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Si toutes les taïgas du monde voulaient se donner la main…

Voyage en Norvège (2/2), Cercle polaire, Îles Lofoten, Cap Nord & Oslo

Pays Sami, Finlande, Tromsø, Bodø, Alta

samedi 12 août 2023, par Lionel Labosse

Après l’Islande pendant l’été 2022, j’ai opté pour la Norvège en 2023. Moins stressé par la tyrannie nationale-covidiste qui bat provisoirement de l’aile et par ma situation professionnelle dont les emmerdes sont en pause, j’ai pu partir, fait rare, dès le 9 juillet, ce qui m’a procuré divers avantages. Déconnecter au début des vacances, faire une pause appréciable y compris sur la veille complotiste & résistante. Bénéficier du soleil de minuit pendant l’intégralité de mon séjour au cercle polaire (et donc pas à Oslo bien sûr), et d’une température plus clémente (je m’étais un peu caillé le cul en Islande) et d’un fonctionnement optimal des infrastructures touristiques. À Oslo, j’ai appris que paradoxalement, juillet est moins cher qu’août dans l’hôtellerie, parce que ce sont les vacances scolaires et qu’il y a moins de réservations professionnelles. Même s’il y a énormément de tourisme (beaucoup de Français), cela ne compense pas l’absence des Norvégiens et des immigrés innombrables qui retournent au pays.
Voyage intéressant avec quelques vagues réticences de touriste blasé, car il n’y a rien de plus lassant que 1000 km de taïga, sinon 1000 autres km de taïga (vous en reprendrez bien 500 km pour la route ?) J’ai consacré un 1er article à l’Installation de Gustav Vigeland à Oslo, qui était le motif premier de mon désir de Norvège, et je vais présenter ici quelques notes de voyage sur mes découvertes & quelques légères déconvenues. En tout cas le peuple norvégien a été un grand peuple d’explorateurs, en pleine déliquescence actuellement à cause de la tyrannie mondialiste ; en espérant que le balancier reparte un bon coup de l’autre côté un jour ou l’autre !
Ah une chose pour les habitants de la rive Nord de la Loire : je dois avouer mon forfait : c’est moi qui vous ai rapporté de Norvège ce temps automnal qui pourrit notre été. Il fait sur Paris depuis mon retour de Norvège le même temps que j’ai eu à l’intérieur du cercle polaire pendant deux semaines (juste un peu plus froid ici). C’est qu’en tant que complotiste d’extrême droite platiste antisémite raoultiste, je fais ce que je peux pour convaincre les mougeons qui croient à l’escrologie que le réchauffement climatique est une escroquerie. J’ai employé les gros moyens ; j’espère que vous ne m’en voulez pas ! J’achève le classement des photos et ces deux articles le mardi 8 août, 2 semaines après mon retour. Il peut refaire beau ! Mes photos de voyage en Norvège sont ici.

Politique & immigration de masse

La Norvège ne fait pas partie de l’UE, ce qui lui évite a priori de devoir procéder dans l’avenir à un « norxit ». Bien entendu, la propagande bat son plein chez les éditeurs mondialistes, comme Le Guide du Routard (aile propagandiste du groupe Lagardère, vendeur d’armes qui s’enrichit sur le massacre des Ukrainiens, dont le VRP est le clown Bernard-Henry Lévy.) « Le pays est en fait coupé en 2 parties aux intérêts divergents. Le Sud, jusqu’à Trondheim, est majoritairement tourné vers l’Europe et vers l’avenir. Le Nord, à savoir les 3 provinces du Nordland, du Troms et du Finnmark, traditionaliste et éloigné de l’agitation du continent, ne regarde que vers la mer. Cette scission a été très perceptible lors du débat sur l’adhésion à l’UE, que les Norvégiens ont – pour la 2e fois – refusée lors d’un référendum en 1994. Malgré l’attachement farouche des Norvégiens à leur souveraineté, les acteurs économiques ont compris depuis longtemps l’obligation à être d’une manière ou d’une autre dans l’Europe. « Comme les autres, on est dans les couloirs à Bruxelles », assure malicieusement un officiel » (édition 2019, p. 419, photographié par mes soins). Alors donc les mêmes escrocs qui nous expliquent que nous sommes responsables des changements climatiques, nous expliquent que le pays le plus prospère du monde selon cette étude aurait intérêt à se faire traire par l’UE et à se vendre tout entière à la mafia mondialiste. La Norvège n’a pas encore intégré l’UE, mais elle coche pour le malheur toutes les autres cases : OTAN, OMS, Conseil de l’Europe, Conseil Nordique. Il faudra nous souvenir de ça quand on fera le Frexit : le mot « Frexit » est un raccourci, mais il faudra tout quitter d’un bloc, pas seulement l’UE !
Le même guide nous apprend que « Depuis le boom économique, la natalité suit une inquiétante courbe descendante. Le gouvernement a mis récemment en place une prime de naissance » et « Le taux de fécondité a dépassé les 2 enfants par femme. Sur les trottoirs des villes, il y a souvent encombrement de poussettes et les familles de 3, 4 petites têtes blondes et plus deviennent coutumières. C’est aussi l’immigration qui a assuré ces dernières années la croissance démographique : le taux de population d’origine étrangère est supérieur à 10,6 % et même 25 % à Oslo. Les nationalités les plus représentées parmi la population d’origine immigrée sont les Polonais, les Lituanien, les Pakistanais, les Suédois, les Irakiens, les Somalis, les Allemands, les Vietnamiens et les Danois » (p. 429).
Encore une fois M. Arnaud Lagardère, qui a tout intérêt à détruire l’Occident, nous fait infliger sa propagande, et pourtant vous avez bien lu : « 25 % à Oslo ». Cela ne devrait-il pas tilter dans n’importe quel cerveau sain, c’est-à-dire non détruit par la cocaïne & le wokisme ? Comme j’ai terminé mon séjour par Oslo, j’ai effectivement reçu un choc frontal dès l’arrivée à la gare centrale d’Oslo, le centre névralgique de la ville.

Le Tigre, devant la Gare centrale d’Oslo.
© Lionel Labosse

Voyez sur cette photo, à l’arrière de la sculpture « Le Tigre » qui trône au centre de la place : une brigade de 7 roms en jupes. La mafia rom de trafic d’êtres humains infeste l’hyper-centre d’Oslo, comme ce quêteur en position sodomique internationale (il en existe des truellées à Paris) photographié sur la passerelle de l’Opéra. Ce pays qui n’est pas membre de l’UE laisse faire cela sciemment. C’est vraiment limité à cette place et à la rue principale qui part de la gare (Karl Johans gate), plus l’opéra juste en arrière de la gare, mais il est impossible d’emprunter cette place et cette rue sans se faire harceler par cette mafia que le gouvernement autorise. La place sert également bien entendu aux incessantes manifestations « philanthropiques » financées par l’ordure mondialiste George Soros. Vous êtes obligé d’y passer, alors pourquoi se gêner ?
Partout dans la ville on croise effectivement (en dehors donc des employés de cette mafia concentrés dans l’hyper-centre) une quasi majorité d’immigrés, et ceux que l’on identifie ne sont pas « danois, allemands » comme le Guide du Bisounours le prétend, mais ils ont le même phénotype que ceux qui dominent déjà dans mon quartier de La Chapelle à Paris, disons en gros la Corne de l’Afrique, je ne suis pas spécialiste. La presse et les entités mondialistes nous endorment avec leur propagande bisounours depuis des décennies. Dans cet article de 2011 de Challenges, vous lirez presque mot pour mot la propagande du Routard. Je vous résume « on accueille dans un tout petit pays un flot incessant d’immigrés de pays islamiques en guerre, et TOUT VA BIEN ». D’ailleurs, Anders Behring Breivik, qui a perpétré le 22 juillet 2011 un attentat à Oslo suivi du massacre de masse d’adolescents (77 morts et 151 blessés en tout) est d’extrême droite, et l’extrême droite c’est mal, donc il est interdit de même se demander si par hasard il y n’aurait pas un vague problème avec l’immigration islamique en Norvège. 25 % d’immigrés à Oslo c’est « COOL », et 26 % ce sera cool aussi, et selon les arguments croisés du sorite et de la grenouille dans la casserole, cela continuera d’être « COOL » jusqu’à 100 %, surtout prière de ne se poser aucune question, ce serait « raciste ». Une émouvante installation de roses en métal, à côté de la cathédrale, évoque discrètement cet attentat, sans nommer son auteur (photos).
Je ne suis pas spécialiste, et je ne puis témoigner que de ce que j’ai vu avec mes yeux. Cette immigration n’est pas une immigration de loqueteux comme dans mon quartier, qui traînent dans les rues et les cafés 24h/24, consommant café sur café avec un argent tombé du ciel, avant d’être rejoints au bout de plusieurs années par leurs femmes qu’ils abandonnent dans un premier temps courageusement au pays. Une partie de l’immigration ici correspond au passé colonial de la France. Quand un Comorien plastronne en costume islamique à Paris, cela a quand même un lointain rapport avec les liens désormais rompus entre les deux pays. Un Malgache, un Syrien, je comprends un peu. Un Somalien ou un Afghan, je comprends moins ; mais quel passé colonial de la Norvège justifie la présence d’une immigration africaine ou asiatique aussi massive ? Le passé colonial des vikings s’arrête il me semble en Ukraine !
On a affaire en Norvège selon mes yeux, à des gens bien habillés, qui travaillent et se baladent en famille, femmes élégamment voilées autour de la poussette. D’après ce que j’ai cru constater, cette immigration correspond effectivement à un besoin car la corporation des gardiens de musée par exemple, est quasiment toute immigrée, et il faut supposer que les salaires sont corrects. Il doit y avoir aussi un grand nombre d’étudiants, car il semble évident que les jeunes Afghans et les Somaliens ont un goût congénital pour la culture Sami, les vikings, la toundra et les épreintes d’élans. Lorsque le ramadan tombe pendant la période du soleil de minuit, la Norvège est idéale pour un régime minceur islamique radical ! Les Européens sont également très présents, y compris les jeunes Français, appâtés par de bons salaires pendant la saison touristique. J’avais constaté un phénomène équivalent en Islande (sans immigration extra-européenne) bien que le pays soit dix fois moins peuplé. On croise aussi un nombre étourdissant d’Asiatiques. Et puis les touristes sont aussi bien bigarrés, quelle que soit leur région d’origine. En fait la population que j’ai le moins vu, ce sont les Norvégiens, qui semblent tous partis en vacances en juillet. Comme ils ont un très bon salaire et peu de vacances, ils en profitent pour visiter la France, où ils ne sont pas trop dépaysés ! Dommage, car les rares spécimens que j’ai pu observer n’étaient pas dégueu, à l’instar de ce garçon de café taillé à la serpe, de 2m sur 1m de largeur d’épaules, qui me la broya (mon épaule) par derrière pour m’annoncer que ma baleine nécessiterait quelques minutes d’attente (en s’efforçant de parler français, le bougre n’en ratait pas une !). Ben mon brave, que n’irions-nous admirer le soleil de minuit entre temps en chantant des joiks ! Bon je rigole, je suis au régime, mais ce n’est pas une raison pour ne pas regarder ce qu’il y a à manger ! Quant aux Norvégiennes, d’aucuns prétendent que ces filles du Nord ont le sang chaud !

