait accord avec le monde médiatique qui traite de la culture, veut rendre l’admiration obligatoire et ridiculiser la critique. » Voici donc quelques aperçus du sel dont David Černý et d’autres sculpteurs ont relevé le goulash baroque pragois. Lors d’un nouveau séjour à Prague en février 2018, j’ai pu compléter mon reportage, tout en rendant visites à toutes ces vieilles tantes que sont désormais pour moi ces sculptures. Cet article frise sans doute l’exhaustivité de ce qu’il est possible de voir de l’artiste à Prague actuellement.

Avant la naissance de David Černý, la sculpture pragoise avait déjà donné lieu à un scandale, avec la destruction, en 1962, du monumental monument à Staline érigé en 1955. J’avais négligé de grimper sur cette esplanade lors de mon 1er séjour, faute de savoir ceci, qui n’était pas expliqué par les guides touristiques que j’ai utilisés ; oubli réparé lors de mon 2e séjour en 2018 (station de tram Cechuv most, lignes 15 ou 17). Le monument soviétique est actuellement remplacé par un énigmatique métronome géant, qui marque un rythme lent. Sur les bords de l’esplanade sont peints des loups bondissants.

Métronome, sur l’esplanade de l’ex-monument à Staline, Prague.
© Lionel Labosse

C’est sans doute dans cet état d’esprit que le jeune étudiant aux beaux-arts se fait connaître en avril 1991 en peignant en rose le Monument aux équipages de chars soviétiques, peu avant la chute de la dictature, surmonté d’un doigt érigé, sans doute plus courageux que les dispendieux plugs anaux de Paul McMarthy qui réjouissent tant les socialistes parisiens. Il s’en tire avec quelques jours de prison, et le tank est alternativement repeint en gris puis en rose, humour tchèque. Ce tank est actuellement visible dans le Musée des blindés de Lešany, ouvert en été seulement, libre d’accès (à une heure et quelque de train de Prague). Son emplacement à Prague était sur la Náměstí Kinských, dans le quartier Smichov, c’est-à-dire à l’ouest de la Vlatva, au sud du château. Prenez le tramway 9, descendez à la station Svandovo Divadlo. Vous verrez une place banale présentant en son centre une sorte de disque de granit brisé en deux parties, comme les symboles grecs anciens. À la place de ce disque était ce fameux char soviétique, furtivement peint en rose. On rêverait de le voir réintégré sur place dans son avatar rose, mais évidemment cela contrarierait les anciens combattants, et l’on doit subir cette fade pierre de remplacement.

Náměstí Kinských, Prague.
Emplacement du tank peint en rose, 1re œuvre et scandale de David Černý.
© Lionel Labosse

En 1991, c’est aussi Quo Vadis, la plus ancienne sculpture de David Černý toujours visible à Prague. Il s’agit d’une Trabant à pattes, actuellement visible dans le jardin de l’ambassade d’Allemagne. On y accède en remontant la rue Vlasska (quartier du château et des ambassades) ; il faut entrer dans le parc de Petřín à gauche après l’ambassade, et marcher 200 m derrière l’ambassade pour voir cela :

QuoVadis, David Černý, 1990.
Ambassade d’Allemagne, Prague.
© Lionel Labosse

En 1997 est installée Viselec, une statue suspendue par une poutre en haut d’un immeuble. Au cœur de la vieille ville, à l’intersection des rues Husova et Na Perstyne, non loin de l’Embryon (cf. ci-dessous). Elle représente Sigmund Freud, pas effrayé par cette périlleuse suspension. Des répliques sont installées dans diverses capitales (sauf à Paris bien entendu ; vous n’imaginez pas Freud chutant en plein sur le plug anal de vous savez qui… !)

