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Psychodrame familial, pour les 5e.
La Châtaigneraie, de Yaël Hassan
Casterman, Feeling, 2005, 123 p., 6,9 €.
mardi 1er mai 2007
Si le thème et l’intrigue donnent une impression de déjà-vu, on appréciera les ressorts de l’évolution rapide des rapports entre les personnages dans ce court laps de temps. Le thème de l’homosexualité n’occupe que trois lignes dans tout le récit, et l’on regrette que l’auteure ne l’ait pas développé davantage.
Résumé
Judith apprend en même temps la mort de son grand-père maternel et l’existence de toute cette branche de la famille que sa mère Elsa avait quittée à l’âge de 18 ans, et dont elle n’avait jamais parlé à sa fille. Judith accompagne sa mère à la Châtaigneraie, la propriété familiale où, selon un rite inchangé, se réunit cette famille de la bourgeoisie industrielle bordelaise. L’accueil est glacial, légèrement antisémite (le mari d’Elsa est juif) : « C’est sans doute parce qu’il n’y a pas de synagogue dans le coin que le Kaplan n’est pas venu ! » (p. 19). Seul l’oncle Jean et la cousine Solange témoignent quelque sympathie à Elsa et sa mère. Jean est homosexuel, et son frère Paul le traite de « lopette » (p. 42). L’enterrement et l’ouverture du testament sont l’occasion de régler des comptes, de tenter un rapprochement, et de révéler un secret de famille que Judith découvrira dans une boîte à biscuits cachée au grenier.
Mon avis
La Châtaigneraie est une nouvelle efficace. L’action est resserrée sur quelques jours, mais va fouiller le passé, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, avec le personnage intrigant de Violette, l’arrière-grand-mère de Judith, qui permettra le coup de théâtre final. La psychologie des personnages peut sembler cousue de fil blanc. Par exemple, comment justifier cette complicité retrouvée avec l’oncle Jean, alors que celui-ci n’a pas revu Elsa depuis son mariage à la synagogue ? On apprend qu’il est homosexuel, mais cette information occupe trois lignes réparties dans toute la nouvelle, et l’on ne saura rien de sa vie, ce qui autorise le lecteur à se demander d’une part pourquoi Elsa n’avait jamais parlé à sa fille de cet oncle alors qu’il était le seul de sa famille à ne pas l’avoir rejetée – l’aurait-elle elle-même rejeté à cause de son orientation sexuelle ? – d’autre part pourquoi l’auteure a accroché à ce personnage le trait de caractère « homosexuel », juste pour le faire insulter par son frère, sans rien en tirer d’autre dans l’économie du récit. Il est étonnant - et frustrant pour le lecteur - que Judith, pourtant si curieuse sur le passé de la famille, ne tire pas ce fil-là. Si le thème et l’intrigue donnent l’impression d’avoir déjà été lus ou vus, on appréciera les ressorts de l’évolution rapide des rapports entre les personnages dans ce court laps de temps.
– Dans le genre réunion familiale dans une propriété bourgeoise avec oncle homo, Villa des Oliviers d’Anne Vantal exploite davantage ce filon, et répond à notre frustration !
Voir en ligne : Le site de l’auteure
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