Enfer numérique

Un certain nombre de faits que vous observerez et subirez vite ont transformé cette ville géniale en un enfer technocratique mondialiste. Tout est hors de prix en Norvège, et en plus d’être hors de prix, vous subissez l’horreur numérique, le paiement généralisé par carte bancaire, l’obligation d’être fliqué à tout moment. Ce n’est pas encore totalement fini, mais vu comme la plupart des mougeons acceptent ça sans regimber, la Liberté n’en a plus pour longtemps. Cela va jusqu’aux toilettes publiques en pleine nature, accessibles avec un paiement par carte. Dans le pays le plus riche du monde, l’État a besoin de savoir qui est allé pisser où et quand. Encore pire que l’Islande, qui bien que très argent numérique, a encore des toilettes gratuites ! Mais commençons par le commencement. L’aéroport d’Oslo, situé anormalement loin de la ville pour une capitale aussi petite (alors que les aéroports de Bodø et d’Alta que j’ai aussi fréquentés, sont au contraire quasiment à la limite de ces petites villes), est extrêmement bien fichu. Architecture simple & somptueuse, silence & calme (gâché par un groupe touristique de Français qui hurlent assis par terre en attendant l’avion), propreté, en pleine nature que les baies vitrées vous laissent largement admirer, un avant-goût des espaces immenses qui vous attendent si vous êtes en escale pour le Nord. À distance des tapis de bagages une ligne rappelle la plus élémentaire politesse ignorée pourtant dans 95 % des aéroports, de ne pas se coller au tapis avec son chariot, mais de le laisser à courte distance pour que tout le monde puisse récupérer son bagage sans se faire bousculer. J’ai photographié une carte de la Norvège géante installée dans un des terminaux. Les enfants regardent ça, mais ça devrait être classé X, si vous regardez la forme de ce pays très étiré vers le Nord, à partir d’un Sud bulbeux.
Le vol Alta-Oslo est censé durer 2 h, tandis que Paris-Oslo est annoncé 2h20 (en réalité nous mîmes 2h pile). Il existe aussi un tout petit aéroport sur l’île du Cap Nord (Magerøya), qui doit être réservé aux VIP je suppose. Comme à l’aller j’avais une escale longue pour rejoindre Bodø, mais pas assez pour aller à Oslo, je me suis ruiné dans un travers de porc bien servi. Dès l’aéroport, vous comprenez qu’il n’est pas question de prendre entrée, plat, dessert dans un restau. Cela dit les plats, du coup, sont copieux, et puis j’avais décidé de profiter de ce voyage pour endiguer la dérive de mon petit continent vers le quintal ; ça tombait bien ! Pour vous donner une idée, la bière (0,5 l) coûte en général 140 nok, soit disons 13 €. On est quasiment obligé de payer en carte (mais j’ai parfois réussi à payer en espèces, ce qui revient sans doute encore plus cher vu la commission de 5,3 % prélevée lors du retrait). J’attends mon relevé bancaire pour voir la douloureuse ! Je l’ai reçue, et je peux préciser que la commission a été de 1,8 % pour un achat d’une valeur moyenne, mais qu’il semble y avoir un minimum, car un café dans une machine à 2,4 € m’a valu 0,35 € de frais, ce qui confirme que la suppression du cash est plus dommageable pour les petits achats, donc pour les plus pauvres ! On ne sert pas de pain au restaurant, pourtant on en a d’excellents au petit-déjeuner dans les hôtels. Peut-être en payant, mais la balance veille comme l’œil de Caïn !
Pour en finir d’un coup avec l’aspect culinaire (ce n’est pas mon fort dans les voyages), j’ai expérimenté un steak de baleine (photo), qui avait l’aspect, le goût et la texture du bœuf. J’ai goûté aux saucissons de renne, d’élan ou de baleine qui se vendent un peu partout dans les boutiques touristiques. Bon, ben c’est du saucisson quoi ! Il doit y avoir 80 % de porc… J’ai eu l’occasion de goûter la morue séchée qui se vend aussi un peu partout. Vous n’oublierez pas de me remercier de n’en avoir rapporté en cadeau à personne ! J’ai photographié des étendoirs à morue vides très photogéniques, aux îles Lofoten, mais les seules morues que nous ayons vues encore accrochées, c’était sur un mini-séchoir très touristique sur le quai d’embarquement d’un navire de croisière ornithologique, Il y a bien sûr du saumon ; on avait la possibilité de visiter une ferme de saumon. Ce sont les grands cercles dans la mer. Je n’ai pas eu envie. Mais avec une telle production locale, on se demande comment ils peuvent vendre ça si cher. Est-ce plus cher à nourrir que le poulet ?
Pour rejoindre Oslo, le seul moyen simple est la ligne express, qui met 21 minutes sans arrêt intermédiaire et coûte la modique somme de 230 NOK (symbole de la Couronne norvégienne). Pour mémoire, le tortillard dégueulasse qui s’arrête dans toutes les villes du 93 avant de relier CDG à Paris coûte à peu près la moitié. Vous arrivez à la gare centrale. Mon hôtel était à 5 minutes, mais je veux profiter de l’occasion pour passer à l’office de tourisme. Harnaché de mon gros sac de 2 semaines de randonnée nordique, mon moyen sac à dos et ma sacoche, je me présente à 16h59 devant l’office. Une jeune employée est en train de refermer le truc pour accueillir les touristes. Au lieu de tendre la main et de me fournir un plan de ville, elle me dit dans son plus parfait norvégien (je suis désormais parfaitement bilingue) : « Va te faire foutre connard de touriste, on ferme ». Si j’avais été un « réfugié » somalien, j’aurais été accueilli à bras ouverts je pense. J’ai photographié un panonceau situé à la porte de la navette de l’aéroport, rédigé uniquement en norvégien, et c’est systématique dans tout le pays. Vous pouvez même jeter un œil sur les sites touristiques sur Internet : tout est d’abord en norvégien, et on met parfois une minute à trouver le putain de clic pour accéder à la page en anglais. En revanche, la page en somalien est directement accessible.
Je suis donc arrivé à l’hôtel très bien situé. Pour 208 € les deux nuits, pour vous dire, j’avais une chambre petite mais avec un VRAI lit de 2 places (pas deux lits simples accolés avec une crevasse au centre), et une vaste terrasse au 8e et dernier étage, où je pouvais ne pas boire la bière impossible à acheter après 18 h ou après 15 h le dimanche, sous une pluie dissuasive. Je pense avoir été surclassé, et pendant ces 2 jours je n’ai pas croisé un autre client à l’étage, et la salle du petit déjeuner (compris dans le prix) était loin d’être pleine. Un truc qu’il faut savoir en Norvège c’est que vu les prix dans les restaus, quand on est à l’hôtel, on se gave au petit-déjeuner, en général copieux et varié. L’autre chose à savoir, et qui est peut-être liée, c’est que ce pays le plus prospère du monde est un prospère pépère pays de l’obésité. C’est d’ailleurs souvent à ça qu’on détecte un Norvégien de souche ! Bon, j’exagère un peu !
Pour les conseils que je puis donner aux touristes, évitez le passe touristique d’Oslo qui coûte un prix délirant (de 495 à 895 NOK pour 1 à 3 jours, soit 47 à 85 €), le tout d’heure à heure et non pour un jour calendaire. L’alternative est la carte de transports qui m’a coûté 121 NOK pour 24 h, et que j’ai utilisée à cheval sur deux jours. Les prix des musées varient entre 100 et 200 NOK. Vous avez une brochure en français qui présente les différentes attractions, mais au lieu d’imprimer les horaires et les prix selon que vous avez ou non le passe, la brochure vous renvoie aux sites. Or ce qu’il faut savoir c’est que malgré la durée exceptionnelle du jour en été, les horaires sont inchangés toute l’année, et la plupart des musées ouvrent à 10 h, jusqu’à 16 h, 17 h ou 18 h selon les cas. Alors vous voilà sous la pluie. Parenthèse : j’ai pris des photos d’arrêts de tramway pour vous montrer qu’en Norvège, pays le plus riche du monde ET le plus pluvieux du monde, beaucoup d’arrêts de tram n’ont pas d’abris, et quand il y en a, ils sont très étroits, ne couvrent pas jusqu’à la porte du tramway, etc. Bref, ce pays est, comme la France et Paris, dirigé par des incapables, totalement insoucieux du bien commun. Je reprends après cette parenthèse : vous voilà sous la pluie, votre parapluie main gauche, tentant difficilement de déplier la brochure main droite, votre smartphone coincé entre vos cuisses pour tenter de trouver le site du musée. Vous passez 2 minutes à trouver la putain de page traduite en anglais (c’est pourtant facile : en norvégien, « version anglaise » se dit « zegzegfhp awepfpjpof »). Bref, quand vous avez enfin trouvé l’info, le temps a passé, et si vous arrivez à visiter 2 musées dans la journée, votre carte à 500 NOK a du mal à s’amortir. Si vous avez des enfants, n’y songez même pas, la pause déjeuner vous niquera la journée.
À noter cependant que dans tout le pays, les tarifs sénior sont souvent très attractifs (jusqu’à moitié prix). Bien entendu, impossible de trouver l’information cruciale sur l’âge à partir duquel on bascule dans la catégorie « sénior ». 89 ans je crois ! Comme j’avais réservé pour le dernier jour la visite du grand Musée national de l’Art, de l’Architecture et du Design , j’ai eu la surprise en arrivant devant avec une durée de visite limitée par mon horaire d’avion, de découvrir que c’est le SEUL musée ouvert jusqu’à 20 h ! Si ces connards avaient mis directement les horaires dans leur putain de brochure, je l’aurais su la veille, et au lieu de me balader sous la pluie, j’aurais profité de ce temps norvégien pour mieux visiter ce musée, le plus cher de tous et qui vaut son prix. Comment pouvais-je imaginer, si on ne le dit pas, qu’un seul musée avait des horaires étendus ? Maintenant vous le savez, profitez-en. Je n’ai donc pas visité l’immense et sans doute surdimensionné musée Munch, parce que je n’avais plus le temps, et j’ai estimé avec raison que les œuvres de la star norvégienne exposées dans ce superbe musée suffisaient largement, surtout que je crois avoir déjà vu 2 expos Munch à Paris, et que ce n’est pas non plus mon peintre préféré. Le plus grand artiste norvégien, c’est Gustav Vigeland, aurais-je oublié de le dire ?
Quelques précisions encore : il vous est à peu près impossible d’obtenir les infos dans un temps compatible avec le temps utile dont vous disposez dans la fenêtre d’ouverture des musées, mais sachez que le seul ferry dont vous avez besoin quand vous êtes un touriste, celui qui se rend tout droit à Bygdøy en évitant le long détour effectué par le très pratique bus 30, est le seul qui n’est pas inclus dans la carte de transport, mais uniquement dans le passe touristique. C’est vraiment des enculés (de ma part c’est purement affectueux !). Mais ça vous le savez uniquement quand vous êtes arrivé devant le ferry, et hop ! encore une demi-heure utile de perdue ! Pour l’autre demi-heure perdue, j’avais photographié l’affiche dans la gare disant qu’on pouvait acheter la carte de transport physique dans certains magasins, dont les 7 eleven. Je ne savais pas qu’on pouvait l’acheter à l’avance. Arrivé au 7 eleven au moment où j’avais besoin de commencer à l’utiliser, bien évidemment j’apprends que non, l’information était fausse, il me fallait retourner au bureau de la gare et faire la queue, comme un de ces abrutis néolithiques qui ne fait pas pipi avec son smartphone.
Pour en finir avec l’enfer numérique, sachez que tout est désormais payant en Norvège. Pour stationner même dans le trou du cul du monde, vous devez avoir une appli qui vous pompe immédiatement votre fric. Les touristes immatriculés à l’étranger doivent s’inscrire sur un site. Et on utilise tous les moyens déloyaux pour vous pourrir la vie si vous voulez payer en cash. De la sorte, vous êtes fliqué du matin au soir, à moins que vous ne soyez un « réfugié », bien entendu. Là, « welcome » ! Je ne peux m’empêcher d’établir un parallèle avec la fermeture récente du seul établissement gay qui existait à Oslo, un sauna nommé « Club Hercules ». Malgré l’incroyable et ridicule propagande « LGBT » qui s’affiche absolument partout (comme en Finlande) avec des bancs publics au drapeau arc-en-ciel ou des toilettes « inclusives » (cf. mes photos), le flicage généralisé a eu raison de la dernière boîte gay. Les Norvégiens seraient-ils des lecteurs paranos de Michel Houellebecq et se seraient-ils demandé si leurs données accumulées dans les silos de Bill Gates pourraient, dans un avenir lointain où la population immigrée à Oslo serait parvenue à 75 % et où un parti islamique prendrait le pouvoir, trahir leur fréquentation d’un établissement gay ? Non, je rigole car en fait, la, seule alternative, ce sont les applis de rencontre, et le flicage y est bien pire que si on paie en espèces dans un sauna.
En parlant flicage, bien que ma maîtrise du norvégien soit à géométrie variable, je ne crois pas qu’il soit obligatoire de valider sa carte ou son smartphone chaque fois que l’on emprunte un transport, du moment qu’on est en règle, et il y a très peu de contrôles. La police est d’ailleurs très discrète en Norvège (malgré le fiasco complet des secours lors de l’attentat de 2011), et tout fonctionne sur la confiance. Même aux îles Lofoten, des tuyaux de captation d’eau douce sont visibles à tous (photo) ; on ne va pas craindre qu’un imbécile les souille. Contrairement à nos pays membres de l’UE, il n’y a jamais de vigiles dans les magasins ni nulle part ou presque ; dommage car il faudrait encore doubler l’immigration. Le seul endroit où j’ai vu un contrôle de sacs en dehors des aéroports est l’Hôtel de ville d’Oslo, du coup j’ai renoncé à le visiter, à cause du temps limité pour les musées. Je me suis même chopé la honte sur un ferry car je me suis servi en café, et me suis vanté en toute bonne foi que c’était offert, avant que le guide m’explique que non, on se sert soi-même, mais on paie ! C’était encore au début du séjour, et la veille, nous avions fait notre excursion baleines, d’une durée de 5 ou 6 heures, et comme le café et même la soupe étaient offerts, je croyais que c’était une habitude ! J’ai été surpris que dans certains hébergements, le sauna était payant, et très cher. Nous en avons eu un seul gratuit, en Finlande. Faire payer le sauna en Scandinavie pour moi, c’est un peu comme si on faisait payer le pain dans les restaurants en France, mais bon, le touriste est un renne à lait. En réalité je n’aime guère le sauna, et je n’y vais jamais quand je fréquente un « sauna » gay (ils portent ce nom sans doute parce qu’il y a souvent un petit sauna à l’intérieur et qu’il y a 40 ou 50 ans, ce mot passait mieux que « lieu de rencontres entre hommes » !). Je dois à l’honnêteté de signaler que la température en plein été dans ce sauna finlandais atteignait 90°. 90°. En Finlande ! comme dirait la débile mentale Sandrine Rousseau. Je serais d’ailleurs partisan de proposer à Mme Rousseau et à Greta Iceberg le dilemme suivant : si une température de 50° vous semble la fin du monde, alors nous vous offrons un hiver sur la banquise à -50°, et un hiver végan, sans peau d’ours ou de phoque ! Pour en terminer avec le chapitre « enfer numérique », ici aussi ils ont supprimé toutes les cabines téléphoniques, mais pour mieux nous narguer, ils en ont converti quelques-unes pour mémoire en boîtes à livres.