Viselec (1997), David Černý, Prague.
© Lionel Labosse

On retrouve Černý en 1999, avec une de ses statues les plus emblématiques que l’on peut toujours admirer dans le passage Lucerna, le fameux Kůň, c’est-à-dire « cheval », une renversante parodie de la statue équestre de saint Venceslas (pourquoi ne pas l’étudier en première L dans le cadre de la séquence consacrée aux réécritures ?). Le roi Venceslas est représenté à califourchon sur le ventre d’un cheval suspendu par les pieds à la rotonde de ce passage Lucerna, qui donne sur la fameuse place Venceslas, lieu emblématique du centre de Prague où eurent lieu nombre de manifestations, de l’immolation de Jan Palach en janvier 1969 à une proclamation de Václav Havel depuis le balcon du n°36 (le journal Libre parole) lors de la Révolution de velours en novembre 1989.

Kůň, David Černý, 1999, passage Lucerna
© Lionel Labosse

Chacun verra dans cette statue ce qu’il veut, de même que l’on peut voir ce qu’on veut dans les étrons de Paul McMarthy. Précisons cependant que la statue sans socle est pendue juste en face d’un modeste buste à Václav Havel (vous le verrez parmi mes photos), qui n’est pas le 1er président de la république tchèque sous le règne duquel Černý reçut ces premières commandes officielles, mais son grand-père, architecte dudit passage, et riche propriétaire (Václav Havel fut d’ailleurs controversé pour avoir récupéré les biens confisqués à sa famille par la dictature). Allusion au renversement d’un régime qui en renversa un autre ? À la faculté du peuple tchèque de rester lui-même lors d’un renversement de régime ?
En 2001, la Tour de télévision de Prague est ornée de Bébés (Miminka) rampants (conçus en 1995), qui ont tellement de succès que trois de ces Bébés sont exposés au niveau du sol en 2008 sur l’île de Kampa, juste à côté du Musée Kampa (longez la rive au sud à partir du pont Charles, côté château), ce qui permet de constater que leur visage est remplacé par un inquiétant rectangle renflé, qu’on pourrait interpréter comme une bouche d’aération.

Trois bébés de David Černý, île de Kampa, Prague.
© Lionel Labosse

La tour de TV est d’ailleurs visible depuis cette île Kampa, elle veille de loin sur les bébés évadés ! On peut monter dans cette tour moyennant phynance, pour avoir une vue imprenable sur la ville. Mais c’est un peu excentré (quoique facile d’accès) : tramway Olsanske Náměstí (lignes 5, 9, 15 ou 26). Lors de ma visite de 2018, ne voyant pas les Bébés de loin, je suis retourné sur place et j’ai constaté qu’ils étaient ôtés (voyez mes photos). Heureusement l’article de Wikipédia nous apprend que ces Bébés devraient être replacés courant 2018 après nettoyage.

Bébés de David Černý, tour de télévision de Prague.
© Lionel Labosse

En 2002, David Černý avait accroché une gargouille très altersexuelle au Narodni Divadlo, intitulée Nation for Itself Forever (Narod sobe navzdy), dont vous trouverez une photo ici. Malheureusement, scandale ou danger de chute, ce bel Atlante priapique et masturbateur n’est plus visible ! Depuis 2003, Brown-Nosers, la statue peut-être la plus provocatrice, attend les happy-fews dans le jardin de la galerie Futura, 49 rue Holečkova. Accès par les tramways 9, 10, 15 ou 16, arrêt Bertramka, et on peut redescendre la rue Holečkova par le bus 176, qui vous dépose Náměstí Kinských (cf. ci-dessus), ce qui boucle la boucle de la provocation de David Černý. Attention, la galerie n’est accessible que pendant les expositions, accès gratuit. Vous devez traverser les expos pour atteindre le petit jardin.

