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Chronique d’un été doux-amer, pour les 4e/3e
Rendez-vous en septembre, d’Anne Vantal
Gallimard, Scripto, 2013, 136 p., 8,15 €
samedi 12 avril 2014
Un roman court et décevant. Un court prologue et un épilogue entourent une dizaine de chapitres consacrés à autant de jeunes gens pendant l’été qui suit leur succès au baccalauréat. Chacun vit des moments plus ou moins banals ou originaux. L’un d’eux meurt, ce qui occasionne la réunion finale, une messe commémorative où tous les survivants sauf un se retrouvent, mais n’échangent pas un mot, comme si leur amitié se limitait à Facebook. L’impression de cloisonnement est volontaire, mais du coup on a surtout l’impression d’un roman vite fait, écrit dans un style un peu guindé, qui nous mène à une impasse : tout ça pour ça ?
Résumé
Les jeunes gens appartiennent tous à des milieux friqués. Leur été se passe pour la plupart en vacances, ou en stage linguistique à l’étranger ou dans des milieux huppés. New York, Lisbonne, Italie, Écosse, ou les hauts de Saint-Tropez. Il y a Benjamin, futur médecin méprisant pour les femmes, qui largue lâchement sa copine Juliette et envisage de se trouver « une élève infirmière » (p. 134). Ils ont couché ensemble régulièrement, et Juliette devra gérer seule une grossesse inattendue. Elle en profite pour larguer ce petit con avant qu’il ne la largue, et s’occupe de l’objectif de sa vie, non pas de devenir enseignante, mais d’obtenir l’agrégation de maths. Leïla, la beurette de service, assume sa beuritude et travaille dans un centre pour enfants en difficulté (c’est donc la seule du groupe à consacrer ses vacances à travailler, sauf Clémence, mais juste quinze jours). Tristan souffre de voir sa famille se décomposer après la mort brutale de son père. Il se responsabilise et se décidera à agir pendant l’épilogue. Thibault se saoule avant de se taper une fille, mais a la mauvaise idée de ramener ladite fille en direction de son lit sur son scooter, et il meurt. Encore un petit con de moins, lui qui se déclarait fier d’avoir rendu cette fille possessive. Quand Inès évoque la « surprise » promise par son père, on pense qu’il va révéler son homosexualité, mais non : seulement un remariage avec une femme. Le thème de l’homosexualité n’est présent que pour le personnage de Bastien, secrètement amoureux du défunt. Ce secret persistera jusqu’à la fin du livre. Bastien « n’avait rien dit de sa préférence sexuelle à quiconque » (p. 92). La seule vraie scène amusante, dialoguée, du livre, est celle de Clémence qui joue la baby-sitter sans aucune expérience des enfants, après avoir menti à la mère qui l’emploie. Le personnage d’Emma pourrait nous intéresser, mais on ne saura pas grand-chose d’elle, sinon qu’elle a joué au water-polo dans une équipe de garçons.
Mon avis
Je n’ai pas apprécié ce livre. Le style me semble lourd, scolaire. Exemple de phrase redondante : « La réponse était sans appel et ne laissait place à aucune ambiguïté » (p. 48). La sexualité y est globalement vue négativement. Juliette considère sa grossesse comme une « affreuse nouvelle », ce qu’on comprend vu le petit con que le récit lui colle comme copain, mais on aimerait que ledit récit nous accompagne un peu plus loin. Le livre prend des aspects guide touristique. On sourit quand Inès atterrit à New York après un « vol de nuit » (p. 77) : sauf à voyager avec Aéroflot, ce qui a peu de chances d’être le cas de cette fille de riches, il n’y a en principe pas de vol de nuit pour New York ! Les portraits ne sont qu’ébauchés, et on reste sur notre faim. Certes, on comprend que l’auteure a voulu souligner l’absence de communication réelle entre ces jeunes gens qui vivent des amitiés virtuelles sur Internet, mais sont cloisonnés dans des existences solitaires. Mais pourquoi s’arrêter à ce constat, pourquoi ne pas se saisir de ce décès et de la messe qui s’ensuit comme d’une occasion de rebondir ?
Le thème de l’homosexualité, cantonné à un personnage, nous laisse encore sur notre faim. Que ce personnage, qui évolue dans un milieu privilégié d’artistes, de musiciens de haut niveau, n’ait trouvé personne avec qui partager le secret de « sa préférence sexuelle », cela nous paraît peu probable, et même si on l’accepte, on se demande où veut en venir l’auteure, sinon à ajouter une ligne à sa bibliographie pour un petit livre vite lu, vite oublié.
– Lire l’article de Jean-Yves Alt sur ce livre.
– De la même auteure, lire Villa des Oliviers.
Voir en ligne : Anne Vantal sur Ricochet
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