Page culturelle

Le guide du Routard (p. 430 éd. 2019) nous apprend que « la musique de l’hymne officiel du royaume de Norvège » serait « inspirée du God save the king britannique », lui-même inspiré du chant « Grand Dieu sauve le roi » composé pour Louis XIV quand il fut guéri… de sa fistule anale ». Or il semblerait que ce soit une fausse information cautionnée ironiquement par Berlioz, si l’on en croit l’article de Wikipédia God Save the King.

En dehors de la littérature (ci-dessous), la musique est un point fort de la Norvège et même de la Finlande. Pour accompagner votre lecture, voici la fameuse Chanson de Solveig, qui nous a été offerte par l’association du plus grand compositeur et du plus grand écrivain norvégiens, Edvard Grieg (1843-1907) et Henrik Ibsen (1828-1906). Écoutons-la par Anna Netrebko, une méchante chanteuse poutiniste interdite désormais sur les meilleures scènes du monde occidental fasciste, je veux dire libre.
Pour évoquer une intrusion en Finlande, et peut-être l’état d’esprit des aventuriers qui se mêlèrent d’explorer le pôle Nord et autres amateurs de taïga, d’aurores boréales, d’ours, de rennes, de petits canards et autres oiseaux bizarres, voici en guise d’interlude, le poème symphonique de Jean Sibelius (1865-1957), Finlandia, dont Wikipédia vous dira tout, y compris que c’est considéré comme l’hymne national officieux de la Finlande. Je vais sans doute l’intégrer bientôt dans mon cours « Voyager avec la musique classique (et le jazz) ».

Jean Sibelius est également l’auteur d’un des plus célèbres concertos pour violon du répertoire, que je vous propose d’écouter en fond sonore pour la suite de cette lecture, interprété par Hilary Hahn accompagnée par l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Mikko Franck, un chef finlandais actif en France et un homme admirable, doux, courtois, spirituel, bref la crème des hommes comme tout natif du 1er avril (ci-dessous). Sa Valse triste est aussi un morceau célèbre.

Il ne faudrait pas quitter le chapitre musical sans évoquer le joik, « chant traditionnel sami de tradition chamanique, exécuté à l’origine a cappella, parfois accompagné du tambour traditionnel ». Le joik a sa pop star, très photogénique (on en ferait volontiers son petit sami !), Jon Henrik Fjällgren, un enfant colombien adopté par des samis, mais vous avez aussi des tas de courtes vidéos de chant a cappella ou avec tambour.

Découvrir Oslo

Cela étant dit, on peut enfin enfourner ses bottes, son parapluie, sa cape de pluie, et partir à la découverte d’Oslo ! Ce qui frappe dès l’arrivée, c’est le silence dans l’hypercentre. L’escrologie est arrivée au bout de « notre projet » dans ce pays où le citoyen a été réduit en esclavage. Plus de voitures, rien que des transports publics, qui fonctionnent d’ailleurs assez bien, mis à part l’absence d’abris pour la pluie. Ce que le touriste a à visiter se concentre dans un rayon de deux kilomètres – enfin si j’étais resté 5 jours, j’aurais approfondi… J’ai quand même essayé de pousser un chouia vers le nord, ce qui m’a permis de voir la piscine de Bislet, avec une statue de jeune homme s’essuyant. J’ai vu aussi une statue de patineur en passant en bus sur le coin Nord Est du parc Vigeland. Vous avez des parcs publics un peu partout, avec des carrés d’arbres touffus, bref, ce n’est pas un signe de sécheresse ! Côté Est, je ne suis pas allé plus loin que le musée Munch (que je n’ai pas visité). C’est le seul pour lequel il faut réserver, juste une ou deux heures à l’avance, mais bon, ça perd le peu de temps utile dont on dispose. Je ne suis pas allé jusqu’au parc Ekeberg, qui propose un « Sculpture park » pourtant alléchant… L’Opéra est un grand machin tape à l’œil un peu délirant pour une ville si petite. On s’y promène sur le toit immense, mais interdit aux skaters et vélos. À l’intérieur ce qui m’a frappé, comme dans tous les musées, c’est la présence de « garderobe » libre, où vous suspendez vos vêtements sans surveillance, poches remplies de billets de 500 NOK (photos). À l’extérieur, des fenêtres permettent d’admirer les ateliers des costumiers et perruquiers, et sans doute les voir travailler. Bon, j’espère qu’ils peuvent quand même s’abriter des regards indiscrets.