Brown-nosers (2003), David Černý, galerie Futura, Prague.
© Lionel Labosse

Ces deux corps manchots penchés dont le chef est enfoui dans le mur, vous invitent à grimper par une échelle branlante pour enfouir votre tête dans leur accueillant anus et y admirer… eh bien d’après cet article, on devrait voir une vidéo de politiciens tchèques s’alimentant l’un l’autre à la cuiller au son de « We are the Champions » ! En fait l’installation (dont le titre Brown-Nosers signifie « lèche-culs », avec cette poétique allusion de la langue anglo-américaine au fait que lorsque vous léchez un cul, vous risquez d’avoir le nez marron ; qu’en termes élégants ces choses-là sont dites !) est un peu en péril. D’une part l’un des deux montants de l’échelle de gauche est dessoudé, ce qui rend l’ascension périlleuse (l’air de rien ces anus sont hauts et l’échelle est raide, et si vous voulez vous photographier en lâchant une main, c’est au péril de votre vie… que ne ferais-je pas pour vous, chers lecteurs !) ; d’autre part, la vidéo est en panne et n’affiche qu’une tête de mannequin pour une pub de je ne sais quoi. J’ai donc photographié le reflet de votre serviteur sur cet écran à côté de la tête de la jolie femme, et je vous propose ceci comme une sorte inédite de mise en abyme : « Tête de trou du cul reflétée dans un anus » !

Brown-nosers (2003), David Černý, galerie Futura, Prague.
Tête d’un trou du cul reflétée dans un anus
© Lionel Labosse

Quant à la sculpture-fontaine de 2004 Piss (qu’on trouve sous divers titres, et qui a enfin droit à un article sur Wikipédia en anglais), j’ai pu remarquer ce qui m’avait échappé lors de cette première visite improvisée en 2011. Il s’agit de deux hommes pissant face à face. Ils remuent leurs hanches et leur pénis. Ce que je n’avais pas remarqué c’est que le bassin de cette fontaine dessine la carte de la république tchèque ! Cerise sur le gâteau, les pisseurs écrivent avec leurs drôles de stylos des citations d’auteurs, et peuvent même écrire une phrase envoyée par SMS par les spectateurs !

David Černý, Piss, 2004.
© Lionel Labosse

Quand on pense qu’en France en 2010, on en est encore et toujours à inventer de nouvelles lois liberticides autant qu’inutiles comme « l’incrimination de l’outrage au drapeau tricolore » (voir cette brève), passée comme une lettre à la poste, et quand Hollande a dû renoncer à son inutile idée de « déchéance de nationalité », il a quand même fait passer, sans doute en l’honneur de son ami Strauss-Kahn qui lui en a les moyens, une taxe de 1500 € sur les clients de prostitués (pardon, de prostituées, car à France Inter, le mot était toujours au féminin quand les journalistes tous si à cheval sur le féminisme, évoquaient cette loi). Évidemment avec des provocations bidon comme les merdes de Paul McCarthy et consorts, cela évite à tout jamais de commander des œuvres dignes de ce nom aux artistes de notre temps. Alors on a les espèces d’horreurs qu’on pose devant les gares (je ne donne pas de nom pour ne vexer personne), et l’on a failli perdre une des rares statues modernes intéressantes de Paris, Écoute de Henri de Miller. Mais je sens que je m’énerve : j’ai déjà craché tout le venin que je pense de la politique culturelle parisienne dans un article sur Lapidaire, de la sculpture, vite !, de Michel Cand. En 2018, j’ai pu voir cette statue en partie gelée, ce qui n’empêchait pas nos pisseurs de s’agiter la nouille !
Depuis 2014, Kafka est visible, située un peu en retrait, à l’angle des rues Vladislavova & Charlatova, au métro Narodni trida, accessible depuis le n°34 de l’avenue Narodni. Une magnifique statue cinétique représentant la tête géante de Kafka articulée, dont la révolution dure une minute, qui ressemble à METALmorphosis de Charlotte. Lors de mon passage en février 2018, la statue était immobilisée. Espérons que le mécanisme soit réparé bientôt…