La Mort de Baldur, un des 16 panneaux de la frise d’Yggdrasil, bas-reliefs en bois polychromes de Dagfin Werenskiold (1892-1977) ornant l’Hôtel de ville d’Oslo.
© Lionel Labosse

On peut visiter l’Hôtel de Ville d’Oslo, inauguré en 1950, où le prix Nobel de la propagande belliciste est remis chaque année ; mais j’y ai renoncé à cause de la file pour se faire palper. Gageons que le prochain récipiendaire sera l’ultracorrompu cocaïné joueur de piano à bite. Cela n’empêche pas d’admirer l’Yggdrasilfrisen de Dagfin Werenskiold (1892-1977). J’en ai photographié quelques panneaux ; c’est de la belle ouvrage ! En se baladant du centre jusqu’au parc de Gustav Vigeland, on admire le Parlement, le théâtre national et des truellées de statues, de rennes ou d’Ibsen et autres sommités locales, dont certaines dues à Vigeland. J’ai oublié de dire dans l’article sur le grand sculpteur qu’Ibsen a condescendu à se faire tirer le portrait, mais avec des séances de pose aux pauses plus longues que les poses ! Il était au crépuscule de sa brillante carrière, Vigeland à l’aube, et il ne pouvait pas savoir qu’il avait en face de lui un génie de son acabit. Parmi les statues, de petits enfants tout nus, pas de Vigeland. Encore une fois, n’y voyez pas de la pédophilie, juste l’amour des enfants et l’habitude du naturisme hygiéniste ! Un des plus grands monuments qui embellisse Oslo est un don de notre Patrie, la France ! Et qu’est-ce que la France a de plus beau à offrir à Oslo ? Mais des sanisettes Decaux ! Toutes les trois hors d’usage, bien entendu, avec un défilé permanent de touristes du monde entier qui de la sorte n’ont pas besoin de se déplacer pour se rendre compte de l’état de déliquescence où la créature sataniste trismégiste Annie Dingo-Valérie Pécheresse-Emmacruel Nécron a plongé la France. Pour enfoncer le clou, ces trois grosses merdes HS ont été baptisées de notre devise nationale. Tirons la chasse ! Bon en fait, ce n’est pas un cadeau de la France, mais un machin d’artiste norvégien qui date de 2014.

Sanisettes parisiennes hors d’usage, cadeau révélateur de la France à Oslo.
© Lionel Labosse

Sinon parmi les édifices que l’on peut voir à Oslo, enfin du moins que j’ai vus, parce que je n’ai fait qu’y passer, il y a la Cathédrale d’Oslo, consacrée au culte luthérien et qui date du XVIIe siècle. La déco est un peu diététique ; on remarque surtout les beaux vitraux d’Emmanuel Vigeland, le frère de l’autre. J’ai photographié l’ancienne bourse du commerce parce que je suis passé devant, rien de grave…
Dès que vous avez quitté l’hypercentre, qui doit faire 2 km2, vous tombez dans des quartiers résidentiels faits de maisons bourgeoises coquettes. Alors pour régler la question une fois pour toutes, vous trouverez dans mes photos plusieurs exemples de maisons ou d’immeubles banals, un peu partout en Norvège, d’Oslo aux villes du cercle Polaire. Partout, vous constaterez une constante : de belles ouvertures, des baies vitrées pour faire entrer un maximum de lumière, à mille lieues des horribles meurtrières que les psychopathes climatistes qui sévissent dans tous les fromages de l’UE nous imposent au nom du mantra « passoires thermiques ». À Tromsø notamment, on construit à la chaîne des immeubles d’habitation très lumineux. Le soir, que ce soit les maisons ou les immeubles d’habitation, les fenêtres éclairées laissent voir les intérieurs, et le mot « volet » ou du moins « persienne » ne semble pas avoir de traduction en norvégien. C’est typique des cités protestantes à ce qu’on m’a dit il y a longtemps, et je retrouve trace de cette explication dans un article à propos des Pays-Bas.
C’est d’autant plus gênant dans les hôtels pour touristes pendant la saison du soleil de minuit, qu’à cette ignorance du volet s’ajoute un goût fréquent pour les stores de couleur blanche. Dans certaines chambres, à 3 h du matin, il était impossible de savoir s’il était minuit, 3 h ou 10 h, et les lunettes en tissu s’imposent. Heureusement, certains hôtels ont compris le problème et on trouve parfois des rideaux occultants, mais jamais le sacrilège de persiennes ; je suppose qu’il n’y a même pas un seul fabricant dans tout le pays ; peut-être même est-ce une spécialité française, amenée à disparaître au nom de la lutte contre le platisme et la brigittologie. C’est quand même évident qu’un propriétaire de volets c’est quelqu’un qui a quelque chose à cacher ! À la frontière finlandaise, côté Finlande, nous avons couché dans un lodge dont le propriétaire, un peintre étasunien, s’était fabriqué un atelier de rêve « avec des tas de fenêtres, avec presque pas de murs » comme dirait Brel. Il n’y avait même pas de double vitrage, et là, je crois que c’était quand même un peu fort de café. Je veux bien passer mon temps libre à enfoncer des épingles dans une poupée vaudou de Sainte-Greta, mais bon, quand il fait froid, il fait froid !

Bien, alors maintenant, qu’ai-je vu de beau à Oslo, à part Vigeland ? Eh bien donc, grâce au bus 30, je suis allé là où je n’ai pas pu me rendre en ferry, aux deux musées voisins, Musée du Fram et Musée du Kon-Tiki. Il y en a encore un troisième à côté, le musée maritime norvégien, avec des tarifs dégressifs si l’on en visite 2 ou 3, mais cela me suffisait et je n’avais plus le temps. Ce sont des musées très riches, très bien fichus, que j’ai visités au pas de course en ratant plein de choses, mais de toute manière il y a une limite à ce que l’on peut engranger en un jour. Si vous avez des enfants, c’est top, mais passez-y la journée. J’avais déjà eu un avant-goût avec le musée polaire de Tromsø, dont une partie évoque le Fram, ce qui m’avait déjà donné la furieuse envie de lire le journal de Fridtjof Nansen (1861-1930), connu pour avoir, dans sa seconde vie de diplomate, créé le Passeport Nansen à destination des apatrides, et peut-être de m’intéresser à Roald Amundsen (1872-1928), la star toutes catégories des expéditions polaires, qui y a laissé sa peau (Wikipédia : « En 1905, il est le premier à franchir le passage du Nord-Ouest […]. Il commande plus tard l’expédition qui, la première, atteint le pôle Sud, le 14 décembre 1911 »). Son portrait avec cette tronche incroyable, aussi particulière et inoubliable que les tronches internationales de Lincoln, de De Gaulle ou de Gorbatchev ; j’allais dire de Hitler mais je ne veux pas que ce soit mal interprété. Si j’ajoutais Einstein et Belmondo je crois que l’on comprendrait ce que je veux dire : des tronches immédiatement reconnaissables, inimitables. Je n’en trouve pas côté femmes, peut-être Thatcher ? Ah ben voyons, Greta Tunberg, qui fait bien le pendant avec Hitler, en remplaçant la moustache par les couettes !