Kafka, statue cinétique de David Černý (2014)
© Lionel Labosse

Combien de statues articulées connaissez-vous à Paris ? Je crains qu’il ne faille remonter à 1983 et à la Fontaine Stravinsky de Jean Tinguely et Niki de Saint Phalle !
En 2008, un modeste « Embryon » est installé au cœur de la vieille ville, excroissance sur une gouttière du théâtre Na Zabradli, sur la place Anenské (Anenské Náměstí), tout près du pont Charles (à 200 m au sud-est du début du pont), et tout près aussi de son Viselec (cf. ci-dessus). Sur le site de l’artiste il semble que cela soit lumineux la nuit, mais je n’ai pas pu vérifier. J’ignore si le calembour a un sens en tchèque, mais on dirait que cette gouttière a la goutte !

Embryo (2008), David Černý, Prague.
© Lionel Labosse

On ne peut citer toutes les œuvres du sculpteur, en dehors de Prague, mais retenons une statue du Golem qui, étonnamment, n’est pas installée à Prague mais à Poznań en Pologne. Bref, avec l’architecte Antoni Gaudí pour Barcelone, Černý est un des rares artistes qui ait à soi seul modifié la physionomie d’une capitale. Je vous ai présenté ici tout ce qui semble actuellement visible à Prague à ma connaissance. Le site de l’artiste vous fera connaître le reste de son œuvre, et si vous découvrez une autre œuvre visible à Prague, merci de me le signaler…

Statue d’éphèbe inconnu
Statue dans une cour de la Ruelle d’or, devant le musée du jouet, représentant un garçon nu, auteur non identifié.
© Lionel Labosse

David Černý n’est pas le seul sculpteur intéressant à s’exprimer dans à Prague ou en République tchèque. Au fil des rues, on tombe sur la Statue de Franz Kafka de Jaroslav Róna (2003), près de la synagogue espagnole ; sur une émouvante statue de Miloš Zet, dans une cour de la Ruelle d’or, devant le musée du jouet (quel chouette endroit qu’un pays où nul hypocrite ne pousse des cris d’orfraie parce qu’une statue de garçon nu est placée devant un lieu destiné aux enfants !), ou encore sur les statues d’Anna Chromý, Musiciens tchèques (2002), sur Senovazne Náměstí (en plein centre), et sa Statue du commandeur dont on trouve un exemplaire devant le théâtre des États de Prague, où justement Mozart créa son Don Giovanni. En me baladant à Mala Strana, je suis tombé sur une étrange sculpture datant de 2015 que j’ai eu bien du mal à identifier. Comme il y avait une inscription en tchèque commençant par « Padam, padam », et qu’un oiseau était sculpté au sommet de la statue, sur un microphone, je crus d’abord qu’il s’agissait d’un hommage à notre Édith Piaf nationale, vu l’amour des Tchèques pour la France et ses chanteurs. Mais une recherche Internet finit (difficilement) par m’apprendre qu’il s’agissait plutôt d’un hommage à Milada Horakova, par le sculpteur Joseph Faltus. Cette femme politique exécutée en 1950 pour trahison est une personnalité importante dans la mémoire tchèque. Quant à « Padam, padam », la citation semble vouloir dire selon un traducteur automatique que j’ai vaguement arrangé : « Je tombe, je tombe, j’ai perdu ce combat, je pars avec honneur. J’aime ce pays, j’aime ses habitants, construire sa richesse. Je pars sans haine envers vous. » Autre monument que j’ai difficilement identifié, de John Hejduk, un hommage à Jan Palach intitulé The House of the Suicide and The House of the Mother of the Suicide, installé début 2016 sur Alšovo Riverbank, près du Rudolfinum, en plus du petit mémorial situé à côté de la statue équestre de saint Venceslas. Mais la frontière entre architecture et sculpture est floue à Prague : dans quelle catégorie classer la Maison dansante de Vlado Milunić et Frank Gehry ? J’avoue cependant que je ne l’ai pas visitée, et qu’il ne s’agit que d’un immeuble de bureaux. Vu ce qu’a fait Gehry pour la Cinémathèque de Paris, je demande à voir en détail… Terminons par la statue équestre de Jan Žižka (1370-1424) qui domine Prague en face de la tour de télévision, devant le bâtiment du Mémorial national au sommet de la colline de Vítkov (accès par plusieurs bus depuis le métro Florenc). Ce beau général borgne, et dont l’œil bandé est fièrement exhibé par la sculpture, chose rare, me rappelle un chapitre de mon enquête sur le film Zazie dans le métro consacré à un autre borgne statufié, Camoëns. Voyez mes photos, prises lors de mon second séjour. Cela vaut le déplacement pour la vue sur Prague. Lors de ma visite de 2018, j’ai aussi remarqué Sbratren (Fraternité), de Karel Pokorny, statue de 1947-1950 qui commémore la libération de la Tchécoslovaquie par l’Armée rouge, avec un soldat russe roulant une pelle à un Tchèque ! Cela me rappelle une autre pelle mémorable dans The Big red one, de Samuel Fuller, qui a aussi libéré une partie de la Tchécoslovaquie pour le compte des US !