Expansion viking (ou normande) du VIIIe au XIe siècle.
© Wikicommons

Trêve de plaisanterie, la Norvège est le berceau de tous ces explorateurs géniaux qui ont basé leurs exploits sur la déduction, l’une des trois voies de la connaissance selon Didier Raoult. Cela a commencé par les Vikings, ou Normands, dont j’ai repris cette illustration explicite puisée dans l’article Normands de Wikipédia. Thor Heyerdahl (1914-2002) est parti sur une hypothèse déductive pour construire le Kon-Tiki et relier en 1947 le Pérou à l’archipel des Tuamotu. Mais avant lui, Nansen avait eu cette intuition géniale (si simple donc si compliquée !) d’utiliser la dérive de la banquise au lieu de se battre contre elle. Voici un extrait de son livre Vers le pôle (1897) dont j’ai entamé la lecture selon le vœu formulé pendant ce voyage (inclus dans le volume Omnibus Le roman des pôles, 2008) : « Si l’on avançait avec des traîneaux sur la banquise, les explorateurs s’épuisaient en efforts inutiles. Au prix de terribles fatigues, ils marchaient vers le nord, et, pendant ce temps la lente dérive des eaux repoussait vers le sud la banquise sur laquelle ils croyaient avancer. Pour atteindre le bassin polaire, il fallait, au contraire suivre un courant portant au nord, en un mot accomplir sur un navire le voyage des épaves de la Jeannette. » Je ne ferai pas d’article sur ce livre passionnant, que je vais ajouter aux conseils de lectures pour mes étudiants en BTS, notamment parce que l’aventure commence par les explications techniques sur la conception du navire en fonction des besoins, sur le modèle de « la fonction crée l’organe ». Tout avait été pensé dans les moindres détails, parce que sinon, c’était la mort assurée, comme tant de leurs prédécesseurs. La question des vivres, bien sûr, était primordiale, ainsi que la fonction de recherche scientifique. Il fallait prévoir les hivernages en autonomie totale, etc., et puis l’idée de résister à la banquise nécessite non pas une attente passive, mais une attention de chaque instant !
Le musée du Kon-Tiki présente donc non seulement les bateaux de Thor Heyerdahl, mais des truellées de documents et de matériaux collectés pendant ses diverses expéditions. Le musée du Fram expose le Fram construit pour Fridtjof Nansen, avec lequel il mena entre 1893 et 1896 l’expédition Fram, et c’est avec le même bateau que Roald Amundsen mena vingt ans plus tard l’Expédition Amundsen au cours de laquelle il atteignit le pôle Sud. Nansen eut recours à un ingénieur de génie, Colin Archer (1832-1921) pour construire un bateau dont toute la coque et la quille devaient être lisses et arrondies pour n’offrir aucune prise à la banquise et « glisser comme une anguille » lorsqu’elle se refermerait sur le bateau. L’hélice et le gouvernail seraient alors hissés à bord en un temps record, alors que sur les baleiniers cela prenait des heures (tout est expliqué en détail, dans le livre passionnant que je vous recommande pour votre prochain voyage). Le même musée expose aussi le Gjøa, le premier navire à avoir franchi le passage du Nord-Ouest avec Roald Amundsen et son équipage de six hommes entre 1903 et 1906. Ces deux navires sont mythiques dans la mémoire des Norvégiens, et visiter Oslo (ou Tromsø) sans voir ces musées c’est comme visiter Paris sans la Tour Eiffel ! Lors de l’escapade en traîneau à deux avec Johansen, Nansen est cru mort, et la scène de la retrouvaille avec l’explorateur britannique Jackson est digne de la jonction entre Livingstone et Stanley !
On peut visiter de fond en comble ces deux navires, avec des mannequins de cire qui montrent les héros de ces expéditions et tous les détails de la vie quotidienne et de ce qui a permis les réussites ou les échecs, comme par exemple la petite éolienne installée sur le pont pour fournir de l’électricité lors de l’hivernage, et qui a été un échec partiel. Des vidéos pédagogiques montrent par exemple les couches successives de l’habillement polaire, et de magnifiques exemplaires de vêtements en peaux de phoque sont visibles. À ce propos, Nansen dans Vers le pôle explique que même à -50°, le ressenti est parfois moins frileux qu’à -20 en Norvège, et qu’il leur arrivait de sortir sur la banquise avec des vêtements bien plus légers. Certains aspects ne sont pas abordés (à moins que j’aie raté quelque chose), comme l’absence de femmes. Lors d’une fête avec un « bal » sur le Fram, Nansen nous apprend que « Hansen et moi avons l’honneur de représenter le beau sexe absent » (p. 104). Lors de l’escapade en traîneau à deux avec Johansen, au moment du plus grand froid et alors qu’ils ont perdu une grande partie de leur équipement, Nansen rapporte une obligation due au froid : « L’expérience de la nuit dernière nous a guéris de l’idée de faire lit à part » (p. 188).
J’ai oublié aussi le petit musée Sami en Finlande (ou en Norvège, je ne sais plus) dont vous verrez aussi quelques photos, et le musée du site rupestre d’Alta. Vous avez des animaux empaillés, des films, et des ratons-laveurs ! J’ai raté le musée maritime, mais je ne sais pas si j’y aurais vu les bateaux vikings (là ce sont des ruines archéologiques) car le musée norvégien d’histoire culturelle, qui inclut le Musée des navires vikings d’Oslo, est en réfection jusqu’à 2026. Je retournerai peut-être à Oslo dans 3 ans, rien que pour le voir, même si j’ai dit que je ne retournerai plus dans cette ville dirigée par des tarés (quand on habite la ville au monde où il y a le plus de tarés, on peut se parjurer sur ce genre de promesse faite dans un moment d’énervement, non ?) Rien à voir avec la Norvège, mais avec les pionniers de l’expédition arctique. Le volume Omnibus signale en tout premier précurseur le mythique et marseillais Pythéas auquel Didier Raoult rend hommage au début (1’) de cette vidéo « Outils & Découvertes - Partie 1 », suivi 1000 ans plus tard, du moine irlandais Saint Brendan dans un coracle (ou currach), ancêtre des embarcations imaginées par Thor Heyerdahl.
Cela étant vu, je termine sur Oslo avec le non moins magnifique (et récent) Musée national de l’Art, de l’Architecture et du Design, qui regroupe plusieurs anciens musées. Il est situé tout près du quai des ferries et de l’hôtel de ville. C’est le plus cher (200 NOK), mais il le vaut bien ! Et donc les horaires sont à la mesure de ce musée magnifique. L’organisation des salles est variables, tantôt thématique, tantôt chronologique. Les Français rougiront de constater que contrairement aux déclarations débiles d’Emmacruel Nécron notre tyran, la culture française qui n’existe plus en France, existe encore ô combien dans ce pays dont les Normands nous envahirent jadis. Des salles magnifiques sont consacrées à l’influence de la cour de Versailles sur l’ameublement ou l’habillement. J’ai visité ça à la japonaise, et je le regrette. Vous trouvez vraiment de tout, comme si Beaubourg fusionnait avec le Louvre, et donc le design contemporain ou plus ancien cohabite avec les peintures de Munch.
Dans la salle dédié à Munch (mais il y a d’autres Munch dans d’autres salles), deux cerbères veillent, l’un à l’entrée, l’autre juste devant Le Cri, du moins l’une des 5 versions de ce mème artistique. Ce tableau ayant été volé à deux reprises et ayant été cru détruit et dégradé, on comprend que l’on protège ce fragile bien national des flashes ou même des lumières rouges des appareils photos. Achetez plutôt une carte postale ! (Juste pour vous, parce que les timbres dans ce pays dépassent je crois le record que j’avais constaté déjà en Islande, et en plus comme il n’y a plus d’agences postales, rien que des boîtes, je n’étais pas sûr que ça arrive). En revanche, j’ai photographié Le jour d’après (1894), qui est rien snob aussi ! Il est quand même pas trop nul, ce zigue ! Après, parmi mes photos vous trouverez un choix de peintures et autres œuvres. Dans l’ordre, une Aiguière symbolisant L’Air (série Les Quatre éléments), de Johann Joachim Kändler, 1735, puis la reconstitution d’une cuisine typique des années disons 40. Ensuite, un vitrail d’Emmanuel Vigeland, le frère de Gustav, représentant une Licorne (1923), puis nous passons aux peintures.

Bagarre avec un ours blanc à Spitsbergen (1839), François Auguste Biard (1799-1882).
© Lionel Labosse / Musée national de l’Art, de l’Architecture et du Design, Oslo.

Il y a plusieurs tableaux de Lucas Cranach l’Ancien, dont une copie d’atelier de Le Christ et la Femme adultère, et L’Âge d’Or (1530). Le musée possède deux Judith et sa servante avec la tête d’Holopherne, l’une d’Orazio Gentileschi (1608-12), l’autre de sa fille Artemisia Gentileschi (1640), ce qui permet de comparer le père et sa fille et élève. De François-Auguste Biard (1799-1882), voici (ci-dessus) Bagarre avec un ours blanc à Spitsbergen (1839). François-Auguste Biard est cornu enfin je veux dire connu pour avoir participé à l’Expédition de La Recherche (1838-1840) sous Louis Philippe, pendant ou plutôt avant que son épouse (qui l’avait accompagné pendant cette expédition) lui fasse tailler des cornes par notre ami Victor Hugo. De Johan Christian Dahl (1788-1857), une Vue de Fortundalen (1836), et de Christian Krohg (1852-1925), Lutte pour la survie (1889). De Gustav Vigeland, un bas-relief L’Enfer (1897), enfin de Pablo Picasso, Couple de pauvres au café (1903). Ce n’est qu’une maigre sélection, vous avez un exemplaire de tout ce qui compte dans la peinture, enfin presque ! Je regrette de n’avoir pas visité le musée des beaux-arts de Tromsø, qui présente notamment d’autres tableaux de François-Auguste Biard, dont un impressionnant sur le même thème des méchants nounours, qui figure dans l’article de Wikipédia sur ce peintre. J’avais fait un autre choix ; dommage !

Le cercle polaire, Îles Lofoten, Cap Nord, Pays Sami, Finlande, Tromsø, Bodø, Alta

Je serai plus laconique sur le reste du voyage, car les photos disent tout. Commençons par les villes, dans l’ordre Bodø, Tromsø, Alta. Ah au fait, l’utilisation de la lettre « ø » qui se prononce « eu », est à la mode actuellement, sans doute un phénomène en partie wokiste mené par Wikipédia. Dans les livres imprimés qui datent d’avant que Bill Gates soit devenu le maître de l’Occident, on écrivait « Bodö », « Tromsö », mais les Norvégiens s’en trouvaient profondément offensés, de sorte qu’écrire « Tromsø » nous évitera une guerre mondiale avec des trolls très méchants. Dans la même veine, le village le plus méridional des Lofoten s’appelle « Å » (Å (Moskenes)), qui se prononce « ô ». Tout touriste surpris à écrire « Tu sais d’où je t’appelle ? D’O », se voit immédiatement donné en pâture aux orques qui croissent dans les parages. Oui, justement, en arrivant aux Lofoten par le ferry, nous vîmes sortir des orques tout près du bateau, ce qui surprit beaucoup notre guide (alors que 2 jours après il nous fallut cinq ou six heures pour apercevoir la queue d’une baleine !) J’ai raté les photos de près parce que j’avais rengainé l’appareil, mais j’en ai pris de loin un peu plus tard (on les voyait encore de la côte), ce qui ne fait pas les photos les plus extraordinaires de la série !

Tromsø, Norvège. Le pont & la « Cathédrale arctique ».
© Lionel Labosse

Je n’ai fait que passer à Bodø pour prendre le ferry. Des sculptures ornent la promenade du bord de mer, des blocs de granite troués. Tromsø est surnommée « le Paris du Nord », c’est la ville de plus de 50 000 habitants la plus septentrionale du monde. Elle est fort agréable, avec un nombre incroyable de petits immeubles en construction, orientés plein sud pour un bain de soleil de six mois ! J’ai essayé de montrer cette furie de construction avec une photo (ci-dessus) du pont de Tromsø (motif également de la photo de vignette de cet article). Vous pouvez voir au fond de cette photo, la « Cathédrale arctique de Tromsø », derrière ce pont si particulier, avec des grues en premier plan, qui permettent d’édifier des immeubles en plein centre. En parlant de ce pont, j’aimerais qu’un ingénieur savant m’explique pourquoi le tablier est si haut, car franchement je ne comprends pas quel type de bateaux ont besoin d’une telle hauteur (je vous renvoie à une belle page consacrée aux ponts de Norvège). Les immeubles en question sont pour la plupart orientés plein sud, avec des baies vitrées, des vérandas en veux-tu en voilà. Pendant l’été, de braves gens s’efforcent de cultiver de braves petits parterres de fleurs multicolores, bref, on aime la vie, à l’opposé des psychopathes qui nous obligent à priver nos enfants de lumière pour leur atrophier le cerveau, comme si les smartphones et Netflix n’y suffisaient pas ! Tout au Sud de l’île centrale de Tromsøya qui constitue le cœur de la ville, on peut prendre le soleil et se plonger dans l’eau si l’on a du courage, mais au soleil, on s’y croirait.
J’ai visité le « Polaria », qui est un aquarium d’eau de mer (en fait c’est le musée le plus cher que j’aie vu, sans doute parce que nourrir les phoques coûte plus cher que l’entretien des Munch !) On y nourrit ces bestioles deux fois par jour. Il y a quelques autres poiscailles et des crabes, mais ce n’est pas le plus spectaculaire aquarium que j’aie vu. Bien plus intéressant juste à côté est le MS Polstjerna, annexe du Musée universitaire de Tromsø qui se trouve au Sud de l’île et que je n’ai pas visité. C’était un navire pour la chasse aux phoques mis en service de 1949 au début des années 80. C’est un petit musée très bien fait qui permet de visiter le bateau dans tous les recoins sur le modèle du Fram à Oslo, à visiter absolument si vous ne passez pas par Oslo. Enfin le Musée polaire, en plein centre, m’a enthousiasmé. C’est là que m’est venue l’envie de lire Nansen, et c’est aussi un résumé du musée Fram d’Oslo, d’autant plus que Tromsø est une ville phare de l’aventure des pôles et de la chasse à l’ours et au phoque. À Tromsø j’ai photographié des espèces de HLM à goélands en pleine ville. Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, en tout cas les riverains doivent être devenues fous (de Bassan) ! Devant le théâtre Hålogaland se tient une étrange statue avec des bébés ou des monstres coupés en deux, « Les sept muses et les mascottes du théâtre », d’Inghild Karlsen et Bo Bisgaard, sur qui on ne trouve quasiment aucune info. Juste à côté, la mignonne petite statue en bronze d’un teckel au bord du fjord, censé attendre son maître marin parti en mer ! C’est dans cette ville que j’ai photographié 4 petits pavés dorés d’hommage aux déportés (Stolpersteine).

Télévision pour Ours blanc, Musée polaire de Tromsø, Norvège.
© Lionel Labosse

Parmi les photos, je vous présente cette magnifique télévision pour ours blanc. L’ours était attiré par l’écran bourré de choses alléchantes. Il y fourrait son nez, et pan ! plus d’ours ! C’est quelques années après cette invention que l’ancêtre de Bill Gates inventa Internet, YouTube et Netflix, en perfectionnant le modèle. Quand on y fourre son nez, on n’a pas toute la caboche éclatée, mais un peu sur le modèle de la bombe à neutrons, seulement le cerveau est détruit ! Bill peut alors vous mener par le bout du nez, injecter ce qu’il veut dans vos enfants et vous sodomiser, ou le contraire, au choix. Nansen raconte dans son bouquin une anecdote rigolote avec ce genre de piège : « Dans la nuit nouvelle visite d’ours. L’animal se dirige d’abord vers le navire, puis, apercevant le piège dressé par Sverdrup et Lars, s’achemine immédiatement vers l’instrument. À cette vue, le cœur bat à notre capitaine ; d’une minute à l’autre il s’attend à entendre le bruit produit par le déclenchement de l’appareil. Mais maître Martin est très prudent ; il examine soigneusement la machine, et, se levant sur les pattes de derrière, s’appuie juste à côté de la trappe pour contempler un instant le délicieux morceau de graisse qui constitue l’appât ; après un moment d’hésitation, il redescend à terre. Évidemment cette grande chose plantée là, au milieu de la glace, ne lui dit rien qui vaille. Il flaire le support, tourne tout autour, et, après avoir de nouveau contemplé le piège, s’en va en hochant la tête. Il semble dire : « Ces mauvais gars ont fort bien arrangé la chose à mon intention, mais je ne suis pas si bête pour m’y laisser prendre. » Décidément, malgré toute l’ingéniosité de Sverdrup, le fusil est encore plus sûr. Arrivé à soixante pas du navire, l’ours, reçu par une salve nourrie, tombe mort. Une seule balle l’avait frappée ; comme d’habitude en pareil cas, chacun des quatre tireurs s’attribua l’honneur du coup » (p. 58).
Le musée présente des aventuriers méconnus, comme un jeune homme qui est devenu (au début du XXe siècle) champion de la chasse à l’ours (son score est de 700, et son record sur une saison de 103 je crois), et une trappeuse, Henry Rüdi et Wanny Woldstad. Je me suis bien marré en voyant une boîte de médicaments « become gay-213 », peut-être contre le scorbut ou le mal de mer, en tout cas comme d’habitude, si vous ne comprenez pas le norvégien, vous pouvez crever !
Sinon j’ai marché comme un fou dans l’île (c’était la journée de transition dans notre voyage organisé, et nous étions libres de nos choix), et même en dehors, par le fameux pont jusqu’à la « Cathédrale arctique de Tromsø », qui n’est pas une cathédrale mais une église paroissiale. Nous avons vu aussi quelques églises en bois ici ou là, mais pas de Stavkirke ou « église en bois debout » plus anciennes, souvent entourées des cimetières aux modestes pierres tombales qui se voient partout jusqu’à Oslo. Je n’ai pas vu l’intérieur car nos amis norvégiens font tout payer et ça n’avait pas l’air très sexy vu de l’entrée. J’ai poussé jusqu’au jardin botanique, très au Nord, où je me suis fait attaquer par des goélands qui avaient peur pour leurs enfants. Je crois que Bill Gates n’aurait pas osé faire injecter les goélands, car eux savent encore défendre leurs petits contre les gros enculés de prédateurs psychopathes ! Ce jardin est sans doute moins spectaculaire que celui d’Akureyri en Islande, proche du cercle polaire, surtout en ce qui concerne les arbres, mais question fleurs, c’était très riche et bien organisé et étiqueté. J’ai donc photographié de près une tripotée de fleurs, parfois visitées par des abeilles, enfin des trucs qui butinent.
On est surpris de la diversité des plantes qui poussent dans le cercle polaire, jusque encore bien plus au Nord que nous allâmes. Un beau passage de Nansen en atteste : « Sur le continent nous allâmes gravir des mamelons dominant un vaste panorama. À perte de vue s’étendait la toundra. Combien différent était l’aspect de ce désert de l’idée que l’on s’en fait généralement. Loin de présenter l’image d’une affreuse désolation, la vaste plaine était partout couverte d’une nappe de verdure foncée, parsemée de fleurs d’une rare beauté. Pendant tout le long hiver de Sibérie, ces immenses solitudes dorment enfouies sous une épaisse couche de neige ; mais, dès que le soleil brille, la nappe blanche disparaît, découvrant de merveilleux tapis de frêles et délicates fleurs. En face de cette verdure, lorsqu’un beau ciel bleu et transparent rayonne au-dessus de vous, on en vient presque à douter de la position septentrionale du pays. Les toundras sont le séjour des Samoyèdes. Au milieu de ces déserts sans fin ils mènent une libre vie errante, dressant leur tente là où il leur plaît, puis repartant plus loin quand bon leur semble. Point de soucis, point de tracas ; dans ces solitudes, l’existence s’écoule douce et facile, toujours pareille, et j’en viens à envier presque la vie de ces simples » (Omnibus, p. 25).

Végétation arctique

Je vais faire le point sur la végétation que j’ai vue dans le cercle polaire, pas seulement dans ce jardin. En dehors des tout derniers kilomètres précédant l’île Magerøya sur laquelle se trouve le Cap Nord, nous avons surtout été plongés dans la taïga ou forêt boréale. Comme explique Wikipédia, c’est « la plus vaste continuité boisée de la planète et [elle] occupe à elle seule 10 % des terres émergées ». C’est un réseau continu qui couronne le globe sans interruption autre que les océans, dans la région subarctique. J’en avais déjà eu un aperçu en cinq jours de transsibérien en 2006 lors d’un voyage en Russie. C’est fascinant et un peu lassant, mais si les paysages sont peu variés, ce voyage vous rassure à propos de la fable climatiste. Avec une telle réserve de bois et de flotte, on est tranquilles pour un moment. Il suffit d’attacher Greta à un sorbier par ses tresses et de lui faire lécher les pieds par un troupeau de rennes. Les arbres sont peu variés et sont les mêmes qu’en Islande, des bouleaux bien sûr, c’est l’arbre emblématique, des sorbiers, des peupliers, des saules et des aulnes. Wikipédia nous propose une information intéressante sur l’histoire du climat, qui sera sans doute supprimée dans les années qui viennent, car ça contredit les intérêts des escrocs climatistes : « Selon des études effectuées par des spécialistes de l’université d’Oxford (Grande-Bretagne) et du Royal Netherlands Institute for Sea Research (NIOZ), l’océan Arctique jouissait, il y a 70 millions d’années, de températures proches de 15°C, semblables à celles de la mer Méditerranée ; et de températures de 20°C, il y a 20 millions d’années.
Les chercheurs sont arrivés à cette conclusion après avoir étudié des matériaux organiques trouvés dans les boues d’îlots de glace de l’océan Arctique. Bien qu’on ne connaisse pas les raisons de telles températures, on présume qu’elles proviennent d’un effet de serre provoqué par la forte concentration du dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Cette conclusion est confirmée par des scientifiques de l’université du Michigan (États-Unis), qui affirment que les taux de dioxyde de carbone, il y a quelques millions d’années, étaient de trois à six fois supérieurs à la teneur actuelle. »
Ben dame, alors y zavaient pas de Mercedes, mais le climat se réchauffait !