Brno

Brno, la 2e ville de la République tchèque, n’est pas en reste question sculpture. En effet, devant l’église St-Thomas de l’annonciation se dresse depuis 2015, la statue équestre de Jobst de Moravie, œuvre de Jaroslav Rona, l’auteur de la fameuse statue de Kafka de Prague. Elle renouvelle le genre de la statue équestre, au point qu’on se demande si ce Jobst ne serait pas un joyeux bougre à la Quichotte. En face est une statue géométrique, toujours en bronze, représentant un humanoïde qui trimballe un gros cube. Je n’ai pas pu l’identifier. Sur la place centrale de la ville, place de la Liberté cela va sans dire, trône une œuvre qu’on prendrait de loin pour une plaisanterie de Paul McCarthy, et qui n’est en fait qu’une horloge astronomique, qui paraît-il fait un cadeau tous les jours à 11h. Dans le registre ancien sur la même place, deux façades sont ornées d’atlantes musculeux pour l’une, et de deux couples de termes homme-femme de part et d’autre d’un porche pour l’autre, la posture alternant l’homme et la femme au premier et au 2e plan. Au centre de la place, face à l’horloge est une ancienne sculpture de St Sébastien dûment criblée de flèches.

Atlantes sur la place centrale de Brno.

C’est que la ville a une grande tradition de plaisanteries sculpturales, avec ce personnage qui montre son cul sur l’Église Saint-Jacques de Brno, appelé Nehaňba, qui rappelle le « chieur d’écus » de Goslar, mais aussi autour de la Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, ce tombeau apparemment surréaliste de l’évêque Vaclav Urbana Stufflera, avec ces gants sous une tiare qui semblent un grylle.

 Lire deux articles en français et en anglais sur David Černý.
 Voir à Oslo, les sculptures étonnantes de Gustav Vigeland, un artiste qui a marqué une capitale de son empreinte, avant David Černý.
 En avril 2018, lors d’une escapade à Bratislava en Slovaquie, j’ai découvert que les Slovaques partageaient avec leurs anciens compatriotes le goût de la sculpture facétieuse. La capitale est truffée de sculptures amusantes, comme celle du fameux « Čumil », un homme qui regarde la rue depuis une plaque d’égout.

Bratislava, Slovaquie. Sculpture « Čumil ».
© Lionel Labosse

 Lire la suite de ces notes de voyage en République tchèque.

Lionel Labosse


Voir en ligne : Photos de voyage à Prague, à Brno et à Dresde


© altersexualite. com, 2016-2019. Les photos sont de Lionel Labosse.

Portfolio


[1En allemand, Dukatenscheißer, référence à la sculpture qui orne le Kaiserworth de Goslar.