Les baies qui tapissent les champs des Lofoten au Cap Nord, et qui se récoltent en août, sont la Plaquebière (mûre arctique), le Cornouiller de Suède, la Grassette, une plante carnivore. Plus haute est l’orpin rose, une Crassulacée que j’ai vue jusqu’au Cap Nord. Vous avez des champs entiers d’Épilobe en épi très photogénique avec ses longues grappes roses. Le Lupin des jardins est aussi très courant. Dans les champs, la Linaigrette ou herbe à coton est fréquente et photogénique. Il existe des variétés de pavot que j’ai admirées rassemblées au jardin botanique, par exemple le Pavot arctique, le pavot bleu, mais aussi le Lys martagon, des variétés de lis, dahlias, pivoines, iris, saxifrages, renoncule des glaciers. Certaines plantes alpines en France et en Suisse se retrouvent au niveau de la mer dans la région arctique. Le passage de la taïga à la toundra permet d’observer comment les arbres s’adaptent, et rampent de plus en plus bas jusqu’à dessiner des sortes de réseaux sur le sol.
La dernière ville que nous avons visitée est Alta, qui est une bourgade ; enfin nous n’avons vu que la ville nouvelle, un quadrillage de quelques rues proches de l’aéroport. La cathédrale des aurores boréales est un joli bâtiment spiralé qui date de 2013 (pas encore d’article en français sur Wikipédia). D’après ce que j’ai pu entrevoir, l’intérieur est peu attrayant, mais ce qui m’a amusé c’est le côté pratique. À l’intérieur du bâtiment se trouve une buvette, et dans l’enceinte extérieure, un de ces barbecues suspendus qui sont proposés dans tous les lieux publics et les plages. Je crois avoir entrevu un billard par une fenêtre extérieure qui donne sur des bureaux ! Au centre de ce petit quartier, j’ai photographié une statue représentant un tailleur d’ardoises (Skiferarbeideren ved vossesaksa), d’un certain Jon Torgesen, 2004. Je l’ai prise pour mes futurs étudiants d’Enveloppe du bâtiment que nous accueillons dans mon lycée. Alta est inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco pour son Site d’art rupestre d’Alta. Vous y trouverez un nouvel excellent musée polaire, avec des tas de trucs sympa pour les enfants, et le site de pétroglyphes situé en bord de mer, avec des rochers couverts de gravures plus ou moins visibles sur un fond de paysage superbe, le tout bien aménagé. Certaines gravures ont été rehaussées de peinture orange, ce qui n’est pas très académique mais permet aux béotiens que nous sommes de discerner les motifs. On reconnaît la faune locale aux prises avec l’homme. Voyez mes photos.
C’est à Bleik sur l’île d’Andøya dans les Vesterålen, l’archipel qui continue les Lofoten au Nord, que nous avons fait une sortie baleines. Grand barnum, visite commentée d’un mini-musée privé qui explique les baleines, puis départ et route interminable pour trouver les baleines, en fait plutôt un cachalot. Alors c’est amusant car on nous explique que les bébêtes débusquent les calmars géants dont elles se nourrissent avec leur propre radar, mais avec nos technologies qui permettraient au méchant Poutine d’envoyer un mini-missile hypersonique pile-poil dans le trou du cul de Jean-Brichèle au fort de Brégançon, on est incapable de déceler ces baleines. On a eu de la chance quand même car avec le dernier départ de la journée, le capitaine a pu pousser au-delà de l’horaire jusqu’à la bête qu’il savait être là, et nous l’avons vu sonder, puis remonter et replonger, et j’ai réussi à prendre sa queue en photo malgré les centaines d’appareils photos braqués autour de moi ! Sur le chemin on avait vu les restes d’un cadavre de baleine se faire bouffer par des piafs. Le trajet aller-retour était quand même bien long pour si peu, alors que sur Netflix on a ça en mieux et en relief !
Nous avons fait une ou plutôt des incursions en Finlande, car les frontières sont aussi imbriquées que celles du Chili et d’Argentine en Patagonie, et d’ailleurs il y a bien des points communs je pense entre Samis et Fuégiens. Nous avons visité un petit musée Sami, et le Parlement sami de Norvège, sachant qu’il existe des parlements samis en Finlande, Suède et Russie, la communauté étant répartie sur les 4 pays. Les Samis ne s’appellent plus « lapons », le mot ayant un sens péjoratif. Les « Samoyèdes » de Sibérie dont parle Nansen sont les Samis locaux. Ce peuple élève et a une sorte de monopole sur la vente de viande de rennes si j’ai bien compris.
À l’origine les Lapons, ou Samis, suivaient les troupeaux de rennes qui n’avaient pas de frontières dans la région. Cela devient de plus en plus difficile bien sûr. Les samis et leurs terres sont protégés, mais nos amis escrologistes, qui sévissent bien sûr ici aussi, ont créé une exception ; je vous le donne en mille : ils ont autorisé l’exploitation des mines de cuivre du pays sami pour… les batteries de leurs voitures électriques ! Les samis utilisent des motoneiges, dont j’ai photographié un concessionnaire, amusant ! Nous n’avons pas eu la chance de voir un élan. C’est une bestiole de 700 kg pour le mâle (le cheval c’est 500), dont nous n’avons vu que les épreintes autour de notre hébergement en Finlande. Petites crottes ovales de 3 cm de long. Dans le musée sami il y a des tas d’objets anciens bizarres, comme des trucs pour pêcher sous la glace, ou des récipients en loupe de bouleau comme les fameux Kuksa, ces tasses en bois qui se vendent partout et qui permettent de boire par - 30° sans se coller les lèvres au métal. Il paraît qu’il ne faut les laver qu’à l’eau du ruisseau ! Nansen raconte une anecdote sur le Fram : un chien dont la langue est restée collée à un anneau qu’il a léché (p. 95).

Un renne en Finlande, pays Sami.
© Lionel Labosse

Quant aux rennes, nous en avons vu des tripotées, et c’était amusant car les premiers que nous vîmes nous attendaient très pépères devant notre chalet en Finlande, dans un très bel hébergement touristique à Kilpisjärvi, non loin du point de rencontre des trois pays, le tripoint signalé par le Cairn des trois royaumes, que nous n’avons pas vu. J’ai photographié dans ce lotissement une maisonnette à barbecue typique, ainsi qu’une minuscule maison contenant juste deux lits pour les touristes en voiture. Nous avons gravi le mont Saana, qui culmine à un chouia plus de 1000 m, ce qui nous a permis de sortir nos vêtements les plus chauds, comme au Cap Nord. Cet animal qui danse entre les branches des arbres avec ses propres bois (qui ne sont pas des cornes car ils tombent chaque année à une époque différente chez les mâles et les femelles) est fascinant à regarder. À l’encontre de l’agnus scythicus, le renne semble un animal qui a des branches, une chimère qu’un dieu aurait créé un jour d’ennui ou d’énervement. À partir de ce jour, nous en avons vu partout jusqu’au Cap Nord, en troupeaux domestiques, ou isolés ou par couples au bord des routes. Le plus beau spectacle de rennes fut un couple, sur l’île Magerøya, que nous vîmes nager entre deux îles, seules émergeant tête & bois. Les photos sont prises d’un peu loin, donc je ne les reprends pas ici ; je préfère cette photo prise au logement.
Je vous recommande la lecture de l’article de Wikipédia Renne, dont j’extrais ce paragraphe : « C’est un animal doué d’une adaptation au fil du temps qui a su survivre aux différents changements climatiques car le renne a côtoyé le mammouth et le rhinocéros laineux. Ceci grâce à ses faibles exigences alimentaires, et à ses multiples adaptations pour pouvoir survivre en fonction du climat, comme l’absence d’horloge circadienne. Sa dépendance vis-à-vis du lichen n’est pas un problème car cette nourriture est présente sur Terre depuis très longtemps. Le lichen est une nourriture riche qui fermente dans le rumen de l’animal, ce qui dégage de la chaleur et réchauffe le renne ; ainsi il n’a pas besoin d’avoir une activité physique pour se réchauffer, ce qui limite ses dépenses énergétiques ». Eh oui, vous avez bien lu : « survivre aux différents changements climatiques ». Bill Gates, malgré ses subventions, ne peut pas censurer toutes les gouttes de vérité sur le climat dans de petits articles apparemment anodins ! Le renne est la preuve vivante que la terre a survécu à de nombreux changements climatiques, et que même certains animaux ont su s’y adapter ! En parlant d’animaux, si nous avons parfois entrevu des phoques sortir leur tête, nous n’avons pas vu de renards, ni du fameux Lièvre variable (Lepus timidus), aussi appelé « Monsieur Blanchot » ou « Blanchon », qui change de pelage comme de chemise (lui aussi spécialiste de l’adaptation), qui a un estomac en acier blindé, et qui est cæcotrophe, c’est-à-dire que comme le Journanus Lechyprus, il se lèche l’anus pour bouffer sa propre merde ! Un tel lièvre est personnage du Lièvre de Vatanen (1975) d’Arto Paasilinna, un beau roman qui mène le protagoniste avec le levraut qu’il recueille, de la capitale Helsinki à la Laponie. Voici un extrait crucial : « Vatanen prit le lièvre dans ses bras, examina sa fourrure. En tiraillant les poils, ils tombaient facilement. La pure couleur d’hiver apparaissait dessous. Bien, pensa Vatanen, et il reposa son ami ébouriffé par terre » (p. 119).
Nous avons aussi fait une belle randonnée dans les « Alpes de Lyngen » jusqu’au glacier de Steindalen. Aux points névralgiques des randonnées, vous trouvez des boîtes avec des livres d’or pour y signaler votre passage autrement que par des cairns. Celui du Cap Nord contenait une bouteille d’aquavit, la gnôle locale ! Ah j’allais oublier de parler des moustiques, parce que souvent c’est la première chose que les gens évoquent quand vous annoncez que vous parlez en Norvège. Bon, on en a eu un peu, mais franchement pas de quoi trouer le cul de macron. Le plus pénible ce sont les petites mouches noires. Un peu de produit et on n’en parle plus, ou alors marchez près d’une amie blonde qui les attire ! Je me suis amusé dans une station-service, à photographier un étalage entier de produits dédiés, comme quoi il doit quand même y avoir des périodes où ça pullule !

Le Cap Nord géographique vu depuis le Cap Nord touristique.
© Lionel Labosse

La randonnée du vrai cap nord (Knivskjellodden) fait 18 km aller-retour. Elle ne présente aucune autre difficulté que les éventuels caprices de la météo. Nous avons eu la chance qu’il ne pleuve pas, mais pas celle que le soleil resplendisse, enfin c’était tout à fait jouable, et nous y avons eu moins froid qu’au mont Saana. C’est donc le cap Nord géographique du mois sur l’île – car il y en a un 3e sur le continent – à quelques encablures du Cap Nord touristique, où nous sommes allés prendre des photos au milieu des hordes de touristes déversées par des cars et tous moyens de transport, notamment beaucoup de cyclotouristes fous, qui doivent entre autre se taper le profond Tunnel du Cap-Nord qui relie depuis 1999 l’île Magerøya au continent. Avant cela il fallait prendre un bac, et encore avant, les touristes de la haute étaient amenés en bateau, et avaient pour coutume de boire le champagne. Les traditions se perdent ! Et pourtant ça a un côté magique. J’ai d’ailleurs failli me casser le coude en tombant de tout mon poids alors que je descendais sur les rochers les plus proches de la mer, poursuivant des jeunes goélands pas farouches. Quand on regarde en l’air on ne voit pas que les rochers deviennent glissants au bord de la mer !
Ah oui, je n’ai rien dit des oiseaux. J’ai photographié un Jaseur boréal au début du circuit, puis des tripotées de goélands de différentes espèces, les jeunes ayant un plumage un peu marron. Le goéland a un rire de mouette rieuse, de moins en moins charmant, surtout que ce fils de pute fait la nouba 24h/24 pendant le soleil de minuit, et adore venir vous rire au nez devant les fenêtres des hôtels, comme si l’absence d’obscurité ne vous suffisait pas ! J’ai aussi vu et photographié le plongeon, la pie, l’huîtrier pie et le Pluvier doré, sans oublier toutes sortes de canards et d’oies sauvages, et des espèces de corneilles qui pullulent sur le quai de la navette pour Oslo ! Au cap Nord, un fou de Bassan nous faisait une exhibition de plongeon en piqué, mais trop loin de l’appareil photo !

Littérature norvégienne

En plus de la star mondiale Henrik Ibsen dont j’ai évoqué Un ennemi du peuple, j’avais déjà chroniqué quelques livres à l’époque où je recensais la littérature de jeunesse altersexuelle. Il existe peu de traducteurs des langues scandinaves, très proches les unes des autres. Jean-Baptiste Coursaud a excellemment traduit des œuvres pour la jeunesse, d’abord pour adultes et jeunes adultes, avec On est forcément très gentil quand on est très costaud de Dag Johan Haugerud (Gaïa, 2001) et Caulfield : sortie interdite de Harald Rosenlow Eeg (Thierry Magnier, 2007). Pour les enfants, Prinçusse Klura et le dragon, de Tormod Haugen (École des Loisirs, 2002). Aude Pasquier a traduit L’Été où papa est devenu gay, roman de Endre Lund Eriksen paru en 2012, publié en 2014 par Thierry Magnier. Bref, la Norvège est depuis un bon bout de temps un pays gay friendly comme on dit, et la littérature norvégienne est convenablement représentée en langue française relativement aux autres pays du Nord de l’Europe. Rappelons l’autre grand traducteur, ou même le plus grand traducteur des langues scandinaves, le regretté Régis Boyer (1932-2027), qui a traduit les Sagas légendaires islandaises, mais aussi Halldór Laxness le prix Nobel islandais et tant d’autres, jusqu’à Ibsen pour la Pléiade.
J’ai entamé la lecture d’un pavé publié en 2001 et traduit en 2004 par Jean-Baptiste Coursaud : Le Demi-frère, de Lars Saabye Christensen (JC Lattès, 888 p.). Je n’apprécie pas le style, et l’histoire me laisse indifférent, ce qui va faire rejoindre à ce livre la pile très rare de ceux dont j’ai abandonné la lecture. Je n’apprécie pas les personnages taillés sur mesure pour flatter le lectorat au mépris de la vraisemblance. La patriarche est une actrice du muet qui le 8 mai 1945, en résistante de la 11e heure, brûle les livres de Knut Hamsun parce qu’il aurait eu de la sympathie pour les nazis : « Ça fait cinq ans que je ne lis plus Hamsun et une éternité qu’il aurait dû débarrasser le plancher de cette maison ». Comme dans les scènes d’exposition maladroites au théâtre, elle est donc censée apprendre à sa propre fille qui vit dans sa maison ce qu’elle, femme courageuse, a pensé pendant 5 ans tout en fermant sa gueule y compris devant sa fille ! Putain quelle résistante, qui dès lors va donner des leçons à tout le monde ! Bon en fait le « demi-frère » est le fruit d’un viol (je ne divulgâche rien, c’est dit dès le début), et on raconte la vie des deux frères. Je me suis arrêté p. 184. La traduction révèle toutes les grosses ficelles de la maladresse de style, adjectivite aigüe, roulements de tambour pour faire frémir aux moments palpitants, etc. Poubelle ! C’était un des livres conseillés par Le Guide du Routard… J’ai dit deux mots du beau livre d’Arto Paasilinna ci-dessus, pour la Finlande laponne.

Vagabonds (1927), de Knut Hamsun (1859-1952)

Étant donné mes sympathies pour le nazisme que les habitués de mon site et les fact-shakers (agitateurs de faits) ont décelées chez moi depuis qu’ils ont compris que j’étais un ignoble raoultiste antivax, je me suis précipité sur le prix Nobel 1920 Knut Hamsun, effectivement compromis avec les nazis au crépuscule de sa vie. Les autorités l’ont traité avec magnanimité et ont mis sa collaboration sur le compte de son grand âge. Je n’avais jamais lu cet auteur, et je saisis donc l’occasion de ce voyage pour combler mes lacunes en grands auteurs. J’ai choisi un peu au hasard Vagabonds, le 1er tome d’une trilogie parue entre 1927 et 1933 . Ce tome est traduit par Jean Petithuguenin ; j’ai lu l’édition Grasset, coll. « Les Cahiers rouges » , 500 p., un pavé qui se dévore goulument.
Il s’agit de l’histoire d’humbles pêcheurs des îles Lofoten et du nord de la Norvège, qui vivent chichement de la pêche au gré des saisons (et des campagnes de pêche sur lesdites îles), et dont la vie est bouleversée par l’intrusion d’un aventurier nommé August, censé avoir parcouru le globe dans tous les sens, et qui leur donne des idées novatrices et joue de l’accordéon pour rembourser ses dettes. Le 1er chapitre fait penser au conte de la soupe aux cailloux. Deux vagabonds jouent de l’orgue de barbarie et suscitent la pitié des villageois en faisant semblant de se faire du mal. Leur rôle n’est que d’introduire le thème du vagabondage qui va prendre de l’ampleur lors de ce premier tome, mais sans quitter la Norvège autrement que par les récits des immigrés, soit par lettres, soit lors de leur retour, et les vantardises d’August. Je relève un beau passage à ranger avec les évocations des oies sauvages déjà relevées pour le thème BTS du voyage :
« Que faisait-il ici, chez des étrangers ? S’il avait été chez lui, dans son havre de pêche, il aurait pu aller en hiver aux Lofoten et prendre des merlans en été. Il aurait pu faire beaucoup, beaucoup de choses et vivre content. Alors il aurait épousé la petite Ragna et pris la ferme de ses parents ; il y aurait élevé son bétail, cultivé ses champs. Oui, il n’aurait pas eu besoin de rôder un soir d’hiver, comme aujourd’hui, en gémissant de chagrin et d’amour !
Il se sentait abandonné, il avait la nostalgie, il voulait retourner chez lui. Son village était pauvre, mais clair et riant en été : hanté par les nymphes et les génies des eaux ; fertile en légendes l’hiver. Il n’y avait pas un endroit pareil. Et ceci seulement : Ragna avait une si jolie bouche quand elle riait, étant petite et tout le temps qu’elle avait grandi ! Tous les enfants avaient un si joli sourire au village ! Et, s’il voulait penser à quelque chose de plus imposant, nulle part, dans le monde entier, on ne contemplait d’aussi belles montagnes. Dès le mois de mars, on voyait arriver les étourneaux et, bientôt après, les oies sauvages. Ô Merveille des vols en soc de charrue et des voix d’oiseaux sous le ciel, devant quoi son père et sa mère lui avaient appris à se découvrir et à se taire ! Oui, il voulait retourner chez lui ! Il voulait faire voile vers le Nord, avec le yacht de Knoff, et retourner des Lofoten chez lui ! Il pouvait y être dans quelques mois. D’ici là, les lièvres et les faisans commenceraient à brunir dans la forêt, les ruisseaux, jailliraient sous la glace, les saules bourgeonneraient… »
(p. 160).

Je relève une sorte de mise en abyme de l’écriture du livre : « Il y a ici un monsieur distingué qui veut écrire tout ce qui m’est arrivé dans la vie ; je dois le lui raconter et il l’écrira. Je l’ai rencontré sur le quai et j’ai parlé longtemps avec lui. « J’y réfléchirai », lui ai-je dit. Je n’ai jamais vu un homme écrire aussi vite, quoique j’aie pourtant roulé ma bosse dans le monde entier. Je peux parler aussi vite que je veux : il écrit tout ce que je dis. Il doit faire un livre, avec mon portrait. Nous sommes allés hier chez un imprimeur pour lui demander s’il voulait imprimer ça ; et il a dit qu’il y penserait. Ça nous rapportera beaucoup d’argent, à ce que m’a promis l’écrivain. Je dois aller moi-même en vendre des mille et des mille partout. Nous verrons ! Je ne sais pas ce que tu en penses » (p. 212).
Leçon de sagesse traditionnelle du vieux Martinus : « Mais c’est étonnant comme vous vous agitez tous et comme vous vous attachez peu. Dieu a mis chacun de nous à sa place. Mais vous n’y restez pas, vous !… J’ai passé toute ma vie dans la baie, comme mon père y a vécu, et mon grand-père, et le père de mon père (sic). Nous y avons tous vieilli. Il y aura bientôt trois cents ans que nous voyons de père en fils le même ciel et la même terre. La providence est avec nous ! Nous n’avons pas parcouru le monde ; nous avons vécu dans la baie, allant à la pêche en hiver, et nous tirant d’affaire comme nous pouvions, les uns après les autres. C’était assez beau pour nous ; nous n’avions aucune envie de nous plaindre du Seigneur. Il nous a conservé la vie et ne nous a pas abandonnés… » (p. 254).
Les amours du jeune Edevart (adolescent au début) avec Lovise Magrete, dont le mari était donné pour perdu en Amérique, sont contrariées par l’instabilité de Lovise, qui retrouve son mari qu’elle n’aime pas, mais se prend de passion pour l’Amérique où elle a découvert les villes et la prospérité : « Non, ils n’avaient pas honte l’un envers l’autre. Ils avaient laissé se rompre les liens de leurs cœurs ; ils n’avaient rien de ferme, d’inébranlable devant eux. Ils étaient devenus des vagabonds, même en amour ! »
Edevart ne comprend pas l’irrésolution de celle qui l’a dépucelé et dont il demeure épris : « Veux-tu avoir deux maris ? » (p. 404). L’émigration a créé un fossé entre eux, et cela est fort bien résumé : « Et c’était un prodige – un prodige effrayant – le changement qui s’était opéré en elle ! Il devait faire abstraction de la chaleur et de la tendresse qu’elle montrait quand elle s’abandonnait… Oh ! mais ces instants mêmes n’étaient-ils pas accompagnés de mots impudiques et de transports audacieux ? Et comment comprendre qu’elle n’eût aucun souci des conséquences ? Elle devait avoir appris à l’étranger des secrets dont il avait entendu parler comme d’une légende et qui l’offusquaient. Elle faisait encore d’autres choses qui le choquaient. Lui, par exemple, il était d’un milieu où la religion était en honneur. Mais, pour Lovise Magrete, cela n’avait aucune importance de profaner le jour du Seigneur et de travailler à sa couture à l’heure où le prêtre était en chaire ! Comme elle était devenue libre ! comme elle avait pris de l’assurance ! C’était très beau, mais si loin de sa timide innocence d’autrefois ! Pourquoi cette impudeur dans l’amour ? Y trouvait-elle un piment qui la rendait plus heureuse ? Ce n’était sûrement pas de la corruption : c’était une audace apprise. Ces boucles dans ses cheveux, qui ne lui seyaient même pas, ce chapeau sur la tête, ces belles bottines lacées, cette robe de ville… Oui, et elle portait aussi quelque chose autour du cou, qui ne réussissait qu’à la vieillir en lui donnant l’air plus sévère… Tout cela était à son détriment ; mais elle n’y renonçait pas, elle s’y était accoutumée et ne voulait plus s’en passer… » (p. 416).

Lionel Labosse


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